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Chapitre I : Etat de l’art sur l'évaluation de la gestion durable des services d’eau potable….…. 20

I. 6.2.2.1/ Data Envelopment Analysis

Le nom Data Envelopment Analysis est habituellement utilisé en français mais peut se traduire par : méthode d’analyse par enveloppement des données. La méthode DEA, destinée aux responsables d’organisations publiques et privées est un outil d’analyse et d’aide à la décision. Elle permet aux décideurs de réaliser leurs analyses d’efficience et d’interpréter les résultats obtenus (Huguenin, 2013). Elle indique la marge d’amélioration dont l’organisation dispose par rapport au score d’efficience. La méthode DEA permet d’évaluer la performance des organisations qui transforment des ressources (inputs) en prestations (outputs). Elle est adaptée tant aux entreprises du secteur privé ou du secteur public. Elle peut être appliquée à différentes entités comme les villes, les régions, les pays, etc. Le précurseur de l’idée d’analyse de l’efficience est bâti par Farrell en 1957 (Farell, 1957). Ensuite, Charnes et al., (1978, 1981) (Cooper et al., 2011; Shih et al., 2004) ont proposé l’approche DEA qui est un prolongement de l’approche de Farrell sur la mesure de l’efficience technique des technologies à entrées et sorties multiples (Picazo-Tadeo et al., 2008). L’utilisation de la

44 méthode DEA s’est ensuite généralisée dans toutes les organisations publiques (hôpitaux, services sociaux, police, armée, traitement des déchets, transports, entreprises forestières, bibliothèques, théâtres, etc.) et dans le secteur privé (banques, assurances, commerces, etc.). Le score d’efficience de chaque organisation est calculé par rapport à une frontière d’efficience. Les organisations qui se situent sur la frontière ont un score de 1. Les organisations qui sont localisées sous la frontière ont un score inférieur à 1. Elles disposent par conséquent d’une marge d’amélioration de leur performance. Relevons qu’aucune organisation ne peut se situer au dessus de la frontière d’efficience. Les organisations situées sur la frontière servent de pairs (benchmarks) aux organisations inefficientes. Ces pairs sont associés aux best practice observables. La méthode DEA est par conséquent une technique de

benchmarking.

L’amélioration de l’efficience peut être orientée vers la réduction des inputs ou une augmentation des outputs. Dans une orientation input, le modèle DEA minimise les inputs pour un niveau donné d’outputs ; autrement dit, il indique de combien une organisation peut réduire ses inputs tout en produisant le même niveau d’outputs. Dans une orientation output, le modèle DEA maximise les outputs pour un niveau donné d’inputs. Autrement dit, il indique de combien une organisation peut augmenter ses outputs avec le même niveau d’inputs. Deux modèles de base sont utilisés en DEA, aboutissant chacun à l’identification d’une frontière d’efficience différente. Le premier modèle fait l’hypothèse que les organisations évoluent dans une situation de rendements d’échelle constants (Constant Returns to Scale –

CRS–) (Charnes et al., 1978). Le modèle CRS calcul un score d’efficience appelé Constant Returns to Scale Technical Efficiency (CRSTE). Le second modèle fait l’hypothèse que les

organisations évoluent dans une situation de rendements d’échelles variables (Variable

Returns to Scale –VRS–) (Banker et al., 1984). Le modèle VRS calcul un score d’efficience

appelé Variable Returns to Scale Technical Efficiency (VRSTE).

Après le travail du pionnier Byrnes (Byrnes et al, 1986), plusieurs études ont utilisé DEA dans l'analyse de la performance des entreprises opérant dans le secteur de l'eau au cours des 30 dernières années (Lannier et Porcher, 2012). Ces études ont été menées dans différents pays :

USA (Lambert et al., 1993; Bhattacharyya et al.,1995; Shih et al., 2004; Bouscasse et al.,

2008)

Brésil (Tupper and Resende, 2004; Seroa da Motta and Moreira, 2006) Mexique (Anwandter and Ozuna, 2002)

Japan (Aida et al., 1998)

Australie (Byrnes et al., 2010; Coelli and Walding, 2005)

Palestine (Alsharif et al., 2008) : les niveaux d'efficacité étaient considérablement plus faible

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Afrique (Estache et Kouassi, 2002 ; Kirkpatrick et al., 2006). Angleterre et Pays de Galles (Thanassoulis, 2000 a,b, 2002)

Espagne (García-Sánchez, 2006; Garcia-Valiñas and Muñiz, 2007; Picazo-Tadeo et al., 2008,

2009a, 2009b). Ce dernier rapporte que les services publics situés dans les communes touristiques étaient moins efficace que ceux qui fournissent des services d'eau pour les municipalités non-touristiques et que l'efficacité technique était plus élevée chez les entreprises situées dans des zones fortement peuplées.

France (Garcia et al., 2005; Chong et al., 2006; Carpentier et al., 2006; Lannier et Porcher,

2012). Ce dernier a utilisé la méthode DEA pour mesurer l’efficacité relative de 177 services d’eau en France. Ces services sont gérés directement par les communes (régies) ou délégués à des opérateurs privés. Les résultats indiquent que les services d’eau délégués demeurent, en moyenne, très légèrement moins efficients en comparaison des régies.

I.6.2.3/ Nouvelle conception de l'approvisionnement en eau

La nouvelle conception de l'approvisionnement en eau est développée pour garantir une gestion durable des ressources en eau limitées tout en assurant une répartition équitable. Pour atteindre ses objectifs, un certain nombre de techniques ont été développées et appliquées aux pays en développements (Vairavamoorthy et al., 2005). Parmi les techniques utilisées « l'alimentation en eau intermittent ».

L’alimentation en eau intermittent est l'une des approches les plus courantes afin de contrôler la demande en eau (DWAF, 1999; Vairavamoorthy et al., 2008). Le principe de cette technique réside dans l'utilisation d’une alimentation intermittente par des coupures pour une partie de la journée (Totsuka et al., 2004). En Asie du Sud (figure I.6), moins de 350 millions d’habitants reçoivent de l’eau que quelques heures par jour et presque toutes les villes indiennes sont distinguées à utiliser des systèmes intermittents.

Figure I.6 : La durée moyenne d’approvisionnement de 08 villes asiatiques sélectionnées Villes D u ré e (h )

46 La situation est similaire dans d'autres régions. En Amérique latine plus de 50 millions habitants dans 10 de ses grandes villes reçoivent une alimentation en eau intermittent (Choe et Varley, 1997).

Pour aboutir à une meilleure alimentation en eau intermittent deux objectifs sont à atteindre : une équité dans l'offre c’est-à-dire une répartition équitable de la quantité d'eau limitée. L’accès des gens aux niveaux de service à travers quatre paramètres : D (Duration of the

supply : durée de l'offre), T (Timings of the supply : horaires de l'approvisionnement), P

(Pressure at the outlet : pression à la sortie ou pression de débit à la sortie), O (Others : autres).

La conception optimale est obtenue en assurant des pressions adéquates tout au long du réseau pendant la durée de l'horizon de conception spécifiées. L'objectif de minimiser la variabilité de la pression est obtenue en envisageant l'emplacement stratégique des vannes sur le réseau (Vairavamoorthy et Lumbers, 1998, Vairavamoorthy et Ali, 1998). L'inclusion de vannes est considérée progressive à des intervalles de temps entre les nœuds du réseau de fonctionnement à son horizon de conception. Afin de réaliser une conception optimale, des programmes d'optimisation ont été élaborés (Vairavamoorthy et Ali, 1998). Une application de la méthode a été faite sur un réseau au sud de l’Inde (Vairavamoorthy et al., 2008).

I.6.2.4/ Analyse des aspects spécifiques liés à l’alimentation en eau potable

Il existe plusieurs travaux qui ont analysé certains aspects spécifiques liés à l’alimentation en eau potable. Ces aspects spécifiques sont de différents natures exemples de l’analyse des pertes d’eau non comptabilisé, la qualité de l’eau, le prix de l’eau, réhabilitation des réseaux, etc. dans ce qui suit, nous allons développer deux cas en relations avec les différents aspects spécifiques :