• Aucun résultat trouvé

Il semble que l ensemble des réponses préalablement décrites sont susceptibles d être influencées par la charge de travail réalisé lors de la période pré-affûtage. Thomas et Busso (MSSE 2005) (figure 8, A) ont suggéré que la durée optimale d affûtage ne serait pas constante mais dépendante de la charge d entraînement réalisée en amont. Ces auteurs ont utilisé une simulation par ordinateur à partir de données obtenues lors d une précédente étude (Busso, MSSE 2003) menée auprès de 6 sujets non entraînés réalisant un programme d entraînement de 15 semaines. Les résultats ont suggéré qu une meilleure performance pourrait être obtenue en augmentant durant 28 jours la charge d entraînement de 20%, précipitant un abaissement temporaire de performance. Mais, cette stratégie nécessiterait une durée d affûtage plus conséquente avant l obtention d un pic de performance. Une période d entraînement plus importante en volume et/ou en intensité pourrait donc permettre de plus importants gains de performance pendant l affûtage, mais exigerait une réduction plus longue de la charge d entraînement. Cette hypothèse a été renforcée par Coutts et al. (JSMS 2007) (figure 8, C), qui ont comparé des marqueurs physiologiques, biochimiques et psychologiques dans une population de triathlètes « surcharge » ou « contrôle ». Le groupe expérimental réalisait 4 semaines d augmentation progressive de sa charge entraînement [la charge d entraînement TRIMP (volume*RPE) était 290% supérieure à celle du groupe contrôle sur 4 semaines], puis 2 semaines d affûtage ( 50% de la charge d entraînement habituelle), quand le groupe contrôle ne modifiait pas sa planification habituelle lors des 4 premières semaines d entraînement. Les sujets du groupe surcharge étaient diagnostiqués surmenés à l issue des 4 semaines de surcharge, caractérisé par une diminution significative de 3.7% du temps effectué à une épreuve de 3km en course à pieds. A l inverse, un gain moyen de 3.0% était observé pour le groupe contrôle. A l issue des deux semaines d affûtage, d importants progrès étaient constatés dans le groupe surcharge (+7.0%). Néanmoins, aucune différence entre les deux groupes n a été montrée à l issue de l affûtage, ce qui laisse à penser que la durée d affûtage du groupe surcharge était insuffisante pour permettre une parfaite récupération et/ou de meilleures adaptations à l entraînement. Cette même équipe a obtenu des résultats similaires auprès de rugbymans (Coutts et al., IJSM 2007) (figure 8, B). Leur volume d entraînement était progressivement augmenté d environ 6 h/sem à 13h/sem durant la période préparatoire d avant saison longue de 6 semaines, suivi d une semaine d affûtage comprenant une réduction de 55% du volume et 17.4% de l intensité d entraînement. La période de forte

ont montré des résultats relativement proches de ceux avancés par Coutts et al. (JSMS 2007 ; IJSM 2007). Ici, une période d entraînement de 3 semaines était réalisée avant un affûtage d une seule semaine. Un groupe « entraînement intensif » augmentait son volume d entraînement de 40% (augmentation du volume des séances de 40% tout en conservant l intensité et la fréquence habituelle), quant un groupe contrôle ne le modifiait pas. L affûtage d une semaine était équivalent dans les deux groupes et correspondait à 50% de l entraînement habituel (en jouant à nouveau uniquement sur le volume d entraînement). La performance était évaluée lors d un test triangulaire intermittent en course à pieds. Le groupe « entraînement intensif » connaissait une importante diminution de performance après la période de surcharge (-9%), tandis que celle-ci restait stable dans le groupe contrôle. A l issue de la semaine d affûtage le groupe « entraînement intensif » démontra une augmentation moyenne de performance de 7.9% par rapport au début du protocole, alors que celle du groupe contrôle était augmentée de 3.9% durant la même période.

Figure 8. Etudes ayant étudié les réponses de performance suivant une période d augmentation de la charge d entraînement (associée à une baisse de performance) pendant la période pré-affûtage. A : Thomas et

Busso, MSSE (2005) ; B : Coutts et al. IJSM (2007) ; C : Coutts et al. JSMS (2007) ; D : Le Meur et al. MSSE

Table 10. Récapitulatif des études ayant effectuées une augmentation de la charge d entraînement (associée à une baisse de performance) avant une période d affûtage.

Références Groupes

d entraînement

Manques Thomas et Busso (MSSE

2005)

CTL et forte charge avec baisse de performance

Modélisation mathématique

Ø groupe surcharge sans baisse de performance Coutts et al. (IJSM 2007) CTL et forte charge avec

baisse de performance

Ø groupe surcharge sans baisse de performance Un seul point d affûtage (14 jours) Coutts et al. (JSMS 2007) CTL et forte charge avec

baisse de performance

Ø groupe surcharge sans baisse de performance Un seul point d affûtage (14 jours) Le Meur et al. (MSSE 2013) CTL et forte charge avec

baisse de performance

Ø groupe surcharge sans baisse de performance Un seul point d affûtage (7 jours)

Dans la première partie de notre travail nous avons montré que les charges d entraînement des sportifs d endurance de haut niveau sont très élevées. Pour cette raison, il sera nécessaire de prévoir par la suite une période d affûtage, visant à optimiser la performance lors des compétitions majeures. L affûtage passera donc par une forte baisse du volume d entraînement (autour de 50%) et un maintien de son intensité, de sa fréquence et de ses sources de sollicitations. L objectif étant de réduire la fatigue créé lors des fortes charges d entraînement, en favorisant des adaptations positives à celui-ci, tout en essayant d évitant un phénomène de désentraînement. Des travaux que nous venons de présenter, il ressort que la période pré-affûtage, et notamment le niveau de fatigue qu elle engendre, semble influencer elle aussi la réponse à l affûtage. A ce jour, il existe donc peu d études sur la question pour envisager une conclusion définitive. Parmi les quatre études présentées, l une est basée sur une modélisation mathématique suivant une période expérimentale menée auprès de 6 nageurs. Les trois autres réalisées auprès de sportifs, n ont étudié que des réponses d affûtage suivant une augmentation de la charge d entraînement associée à l instauration d un état de surmenage. Or, les camps d entraînement de sportifs de haut niveau ne précipitent pas systématiquement une baisse du niveau de performance. Dans cette perspective, il serait intéressant d explorer quel niveau de fatigue atteint lors de la phase pré-affûtage est susceptible d optimiser le phénomène de surcompensation subséquent. Enfin, ces études n ont pas examiné de façon

confirmer si, comme Thomas et Busso (MSSE 2005) l ont montré avec des modèles mathématiques, un état de surmenage permettrait de meilleures surcompensations, tout en sollicitant un affûtage plus long.