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Les adolescents ont besoin de « se cogner » au monde pour pouvoir y appartenir. En s’y heurtant, ils essayent d’en ressentir pleinement l’essence car la recherche de sensations intenses est à cet âge un moyen d’avoir un monde et une existence. Pour se sentir vivant, ils mettent en place diverses actions dont certaines sont animées par une relative fougue, quitte à prendre des risques. Dans ce chapitre, nous aborderons ces conduites périlleuses afin de voir qu’elles ne se déroulent pas seulement à la marge. En effet, différents espaces sont investis par les adolescents pour mener à bien leur construction identitaire. Autrement dit, si nous savons que les adolescents ont besoin de « se heurter » pour attester d’une identité, nous ne savons pas toujours où ils le font. Ces espaces d’expérimentation dans lesquels ils s’affrontent sont plus ou moins clandestins et plus ou moins acceptés par les adultes. Cette appréciation des lieux, faite par les parents notamment, forme une spatialisation des conduites adolescentes. Il y a celles en marge, considérées comme déviantes et celles au centre, acceptées et parfois même plébiscitées. Sauf que dans les pratiques autorisées, celles au centre, se cachent des pratiques permettant de se risquer en toute discrétion sans éveiller les mêmes inquiétudes existantes pour les comportements mis à la marge.

Le premier territoire présenté correspondra aux pratiques mises à la marge, c'est-à-dire aux conduites à risque, mais aussi aux actions s’écartant du chemin de la conformité et des normes établies. Ces comportements sont exclus des conduites à tenir en société car ces pratiques se font l’écho d’une certaine folie, ou en tout cas, comme la confirmation d’un âge

« bête ». Pourtant, et nous le verrons dans ce premier point, les émotions et sensations générées par ces conduites répondent à un projet précis pour les adolescents : celui de se construire.

Les différentes perceptions faites du risque permettront de voir, dans un deuxième temps, que d’autres espaces tout aussi périlleux sont investis par les adolescents. De cette manière nous verrons qu’en fonction de l’espace dans lequel l’adolescent se risque, son comportement ne sera pas jugé par les adultes de la même manière. L’indulgence, de l’Etat notamment, vis-à-vis de la pratique sportive, permet donc à des milliers d’adolescents de se mettre face au risque de se faire mal sans que cela ne gêne. Peu importe l’espace investi, ce n’est pas seulement l’adolescent qui se risque mais aussi son corps car durant l’adolescence, ce dernier

38 est parfois une « terre d’asile »1. Si bien que pour clôturer ce chapitre deux, un dernier temps sera consacré au corps. Il est un dénominateur commun des pratiques entamées à la marge et au centre. Lorsqu’il est sollicité avec intensité ou par l’effort, le corps devient une source de réponses pour les adolescents en quête d’affirmation de soi.

1 GONTRAN Wilfried, « Le corps terre d’asile à l’adolescence. Le clivage des pulsions », in GASPARD Jean-Luc &

DOUCET Caroline (dir.), Pratiques et usages du corps dans notre modernité, Toulouse, Eres, 2009, p. 35.

39 A. Des espaces de construction de soi à la marge

i. La quête de soi par ordalie

L’adolescence est une période où les individus prennent des risques afin d’apporter des éléments nécessaires à la construction de leur identité. Si de nos jours les adolescents s’exposent au danger, c’est que les mécanismes permettant l’acquisition de l’identité sont devenus défaillants. Leurs expositions et affrontements face au risque deviennent des comportements chargés de sens, des ersatz de rite permettant, à défaut de se transformer en adulte, de devenir un individu. Ces essais désorganisés pour tenter d’être soi sont dus à la désynchronisation et à la disparition des seuils et rites de passage mais aussi à la perte d’influence de la famille et cela provoque pour certains des comportements en marge. Pour rappel, la marge définit des conduites considérées comme contraires aux attentes sociales. Ces attentes sont quant à elles fixées comme des principes ou des règles établissant les « bonnes manières » d’agir. De ce point de vue, déroger aux règles et aux normes, comme pourrait le faire un adolescent usant d’automutilation, fait rentrer en contradiction la manière dont il utilise son corps et les normes le concernant. En effet, le corps est « un objet sacré »2 et un certain nombre de normes tacites et explicites le contraignent et définissent son utilisation en société. Ainsi, couper ou heurter son corps de manière volontaire est contraire aux normes biomédicales.

La prise de risque adolescente se caractérise par « un engagement délibéré et répétitif dans des situations dangereuses »3. Elle a du sens car elle permet aux adolescents de pouvoir attester d’une identité. En effet, ils font face à des sentiers de moins en moins balisés et ce manque de repères angoissant les pousse à prendre des risques. Les raisons les conduisant à s’exposer face au danger sont multiples. Ils le font pour s’expérimenter mais aussi parce que cela peut être apaisant. Se tranquilliser est d’ailleurs une nécessité compte tenu des remaniements subis par le corps à l’adolescence. Néanmoins, quand on parle de risque durant cette période, seuls les risques pris à la marge sont évoqués par les adultes. Ces conduites sont celles dont la perception évoque immédiatement un comportement hors-normes pour les adultes. Le risque étant une question de perception, il peut également se jouer sous nos yeux Ŕ au centre Ŕ sans être perçu par des adultes tellement celui-ci est imperceptible. Dans tous les

2 BOURDIEU Pierre, « Le corps et le sacré », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 104, septembre 1994, p. 2.

3MICHEL Gregory, La prise de risque à l’adolescence. Pratique sportive et usage des substances psycho-actives, Paris, Masson, 2001, p. 10.

40 cas, qu’il soit au centre ou à la marge, l’individu s’engage dans des comportements l’exposant à des dangers. Il faut donc entendre le caractère nécessaire du risque à l’adolescence pour se construire avant même de comprendre là où il peut se jouer.

D’ailleurs, David Le Breton le dit, le risque est « une matière première pour se construire »4. Pour Philippe Jeammet et Maurice Corcos, ces conduites à risques ont pour but de fournir « une identité de substitution »5 à l’adolescent.

Pour aller plus loin dans l’explication du risque, confrontons-le à la notion de danger. Ce détour est indispensable car sa définition s’avère être un « terrain conceptuel glissant »6. En effet, le risque n’est jamais le même d’une société à une autre ni même d’un individu à un autre : c’est une question de perception. Par exemple, prendre l’avion peut paraître pour certains risqué alors que pour d’autres ce sera le fait d’être en voiture. Ce positionnement différent est en partie dû au fait que le risque résonne avec le terme de danger. D’après ses bases latines Ŕ resecare – signifiant « recouper », « séparer » Ŕ, le risque est ce qui coupe en cas d’erreur.7 Pourtant, dans les conduites à risque, il est possible de l’opposer à sa partie contendante Ŕ le danger. L’individu s’exposant au risque ne cherche pas le danger, ni la coupure. Il met en place un processus « stochastique »8, laissant l’individu face à

« l’aléatoire » et non pas directement au danger. Il souhaite flirter avec la menace sans jamais l’atteindre, le danger étant source de dommages. Par exemple, un plancher glissant, une route verglacée, être en présence d’amiante sont des dangers car ils sont intrinsèquement néfastes.

Le risque, quant à lui, est une mesure subjective de la menace en termes de coûts, c'est-à-dire la probabilité calculée par l’individu des effets sur sa santé.

Ainsi, le but de ces conduites n’est pas de s’exposer à un danger avéré et immédiat, mais de jouer avec en prenant le pari secret de toujours pouvoir s’en sortir. Bien évidemment, parfois ce calcul est mal réalisé et il en résulte au mieux des blessures, au pire la mort.

Cependant, ni la mort ni même la blessure ne sont recherchées dans la prise de risque, il y a tout de même un objectif. En revanche pour garder du sens, il faut pour l’individu conserver un souvenir sensoriel de l’expérience. Il doit rester en lui quelque chose de cette prise de risque, une émotion par exemple. Cette quête de sens risquée à la marge peut se faire de différentes manières. Elle est à deux niveaux. Il y a d’une part les risques de nature

4LE BRETON David, Une brève histoire de l’adolescence, Paris, Béhar, 2013, p. 116.

5CORCOS Maurice & JEAMMET Philippe. « Conduites à risque et de dépendance à l'adolescence : la force et le sens », Psychotropes, vol.12, n°2, 2006, p. 77.

6 SOULE Bastien & CORNELOUP Jean, Sociologie de l’engagement corporel. Risques sportifs et pratiques extrêmes dans la société contemporaine, Paris, Armand Colin, 2007, p. 19.

7Ibid.

8MICHEL Gregory, Op. cit., p. 7.

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« ordalique » et d’autre part, ceux d’un rang inférieur, remettant tout de même en cause notre existence. Dans tous les cas, ces types de risque sont mis au ban de la société car ils sont perçus comme trop dangereux pour l’individu et pour l’intégrité de son corps.

Commençons par développer la notion de prise de risque ordalique. Si les adolescents font preuve d’ordalie, celle-ci n’a rien à voir avec la définition d’origine qui n’était alors pas spécifique à cette population.9 Au départ, ce terme désignait une épreuve judiciaire du Moyen-âge servant à révéler ou non la culpabilité d’un individu en s’en remettant au jugement divin. Ainsi, il existait différents types d’ordalie : ordalie par le feu, par l’eau, par le fer rouge… Toutes ces techniques permettaient, par l’intermédiaire d’une épreuve physique, de prouver ou non l’innocence d’un individu. Par exemple, l’ordalie par le fer rouge consistait à faire tenir dans la main d’un accusé un morceau de fer chauffé. Ce dernier tenait le fer, plus ou moins longtemps, et posait ensuite sa main dans un sac de cuir scellé par un juge. Quelques jours plus tard, la main était sortie du sac et le jugement était rendu : si la main ressortait infectée, l’accusé était considéré coupable. Si la main était cicatrisée, son innocence était prouvée.10 Si l’ordalie est considérée comme un jugement divin, quelle peut être son acception contemporaine ?

De nos jours, l’ordalie est définie comme la manière dont une personne s’« engage de façon plus ou moins répétitive dans des épreuves comportant un risque mortel »11. Ce jeu funeste est courant à l’adolescence, comme le prouve le nombre de tentatives de suicide en France.12 Ces essais ne sont en aucun cas des appels à la mort. Au contraire, ce sont des appels à vivre car ils ont pour objectif une quête de limites.13 Du côté de son fonctionnement, l’ordalie semble toujours soumettre l’individu à l’imprévisibilité du résultat de la prise de risque, c'est-à-dire que ce dernier ne maitrise pas le résultat de son action. Dès lors, s’il survit, il se voit autorisé à vivre par une force cachée et son existence prend d’autant plus de valeur que son autorisation à être est procurée par une force invisible. Sa réalité devient garantie avec force puisqu’elle a été confirmée par la vie elle-même.

Cependant, il ne faut pas seulement entrevoir ces comportements comme une chance particulière de prouver son existence. Il réside tout de même un danger important quand ces pratiques se multiplient. Elles peuvent devenir addictives et provoquer des dommages irréparables. En effet, les conduites ordaliques ne sont pas toujours le fruit d’un seul essai car

9VALLEUR Marc, « Les chemins de l’ordalie », Topique, n°107, février 2009, pp. 47-64.

10 On trouve encore des traces de cette pratique de nos jours, notamment avec l’expression « mettre sa main au feu ». Celle-ci désigne la certitude d’un individu quand il énonce un fait.

11VALLEUR Marc, « Jeu pathologique et conduites ordaliques », Psychotropes, février 2005, pp. 9-30.

12KREMER Pascal, « Une adolescente sur cinq a déjà tenté de se suicider », Lemonde.fr, février 2012.

13LE BRETON David, Passions du risque, Paris, Métailié, 1991.

42 certains adolescents, en fonction de leur mal-être ou de leur manque de certitude, ont besoin de vérifier plus ou moins fortement leur autorisation à vivre. Alors de nombreux essais sont parfois effectués. L’ordalie possède une vision subversive et c’est aussi pourquoi elle est considérée par les instances publiques Ŕ de santé notamment Ŕ comme néfaste et mise à la marge. D’ailleurs, pour certains psychologues, elle ne serait pas une épreuve pour accéder à soi mais une forme d’addiction, ce qui remettrait en cause le principe même du sens pouvant être prêté au risque. Pour eux, il y aurait une recherche permanente du frisson ressenti par la mise en jeu de la vie. Ce tremblement ressemblerait à ce qu’on nomme « big win »14, phénomène inatteignable mais toujours recherché d’une mise en péril de soi.15 Tout comme le premier shoot d’héroïne, l’individu serait constamment à la recherche de sensations de plaisir et non plus de réponses identitaires. Le cas échéant, l’adolescent n’arrêterait jamais de mettre sa vie en jeu pour ressentir ces sensations. Ce cercle vicieux est nommé par les psychologues le « sensation seeking ».16 Avec cette approche, le risque est seulement considéré comme étant le fruit d’un désir, pour qui l’on a un attrait particulier. Ainsi, on ne voit plus dans ces actions des tentatives de survie et de construction de soi.17 Cependant, des recherches ont démontré que les conduites ordaliques n’étaient pas forcément menées par une forme d’addiction mais devaient être considérées comme des tentatives de conservation.18 L’objectif de l’ordalie est donc de pouvoir attester d’une existence et non de ressentir le plaisir du frisson menant à la mort. Il faut voir ces conduites comme des quêtes identitaires et non uniquement comme des quêtes addictives.

Afin de pouvoir laisser ces pratiques du côté des quêtes identitaires et non pas des pratiques addictives, il faut rajouter une modalité : la présence d’autrui. En effet, si les conduites ordaliques ont pour but d’interroger l’existence personnelle, elles doivent aussi permettre de la révéler aux yeux des autres. Seule, l’existence prouvée à soi ne suffit pas car la sensation de vie doit être renvoyée et approuvée par autrui. C’est peut-être pour cela que les adolescents accordent autant d’importance à leurs pairs. Leur présence permet la réverbération de l’identité car si le jeu avec la mort permet de faire jaillir la singularité de l’individu avec des limites et des frontières, ces nouvelles données doivent aussi se confirmer avec autrui pour devenir réelles. Preuve de son besoin des autres, cette éruption de soi se fait

14 Le « Big win » représente l’attrait pour le gros gain initial que même d’autres gains de valeurs supérieurs ne pourraient dépasser en termes de sensation.

15VALLEUR Marc, Op. cit.

16CARTON Solange, « La recherche de sensations : quel traitement de l'émotion ? », Psychotropes, vol. 11, n°3, 2005, pp. 121-144.

17 PERETTI-WATEL Patrick, « Interprétation et quantification des prises de risque délibérées », Cahiers internationaux de sociologie, n°114, janvier 2003, pp. 125-141.

18BLANQUET Brigitte, « L'ordalie : un rite de passage », Adolescence, vol.74, n°4, 2010, pp. 887-898.

43 en général au sein même de sa famille car il s’agit du premier endroit où l’on veut être reconnu. Souvent ces jaillissements sont maladroits et deviennent facteurs de tension, c’est d’ailleurs pour cela que ces comportements sont ensuite effectués entre pairs. Finalement, seul un manque de réflexibilité de l’ordalie provoquerait l’addiction. Les pairs ou les proches sont donc indispensables à la prise de risque. En outre, le rapport à l’autre reste dans ces pratiques également primordial car autrui peut agir comme un garde-fou afin d’éviter qu’elles ne deviennent nocives.

Le problème de ces actions, au-delà de leur mise en œuvre, est la considération émise des individus composant la société. Ces comportements sont habituellement perçus comme des initiatives venant solliciter la mort, par plaisir ou déraison. A l’issue de ces actions, il y a une inquiétude légitime de la part des adultes. Cette peur semble se porter uniquement sur les actions en tant que telles, sans même interroger les raisons et le sens de ces gestes. Qui plus est, l’anxiété des adultes grandit car ce passage par le risque semble être, dans leur perception, inévitable. Les adultes n’imaginent pas une adolescence sans prise de risque mais essayent en même temps d’empêcher ces actions. C’est pourquoi ce phénomène touchant l’ensemble des adolescents devient une question de santé publique. Ces pratiques corporelles périlleuses sont Ŕ pour le milieu médical et le domaine de la psychologie notamment Ŕ des signes d’une adolescence en perdition, d’autant plus que pour ces deux entités, le corps est sacralisé et le mettre à mal est souvent synonyme de pathologie. Tous ces heurts, volontairement infligés, viendraient remettre en cause un certain équilibre mental des adolescents et ils seraient alors mis à la marge. Malgré ces considérations, les adolescents continuent à interroger de manière puissante la sensation de vie en questionnant par l’intermédiaire de leur corps la réalité de la mort et surtout de la vie. Bien qu’elles soient décriées par la société, elles sont toujours autant plébiscitées par les adolescents car elles ont du sens. Toutefois, toutes les prises de risque ne jouent pas directement avec la mort même si elle peut en être un effet et tous les adolescents ne prennent pas des risques.

ii. Des risques en marges à des degrés inférieurs

D’autres conduites risquées peuvent également faire jaillir des limites et des frontières nécessaires à l’identité. L’ordalie n’est qu’une manière supplémentaire de jouer le risque. Elle en est le versant extrême. La prise de risque d’un degré inférieur, se situant également à la marge, peut passer par l’absorption de produits psycho-actifs, des comportements sexuels non

44 protégés, des conduites motorisées ou encore par la pratique de sports risqués ou extrêmes…

Pourtant, le risque étant une question de perception, elle dépend aussi de l’implication de l’acteur. Un même risque peut être ordalique puisque toutes les pratiques à risque

« contiennent en germe la possibilité d’une ordalie »19. Tout dépend de l’exposition choisie par les individus face au danger. Toutefois, sans devoir obligatoirement passer par l’ordalie, les prises du risque ont du sens pour les adolescents car le risque a la faculté de personnaliser l’individu. A l’adolescence, elles sont « un moyen de se construire une identité ».20 Il y a un sens, un projet derrière la prise de risque : celui de pallier au manque d’accompagnement de l’adolescence afin de se construire. Il a déjà été prouvé qu’à cette période de la vie le risque permettait la confrontation à soi, mais aussi à autrui. De cette rencontre, avec soi ou avec l’autre, naît le sentiment d’identité. En effet, si les prises de risque font émerger des sensations et des émotions, et que celles-ci se réalisent parfois à plusieurs, alors elles deviennent des ponts unissant les individus. Laurent Thévenot dit d’ailleurs à ce sujet que

« puisque les émotions s’apprennent à l’occasion d’échanges d’expressions, il semble assez naturel que ces émotions aient un rôle dans l’établissement de liens collectifs »21. Donc, dans une logique de quête identitaire, plus la chair est heurtée, plus la vie est signifiée à soi et aux autres ; de même, plus la sensation d’existence va s’ancrer durement sur le corps, plus elle sera significative. Par son action, la prise de risque cherche la hiérophanie, c'est-à-dire la

« puisque les émotions s’apprennent à l’occasion d’échanges d’expressions, il semble assez naturel que ces émotions aient un rôle dans l’établissement de liens collectifs »21. Donc, dans une logique de quête identitaire, plus la chair est heurtée, plus la vie est signifiée à soi et aux autres ; de même, plus la sensation d’existence va s’ancrer durement sur le corps, plus elle sera significative. Par son action, la prise de risque cherche la hiérophanie, c'est-à-dire la