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Chapitre II : Gestion du service d’eau potable en Algérie : contraintes et défis…

II.4/ Aspects freinant le développement du service d’eau potable des villes algériennes

II.4.6/ Risque lié à l’aléa pluviométrique

La «gestion des risques» est l’une des recommandations retenues lors des différents forums mondiaux sur l’eau. L’Algérie est vulnérable face à l’aléa pluviométrique. Face à cette situation, l’adaptation est la seule alternative. A ce sujet, des actions doivent êtres utilisées et intégrées dans une politique globale d’adaptation du pays (MATE, 2010). L’Algérie, à travers sa politique sur l’eau, essaye de relever ce défi. Elle a orienté sa stratégie sur l’adaptation face à l’aléa pluviométrique. Dans notre étude, un intérêt particulier sera porté sur la gestion des risques liés à l’aléa pluviométrique. Ce dernier est analysé dans le cadre du changement climatique.

60 La pluie dont le caractère est aléatoire représente le premier facteur des mécanismes hydrologiques. Elle peut être analysée à plusieurs échelles de temps et d’espace. Puis, il ya le passage de la pluie au débit qui reste un problème complexe (Hreiche, 2003). Cette transformation peut aboutir à une quantification des volumes d’eau. Aujourd'hui, la nécessité de quantifier le phénomène est fondamentale dans le cadre de la gestion de la ressource en eau, en relation directe avec la demande en eau des populations (Haziza, 2003). Actuellement, il est reconnu que ce phénomène est perturbé par le changement climatique.

Le gouvernement Algérien est conscient du rôle de l’eau. Elle est essentielle pour le bien être de l'homme, pour le développement économique et social et vitale pour le maintien des écosystèmes naturels. Les gestionnaires de l'eau font face à une grande variété de problèmes. Ils doivent satisfaire les besoins humains en tenant compte de l'environnement naturel (Young

et al., 2015). Dans ce contexte, l’Algérie présente une singularité décrite comme suit : une répartition inéquitable des ressources en eau dans l’espace et dans le temps associé à une diminution des précipitations due au effet du changement climatique.

Dans cette étude, nous allons intégrer le facteur «pluie» dans notre démarche d’évaluation de la performance des services d’eau potable Algériens. Au préalable, nous allons expliquer comment l’Algérie a su intégrer le facteur «pluie» dans la stratégie nationale de mobilisation de la ressource eau. Une stratégie qui a pour but d’équilibrer la disponibilité de l’eau au niveau national. Cette disponibilité n’est pas repartie uniformément dans l’espace et dans le temps. Le changement climatique a compliqué dramatiquement le contexte de la disponibilité. Par la suite, nous allons identifier les indicateurs de performance qui reflètent le mieux l’aléa pluviométrique. Nous proposerons des échelles différentes pour évaluer la performance de ses indicateurs. Une échelle de performance en temps optimiste (exigence maximale) et une échelle de performance en temps pessimiste (exigence minimale) où l’aléa pluviométrique produit un déficit dans le volume d’eau mobilisé. Cette démarche, nous la justifions par l’idée développée par le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat sur la valeur rendue d’un service. Il propose ce qui suit : «les zones dans lesquelles on anticipe une

diminution du ruissellement devront faire face à une réduction de la valeur des services fournis par les ressources en eau» (GIEC, 2007).

Comment les hydrologues ont analysé le phénomène de la pluie et ces prévisions en Algérie ? II.4.6.1/ Contexte géographique et climatique

Trois ensembles très contrastés se partagent le territoire Algérien (Figure II.4) : le Tell, au Nord représentant 4% de la superficie totale de l'Algérie ; les hauts plateaux à l’intérieur avec 9% de la superficie totale ; le grand Sahara, au Sud avec 87% du territoire. Le pays est majoritairement aride et semi-aride, malgré sa réputation de pays méditerranéen. Les précipitations sont irrégulières à l’échelle journalière, annuelle et interannuelle et des précipitations variant de plus 1000 mm des hauts reliefs côtiers de l’Est du Nord. Les zones du territoire qui reçoivent plus de 400 mm/an de pluie se limitent à une bande d'un maximum de 150 km de profondeur à partir du littoral.

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Figure II.4 : Contexte géographique et climatique de l’Algérie

En Algérie, les précipitations diminuent d’Est en Ouest et du Nord au Sud. Sur la région Ouest, les précipitations sont faibles et régulièrement réparties avec environ 40 à 50 mm par mois. Le climat des Hauts-Plateaux est aride avec des précipitations faibles et irrégulières, de 200 à 400 mm par an. Le Sahara reçoit des précipitations annuelles extrêmement faibles, moins de 70 mm/an (MATE, 2010).

Donc, à une irrégularité de répartition des ressources en eau dans l’espace, s’ajoute une très grande irrégularité dans le temps, à la fois intra-annuelle et interannuelle.

La variabilité intra-annuelle se caractérise par une concentration des pluies sur quelques mois (50 -100 jours par an en moyenne) et par une moindre disponibilité en eau pendant la période estivale correspondant au pic des plus grandes demandes en eau (irrigation, tourisme). Une très forte variabilité interannuelle se surimpose, entre les différentes années successives. Cette irrégularité restreint considérablement la possibilité d’exploiter les ressources en eau superficielles. Elle a justifié la réalisation de nombreux ouvrages destinés à leur stockage. II.4.6.2/ L’aléa pluviométrique en Algérie

Plusieurs travaux ont analysé la problématique de la pluviométrie en Algérie. Ce qui montre l'intérêt que présente l'étude du régime pluviométrique d'un pays. Ces études montrent que l’eau en Algérie est de plus en plus rare (Hadef et al., 2001; Boudjadja, 2003; Kettab, 2008; Boukhari et al., 2008; Remini 2010).

Notre pays souffre d’une pénurie chronique d’eau due à des sécheresses récurrentes combinée aux effets des changements climatiques. Par conséquent, les ressources en eau sont insuffisantes pour couvrir les besoins des populations, de l’agriculture et de l’industrie. La situation actuelle en Algérie, se caractérise par un déséquilibre entre les besoins et les ressources disponibles. La croissance démographique et le développement économique et social du pays ont induit durant les deux dernières décennies, un accroissement considérable des besoins en eau potable, industrielle et agricole.

62 Ajouté à cela la vulnérabilité de notre pays face au réchauffement planétaire. Les exercices récents de modélisation confirment que le sud de la Méditerranée et l’une des régions les plus vulnérables face à ce phénomène.