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Reverdy et la poésie contemporaine

Dans le document Marier la source et la blessure (Page 79-95)

Dans sa démarche de création, Reverdy remet en question les règles établies en ma- tière d’écriture poétique. Faisant fi de lois héritées du passé, ce grand poète du début du XXe siècle s’engage dans un travail d’exploration et de régénération des mots. Dans la foulée de précurseurs, comme Mallarmé, Apollinaire, Baudelaire, il permet l’éclosion de nouvelles manières d’écrire renouvelant l’écriture poétique qui trace dé- sormais une nette coupure avec la poésie dite de circonstance.

Marguerite Bonnet relève que c'est à l'âge de 15 ans que Breton découvre avec bon- heur la poésie « qui dissipe la grisaille des routines scolaires et de l'existence fami- liale. Son irruption est pour l'adolescent comme une seconde naissance. Elle devient le centre de sa vie1 » L'être se réalise par la capacité de s'exprimer. Donc, rien

d’étonnant que la démarche de création de Reverdy soit un jalon déterminant pour le mouvement surréaliste. Breton, Soupault et Aragon voient en lui l’éclaireur épris du langage qui revivifie les esprits. Son apport à la poésie moderne est indéniable.

Les liens qui semblent inexistants aux hommes, le poète en tisse des guir- landes, dont les hommes se servent ensuite pour égayer la tristesse de leur propre demeure. Ces rapports cachés, imperceptibles, le poète, dont les sens ont acquis une acuité qui ne va pas sans péril, et l’esprit d’une tournure qui ne le rend pas particulièrement agile aux acrobaties plus lucratives de l’existence, semblent les créer. Il les invente, en effet, dans ce sens qu’il les découvre, les décèle, les rend évidentes là où personne autre que lui n’eût été capable de les percevoir. La poésie, c’est l’homme même, c’est le poète2.

Car, rien n’est figé dans cette écriture axée sur l’expression d’une émotion ressentie. Pour Reverdy, il importe de revenir à la source de l'émotion. Il arrive que, dans un même poème, les repères spatio-temporels soient imbriqués les uns dans les autres. Passé et présent sont traités simultanément sans égard à la chronologie des faits vé- cus. Chez lui, le concept du temps se concentre dans le présent.

1 Marguerite Bonnet, André Breton, Naissance de l'aventure surréaliste, Paris, José Corti,

1975, p. 27

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Entre la pénombre toujours équivoque du passé et la nuit trop éblouissante du futur, il nous restera encore et sans cesse à déchiffrer, pour apaiser le furieux appétit d’une curiosité insatiable, cette portion de durée que seule nous au- rons chacun, quelques infirmes qu’aient été nos moyens d’investigation, à la fin réellement explorée : notre présent3.

Ce qui ressort de cette citation, le présent c’est l’énergie vitale de l’ego, comme aurait dit Bergson. Le Je s’y ex-prime, y in-spire et y ex-spire, en même temps, dans l’ek- stase du moment (hors de soi) Ŕ expiration entre souffle et mort, « palpite entre les tombes4». Reverdy veut faire advenir un autre ordre que l’ordre rationnel. Il concentre

son écriture sur tout ce qui a rapport à une expérience existentielle.

Reverdy déclare : « Mon caractère ne supporte pas la contrainte, mais mon esprit se cabre de dégoût dans le désordre5 ». À titre d’exemple, il refuse l’écriture sous forme

de calligramme, pourtant populaire chez ses confrères. Pour lui, il ne s’agit là que de « mélanges impurs de la peinture et de l’écriture ». En dépit de son rejet de normes, il lui arrive de conserver la rime conventionnelle. Ainsi : « La lune se cache dans un seau d'eau / un ange sur le toit joue au cerceau / La maison s'écroule / Dans le ruisseau une chanson qui coule » (PT. 121). Le fait d’y avoir recours révèle cette volonté de placer des points d’ancrage. dans ce cas, la rime a pour de soutenir la dynamique créée par le rythme, la sonorité des mots, la ponctuation ou la disposition typogra- phique. La rencontre inattendue du connu et de l’inconnu introduit une impression de déséquilibre. La lecture des poèmes de Reverdy demande, selon Suzanne Bernard, une « adhésion intérieure » . À l’aide d’images fortes, cette présentation révèle la « vraie substance des choses ». Pour sa part, Eliane Fromentelli, dit de l’écriture poé- tique de Reverdy qu'elle : « requiert une lecture lente, non pas linéaire, mais étoilée ».

Écrivain de vision(s) et de perception(s), ce poète qui se plaît à dire qu’il est un con-

templateur et non pas un contemplatif dévoile sa vision du monde avec des mots fami- liers, de simples témoins de la réalité se présentant sans artifices. Pour lui :

3 Frank Dalmas, Deux pôles de l'image littéraire au XXe siècle la poésie plastique de Pierre

Reverdy et le mythe dans les romans de Michel Tournier, 2006, p. 98

4 Pierre Reverdy, Écrits sur l’art (1923-1960), Note éternelle du présent, p.9 5 Pierre Reverdy, op.cit., Livre de mon bord, p. 75

73 « Contempler c'est rechercher, chérir et caresser. Contempler, c'est aimer. La con- templation est un acte d'amour6 ». Prenons en exemple, « La cheminée garde le toit

(PT. 204), Dans les plis du rideau le jour se lève (ibid. 211), La lune au quart de nuit s'était mise à veiller (ibid. 221), Le matin allait à peine ouvrir son œil (SV. 77). À l’idée Reverdy : « un auteur perce son trou dans le présent ». Bocholier, pour qui Reverdy est un contemplatif tourmenté estime qu’il nous fait voir ce que notre indifférence quo- tidienne s’acharne à nous dissimuler 7 ».

Contempler et rêver le monde élargit la conscience des êtres. Reverdy est attentif au réel qui nourrit tout son être. Il préfère l'aborder par l'irréel parce que c'est, à son idée, la façon véritable de le saisir. Cette jonction entre le réel et l'irréel lui donne cette exal- tation malgré l'angoisse et le désarroi. La poésie, par sa nature intemporelle, va dans le même sens. Bachelard dit que « La volonté de contempler se manifeste dans de grandes âmes poétiques8 ». Il ajoute aussi « On ne rêve pas profondément avec des

objets. Pour rêver profondément il faut rêver avec des matières9 ». Les objets sont de

nature artificielle alors que les matières font référence au concret.

Le poète est un transformateur de puissances Ŕ la poésie, c’est du réel hu- manisé, transformé, comme la lumière électrique est la transformation d’une énergie redoutable et meurtrière à haute tension. Au réel vrai le poète substi- tue le réel imaginaire. Et ce réel imaginaire a la puissance de la réalité maté- rielle et de la dépasser en la transmuant en valeur émotive qui constitue pro- prement la poésie 10.

Reverdy confie aussi ceci : « La poésie est un amour démesuré de la vie. Le besoin d’exprimer cet amour Ŕ le sentiment d’impuissance à exprimer cet amour Ŕ enfin la transformation de cet amour en une toute autre chose qu’on appelle un poème, le mi- racle- si loin de la réalité11 ». Chez lui, on trouve « une imagination aérienne » dont

6 Pierre Reverdy, op.cit., Gant de crin, p. 22

7 Gérard Bocholier, op.cit., Le phare obscur, page liminaire 8 Gaston Bachelard, op.cit., L’air et les songes, p.318

9 Gaston Bachelard, op.cit., L’eau et les rêves, p.32. Nous avons conservé l'usage des

italiques qui se trouvent dans le document cité.

10 Pierre Reverdy, op.cit., Cette émotion appelée poésie, p. 67 11 Ibid. p. 122

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« les images ou bien elles s’évaporent ou elles se cristallisent12 ». Elle nous conduit

vers un espace autre, elle nous élève. On peut ressentir ce que le poète affirme quand il dit : « [s]on âme est aérée au profit de ces racines qui dorment en [lui] » parce qu'on est près de notre propre origine.

Les poèmes de Reverdy réveillent différents affects. Le poète ressent et fait ressentir « l’émotion d’un état vif ou profond de la sensibilité humaine. Elle est la source pre- mière et unique de toute poésie comme tout art13 ». Il affirme : « La poésie est atteinte

quand une œuvre d’art quelconque s’intègre, ne fut-ce qu’un moment, à la vie réelle de l’homme par l’émotion qu’elle provoque dans son esprit et comme dans sa chair14 ».

Certes, cette évocation devient porteuse d’émotion lorsqu’elle fait appel à l’imaginaire laquelle permet d’accéder à d’autres lieux que ce que la simple description apporte. À ce sujet, le propos de Xingian invite à la réflexion : « Évidemment, la littérature recourt également à l’imagination. Mais ce voyage de l’esprit ne consiste pas à dire n’importe quoi; l’imagination coupée des émotions réelles se coupant des bases de l’expérience de la vie pour aller vers la fiction, ne peut être que sans force15 ».

L'auteur parle de l'imagination. En fait, il serait plus juste ici de parler de l'imaginaire. De l'avis de Bachelard, l'étymologie crée une triste confusion entre ces termes. Ce

rêveur de mots conçoit que « Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement

ouverte, évasive16. » Il ajoute :

[...] Sans doute en sa vie prodigieuse, l'imaginaire dépose des images, mais il se présente toujours comme un au-delà de ses images, un peu plus que ses images. Le poème est essentiellement une aspiration à des images nouvelles.

12 Gaston Bachelard, op.cit., L’air et les songes, p.20

13 René Waltz, La création poétique, Essai d’analyse, Paris, Flammarion, Bibliothèque de

Philosophie scientifique, 1953, p.54

14 Pierre Reverdy, En vrac, Notes, suivi de Un morceau de pain noir , Paris, Flammarion,

1989, p.33

15 Gao Xingian, Le témoignage de la littérature, Paris, Éd. du Seuil, 2004, p.126 16 Gaston Bachelard, op.cit., L’air et les songes. p.5

75 Il correspond au besoin essentiel de nouveauté qui caractérise le psychisme humain17.

La véritable poésie s’engendre dans l’imaginaire qui sait éveiller les profondeurs de l’être.

Pour Reverdy, la perspective d’une plus grande liberté est liée à une plus grande conscience de soi. Cette conscience est au cœur du réel qu’il faut saisir.

[…] ce qui importe c'est d'arriver à mettre au clair ce qu’il [le poète] a de plus méconnu en lui, de plus secret, de plus caché, de plus difficile à déceler, d’unique. Et il ne se trompe pas de voie, il aboutira bientôt au plus simple. […] Car le choc poétique n’est pas de même nature que celui des idées qui nous apprennent et nous apportent du dehors quelque chose que nous ignorions; il est la révélation d’une chose que nous portions obscurément en nous et pour laquelle il ne nous manquait que la meilleure expression pour nous la dire à nous-mêmes. Cette expression parfaite donnée par le poète, nous l’adoptons, nous nous l’approprions, elle sera désormais l’expression de notre propre sentiment qui l’épouse18.

À travers son exploration des mots, il laisse parler sa sensibilité. Pour lui : « Rien ne vaut d'être dit en poésie que l’indicible », c'est pourquoi l'on compte sur ce qui se passe entre les lignes.

Il précise:

Cet indicible c’est donc la façon dont les choses seront dites qui en tiendra lieu. C’est la façon de dire ces choses qui les rendra justement inédites. Iné- dites et simples, inouïes et si peu étrangères - tout de suite intimes et insépa- rables Ŕ et qui permettra la soudure d’âme à âme dans le choc - poésie. Alors le poète donnant tout ce qu’il a de plus précieux en lui-même, le lecteur le re- cevra, à son tour dans ce qu’il a de plus particulier, de plus intime et de plus élevé19.

Il y a dans le poème Note, cette pensée de Reverdy : « Être ému, c'est respirer avec son cœur » (LB). Toujours dans une écriture sobre et simple, il nous présente un ta- bleau où une fois encore, des personnages sont saisis :

17 Ibid., p.6

18 Pierre Reverdy, op.cit., Cette émotion appelée poésie, p.20

19 Pierre Reverdy, Sable mouvant suivi de Cette émotion appelée poésie, Gallimard, Poé-

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Les douze notes éveillèrent une émotion En vibrant dans le silence et la nuit

Une autre toute seule dans le carré du ciel se détacha Les mots rayonnaient sur la table

D’où vient ce sentiment

Quelquefois l’auteur n’en a pas et son œuvre nous emporte

Les mots assemblés formaient un tout plus vivant qu’un personnage de music-hall Les spectateurs tournaient autour de la table en frôlant les murs

Ils regardaient

Et l’auteur avait disparu emportant son secret […] À quoi répond la fin du poème :

Tous les assistants comprenaient ce qu’il avait voulu dire Une émotion unique les étreignait

Bientôt ils oublièrent l’auteur la table les mots la lumière

Il ne restait plus que l’émotion sublime - dégagée de tout Ŕ l’humanité

C'est un sentiment d'unité qui se dégage de ce poème même si l'on sent un curieux mystère emplir la pièce. Reverdy exprime le doute, l’inquiétude, mais aussi l’espoir. Dans un monde d’ambiguïté et d’éclatement, l’être cherche à unifier les apparentes contradictions : « Je voudrais être loin de moi / Je suis trop près / Je me rapproche / au peloton des fils de soi » (MO. 397). Son écriture est empreinte de tensions fortes, mais la fin du poème présente une résolution parce que le poème forme un tout. Le poème Barre d'azur illustre bien cette qualité :

77 Les débris culbutés dans le coin

Il ne reste plus rien

Les murs et le triangle Pourtant

L’espoir qui soutient L’objet que l’on tient dans la main

Il fait jour

Et l’on marche mieux (PT. 243)

Lorsque Reverdy écrit : « Car ce n’est au fond, que ça la poésie, du sable. Un sable, il est vrai transmuable, par aventure en cristal20 ». Cela rappelle les grains minéraux qui

se transforment en quartz. Ce rapport entre le cristal et la poésie met en évidence que l’un et l’autre sont constitués d’éléments uniques qui, mis ensemble, suscitent de l’émerveillement. Ils exercent une fonction d’éveil à la beauté.

Lire Reverdy, c’est ouvrir son esprit à la puissance des images poétiques. Ce va-et- vient entre ce qui est ressenti et l’imaginaire, c’est le chemin de la rêverie. Les élé- ments de la nature tout comme le monde des objets, le réel, retrouvent leur forme ori- ginelle. Cette lecture ressemble à un voyage ponctué d’un bon nombre d’imprévus. Pour profiter de la richesse de certains évènements, il faut surmonter ses réticences et cultiver un esprit aventurier. Il en est ainsi en poésie. Ainsi, les allusions au temps s’entremêlent sans suivre un ordre chronologique. Il y a quelque chose de vertigineux nous entraînant ailleurs. Alors, l’imprévu fait de nous des explorateurs. C’est la décou- verte en toute liberté. La conscience s’ouvre à autre chose. Pour ce faire, il faut être dans un état de réceptivité. « On part/ Le ciel a déridé son front / Peut-on savoir l’heure qu’il est / Le temps n’est plus une contrainte. Aucune limite n’est fixée. Ainsi : « On pourrait traverser la terre / Sans jamais s’arrêter (SV. 191) ».

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[…] Apprendre à lire de la poésie est synonyme d’apprendre à lire le monde, la conscience et l’être; apprendre à se laisser séduire par le réel jusqu’au mo- ment où la fascination devient telle que le mot se change en image et la conscience en lieu de co-naissance21 .

Prenons le temps de voir les images chez Reverdy, pour qui « le poète est un four à

brûler le réel » (GC 14).

[…] L’homme est comme un four qui doit, pour sa plus haute fonction, être constamment bourré de combustible. Et la réalité ainsi consumée peut, à son tour, produire, comme ces nouveaux corps traités par la pile atomique, un ré- sidu également combustible, qui semble ne plus rien devoir qu’à ce qui se passe vraiment à l’intérieur, c’est de quoi serait faite la vie intérieure ; (EV 54)

Le recueil Sources du vent

La recherche spirituelle des années 1920 incite Reverdy à se retirer à Solesmes (Sarthe), à proximité de l’abbaye bénédictine. Il « choisit librement Dieu » et se con- vertit au catholicisme Ŕ Max Jacob, converti depuis 1915, est son parrain. Le poète lui dit : « J’ai de plus en plus horreur de la vie intellectuelle . . . Il y a un rond-de-cuirisme littéraire et ce rond-de-cuir c’est l’isolateur de l’esprit22 ». Bien qu'il participe assuré-

ment à l'émancipation du langage, ses écrits vont à l'essentiel; on ne trouve pas d'ef- fusion verbale, ni de fioritures.

C’est en 1926 qu’est publié l‘ouvrage Sources du vent. Empreint de cette quête spiri- tuelle, il regroupe plus d'une centaine de poèmes, anciens et inédits ou parus dans différentes revues. Voyons ce que recèle ce titre avant de nous pencher sur le premier texte intitulé Chemin tournant.

21 Jean-Noël Pontbriand, Les mots à découvert, Québec, Les éditions de la huit, coll. Con-

temporains, 2004, p. 141

22 Cité par Frank Dalmas, Lettre de Reverdy à Max Jacob, 1926, citée par Jean-Jacques

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La source

La source, c’est l’eau sortant de terre; l’issue naturelle ou artificielle par laquelle une eau souterraine se déverse à la surface du sol. C’est aussi un système, une substance ou un objet fournissant de l’énergie, un point d’où la lumière, la chaleur se propage, un foyer.

La source évoque un début, une origine, une naissance continue. Elle contient l’idée de mouvement et de délivrance préfigurant un état nouveau. « la prairie et l'eau / la ferme près de la source où tette le ruisseau / Par-dessus la lumière hésitante du ma- tin » (MO.172), il y a une nouvelle vie qui grandit. L’eau de source, pure et limpide, coule toujours. Dans un mouvement continu, elle mène ailleurs. Dans le même sens, l’expression « retour aux sources » évoque la volonté de comprendre ce qui est au commencement. Dire d’une poésie qu’elle coule de source fait écho à la fraîcheur de cette eau caractérisée par une force d’éveil.

En psychologie, la source, c’est l’image de l’âme, l’origine de la vie intérieure et la ma- nifestation de l’énergie spirituelle. Un temps de ressourcement correspond à une dé- marche dans laquelle on s’engage pour replacer, refaire, recommencer autrement. L’image de la source rappelle la volonté de renouer avec l’intégrité originelle de l’être. Associée à la naissance, l’eau parle aussi de la mort : « L’eau, patrie des nymphes vivantes est aussi celle des nymphes mortes. Elle est la matière de la mort bien fémi- nine23 ». Le caractère mélancolique de l’eau et l’idée de dissolution qui s’y rattache

sont également présents dans l’écriture de Reverdy. Toutefois, c’est sa qualité de res- sourcement qui ressort davantage : « Les échos sourds de l’eau dans le soir chavirant / Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant » (SV. 63).

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Tout le bruit des sources se cristallisent et celui des paroles confuses

sous le grand arc où l'homme se confond

s'arrête Un battement de cœur

ou de paupière dure

Et l'heure passe un nouveau pas d'un nouveau nom (SV. 76)

Le destin de l’eau comme celui de la parole humaine est dans un état perpétuel de renouvellement. L’eau, le plus fidèle « miroir des voix » pour Tristan Tzara, est la voix de la terre. Parfois, elle exprime la colère car : « l’eau gronde à travers le tapis qui on- dule » (SV. 77).

Le vent

Le vent peut être doux, violent et imprévisible. Tout comme l’eau, il est fluide. Il dé- place, organise autrement provoquant de l’instabilité : « Les vents lancent les feuilles dans le ciel que le vent entraîne » (SV. 226). Rencontre d’un courant chaud et d’un courant froid, il exerce une influence sur l’environnement : « Le vent balayait l’atmosphère. D’où venait-il ? » (ibid. 206). À la fois la respiration de la terre et la voix du ciel, le souffle du vent rappelle aussi la voix humaine : « Un coup d’aile brutal passe dans les allées / Le vent plus dur que l’angle me soulève (ibid.179) L’aile craque / Et

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