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Il est primordial d investiguer les facteurs psychologiques et motivationnels, car il est peu probable que seuls des facteurs physiologiques soient responsables de l amélioration de performance consécutive à une période d affûtage. Cependant, la plupart des études visant à appréhender ces gains de performance ont avant tout exploré les réponses physiologiques pouvant y être associées. Malgré tout, quelques recherches ont tenté d appréhender ce domaine primordial à l approche des objectifs compétitifs (Millet et

al., IJSM 2005 ; Mujika et al., Sports Medicine 2004 ; Santhiago et al., JSCR 2009). Les études antérieures qui

ont étudié le profil psychologique des athlètes avant, pendant et après la période de préparation et d affûtage indiquent une amélioration des états émotionnels et des buts de performance à valence positive (Flynn et al., IJSM 1994 ; Hooper et al., MSSE 1999 ; Berger et al., Sport Psychology 1999 ; Zehsaz et al., EJSS 2011). L amélioration du score de profil global des états d humeurs (POMS) par un total moins élevé, associé avec des changements positifs à l issue de l affûtage sont souvent la conséquence d une diminution des niveaux de score de fatigue perçue, de dépression, de colère et de désarroi (Morgan et al., BJSM 1987). Plus récemment, Zehsaz et al. (EJSS 2011) ont démontré une augmentation significative du score au POMS après 8 semaines d un cycle d entraînement intensif, suivi par une réduction positive de ce score après une semaine d affûtage, qui se confirmait également après 3 semaines d affûtage. Flynn et al. (IJSM 1994) ont aussi montré une réduction du score global au POMS de 17% dans un groupe de nageurs hommes ayant réalisés 3 semaines d affûtage aboutissant à une restauration de performance, comparativement aux mesures effectuées à l issue d une période de 3 semaines de forte charge d entraînement associé à un état de surmenage et réalisée préalablement. Hooper et al. (EJPOP 1998) ont également utilisé le questionnaire POMS et observé une amélioration significative des mesures de tension, de dépression et de désarroi à l issue d une semaine d affûtage chez des nageurs, avec une amélioration significative du score total d humeur, de fatigue et du test de performance réalisé en natation après 2 semaines d affûtage. Dans une étude effectuée chez des nageurs élites, Hooper et al. (MSSE 1999) ont montré un léger pourcentage d amélioration (0-5.5%) aux scores de POMS pour 5 des 6 paramètres mesurés, sans qu ils ne soient associés avec un changement de la performance sur une épreuve de 100m en natation (-0.1 ± 0.4%). Le score total au POMS a également montré une diminution de 21% chez des cyclistes demi-fondeurs sur piste ayant réalisé 2 semaines d affûtage (Berger et al., Sport Psychology 1999). Bien que des augmentations de 2% de la performance à une simulation de poursuite et de 2.3% de la puissance maximale aérobie ont été constatées, aucune corrélation significative ne fût montrée entre les variables psychologiques et les changements de performance.

Toutes les études n ont pas montré d amélioration du profil émotionnel des athlètes à l issue d un affûtage (Faude et al., IJSM 2008 ; Martin et al., Sport Psychologist 2000 ; Santhiago et al., JSCR 2009). Martin et al. (Sport Psychologist 2000) ont utilisé le POMS pendant 7 jours d affûtage, suivant 6 semaines d un cycle d entraînement intensif, sans montrer de changement des profils émotionnels après l affûtage. Cependant, cette étude a été réalisée sur de jeunes cyclistes inexperts, qui apportent potentiellement moins de garanties sur leurs connaissances, notamment de leurs profils émotionnels et/ou de la charge d entraînement appropriée. Santhiago et al. (JSCR 2009) dans un groupe de nageurs élites a lui montré des profils négatifs au questionnaire POMS, mais également des indices métaboliques et hormonaux, alors que le volume d entraînement était réduit de 47% pendant 4 semaines d affûtage suivant 10 semaines d entraînement. Mais, l entraînement effectué lors de cet affûtage était très intense. Faude et al. (IJSM 2008) n ont montré aucun changement des scores au POMS après 1 semaine d affûtage suivant 3 semaines d augmentation du volume d entraînement pour un premier groupe et de l intensité pour un second groupe. Cependant, aucun des deux groupes ne montrait d évolution positive de ses performances sur 100m et 400m en natation, autant à l issue des périodes d entraînement que d affûtage.

Une autre méthode fut proposée par Martin et Andersen (JSMPF 2000) avec l utilisation d un ratio FC/difficulté de l effort perçu (FC/RPE). Ces auteurs ont utilisé le ratio FC/RPE pour surveiller le niveau de fatigue nécessaire à une réponse positive à l affûtage. Ces auteurs ont constaté une diminution significative de 3.3% après une semaine d affûtage, impliquant une diminution à la fois de la FC et du RPE pour un même effort. De plus, ces auteurs ont constaté que les cyclistes montrant la plus importante diminution de FC pour une même valeur de RPE tendaient à connaitre une plus grande augmentation de performance pendant l affûtage. Neary et al. (Can JAP 2003) ont également utilisé le ratio FC/RPE, connaissant des changements similaires (-4.7%) au sein d un groupe de cyclistes entraînés réalisant une réduction de 50% de son volume d entraînement hebdomadaire pendant une semaine. A l inverse, ce ratio n était pas modifié avec une plus faible (30%) ou plus importante (80%) réduction du volume d entraînement. Dans le groupe réduisant de moitié son volume d entraînement, ces changements étaient concomitants avec une amélioration du temps réalisé sur un contre la montre de 20 km à vélo, les deux autres groupes ne modifiant pas leurs performances. De plus, il apparait que le ratio FC/RPE soit une approche pratique pour le coach et son athlète dans la surveillance des adaptations psycho/physiologiques à l entraînement (Martin et Andersen, JSMPF 2000 ; Neary et al., Can JAP 2003).

Table 9. Récapitulatif de l évolution des marqueurs psychologiques suivant une période d affûtage.

Références Affûtage Variations des catécholamines

Morgan et al. (BJSM 1987) jours score au POMS

Flynn et al. (IJSM 1994) 21 jours score au POMS

Hooper et al. (EJPOP 1998) 14 jours score au POMS

Hooper et al. (MSSE 1999) 14 jours score au POMS

Martin et Andersen

(JSMPF 2000) 7 jours

ratio FC/RPE Neary et al. (Can JAP 2003) 7 jours avec volume -50%

ou volume -30% ou -80%

ratio FC/RPE ratio FC/RPE

Faude et al. (IJSM 2008) 7 jours (Ø variation de perf) score au POMS

Santhiago et al. (JSCR 2009) 28 jours (augmentation de l intensité)

score au POMS

Zehsaz et al. (EJSS 2011) 7 et 21 jours score au POMS

= diminution ; = augmentation ; = aucun changement.

Il apparait clairement que l affûtage est souvent accompagné d une amélioration du profil psychologique de l athlète (baisses de la fatigue perçue, de la dépression, de la colère, du désarroi, etc.). Cependant, il semble que ces mesures soient à mettre en relation avec l entraînement préalablement réalisé et les réponses physiologiques et de performance l accompagnant (notamment suivant des périodes à l origine d un niveau de fatigue élevé).