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PARTIE II – CORPS, SPORT ET IDENTITE

CHAPITRE 3. Corps, sport et identité pour les autres

Même si elle fait mal, la course athlétique ne construit pas seulement de manière intime l’individu. Si dans la course, le terrain confirme l’existence d’une expérience douloureuse, ce vécu ne reste pas uniquement personnel. En effet, bien que catégorisée comme individuelle, la pratique athlétique n’est pas solitaire. Il existe des instants, comme à l’entrainement, où elle se vit de manière collective. Ce moment fait rentrer en interaction les individus. Si bien qu’à cet instant la douleur ne serait plus seulement un message du corps pour le corps, mais elle deviendrait aussi une missive à destination des pairs. C’est en tout cas la deuxième hypothèse.

Si effectivement, la douleur issue de la pratique peut construire intimement, la confrontation et les interactions naturelles peuvent aussi favoriser la construction de l’identité par échange d’expérience.

Pour mettre en place cette hypothèse, nous verrons dans un premier temps le caractère collectif de la pratique athlétique. Ainsi, l’individu faisant l’expérience de la douleur ne serait pas seul, mais sous le regard de l’autre, lui-même sous le poids de tensions issues de la course. Cette mise en collectivité serait donc naturellement présente.

Par conséquent, et cela sera l’objet d’un deuxième temps, il y aurait dans cette pratique des occasions de partage. Pas de n’importe quel type, il y aurait un partage d’expérience de la douleur permettant de faire groupe. Ce partage a dans d’autres endroits fait les preuves de son efficacité en matière de construction d’un même monde.

Enfin dans un troisième point, il sera question d’empathie émotionnelle car cette dernière est une option supplémentaire permettant le renforcement de l’identité. Avec elle, la résonance entre les individus devient plus forte. Les athlètes n’attendraient plus la reconnaissance, ils seraient eux-mêmes en capacité de se projeter dans les autres.

A. L’athlétisme : un couloir menant à l’autre

L’athlétisme n’est pas seulement à catégoriser comme une pratique individuelle, elle possède aussi une dimension collective dans laquelle l’autre est présent. A partir de l’exemple de l’EPS, on perçoit dans les programmes scolaires la volonté de faire de l’athlétisme une APS marquée par la présence de l’autre et pas seulement tournée vers l’individu. L’entrée par les courses de relais semble d’emblée évoquer la relation avec l’autre. Sur des situations assez

122 simples, comme le passage du relai, les deux coureurs doivent adapter au mieux cette transmission. Cette situation d’apprentissage entame l’idée d’une activité faisant des sensations un repère uniquement personnel. Mais, le lien à l’autre ne s’arrête pas seulement au relai puisque toutes les autres courses mettent en général en relation des binômes ou des groupes. En effet, les élèves s’entrainent à observer leurs pairs courir pour aussi pouvoir répondre à certaines de leurs questions comme « suis-je parti trop vite ? », « ai-je été trop lent ? ». Elle est présente lors des temps d’observations et de remédiations. A l’issue de ces temps, les élèves sont invités à échanger sur le plan de course, la durée, l’allure, mais aussi sur leurs ressentis.

En EPS, comme en pratique fédérale, les entrainements à la course sont des instants d’échanges, volontaires ou non. La dynamique de la plupart des exercices amène naturellement à l’interaction. Par exemple, pour la course de durée, il existe la situation de

« record collectif »1. Le but est, par équipe de trois, de couvrir la plus grande distance possible en 45 minutes. Dans cette situation, les élèves modulent leur investissement en fonction de leur état. Ils s’interrogent, ils échangent sur leurs difficultés, douleurs ou épuisement.

Finalement dans ce type d’exercice, l’aspect physiologique et mécanique, ainsi que leurs conséquences vues précédemment, deviennent des éléments clefs d’échanges entre individus.

Dans ce cas de figure et dans d’autres, cette APS tend vers des situations entrainant à la

« désindividualisation »2 au profit d’une « érotique sociale »3, c'est-à-dire davantage à unir plutôt qu’à séparer, mais pas à n’importe quel moment. Cette union se situerait plutôt lors de l’entrainement et dans le type d’exercice précédent. A défaut, la compétition a plutôt tendance à séparer. L’entrainement est à considérer comme un temps de répétition des actions et des efforts durant lequel les individus « peuvent exprimer leur plaisir d’être ensemble. Ils prennent alors conscience de l’importance de partager leurs expériences et leurs émotions »4. Dans ces instants de partage, on retrouve la notion de création de tribus autour d’une communauté émotionnelle.5 Alors même s’il ne faut pas trop vite auréoler la pratique sportive, et dans le cas de l’athlétisme, elle semble tout de même permettre une certaine remise en cause de l’individualisme pensé de la pratique. Dans ces lieux de pratique sportive, de fortes intensités émotionnelles sont générées et partagées et l’on sait que les émois en

1 AUBERT Frédéric & CHOFFIN Thierry, Op. cit., p. 327.

2LASSALLE Geoffrey, RECOURS Robin & GRIFFET Jean, « Éthique postmoderne et situations de compétitions : la pratique de l’athlétisme chez les jeunes », Sociétés, vol.134, n°4, 2016, p. 102.

3MAFFESOLI Michel, Homo eroticus. Des communions émotionnelles, Paris, CNRS, 2012, p. 10

4LASSALLE Geoffrey, RECOURS Robin & GRIFFET Jean, Op. cit., p. 102.

5MAFFESOLI Michel, Le temps des tribus, le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse, Paris, La Table Ronde, 2000.

123 général sont des lignes directes entre individus. Une fois partagée, ces émotions deviennent le terreau d’un certain vivre ensemble et donc d’un lien social et par extension d’une identité retrouvée et affirmée.6 Dans ce cas, les sensations générées par l’entrainement aux courses, comme la douleur, pourraient fonctionner en ce sens. Là où le « Je » se présente, il y aurait aussi du « Nous ».

D’après Michel Maffesoli, il existe des « configurations sociales » dépassant l’individualisme. Ces espaces seraient des lieux permettant une « communauté de destin »7. Pour se fonder, cette communauté aurait besoin de créer les conditions du partage d’émotions.

Dans notre cas, toute la scène sportive peut représenter ce partage, mais pour certaines raisons, c’est l’athlétisme et notamment la course qui est ici choisie pour représenter tout le reste de la pratique sportive. La course se fait le témoin de ce qu’il pourrait se passer dans le reste de l’athlétisme, mais aussi dans toutes les autres pratiques sportives. D’ailleurs, cette idée de communion entre individus justifie en partie le choix de retenir l’entrainement comme temps d’étude de cette thèse. En effet, c’est le moment où les individus sont liés par leur expérience de la pratique et où ils partagent ensemble leurs efforts. Ils vont passer par les mêmes émotions et être ensemble leur donne l’occasion de les partager. Mais à quoi sert ce partage ? A quoi sert l’expression des émotions pour l’humain ? Si dans le règne animal les émotions permettent de faire fuir son « adversaire »8, à quoi servent-elles chez les Hommes ? Pour les athlètes par exemple, cette manifestation aurait pour but de créer une

« communication intraspécifique stratégique »9, c'est-à-dire de permettre aux athlètes de s’identifier et de former une « espèce sociale »10, un groupe où chacun s’appartient.

Finalement, exprimer ses émotions pour les humains ne diffère pas tant des animaux. Elle vise la survie car l’individu n’est rien sans les autres, c’est un appel à la ressemblance et à l’appartenance. Elle permettrait donc de créer des communautés, des entre-soi sportifs dans lequel l’individu pourrait se construire car, par la manifestation de ses ressentis, il n’a de cesse d’interpeller autrui sur leur ressemblance. L’athlétisme, par cette expérience personnelle et collective de la douleur, pourrait être un « lieu de sociabilité »11. Il permet de se retrouver entre plusieurs soi.

6DUMOUCHEL Paul, Emotions. Essai sur le corps et le social, Le Plessis-Robinson, Empêcheur de Penser en Rond, 1995.

7MAFFESOLI Michel, Op. cit., 2000, p. 31.

8Ibid,p. 91.

9Ibid, p. 99.

10Ibid.

11BLANCHARD Bertrand, « Appartenir à un club : les identités sportives dans la France du premier XXe siècle », Cahiers d’histoire, n°107, 2009, p. 94.

124 Cependant, ces communautés sont à spécifier. L’athlétisme est une pratique dans laquelle les individus sont divisés à certains moments de l’entrainement. Cette séparation n’est pas immédiate. La spécialisation dans la pratique n’arrive pas dans les premiers âges, elle se fait vers l’âge de 18 ans. Ainsi, plus l’athlète débute tôt dans la pratique, plus il aura l’occasion de vivre des séances avec l’ensemble des pratiquants sans division pendant plusieurs années.

Mais arrivés à certains âges, les athlètes doivent se spécialiser, notamment parce que la pratique est calquée sur leur physiologie. Par conséquent, à certains moments de l’entrainement, les individus ne sont plus dans un grand ensemble mais par petits essaims Ŕ de lancers, de sauts, de courses... Malgré cela, la communauté tout entière subsiste car la pratique donne aussi au grand groupe l’occasion de partager des temps collectifs Ŕ footing, stage de préparation extérieure, vestiaire, étirements… Toutefois, lorsque la spécialisation intervient, les moments partagés ne disparaissent pas, ils s’affinent. La spécialisation entraine simplement des sociabilités plus épurées à l’aune des pratiques. De nombreuses activités composent cette APS comme les sauts Ŕ en longueur ou en hauteur, les lancers Ŕ marteaux, javelots… Mais, nous allons nous concentrer seulement sur les courses Ŕ avec ou sans obstacle, avec ou sans relai.

125 B. L’athlétisme : une expérience partagée de la douleur

Dans sa dimension collective, la pratique athlétique encourage la confrontation de sensations entre individus de manière implicite. Elle engage les élèves à s’observer, mais ce regard entre élèves va bien au-delà de la simple observation. Si l’on reprend l’exemple de l’athlétisme en EPS, mais cela est aussi vrai en club, les élèves sont souvent en groupe et se retrouvent en situation d’observation de leurs camarades. Ils observent les allures, les performances et aussi les sensations (rougeurs, sueurs, douleurs…). Cette démarche est une manière d’observer autrui, par empathie, afin de l’inscrire en soi, nous y reviendrons. Ce regard posé sur l’autre est important car il peut participer à construire l’identité. Lorsque les traits de l’émotion vécue se font voir Ŕ rougeurs, sudation, grimaces Ŕ, ces stigmates forment

« un lien avec l’autre et un lien avec soi-même »12. Ce rapport entraine une forme de compréhension faisant d’autrui un autre soi. Cet autre devenant support est nécessaire pour confirmer l’identité en construction.

Dans le cadre des Activités Physiques, Sportives et Artistiques (APSA)13, un ensemble de compétences dont celles de la connaissance de soi, mais aussi des autres, est attendu. L’élève doit être en capacité de prendre des informations sur lui-même mais aussi sur autrui. La prise de renseignements est rendue possible par l’interaction. Lors de ces croisements, le regard posé sur les pairs permet de confronter les expériences corporelles entre individus. Ces actions peuvent également étayer l’identité. En EPS, ces aptitudes d’échanges et d’écoute des autres Ŕ d’interaction Ŕ sont regroupées autour de 4 axes : agir dans le respect de soi et des autres ; organiser et assumer des rôles sociaux et des responsabilités ; se mettre en projet individuellement et collectivement ; se connaître, se préparer, se préserver.14 Dans la pratique fédérale, la rencontre entre individus se fait naturellement au gré des exercices de l’entrainement. Dans ce cas, ne serait-elle pas aussi service de la construction identitaire ? C’est en tout cas notre deuxième hypothèse. Lors de ces échanges, les individus sont parfois amenés à partager leur expérience d’« émotion douloureuse »15 et ces conversations corporelles deviennent un élément à interroger. En effet, si le partage des émois participait à la création de l’identité dans les sociétés traditionnelles, qu’en est-il dans cet espace

12 MELLIER Denis, « L'émotion chez le bébé, un lien entre corporéité et socialité », Champ psychosomatique, vol.41, n°1, 2006, p. 119.

13 Bulletin Officiel, Programmes de l’enseignement d’éducation physique et sportive, ministère de l’éducation nationale, n°6, Aout 2008.

14 Ibid.

15 ZANNA Omar, Restaurer l’empathie chez les mineurs délinquants, Paris, Dunod, 2010, p. 51.

126 aujourd’hui ? Autrement dit, que se passe-t-il quand un individu à l’entrainement dolorit en même temps que les autres ?

Si pour le moment la construction identitaire par la douleur reste inexplorée dans le domaine de la course, la création d’un sentiment d’identité collective en situation douloureuse, dans d’autres espaces, possède déjà quelques éléments d’analyse. Pour rappel, dans certaines communautés, la stabilité du corps social se fond dans des rites empreints de douleurs et de partage. Dans ces pratiques précisément et certainement dans les autres, la douleur, bien que subjectivement ressentie, devient objectivement observable car portée à la surface du corps. Elle devient visible et marquée par un ensemble de mimiques à « la fonction phatique »16, c'est-à-dire que l’expérience de la douleur devient un pont entre le locuteur et l’allocutaire. Autre condition pour que la douleur adopte cette fonction phatique, il faut qu’elle soit expérimentée par les deux entités, comme c’est le cas dans les rites traditionnels.

Pour accéder à l’altérité et à l’identification, il faut en effet pouvoir lire chez l’autre des émotions qui ont d’ores et déjà pris naissance dans le cerveau et dans le corps pour pouvoir les identifier comme semblables. Si bien que pour s’assurer de la correspondance d’autrui, aucun mot supplémentaire ne serait nécessaire puisque l’autre porte déjà, dans son corps, tout un tas de maux.17 Néanmoins, le fait de verbaliser sa douleur, de la crier est une manière de s’assurer de la réception d’autrui.

Dans la pratique sportive, la douleur possède une vision singulière. Elle est à la fois valorisée et dévalorisée. Elle est appréciée car elle signifie l’excellence. La performance ne s’atteint pas sans passer par son expérience.18 Mais elle peut aussi être dépréciée car dire son mal peut exclure les individus. Son évocation peut faire l’objet d’une « désapprobation sociale »19. Cette double réaction face à la douleur prouve l’intérêt d’étudier son implication dans la relation à l’autre car soit elle intègre, soit elle exclut. Dire sa douleur serait, dans certains contextes, pire que seulement porter le masque de la douleur. La bonne attitude consisterait à avoir mal sans le dire, tout en ne cherchant pas à masquer les signes de heurt, voire même en le surjouant. La réaction face à la douleur étant flottante, il convient de penser que sa signification change en fonction des interlocuteurs. En effet, face aux coachs, la douleur se doit d’être tue. Même s’ils pensent en général du bien de la douleur, elle ne doit pas être entendue comme plaintive. La sensation de douleur est un passage nécessaire à la

16 Ibid.

17 AMADIEU Jean-François, Le poids des apparences, Paris, Odile Jacob, 2005.

18 BUJON Thomas & MOUGEOT Frédéric, Le sport dans la douleur. De l’automédication au mental training, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, décembre 2007.

19 Ibid,p. 30.

127 performance et tous les coachs en conviennent, mais elle ne doit pas trop s’extérioriser, et surtout ne pas être une raison d’arrêt de l’action. Elle doit se vivre et non pas s’exprimer sous forme de « plainte »20.

A l’inverse, au sein du groupe, la douleur peut se dire car elle accompagne l’expérience.

Elle redevient légitime. Toutefois, il faut toujours se garder de geindre. La verbalisation entre athlètes, sans la plainte, est une autre voie d’accès aux états émotionnels d’autrui. Elle est une manière d’ancrer les autres en soi. Elle permet d’« apprendre à ne pas avoir peur de l’autre » mais aussi d’« apprendre à le reconnaître »21 comme un potentiel autre soi. Dans ces conditions, dire simplement sa douleur, autrement que par le gémissement, serait une manière de valider ses ressentis mutuels et son appartenance à un même univers. Mais exprimer sa douleur n’est pas essentiel pour assurer sa correspondance. La faire entendre permet juste une meilleure lecture et compréhension lorsqu’on est peu ou pas habitué à lire les états émotionnels des autres. A défaut, les signes d’une douleur portée sur le corps peuvent suffire comme c’était le cas pour les mineurs délinquants participant à un projet de restauration de l’empathie mené par le sociologue Omar Zanna.22 Ainsi, lorsque deux mineurs, « brûlés » par l’effort d’un « run & bike », se rencontrent, la confrontation de leurs grimaces ou de rictus créent entre eux le contact. L’un comme l’autre perçoit chez son vis-à-vis les signes d’une même expérience douloureuse. Si bien que la douleur, aux fonctions édifiantes d’un point de vue personnel, se réfléchit chez autrui et fait de l’autre un alter-ego. Dans ces actions, c’est la conscience de soi, par le truchement du corps et de l’expérience corporelle partagée, qui forme l’identité de l’individu.23 Ce processus met en jeu l’empathie et nous développerons par la suite cette capacité à faire d’autrui le miroir de soi-même.

Finalement, le partage d’expérience, qu’il soit présent dans les sociétés traditionnelles, en EPS ou chez les mineurs délinquants, impacte les individus. En fonction de la nature du partage, une connexion s’établit entre eux. Il permet la reconnaissance, la compréhension mais aussi peut-être la construction de soi et plus les sensations sont fortes, comme dans les pratiques d’automutilation, plus les réponses sont certainement riches de sens. Bernard Rime considère d’ailleurs que plus « l’expérience partagée a été intense, plus importante sera la masse du matériel émotionnel non verbal et verbal diffusé lors de son partage » et que l’interaction « qui se constitue par le partage de l’émotion recrée la réalité sociale à laquelle

20 Ibid.

21 ZANNA Omar, Op. cit., 2010, p. 213.

22 Ibid.

23 GARCIA Marie-Carmen & FAURE Sylvia, Culture hip-hop, jeunes des cités et politiques publiques, Paris, La dispute, 2005.

128 [l’individu] peut se ressourcer »24. Cette connexion, par l’expérience émotionnelle, permet de faire correspondre les individus. Cependant, partager son expérience requiert la faculté d’empathie.

24 RIME Bernard, Le partage social des émotions, Paris, PUF, 2005, p. 357.

129 C. L’empathie : vers une reconnaissance accentuée de l’autre et de tous les

autres

Si le partage émotionnel permet la reconnaissance, l’empathie émotionnelle et cognitive elles, permettent la projection de soi sur les autres. Elle renforce le sentiment d’appartenance.

Elle est une dimension supplémentaire du partage émotionnel permettant de solidifier l’identité.

Pour que le partage émotionnel empathique ait lieu, les individus doivent être en situation de lire les émotions des autres. Cette aptitude est en partie établie par l’empathie. L’empathie, cette capacité à percevoir et à comprendre les ressentis d’autrui, développe chez l’individu une aisance dans la lecture d’états émotionnels portés par un tiers afin de créer un sens commun et de s’identifier aux autres.25 Doué d’empathie, l’individu est en capacité de lire les émotions portées par les autres. Cette lecture est intéressante car lorsque l’individu fait

« l’expérience des limites infranchissables qui s’imposent à lui »26, il est en capacité de percevoir chez ses pairs les mêmes traces de cette expérience. Si bien que lorsque le monde se révèle à lui, il comprend qu’autrui s’éveille à la même réalité. En d’autres termes, l’empathie permet de comprendre le monde subjectif d’autrui.

Toutefois, cette perception implique quelques précisions. L’empathie c’est ressentir sans jamais se confondre avec autrui ; sinon on pourrait parler de sympathie, même si on peut l’être sans se mettre nécessairement à la place de l’autre.27

La sympathie est une résonance supposant l’établissement de lien affectif.28 Elle comporterait « un déploiement de sentiment qui comportent généralement de la pitié ou même le partage de souffrance »29. Elle est « un mode de rencontre avec autrui ».30 Le sujet est en sympathie lorsque ses émotions se déclenchent en fonction de ce qu’autrui lui fait ressentir.

La sympathie est une résonance supposant l’établissement de lien affectif.28 Elle comporterait « un déploiement de sentiment qui comportent généralement de la pitié ou même le partage de souffrance »29. Elle est « un mode de rencontre avec autrui ».30 Le sujet est en sympathie lorsque ses émotions se déclenchent en fonction de ce qu’autrui lui fait ressentir.