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Chapitre 1. La gestion des déchets dans la déconstruction de bâtiments

4.4 Revue détaillée des annuaires

Afin de faciliter la gestion des déchets pour les entreprises, quelques annuaires en ligne ont été créés pour recenser les différents prestataires de déchets (filières de valorisation,

déchèteries, centres de tri…). Au niveau régional, un annuaire a été conçu par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de la région Nouvelle Aquitaine (CMA Région Nouvelle Aquitaine 2015). Quelques conseils de gestion sont donnés, ainsi qu’une fourchette de prix. Au niveau

national, un annuaire est porté par un partenariat entre la FFB et la FNTP (FFB et FNTP 2016). Des données variées sont insérables par les centres de traitement pour décrire leurs prestations

(traitements réalisés, déchets acceptés, tarif…), mais leur renseignement n’est pas obligatoire,

limitant le niveau de remplissage de cette base et son intérêt.

5 Synthèse sur l’objectif de la thèse

Aujourd’hui, pour la plupart des acteurs du domaine, l’enjeu majeur de la déconstruction est avant tout réglementaire, avec l’objectif sur le taux de valorisation. Avec

une masse de béton représentant 70 % du gisement des déchets du bâtiment (SEDDRE et Crowe Sustainable Metrics 2019), l’objectif réglementaire des 70 % de valorisation matière peut être perçu comme facilement atteignable en France. Pourtant les études prouvent que la réalité est tout autre : le taux de valorisation matière en France est autour des 40 à 50 % (ECO BTP et RDC Environnement 2017). Comment expliquer les difficultés de la France à atteindre cet objectif ? Comment améliorer la performance des entreprises du secteur ? Comment aller au-delà de ce taux pour anticiper le durcissement inévitable de la loi et le renouvellement urbain croissant ?

Les freins sont d’abord d’ordre réglementaire et politique : les matériaux valorisés ont mauvaise réputation, le prix des ISD est très compétitif, faute de taxes suffisantes, et la

déconstruction peine à acquérir des textes normatifs. Sur le point technique, les déchets de démolition peinent à atteindre la qualité nécessaire pour produire des matériaux secondaires

de qualité, ceci à cause du mélange avec d’autres déchets indésirables, des éléments abîmés

et des pertes lors du processus de recyclage. La déconstruction représente une solution pour répondre à ces problèmes. Cependant, la déconstruction peine à se développer, avant tout

pour des raisons économiques. Sensiblement plus chère et plus longue qu’une démolition

traditionnelle, la déconstruction est rarement envisagée par la maîtrise d’ouvrage. Le coût

reste encore prépondérant dans la prise de décision, même si des exigences

environnementales sont de plus en plus mises en avant. L’objectif serait alors de mieux

considérer l’environnement tout en proposant des opérations à faible coût. Pour répondre à cet objectif, l’entreprise de démolition/déconstruction demeure le premier niveau de décision.

Elle étudie la capacité du bâtiment à fournir des matériaux valorisables, définit le plan de gestion, inscrit ce dernier dans la réalisation du chantier et propose la stratégie globale à la

maîtrise d’œuvre et d’ouvrage. Ces dernières ont la tâche de sélectionner la stratégie (et par conséquent l’entreprise) parmi celles proposées. Il y ainsi un double enjeu : permettre aux entreprises de démolition de construire des stratégies de déconstruction tout à la fois plus

respectueuse de l’environnement et à un coût raisonnable, et sensibiliser les maîtres d’ouvrage

et d’œuvre à une meilleure prise en compte des critères environnementaux dans leur choix d’entreprise.

Cette thèse se focalise sur le premier point, c’est-à-dire proposer une aide à la décision pour les entreprises de déconstruction afin de mieux optimiser les stratégies de déconstruction.

Pour ce faire, il est nécessaire d’intégrer toutes les étapes d’un chantier : l’estimation du

quantitatif des déchets, la déconstruction du bâtiment et la gestion des déchets produits, autant par le traitement que par le transport. Il s’agit d’un ensemble car toutes les étapes sont

connectées et influent les unes sur les autres. Une estimation précise des déchets aide à mieux appréhender le coût et les impacts de leur dépose (lors de la déconstruction), puis leur gestion. Des calculs par ratios, tels que proposé par (Banias et al. 2011; Kourmpanis et al. 2008; Moussiopoulos et al. 2009), ne permettent pas d’atteindre l’exhaustivité et la précision

souhaitée : les valeurs sont teintées d’une forte incertitude et certaines natures de déchets (e.g. DEEE) ne peuvent pas être estimés. À l’heure actuelle, la meilleure démarche repose sur

l’expertise du chargé d’étude de de déconstruction et le diagnostic avant démolition. L’aide

peut être apportée sur la saisie et la conversion des valeurs en tonnage et volume, comme

dans l’outil MEDECO (Dumont et al. 2004), en attendant l’exploitation opérationnelle du BIM

dans un futur proche.

Le type de déconstruction (démolition traditionnelle ou déconstruction) a un impact

réel sur la gestion des déchets, et surtout sur le tri sur site. Les centres de tri n’étant pas suffisamment efficaces, le tri sur site est indispensable. Il n’est pas envisageable d’étudier le

coût de la gestion des déchets séparément de la démolition, tel que réalisé par (Banias et al. 2011; Buhler et al. 2007; Moussiopoulos et al. 2009). Selon la façon dont est réalisé la démolition et le tri fait sur site, il va être plus ou moins possible de valoriser les déchets. De plus, les

économies d’une étape peuvent concourir à compenser les efforts supplémentaires de l’autre

étape ; par exemple le gain économique de valorisation de déchets peut compenser le surcoût de démantèlement manuel sur chantier.

Si chaque économie est importante, alors il faut considérer tous les déchets et tous les traitements possibles. Étudier la gestion des bétons, des métaux, du bois et du reste en mélange ne convient plus, car elle ne permet pas de prendre en compte la valorisation spécifique à chaque matériau. Prendre en compte la multiplicité de matériaux et des traitements conduit à une complexité supplémentaire : des solutions en grande quantité peuvent exister pour un

serait impossible et la méthode d’analyse multicritère, qui nécessite d’avoir préconstruit l’ensemble des solutions alternatives possibles, ne serait pas adaptée. Il faudrait plus se tourner vers de l’optimisation multi-objectif comme (Aidonis 2019) et notamment Frank Schultmann), qui permet de considérer un grand nombre (voire une infinité) de solutions possibles.

Cependant, contrairement au RCPSP qui se focalise sur l’optimisation de la durée, l’enjeu ici

de prendre en compte un ensemble d’objectifs à optimiser selon différentes dimensions (économique, environnementale, réglementaire…). Par ailleurs, une base de données telle qu’en demande un RCPSP n’est pas disponible librement sur Internet, ni chez le partenaire BDS.

L’objectif reste cependant similaire : apporter une véritable aide à la décision en

proposant à l’entreprise de démolition plusieurs stratégies complètes, i.e. intégrant la stratégie

de démolition/déconstruction, de tri et de gestion des déchets pour leur valorisation. Il ne s’agit pas de donner simplement de façon statique de l’information (e.g. ce déchet peut être traité de telle ou telle manière mais de présenter au chargé d’étude des solutions construites et

optimales. La stratégie se doit d’être complète pour être efficace, surtout lorsque l’aspect

économique est en jeu. Après le traitement du déchet, le choix du site de traitement est crucial. Or les annuaires existants donnent des informations incomplètes et une connexion y est impossible. Le recensement des sites comme fait par (Banias et al. 2011; Moussiopoulos et al. 2009) est indispensable.

De plus, l’optimisation du coût et des délais doit s’accompagner d’une évaluation

environnementale des stratégies afin de définir quelles stratégies permettent de minimiser

l’impact environnemental de la déconstruction. Le taux de valorisation matière est

indispensable pour effectuer une comparaison avec l’objectif réglementaire des 70 % de

valorisation matière. L’étude du bilan d’émission de GES (ADEME 2013; FFB et FNTP 2016) est

une première étape pour estimer les impacts, tandis que l’ACV se présente comme plus complexe, mais plus complète. D’autres méthodes existent, comme l’évaluation par énergies

économisées (Schultmann 2007), mais le manque d’exhaustivité de cette approche en limite

la pertinence (e.g. quid des énergies consommées, de l’impact sur le changement climatique, sur l’écosystème…?). Le fait d’identifier avec précision chaque tonnage de déchet aidera à

mieux analyser les impacts environnementaux, permettant de comparer sur cet aspect les différentes stratégies possibles.

La problématique de la thèse porte ainsi sur deux axes :

- Comment évaluer l’impact environnemental d’une stratégie de

démolition/déconstruction ?

- Comment optimiser les stratégies afin de les rendre plus performantes d’un point

de vue environnemental tout en minimisant leur durée et leur coût ?

On fera l’hypothèse qu’en proposant cette optimisation, les maîtres d’ouvrages seront

plus enclins à prendre en compte les aspects environnementaux.

Nous ne considérons cependant pas le désamiantage dans l’activité de démolition/déconstruction. Il s’agit d’une activité très différente : les techniques de travail

dépendent grandement du type d’élément à retirer (e.g. en intérieur ou en extérieur) et de la configuration du chantier (e.g. comment préparer la zone de confinement ?), et la gestion de la sécurité est primordiale. Les enjeux sont ainsi très différents. Le désamiantage nécessité une modélisation complètement indépendante de la déconstruction.

Pour la suite de cette thèse, nous utiliserons le terme de « Déconstruction » à la place de « Démolition/Déconstruction ». Nous considérons le deuxième élément, la déconstruction,

réglementation. La déconstruction en général exprime alors la gestion d’un bâtiment en fin de

CHAPITRE 2. ÉVALUER L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DES