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A la question « Que faut-il sécuriser dans une démarche de CrowdSourcing ? », la littérature converge sur les points suivants :

o La Propriété Intellectuelle (incluant la confidentialité) o Les Risques d’image, de réputation

o La Qualité (pour les démarches de CrowdWorking)

(Lebraty & Lobre, 2010; Lüttgens, Piller, Pollok, & Antons, 2014; Edgeman, et al., 2015; Ruiz, Brion, & Parmentier, 2015; Arfaoui, 2015)

a)

La Propriété Intellectuelle

Le CrowdSourcing problem solving, les CrowdSourcing créatif Push et Pull sont concernés par cette famille de risques. On parle ainsi de :

- Gestion de la propriété intellectuelle des solutions apportées ou produites

o Règle d’attribution ou de partage (notions de foreground/sideground, Figure 58)

o Garantie d’éviction (Figure 56) - Gestion des droits d’usage par la suite

o Via des contrats de licences o Selon le droit des pays concernés (Cabinet Bastien, 2014)

Figure 56 - Pyramide des risques dans le CrowdSourcing créatif25 Le rôle des Achats est essentiel tant dans l’appréhension et la clarification en amont de la phase de négociation des notions-clés de partage des résultats (ie : capture de la valeur produite) qu’au cours de l’accompagnement de la démarche, si des informations critiques supplémentaires doivent être révélées notamment.

Sur base d’une une étude de 2012, l’INPI a pondéré (facile/moyen/difficile) les différents points critiques de partage de la propriété intellectuelle abordés lors des phases de négociation d’un projet d’innovation ouverte :

Figure 57 - Complexité des éléments lors de la phase de négociations (INPI, 2012)

Des risques sur la divulgation d’informations sensibles sont aussi à prendre en compte (Lüttgens, Piller, Pollok, & Antons, 2014) dans la mesure où l’on parle de sujets complexes, non résolus en interne et suffisamment structurants pour qu’on considère qu’il faille malgré tout les traiter (par une voie d’externalisation qui plus est).

Divulguer ces informations peut notamment tomber dans les mains de la concurrence étant donné que, par construction, l’émission d’un appel ouvert ne limite pas la population adressée (Edgeman, et al., 2015).

Un point de difficulté connexe est l’aveu public d’une situation d’échec, pouvant notamment avoir un impact sur les relations avec les parties prenantes de l’entreprise.

Lüttgens et al. citent notamment l'exemple d’un sujet ‘qualité’, révélant potentiellement au client une absence de maîtrise du processus qualité, doublé de l’absence de garantie de non-défaillance du produit vendu.

Olivier DEPREZ

Enfin certains points de la problématique Crowdsourcée peuvent notamment tombent sous le coup d’interdiction de communiquer, s’appuyant sur des composants eux- mêmes verrouillés juridiquement et

non divulguables si

apportés/développés par un tiers (Helander, Kärkkäinen, & Jussila, 2014).

En conclusion, bien qu’il s’agisse de sujets que la fonction Achats traite dans son quotidien, certains points méritent une attention particulière, touchant à des zones juridiques spécifiques et nécessitent d’invoquer des mécanismes de sécurisation renforcés. L’accompagnement par les services juridiques est essentiel, et plus encore, pourrait gagner à être doublé d’une expertise externe en la matière (Edgeman, et al., 2015).

Figure 58 - Les notions et questions-clés dans une négociation (INPI, 2012)

b)

Les autres risques

Dans la panoplie des autres risques externes que peut rencontrer une démarche de CrowdSourcing apparaissent les risques de :

- Réputation, gestion de l’image - Qualité

La gestion de l’image et de la réputation se traduit au travers du soin accordé au « respect » de la foule, et plus concrètement dans le fait de la « payer » correctement (Ipeirotis, 2011), car une foule mal payée ne participera pas longtemps.

Ne pas se préoccuper de la rémunération des contributions peut notamment amener l’entreprise sous le coup du « parasitisme »26 (Cabinet Bastien, 2014).

La gestion de la qualité enfin, est un point intimement lié au volume des contributions, que l’on parle du CrowdSourcing créatif comme du CrowdWorking (l’externalisation de milliers de micro-tâches peut engendrer des coûts de contrôle importants).

Si l’on ne peut éviter le risque de défaillance du fournisseur-foule, volontaire comme involontaire, il convient d’envisager les meilleures options pour sécuriser le risque encouru.

La littérature préconise ainsi de recourir à nouveau à la foule pour filtrer, sélectionner, vérifier les contributions (Hirth, Hoßfeld, & Tran-Gia, 2013).

Dans le cas du CrowdWorking, Ipeirotis (2011) conseille de gérer la qualité par un prix correct, ayant directement corrélé la compétence (et par conséquent la qualité) au montant payé par tâche externalisée.

De manière générale le CrowdSourcing engendre naturellement, et par le fait d’engager une multitude, une complexité plus grande que les démarches traditionnelles d’Outsourcing. Il convient de sécuriser l’ensemble du processus opérationnel par un recours aux intermédiaires experts, plateformes dédiées à ces initiatives.

26 Cette ‘pratique’ a notamment été critiquée dans le domaine du CrowdSourcing créatif Push, et décrite sous le nom de ‘perverted

Pour autant déléguer ne fait pas tout, et certaines pratiques courantes dans des pays tombent sous le coup d’interdiction juridiques dans d’autres. Il en va ainsi des mécaniques d’enchères inversées pour le CrowdWorking, que la loi française interdit.

D’autres risques associés notamment au code du travail existent, si par exemple un challenge était résolu par un enfant mineur. L’ensemble des points ne peut être totalement adressé, mais les démarches de CrowdSourcing gagneront à être sécurisé par une réflexion amont.

Un duo fonction achats-juriste semble encore une fois s’imposer comme une démarche saine de gestion du CrowdSourcing s’il doit être déployé de manière sereine au sein d’une entreprise.

IV. D. 2.

Les différences vis-à-vis de l’externalisation classique