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Bosquet et al. (MSSE 2007) ont montré une relation dose-réponse entre la durée de l affûtage et l amélioration de performance. Une durée d affûtage de 8 à 14 jours semble représenter la limite entre l influence positive de la dissipation de la fatigue et l influence négative du désentraînement sur la performance. Mais des améliorations de performance peuvent également être attendues après 1, 3 ou 4 semaines d affûtage. Cependant, des résultats négatifs peuvent survenir pour certains athlètes. Cette variabilité interindividuelle pour une durée optimale d affûtage a déjà été mise en évidence par certaines études basées sur des modélisations mathématiques (Mujika et al., MSSE 1996 ; Thomas et Busso, MSSE 2005). Les différences d adaptations physiologiques et/ou psychologiques suite à une réduction de la charge d entraînement (Mujika et al., MSSE 1996 ; Mujika et al., IJSM 2002 ; Mujika et al., JSR 1996), ainsi que l utilisation d une surcharge d entraînement les semaines précédant l affûtage (Thomas et Busso, MSSE 2005), pourraient être des variables explicatives de cette hétérogénéité de performance. Des simulations mathématiques ont donc suggéré que la charge d entraînement effectuée en amont de l affûtage, pourrait grandement influencer la durée individuelle optimale d affûtage (Thomas et Busso, MSSE 2005). L impact de l entraînement pré-affûtage sur la durée optimale de l affûtage semble évident pour réduire la fatigue accumulée lors de l augmentation de la charge d entraînement. Néanmoins, de très importantes charges d entraînement devraient permettre un pic de performance supérieur (Thomas et al., JSS 2008). En utilisant une simulation par modélisation mathématique, Thomas et Busso (MSSE 2005) ont démontré que l entraînement réalisé avant l affûtage pourrait influencer la réponse de performance pendant l affûtage. Ces simulations prédisaient qu une augmentation de 20% de la charge d entraînement normale pendant 28 jours en amont de l affûtage pourrait permettre de plus importants gains de performance, comparé à une situation où l entraînement normal serait maintenu. Mais, cette surcharge nécessiterait une réduction de la charge d entraînement de l ordre de 65% pendant 3 semaines, au lieu de 2 semaines en l absence de surcharge d entraînement.

Millet et al. (IJSM 2005) ont proposé une autre méthode pour évaluer la survenue du pic de performance. Pour cela, ils ont utilisé une modélisation mathématique novatrice pour décrire les relations entre les charges d entraînement, l anxiété et la fatigue perçue pour évaluer les effets de l entraînement sur l état psychologique auprès de 4 triathlètes. Il a été observé que la durée pour revenir à son niveau de référence d auto-évaluation était de 15 jours, ce qui est proche de la durée de modélisation optimale d affûtage effectuée par de précédents chercheurs (Busso et al., JAP 2002 ; Busso et al., EJAPOP 1994 ; Fitz-Clark et al., JAP 1991). Millet et

une incidence sur la durée de survenue du pic de performance. Une forte surcharge d entraînement demandant plus de temps pour en récupérer, mais pourrait permettre de plus importants gains de performance.

Par définition, l objectif de la période d affûtage est d obtenir un pic de performance le (s) jour (s) de compétition ciblée (s) par l athlète et son entraîneur. Dans la méta-analyse menée par Bosquet et al. (MSSE 2007) n étaient retenues que les études ayant utilisées comme critère de performance des résultats issus de compétitions ou de tests de terrain et non de laboratoire. Le gain moyen de performance pour les études inclues était de 1.96%. Or, comme l ont montré Hopkins et al. (MSSE 1999), un gain de performance compris autour de 1% pourrait augmenter de façon importante la probabilité de remporter une médaille lors de compétitions de niveau international. Il parait donc indispensable de réaliser un affûtage pré-compétitif. Il semble clair qu il faille diminuer de façon importante le volume d entraînement tout en conservant son intensité, sa fréquence et ses sources de sollicitations. Pour la durée optimale, 2 semaines semble la durée optimale, mais il existera une grande variabilité interindividuelle. Il restera donc à identifier le profil individuel de l athlète pour s assurer de l atteinte du pic de performance. Par ailleurs, la forme de l affûtage et le pourcentage exacte de diminution de son volume (entre 41 et 60%) à adopter pendant cette période devront être adaptés par l entraîneur en fonction de ses athlètes. Il semble cependant se dégager que ces réponses sont à mettre en relation avec l historique individuel de l athlète à la fois physiologique, psychologique, d entraînement et de compétition. Il n y aurait donc pas un affûtage « type » à réaliser, mais de grands principes à mettre en relation avec l athlète en tant qu individu, ce qui demandera de l entraîneur une grande connaissance de son athlète. De plus, bien qu il semble logique de prolonger la durée d affûtage au regard de l augmentation et de la durée de surcharge d entraînement, seuls des modèles mathématiques ont tenté de répondre à cette question. Quelques études menées sur des sportifs réalisant de fortes charges d entraînement ont été réalisées (Coutts et al., JSMS 2007 ; Coutts et al., IJSM 2007 ; Le Meur et al., MSSE 2013), mais chaque fois un seul test de performance était effectué durant l affûtage, n ont donc pas été explorées les performances qui auraient pu être réalisées avant et après ce seul point. Il semble important qu à l avenir des réponses soient apportées à ces questions importantes pour le sportif d endurance de haut niveau.

Voici un résumé des grands principes à mettre en place dans la planification et la construction de l affûtage dans les sports d endurance.

Table 2. Planification et construction de l affûtage.

Volume d entraînement Entre 41 et 60%

Intensité d entraînement Maintenue

Fréquence d entraînement Maintenue

Type de sollicitations Maintenue

Modèle d affûtage Diminution du volume : linéaire, non progressif, exponentiel lent ou rapide. Pas de réponse claire, à tester individuellement. Charge d entraînement pré-