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Chapitre I : Etat de l’art sur l'évaluation de la gestion durable des services d’eau potable….…. 20

I.5/ Evaluation de la performance

I.5.1/ Notion d’indicateur

Depuis quelques années, un nombre important de travaux ont abordé la question de l’évaluation du service d’eau potable et la plus grande partie de ces recherches concerne le développement des indicateurs pour mesurer les performances du service d’eau (Rouxel et al., 2008; Alegre et al., 2009; Staben et al., 2010; Kanakoudis et al., 2014).

I.5.1.1/ Définition et objectif d'utilisation des indicateurs

Dans le secteur de l’eau, il ya plusieurs exemples de définition de l'indicateurs de performance :

OCDE, 1993 : un indicateur est un paramètre ou une valeur dérivée de paramètres donnant

des informations sur un phénomène.

Brugmann, 1997 : un indicateur peut décrire et communiquer les conditions actuelles,

favoriser la réflexion critique sur les mesures correctives nécessaires et faciliter la participation des diverses parties prenantes dans les processus décisionnels.

Bossel, 1999 : les indicateurs devraient fournir des renseignements essentiels sur la viabilité

d'un système et son taux de variation, et sur la façon dont ils contribuent au développement durable de l'ensemble du système.

Parris et Kate, 2003 : les indicateurs sont définis comme des mesures quantitatives des

progrès accomplis dans l'objectif déclaré.

Alberti et al., 2004 ; Hezri et al., 2006 : ils ont été conçus et utilisés pour la détermination

des conditions de base, la prédiction des tendances futures, et les systèmes de surveillance et d'alerte ; des comparaisons, évaluation des performances, et l'amélioration de la compréhension scientifique ; éclairer la prise de décision et faire évoluer des politiques.

Picazo-Tadeo et al., 2008 : les indicateurs de performance ont à communiquer des

informations liées au développement durable dans un sens large telle que la gestion, la santé, les aspects environnementaux et financiers.

Ioris et al., 2008 et Palme et Tillman, 2008 : les indicateurs de performance doivent

communiquer des informations concernant l'une des dimensions du développement durable qui sont la performance environnementale, la performance sociale et l'éco-efficacité.

Canneva et Lejars, 2009 : un indicateur de performance est une mesure quantitative d’un

aspect spécifique de la performance de l’exploitant ou de son niveau de service. Ce type d’indicateur permet le plus souvent de suivre et d’évaluer l’efficience et l’efficacité d’un service d’eau.

Dans notre cas, un indicateur est un paramètre ou une valeur dérivée de paramètres donnant des informations sur un phénomène (OCDE, 1993). Il peut décrire l’état actuelle du système

30 (Lundin et al., 1997 ; Morrison et al., 2001), favoriser la réflexion critique sur les mesures correctives nécessaires (Brugmann, 1997) et faciliter la participation des diverses parties prenantes dans les processus décisionnels, l'amélioration de la compréhension scientifique et l’évolution des politiques (Hezri et al., 2006).

L’introduction d’indicateurs de performance apporte de nombreuses perspectives (figure I.3), en termes de définition de contenu du service, de pilotage par la collectivité, d’incitation à l’amélioration et enfin de communication vers les usagers (Guérin-schneider, 2001).

Figure I.3 : Utilisation des indicateurs de performance dans la régulation des services (Guérin-schneider et Nakhla, 2003)

Définition : dans un service d'eau potable, les gestionnaires s'accordent à définir les objectifs

prioritaires en fonction de leurs moyens financiers, matériels et humains. En choisissant une liste d’indicateurs suffisamment diversifiée, avec des objectifs chiffrés, le gestionnaire du service d'eau potable est en mesure d’exprimer de manière plus concrète ce qu’elle attend de son service.

Pilotage : une fois les indicateurs fixés, le gestionnaire peut suivre l’évolution annuelle du

service, Le service est alors piloter et suivi pour aboutir aux objectifs fixés préalablement.

Incitation : une fois les indicateurs sont définis et adoptés par les gestionnaires du service

d'eau potable, ils peuvent être partagés entre de nombreuses unités. Ainsi, la comparaison sera possible et limite par conséquent la dissymétrie de l'information et crée les conditions d’une incitation à la performance.

La communication : les indicateurs synthétiques sont enfin un outil d’information des

consommateurs qui sont de plus en plus attentifs à la gestion des services d’eau potable. Les indicateurs rendent visible les améliorations du service qui étaient difficilement perçues par l’usager (par exemple en montrant les efforts de renouvellement du réseau souterrain et l’impact sur la limitation des fuites et des interruptions des services). Ils permettent de justifier certaines évolutions des prix.

Les indicateurs de performance sont des outils de gestion efficaces qui facilitent la conduite d’une gestion axée sur les résultats et l’utilisation efficace des ressources publiques. Ils rendent le suivi et l’évaluation plus précis et permettent de minimiser les jugements personnels et les descriptions narratives. De plus, les indicateurs permettent à la collectivité de suivre les évolutions et de préciser des objectifs à atteindre : si ceux-ci ne le sont pas, l’analyse des résultats permet de comprendre pourquoi et la manière d’y remédier.

Définition

Formuler les objectifs du service

Pilotage

Suivre les résultats du service et leur évolution

Communication Informer les consommateurs

Pseudo concurrence et incitation Comparer les services pour compenser la dissymétrie d’information

31 Dans cette approche, l’exploitation des indicateurs dans un but de réaliser une évaluation de la durabilité d'un service d’eau potable passe par trois phases. La première étant la sélection des indicateurs. La deuxième est la collecte des données et la troisième représente l’évaluation elle même.

I.5.1.2/ Critères de sélection

Comment choisir un indicateur ? Plusieurs chercheurs ont contribué à la question. Nous

retenons ceci : un bon indicateur est idéalement : spécifique (doit porter clairement sur les résultats) ; mesurable (doit être quantifiable) ; utilisable (pratique) ; sensible (doit immédiatement changer à mesure que les circonstances changent) ; disponible (relativement simple à recueillir les données nécessaires) et le coût-efficacité (ne doit pas être une tâche très coûteuse pour accéder aux données nécessaires) (Bell et al., 2003).

Selon d’autres travaux tels que (OCDE, 1993 ; Laroux et Weber, 1994), les critères suivant ont été retenus :

Pertinence : les indicateurs doivent fournir une information répondant à un besoin des parties

intéressées. Chaque indicateur doit être lié à un objectif auquel il se compare avec une simplicité d’interprétation et de compréhension.

Justesse d’analyse : l’indicateur doit représenter fidèlement la situation ou le phénomène

auquel on s’intéresse. L’indicateur doit être construit sur une base scientifique et technique saine avec une cohérence dans le temps et dans l’espace, pour permettre la comparaison et le suivi.

Données : les données doivent être mesurables avec une marge d’erreur acceptable. Le cout

de ces données doit être raisonnable.

En général, des jeux restreints d'indicateurs sont plus utiles que des larges, en raison des capacités limitées des destinataires, qu’ils soient décideurs ou grand public, à appréhender l'image fournie par le jeu d’indicateurs. Un nombre réduit d'indicateurs mais étroitement lié aux problèmes et enjeux importants, paraît plus pertinent.

I.5.1.3/ Structure de l'évolution de l'information à l'indicateur

L’évaluation des services d’eau potable passe inexorablement par l’utilisation des données d’où la nécessite de leur disponibilité. Ces données doivent êtres de bonnes qualités, suffisantes et adéquates. La première étape de l’évaluation des services d’eau potable se fait par la collecte des données de base essentielle à la poursuite de la procédure de l’évaluation. La deuxième phase s'intéresse au calcul des indicateurs. C’est à travers l’interprétation des valeurs des indicateurs que l’on pourra s’exprimer sur l’évaluation des services d’eau potable et éventuellement réaliser un benchmarking entre les différentes unités de gestion de l’eau potable en Algérie.

Dans notre cas, les données seront recueillies au niveau de plusieurs sources, si elles sont disponibles. La figure I.4 décrit le principe de la collecte de données dans le cas des services

32 d’eau potable Algériens. Les données sont disponibles aux niveaux de quatre sources principales.

Une fois que les données sont collectées puis traitées ; elles seront stockées dans des bases de données. Leur exploitation permettra l’évaluation des indicateurs.

Dans notre cas, les outils de mesures diffèrent par la diversification des types d'indicateurs adoptés. Nous citerons, les appareils de mesure ou d’analyses des paramètres physico-chimiques présents dans les laboratoires d’analyse des eaux. Ces mesures doivent être accompagnées par des normes nationales ou internationales afin de situer les classes des valeurs obtenues et obtenir ainsi une information claire pour le gestionnaire. En cas d'indicateurs de pression ou d'état (Taux de réclamations, Taux de fuite, etc.…) la présence d'une base de données représente un outil efficace de la mesure de la performance du service. La disponibilité de l'élément moteur du service – un personnel de niveau – permettra d'accomplir les tâches du service avec efficience.

Figure I.4 : Les sources d’informations I.5.1.4/ Construction des indicateurs de performance

A travers la littérature réalisée sur la thématique de la gestion des services d’eau potable, les différents auteurs adoptent des démarches, généralement, similaires. Dans cette étude, nous nous intéressons particulièrement à une démarche basée sur deux aspects importants. Le premier concerne une large consultation de la littérature. L'autre s'attache à l’intégration des parties prenantes dans le choix des indicateurs appropriés (Sahely et al., 2005 ; Palme, 2008 ; Milman et Short, 2008). A cet effet, nous avons adopté une démarche dite : descendante - ascendante « Top-down - Bottom-up ». Elle représente un processus participatif encourageant toutes les politiques de développement locales (Girard et al., 2015). Une telle approche connait diverses applications dans plusieurs domaines (Frisch, 2008).En effet, l’implication des acteurs locaux peut inclure : la population dans son ensemble, les milieux associatifs, les institutions publiques, les bureaux d’études, etc. Leur participation est bénéfique au cours de

Remplir la base de données

Chercher l’information

Algérienne Des eaux (ADE) Direction des ressources en eau (DRE)

Service technique d’AEP au niveau de la commune Bureaux d’études Autres Traitement Analyse Organisation Calculer

l’indicateur Exploitation de la base de données

33 chaque étape : la construction, le choix et l’évaluation. Lors de chaque étape, la difficulté réside dans la recherche des canaux de communication et les méthodes les plus appropriées pour susciter une large participation locale.

Lors de la phase descendante, l’analyse commence par l'étude d'un élément global, un objectif dans notre cas. Nous décomposons cette entité en éléments plus détaillés et plus fins pouvant comporter plusieurs niveaux pour déboucher, à la fin, aux indicateurs recherchés.

Dans la partie ascendante, il s'agit de faire un assemblage où l'on part du détail, du « bas », de l’indicateur, pour consolider progressivement et opérer une synthèse.

Dans le secteur de l’eau, l’adoption d’une quelconque méthode de construction d’indicateurs doit prendre en considération les critères de sélection de ces derniers. Elle doit aussi être en adéquation avec les objectifs prioritaires des gestionnaires des services d’eau potable. Cela permettrait une gestion plus pérenne du service. Le choix des critères et des indicateurs associés doit correspondre aux moyens dont disposent les services concernés et à leur capacité de pérenniser la base de données nécessaire à la gestion du service.