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Chapitre II : Gestion du service d’eau potable en Algérie : contraintes et défis…

II. 4.6.2.3.5/ Changement sur l’irrigation

II.5/ Politique de l’eau en Algérie face à l’aléa pluviométrique

II.5.3/ Adaptation à l’aléa pluviométrique

Les effets des changements climatiques peuvent être atténués par des mesures conçues pour réduire la vulnérabilité des systèmes naturels. Les secteurs directement touchés par la variabilité et les changements climatiques réagissent aux changements externes en modifiant leurs pratiques d’exploitation. Les projections climatiques prévoient des modifications qui se manifesteront par une augmentation de la température et une baisse de la pluviométrie. Les conséquences seront néfastes pour le secteur des ressources en eau. Il connaîtra non seulement une surconsommation mais aussi un déficit des apports en eau. Le secteur de l’agriculture connaitra une baisse du rendement de production. La sécheresse et l’inondation alimenteront les épidémies de maladies transmissibles par l’eau.

La réponse à ces problèmes de vulnérabilité consisterait en partie à adopter certaines mesures. Ces mesures faites vont améliorer les performances des établissements de l’eau (Benblidia et Thivet, 2010; Mehdi, 2010; Morgan et Alexis, 2013) :

70 II.5.3.1/ Economie de l’eau

Dans le domaine de l’alimentation en eau potable, l’économie de l’eau peut se faire à travers la réduction des fuites d’eau au niveau des réseaux (Hadef et al., 2001; MATE, 2001; MRE, 2004; Remini, 2010; MAE, 2011; Kertous, 2012; Abdelbaki et al., 2012; Sahnoune et al., 2013). De plus, une application d’une tarification incitative peut occasionner des économies d’eau (MATE, 2001; MRE, 2004; Kertous, 2012; Morgan et Alexis, 2013).

II.5.3.2/ Gestion rationnelle de l’eau

En Algérie, une gestion rationnelle des ressources en eau peut se faire en deux étapes.

La première étape consiste à maximiser la mobilisation des ressources en eau. Dans ce contexte, l’Algérie à investie dans la réalisation de plusieurs ouvrages dont les barrages, l’aménagement des retenues collinaires pour profiter au maximum des précipitations (Benfetta et Remini, 2008; Remini, 2010 ; Drouiche et al., 2012; Morgan et Alexis, 2013), la réalimentation des nappes phréatiques (Hadef et al., 2001; MATE, 2001; MRE, 2004; Remini, 2010), la protection des eaux contre la pollution et la surexploitation (MRE, 2004), etc. La deuxième étape est en relation avec l’exploitation efficace des eaux de surface et souterraine. Ces eaux sont réparties équitablement entre les différents besoins. L’utilisation et le développement de nouvelles technologies comme la cogénération peuvent constituer des réponses appropriées (MATE, 2001).

II.5.3.3/ Nouvelles techniques d’irrigation

En Agriculture, nous pouvons recourir à des nouvelles techniques d'irrigation très économiques d'eau (Agoumi, 2003). Une autre solution consiste à utiliser des variétés plus adaptées au climat du pays et aux cultures spécifiques par région (Agoumi, 2003; Ghislain de Marsily, 2008; Sahnoune et al., 2013). Le renforcement des capacités de traitement des eaux usées ouvre la perspective d’une réutilisation des eaux usées épurées pour l’irrigation (MATE, 2002; MRE, 2004; Drouiche et al., 2012; Morgan et Alexis, 2013).

II.5.3.4/ Sensibilisation

La sensibilisation des populations aux problèmes de l’eau et leur participation active à sa préservation et sa protection est très importante (Kardoun, 1998). Le renforcement de la capacité de sensibilisation de la population peut se réaliser à travers des programmes de formation, d’information et d’éducation (CNES, 2000 ; MATE, 2001). Cette action de sensibilisation est orientée en direction de tous les usagers de l’eau. Elle se traduit par la mise en place de stratégie de communication proposant un programme publicitaire et pédagogique pour une utilisation rationnelle de l’eau.

Dans ce contexte, les agences de bassin hydrographique jouent un rôle important à travers l’organisation des journées de sensibilisation sur la gestion et l'économie de l'eau dans l'industrie ainsi qu’auprès des exploitants des services. Le but est de sensibiliser à la nécessité d'économiser l'eau et de faire acquérir de nouveaux réflexes dans ce sens. Ainsi, créer de nouvelles habitudes pour un usage rationnel et sage de cette ressource vitale qui devient de

71 plus en plus rare. Pour cela, les Agences utilisent plusieurs moyens, dont des cours scolaires sur l'économie de l'eau, des émissions radio, des panneaux publicitaires, la diffusion de documentaires, l'organisation de journées d'études, d'information et de sensibilisation ainsi que des expositions, en plus des lettres aux usagers (Agence de Bassin Hydrographique Algérois – Hodna – Soummam).

Dans le but de toucher le plus grand nombre de personnes, le recours à la télévision s’avère indispensable car les problèmes de l’eau dans le pays sont liés le plus souvent aux actes les plus élémentaires de la vie (Kardoun, 1998). Le développement d’actions d’information et de participation des jeunes dans le cadre de campagnes nationales peut se faire en s’appuyant sur les structures éducatives du pays (Kardoun, 1998).

Mais, l’obstacle réel pour une véritable prise de conscience des problèmes de l’eau reste l’analphabétisme qui sévit, notamment parmi les femmes dont la relation avec l’eau est très importante. Elles sont les premières concernées par la gestion des ressources en eau tant en ville qu’à la campagne. Il faut rappeler que les femmes représentent toujours une proportion importante de la population non alphabétisée. Il est urgent qu’elles bénéficient de l’information et de l’instruction appropriées. Lorsque la décision de mettre en place le plan ORSEC de distribution de l’eau pour Alger avait été prise pour parer à une implacable sécheresse, le génie populaire avait su puiser dans l’humour pour atténuer les inévitables désagréments qui allaient en découler. ‘Aujourd’hui, nous avons une soirée’, disaient ironiquement les femmes lorsqu’elles devaient veiller tard le retour du précieux liquide. C’est dire que les femmes sont parties prenantes directes dans la gestion de la ressource hydrique (Kardoun, 1998).

La sensibilisation est une mission de longue haleine. Elle est menée de manière permanente pour guider tout un chacun à saisir pleinement conscience de ses responsabilités et obligations vis-à-vis de la gestion du précieux liquide.

II.5.3.5/ Energies renouvelables

Une utilisation rationnelle des ressources énergétiques et l’introduction des énergies renouvelables, principalement d’origine solaire et éolienne (OMD, 2010; Sahnoune et al., 2013).

Face au réchauffement climatique, l’Algérie, a ratifié en avril 1993 la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Elle souscrit pleinement aux engagements que celle-ci stipule pour les pays en développement et en particulier la stabilisation des émissions des Gaz à Effet de Serre (MATE, 2001). Au titre de la Convention Cadre sur les Changements Climatiques, l’Algérie s’engage à définir sa stratégie d’adaptation pour limiter les effets des changements climatiques sur ses ressources.

Dans ce contexte, le gouvernement Algérien a développé un programme national de développement des énergies renouvelables à l’horizon 2030 (Bouzid, 2012). En effet, l’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique national constitue un enjeu majeur dans la perspective de préservation des ressources fossiles, de diversification des

72 filières de production de l’électricité et de contribution au développement durable. A la faveur du programme de développement des énergies renouvelables 2011-2030 adopté par le Gouvernement en février 2011, les énergies renouvelables se placent au cœur des politiques énergétique et économique menées par l’Algérie. Le ministre de l’Énergie, Mr Salah Khebria, indiqué que le gouvernement reste attaché à la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables comme action à mener durant la période 2020-2030.

En termes d’adaptation face aux changements climatiques et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, le ministre a annoncé la production de 400 MW d’électricité au début de 2016 par le truchement des sources renouvelables (solaire et éolien), et, progressivement, 5000 MW en 2020 puis 17 000 MW en 2030. Ce programme vise à porter la part de l’électricité générée par les sources renouvelables à plus de 27% de la production nationale. La répartition de ce programme par filière technologique, se présente comme suit :

Solaire Photovoltaïque : 13 575 MW ; Eolien : 5010 MW ; Solaire thermique : 2000 MW ; Biomasse : 1 000 MW ; Cogénération : 400 MW ; Géothermie : 15 MW.

Le programme envisage d’autres actions pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre. Ce programme ambitieux de l'énergie renouvelable et l'efficacité énergétique et toutes les activités d'atténuation permettra de réduire de plus de 40 % des émissions de CO2 en Algérie (Sahnoune et al., 2013).

II.5.3.6/ Moyens d’observation du climat

Un renforcement et le développement de moyens d’observation du climat, de mesure de la pollution et de suivi de l’état de santé des populations en vue d’une veille sanitaire et environnementale (MATE, 2001).

Pour assurer une surveillance continue de l'atmosphère, l'Office National de la Météorologie exploite un réseau de stations d'observations météorologiques couvrant les différentes régions climatiques du pays. Ce réseau comprend : 77 stations d'observation en surface ; 12 stations d'observation en altitude ; 3 stations de recherche et d'observation spéciales (Tamanrasset, Tiaret, ksar chellala) ; 5 radars météorologiques ; 296 postes climatologiques dont 117 stations automatiques et 179 postes conventionnels.

Dans le cadre de sa mission, l'Office National de la Météorologie a pour objet, entre autre, la surveillance des changements climatiques. Dans ce contexte, au début des années 1990, l’Organisation Mondiale de la Météorologie a mis en place les stations globales VAG (Veille de l’Atmosphère Globale) de Mount Kenya (Nairobi, Kenya), de Bukit Koto Tabang (Sumatra, Indonésie) et de Tamanrasset Assekrem (Sud du Sahara, Algérie). Donc, notre pays abrite à Tamanrasset une des stations de référence du programme scientifique de la Veille de l’Atmosphère Globale. Cette station assure en continu les mesures de la concentration des gaz

73 à effet de serre comme le gaz carbonique et le méthane. Les séries de mesure de ces stations sont les seules séries continues disponibles dans le Sud du Sahara, en Afrique équatoriale et en Asie équatoriale (Système National d’Observation du Climat, 2007).

Le dixième atelier du Système Mondial d’Observation du Climat (SMOC), tenu à Marrakech en 2005, a impliqué les pays du Bassin Méditerranée. Les participants à cet atelier ont évalué les réseaux et les systèmes d’observation climatique dans le Bassin de la Méditerranée. Ils se sont accordés sur les questions cruciales qui devraient être abordées dans un Plan d’Action Régional du SMOC. Une réunion de suivi pour préparer un projet de Plan d’Action régional a été subséquemment tenue à Tunis en mai 2006 (GCOS, 2006). En conséquence, le Plan d’Action Régional du SMOC représente un large consensus sur les priorités régionales pour le Bassin Méditerranéen et sur les actions qui nécessitent d’être abordées. Il propose 16 projets qui, pris ensemble, remédieront aux faiblesses majeures des systèmes d’observation du climat dans le Bassin Méditerranéen. La recommandation ou le projet n°4 a pour but « Améliorer les

Réseaux d’Observation en Surface et en Altitude du SMOC en Afrique du Nord » (GCOS,

2006). L’objectif général de ce Plan d’Action du SMOC est de remédier aux insuffisances des programmes d’observation systématique du climat dans le Bassin Méditerranéen afin de s’assurer que les informations qui en seront fournies, satisfont aux besoins des décideurs. II.5.3.7/ Dessalement de l’eau de mer

Le recours au dessalement de l’eau de mer est promû comme une alternative stratégique permettant de sécuriser l’alimentation en eau potable de certaines villes du littoral et d’agglomérations proches. Le renforcement du dessalement de l’eau de mer reste une solution pour satisfaire les besoins en eau potable (MATE, 2001; MRE, 2004; Remini, 2010; Drouiche

et al., 2011; Drouiche et al., 2012; Morgan et Alexis, 2013).

La crise de l'eau potable annoncée pour les années 2000-2020 a relancé fortement l'intérêt de développer rapidement des techniques de dessalement moins chères, plus simples, plus robustes, plus fiables, si possible moins consommatrices d'énergie et respectant l'environnement.

Un programme d’installation d’unités de dessalement de l’eau de mer a ainsi été arrêté puis rapidement mis en œuvre. L’Algérienne Des Eaux, entreprise publique, en assure le suivi pour le compte du Ministère des Ressources en Eau en association avec l’Algerian Energy Company, société créée par les groupes Sonatrach et Sonelgaz.

La plus grande station de dessalement d'eau de mer de l'Algérie, 500000 m³ par jour, a été inaugurée lundi 10 novembre 2014 à Oran par le Premier ministre algérien. Cette station, située à El Mactâa, à l'est d'Oran, utilise le procédé de l’osmose inverse. Elle permettra de satisfaire aux besoins de la wilaya d’Oran mais également ceux des wilayas limitrophes à l'instar de Mascara, Tiaret, Relizane et Mostaganem. Le coût de cette réalisation s'est élevé à 491 millions de Dollars.

74 D’autres stations sont programmées exemple de la station de dessalement de la ville de Béjaia.

II.5.3.8/ Recherche scientifique

La recherche scientifique et le développement des outils d’aide à la décision sont des atouts importants pour le développement du secteur de l’hydraulique (MATE, 2001; Ghislain de Marsily, 2008; PNUD, 2009).

La recherche scientifique est un atout qui contribue à l’évolution dans la maitrise de la problématique de l’eau en Algérie. La condition prépondérante est la formation des hommes dans le domaine de l’eau. Elle est prise en charge conjointement par les universités et les instituts. Ils veillent à une formation de qualité pour la gestion des services de l’eau et de l’environnement.

Le renforcement des moyens humains à pour but le développement du savoir faire. Ils permettent la réalisation d’une expertise nationale capable de maîtriser les problèmes de l’eau. Dans ce sens, la recherche est sollicitée pour apporter son concours afin d’effectuer des études permettant une meilleure gestion intégrée des ressources (Kerdoun, 1998).

Les risques potentiels liés au changement climatique constituent une préoccupation nationale et internationale. Au niveau national et compte tenu de la vulnérabilité climatique du pays, il s’agit de mener des recherches dans le cadre de l’adaptation des ressources naturelles aux changements climatiques et particulièrement les ressources en eau, l’agriculture, les zones côtières, les forêts et les autres écosystèmes. Pour répondre aux préoccupations d’ordre international, il sera mis en œuvre des programmes de recherche/développement pour atténuer les émissions des gaz à effets de serre et maximiser la séquestration des gaz à effets de serre par les puits comme les forêts, la végétation et les sols. La participation aux programmes de recherche mondiaux sur les changements climatiques est une nécessité pour la communauté scientifique nationale (MATE, 2001).

II.6/ Intégration de la gestion des SEP Algériens dans la dimension du développement