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Chapitre IV : Etude de cas : Application de l’outil méthodologique sur le service d’eau potable

IV.2/ Présentation de la ville de Béjaia

IV.2.1/ Situation géographique et topographique

Béjaia est une ville côtière située sur le bassin méditerranéen. Elle porte le nom de « Bgayet » tandis que les français lui donnent le nom « Bougie ».

Béjaia s’ouvre sur la mer Méditerranée avec une façade maritime de plus de 100 Km. Son territoire s’étend sur une superficie de 322.348 ha. Elle est marquée par la prépondérance des reliefs montagneux (65%) et coupée par la vallée de la Soummam et les plaines situées prés du littoral. Le chef lieu de la wilaya de Béjaia porte le même nom, c’est la ville de Béjaia. La wilaya de Béjaia se situe au Nord-Est de l’Algérie à environ 220 km à l'Est d'Alger (Figure IV.1). Béjaia est limitée par la mer méditerranée au Nord, la wilaya Jijel à l’Est, les wilayas de Sétif et Bordj Bou Arreridj au Sud, les wilayas de Bouira et Tizi Ouzou à l’Ouest. La wilaya de Béjaia est issue du découpage administratif de 1974. Elle est subdivisée en 52 communes regroupées elles-mêmes en 19 daïras. Sa topographie a conditionné dans une large mesure la répartition de sa population, la constitution des agglomérations et la concentration de l’activité humaine (INGEROP, 2006).

Figure IV.1 : Situation géographique de la wilaya de Béjaia

Commune de Béjaia

143 IV.2.2/ Situation climatique de la ville de Béjaïa

Afin de décrire la situation climatique de la ville de Béjaia, nous avons exploité les données de la station climatologique de l’aéroport de Béjaia qui est la plus proche de la ville.

Les paramètres climatiques enregistrés sont les précipitations, les températures, l’insolation, le vent et l’humidité. La consultation de l’Agence National des Ressources Hydriques a permis l’obtention de données qui s’étalent sur une quinzaine d’années depuis 2001 jusqu’à 2014. Dans les tableaux suivants, nous allons représenter les paramètres température (Tableau VI.1) et pluie (Tableau VI.2) enregistrés au niveau de cette station.

Tableau IV.1: Température moyenne mensuelle de la station de Béjaïa pour la série d’observation

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Moyenne 11.31 11.34 13.74 15.86 18.53 22.26 25.24 25.87 23.04 20.74 15.67 12.21

Maximale 13.1 14 17 17 20 25 27 28 25.3 23 18.7 14

Minimale 8 7.8 12.6 15 17 20 24 24.8 20 19 14 11

La température est très douce en hiver (11.31 °C en moyenne au mois de janvier) et la chaleur est tempérée par la brise de mer en été (25.87 °C en moyenne au mois d’Août). Les températures sont donc relativement douces, la moyenne interannuelle est de 17.99 °C.

Tableau IV.2: Pluie moyenne mensuelle de la station de Béjaïa pour la série d’observation

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre Moyenne 121.1 104.8 78.5 78.8 42.6 20.7 9.6 12.7 80.9 64.7 116.9 142.8 Maximale 310 323.36 175 221 87.89 95.51 108 69.86 333.76 149 193 315

Minimale 7 20 9 17 7.36 0 0 0 6.1 3 9.15 52.31

Les pluies moyennes mensuelles varient entre 142.8 mm pour le mois de Décembre et 9.6 mm pour le mois de Juillet. La saison des pluies s’étale sur presque 08 mois de Septembre jusqu’à Avril. La pluie moyenne annuelle est de l’ordre de 874.1 mm.

Ces paramètres montrent que le climat de la région étudiée est du type méditerranéen, des hivers humides et doux et des étés chauds. La figure IV.2 suivante représente le diagramme ombro–thermique.

Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil Août SeptOctobreNove Déce 0 20 40 60 80 100 120 140 160 P lu ie ( m m ) 20 25 30 35 40 45 50 55 T e m p é ra tu re C )

144 Nous remarquons que la saison sèche débute vers la mi-Avril et se termine vers la mi-Octobre.

IV.2.3/ Milieu urbain

Le chef-lieu de wilaya présentant des atouts naturels fait de cette zone un territoire très convoité. Cette partie de la wilaya s’illustre par une économie régionale fortement industrialisée. Elle compte un aéroport, un port, des zones d’activités industrielles, des infrastructures routières et ferroviaires, un établissement de l’enseignement supérieur, un Centre Hospitalier Universitaire,…etc. Ces éléments font de cette zone un pôle administratif et économique attractif, générant une forte demande en habitat, malgré l’augmentation significative de son parc logement, chaque année.

Il est devenu le réceptacle des populations des campagnes qui l’entourent. Cette situation n’est pas sans conséquences. La ville de Béjaia a connue des pressions insoutenables en matière d’alimentation en eau potable, de logements et de travail entraînant même un conflit d’usage des terres. Devant cette situation, l’état est très vite dépassé de tous les cotés. Les particuliers las d’attendre un logement, commencent à construire leur propre, en bravant l’interdit. Béjaia, dépendante administrativement de la wilaya de Sétif jusqu’en 1974, n’a jamais bénéficiée d’une vision à long terme pour son occupation de l’espace. L’absence d’une vision globale d’aménagement du territoire, a créé des déséquilibres ville-campagne importants. Cette situation a encouragé et aggravé le phénomène de l’exode rural.

En matière d’urbanisation, l’Algérie a opté pour le zoning c'est-à-dire l’espace urbain est décomposé en zones monofonctionnelles : une zone pour habiter, une zone pour travailler et une zone pour se recréer. Simplifiant le schéma, l’Algérie en a tiré les principes de la ZHUN (Zone d’Habitat Urbain Nouvelle) et de la ZI (Zone Industrielle). Béjaia n’échappant pas à la règle, eût ses ZHUN et sa ZI. Les autorités avaient développé l’évidence qu’il suffit de construire beaucoup de logements pour obtenir une ville. La ZHUN n’est plus un centre de vie mais un espace destinée au sommeil. Rétrospectivement, l’état a investi des milliards de dollars pour ne réaliser que des cités dortoirs. L’accroissement de la taille des villes a été, en outre, boosté par une stratégie d’industrialisation tous azimuts et par un taux de croissance démographique qui a dépassé les 3% durant près de deux décennies. La stratégie d’industrialisation a parachevé la déstructuration des campagnes. Le système urbain évolua au jour le jour sans schéma précis et sans perspectives claires.

Ce qui nous en retenons ici à Béjaia, c’est que l’urbanisation s’est distinguée par un glissement de l’habitat et des activités des hauteurs pour s’installer le long de la RN 12 et la RN 75, de sorte qu’aujourd’hui, les constructions sont continues entre Béjaia et Oued Ghir et entre Béjaia et Tala Hamza (Axxam, 2009).

Parmi les conséquences directes des pressions appliquées :

− la ville de Béjaia est le territoire le plus urbanisé et le plus peuplé de la wilaya. Une densité importante si nous la comparons à la densité moyenne de la wilaya ou de l’Algérie.

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− La ville de Béjaia vie au rythme d’une extension d’habitats collectifs sans précédent, diversifié par des vastes programmes lancés, en cours de réalisations ou inscrits. L’extension du parc logement de la ville de Béjaia est très apparente par l’émergence des ensembles d’habitations collectifs publics et privés, particulièrement qui se localise dans les agglomérations à forte occupation spatiale. Par conséquent, une autre polarisation et localisation des ensembles d’habitations se discerne singulièrement, proposons ainsi un maillage urbain extravagant, appelant de la sorte à une nouvelle vision et planification car l’effet sur la mobilité et le transport est de plus en plus important. Ce qui se traduira sans doute par l’arrivée d’une nouvelle masse d’habitants qui chavirera toute planification.

− Les faiblesses de l’urbanisme et de l’architecture à Béjaia ne sont pas seulement le fait des pouvoirs publics et ne se retrouvent pas que dans les ZHUN. Le particulier a également une grande responsabilité. Les immenses quartiers (Taasast, Ighil Ouazoug, Tizi, Ihaddaden Oufella, Takleat, Dar Djebel, Tazeboudjt et Taghzouit) ont été qualifiés de non-ville, bien pire, comme d’anti-villes. Ces quartiers transforment à leur image la ville qui finit par disparaître, remplacée par quelque chose auquel nous cherchons encore un nom, car il n’est ni village ni ville.

Parmi les autres caractéristiques de ces ZHUN, nous pouvons citer :

Les bâtiments sont posés sur le terrain sans aucune logique d’orientation (pour la lumière et contre les vents) ni d’alignement.

L’absence d’espaces publics de qualités (Place, Rue et Boulevard) et d’éléments de repères et d’identifications.

L’architecture est d’une pauvreté déplorable. Des millions de logements sont réalisés sur des plans-types.

Suite à cette urbanisation forte et non maîtrisée, Béjaia doit faire face à une situation complexe dans la gestion de l’eau et de ses infrastructures. Cet afflux incontrôlés des populations vers la ville a provoqué :

− L’éclosion de véritables villes satellites, créant de grands problèmes de transport, de gestion, d’hygiène et les inévitables mesures d’accompagnement importantes. Ces mesures, à leur tête une alimentation en eau potable à la hauteur des attentes des abonnées. Elle est devenue très difficile à prendre en charge.

− Une hausse constante de la demande en eau, tirée par la croissance démographique et économique en particulier durant la saison estivale.

− Un manque d’efficacité dans la maintenance du réseau. Elle est due au nombre important de fuites. Cette situation se traduit par des retards dans la réparation de certaines fuites. Un constat qui reflète une mauvaise image de l’Algérienne Des Eaux chez les clients.

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− Apparition de graves tensions au niveau de certains quartiers du centre urbain.

− Apparition de zones qui ne sont pas bien dotés en termes de pression d’eau. Cette situation, nécessite l’ajout de réservoir à des endroits spécifiques. Malheureusement, le manque d’assiette fait défaut.

− Dégradation de la voirie après avoir effectué les travaux de réparation de fuites. Ces dernières années, un nouveau phénomène est apparu au milieu du centre urbain. C’est celui de la vente d’eau par des jeunes qui sillonnent les quartiers avec de petits camions citernes remplies d’eau. Ils proposent l’eau entre 40 et 80 dinars pour 20 litres. Ces jeunes pour la majorité ont contracté des prêts bancaires dans le cadre des dispositifs ANSEJ. Ils se rabattent sur l’informel pour faire face aux échéances bancaires. Le business de l’eau est devenu pour ces jeunes une aubaine car le marché est attrayant devant une demande qui de plus en plus augmente.

IV.3/ Situation pluviométrique des bassins d’apports