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Formulaire de consentement

ANNEXE 5 : RETRANSCRIPTION D’UN ENTRETIEN

AA : Avant ton stage chez le prat, quelle vision t’avais du généraliste, de la médecine générale ?

E2 : Ben déjà on va dire que j’en avais une vision globalement positive mais j’étais quand même influencée, tu vois, je trouve, par la place qu’a la médecine générale vis-à-vis des autres spécialités, étant donné qu’on est formé en milieu universitaire, et qu’on passe quasiment tous qu’au CHU, et on a facilement tendance à taper facilement sur les médecins généralistes… C’est sûr y’en a qui sont pas compétents, et d’autres plus, mais y’a toujours ce côté un peu méd gé, c’est ceux qui sont les moins bien classés, c’est des fois un choix par défaut. C’est « moins bien que les autres spécialités », et même si j’étais pas d’accord avec ça, ne connaissant pas exactement moi-même la spécialité, je peux pas nier que ça

influence, enfin que ça influençait un petit peu mes représentations.

Et puis, bah moi, la seule expérience que je connaissais, j’ai pas de médecin dans ma famille et tout, bah du coup tout ce que je connaissais de la médecine générale c’était en tant que patiente (rires), avec mon médecin, et j’avais, c’est une spécialité que je voulais vraiment découvrir parce que ça m’intéressait, et j’envisageais peut-être de l’exercer, mais de là où j’étais, ça faisait vraiment, enfin j’avais un peu peur que ce soit un peu répétitif, et que, tu sais, le fait que, tu fais des consultations tout le temps, t’es dans ton cabinet, y’a un peu le cliché, après tout dépend où t’exerces, mais y’a le cliché, tu fais des renouvellements d’ordonnance et des gastros l’hiver.

Mais j’avais aussi l’impression, enfin je trouvais que ça restait quand même très difficile parce que, enfin j’ai quand même beaucoup de respect pour les médecins généralistes, parce que faut quand même pas passer à côté de tous les… de tout en fait, faut avoir des

connaissances globales sur un peu toutes les spécialités. Y’a quelqu’un qui vient, faut savoir bien rediriger tes patients, etc,

Et je trouvais bien aussi que t’aies une relation particulière avec tes patients, t’as du suivi, tu les connais, sur le côté relationnel je trouve que c’est une des spé les plus « enrichissantes

», une des spé où le plan relationnel est le plus développé, on va dire, et t’as vraiment un suivi, même des familles et tout, ça je trouve ça vachement intéressant.

Ah oui et je « redoutais » un peu, enfin je trouvais peut-être un peu dommage c’est que, avant de connaître le médecine générale, c’est qu’en fin de compte, quand y’a un problème qui devient un peu complexe, tu rediriges, c’est pas forcément toi qui t’en occupes, tu gères pas forcément tout, et je trouvais ça un peu dommage, parce que je pense que j’aime bien m’occuper d’un problème du début jusqu’à la fin. J’avais l’impression, avant de passer en médecine générale, que c’était souvent ça.

Donc c’était un peu en demi teinte tu vois.

Je trouvais que c’était une spé très intéressante sur le plan relationnel, multi-disciplinaire et tu vois, ça en soi, c’est trop bien, et tu le gères quand même, mais j’avais un peu peur à la fois de la routine, et du fait qu’il faut quand même être bon et savoir rediriger, et que des fois quand tu sais pas, c’est les spécialistes qui gèrent. Et voilà c’est à peu près ça. Et donc c’est pour ça que je voulais vraiment passer en médecine générale, parce que, en fait c’est une spé que tu peux pas appréhender si t’y es pas passé quoi…

AA : Et est-ce que tu faisais une idée des compétences d’un médecin ? enfin c’est ce que tu disais, c’est surtout voir la gravité dans la bobologie, c’est ça ? et donc tu disais que ses compétences c’était plutôt d’orienter vers les autres spé ? J’ai l’impression que c’est un peu l’image que tu faisais ?

E2 : J’avais un peu cette image là, avec, enfin pas uniquement tu t’occupes de tes patients, mais quand je connaissais pas, tu t’occupes des trucs « pas graves », et « tu renouvelles », et les trucs plus complexes, c’est les autres qui gèrent. En fait, pas du tout (rires), mais oui c’est un peu l’image que j’avais.

AA : Et est-ce que tu faisais une idée des conditions de vie d’un généraliste ? De comment il gérait sa vie de famille, son travail… ?

E2 : Bah moi mon médecin généraliste, c’était un médecin, j’allais dire un peu de l’ancienne école, qui commençait tôt, et qui finissait très très tard, et du coup, je savais que c’était prenant, et on m’avait dit que même d’un point de vue administratif c’était super lourd de gérer un cabinet etc. Ah oui, et j’avais un peur aussi de, ça c’est un truc que je sais toujours pas si ça me plairait ou pas, j’avais un peu peur de l’isolement, le fait que tu sois, en fin de compte dans tes conditions d’exercice, c’est toi qui gère tes patients, t’es dans ton cabinet.

Moi j’aime bien l’ambiance du CHU où t’as du lien avec l’équipe para médicale, avec d’autres collègues, tu peux solliciter des gens facilement. Alors que quand t’es médecin généraliste, j’avais l’impression que bah t’es un peu tout seul à tout gérer.

T’as pas mal de responsabilités je trouve.

Et oui, j’avais l’impression que, en termes de conditions de vie, tu passes quand même beaucoup de temps au travail, et bon ça après c’est la médecine, mais en particulier, notre génération je pense, je sais que c’est une des spé où c’est le plus facile d’adapter son emploi du temps comme on veut, c’est l’avantage du libéral. De part mes copains qui sont en

médecine et qui étaient passés chez le généraliste, avant moi, je commençais à voir que, si tu veux travailler 4 jours dans la semaine, et que tu veux prendre ton vendredi, c’est possible.

Donc oui, j’avais la vision de quelque chose où tu passais beaucoup de temps, même le week-end, tu reviens pour revoir tes dossiers et faire ta compta, refaire les papiers, les machins, les trucs, et avec notre génération, ça devient de plus en plus adaptable. Après est-ce que c’est bien ou pas, c’est une question. Mais le fait que tu sois seul, donc t’as beaucoup de responsabilités, et t’as quand même en volume, une quantité de travail qui est quand même assez conséquente. Pour gérer la vie de famille c’est pas toujours évident, même avoir des loisirs, etc. Avoir une vie à côté, enfin ça c’est un peu dans beaucoup de spé, c’est difficile. Bon j’attendais de voir ce que ça donnait.

AA : Et donc toi du coup cette vision là, donc t’as personne qui est dans le milieu médical ou para médical dans ta famille c’est ça ? Donc c’était ton médecin généraliste c’est ça ? et ce que t’avais entendu de l’hôpital ?

E2 : Oui c’est ça, et des autres externes qui étaient passes chez le méd gé.

AA : Et donc maintenant que t’as découvert cette spécialité, qu’ce que t’en penses, est-ce que y’a des choses qui ont changé dans la vision que t’avais ?

E2 : Oui carrément ! Ben déjà c’est un stage qui m’a beaucoup plu donc forcément mon avis va être grosso modo très positif (rires). Parce que déjà je me suis vraiment bien entendu avec mon maître de stage.

Déjà pour contextualiser, c’était un cabinet de campagne, en Sarthe, à Xxxx, à 30 min de route du Mans. A la base c’est un cabinet municipal, et en fait c’est un cabinet multi-disciplinaire, avec un dentiste, un kiné, une infirmière, et à la base il y avait un autre médecin, il est parti à la retraite y’ un petit bout de temps, et dans les bleds autour, ben pareil, y’avait d’autres médecins, mais ils sont progressivement partis à la retraite, et… enfin je sais même pas par où commencer… enfin c’était vraiment trop bien parce que, oui je

trouve que les histoires de conditions d’exercice, enfin la vision que j’avais des conditions d’exercice, s’est un peu « vérifiée », dans le sens où mon méd gé, il passe quand même bcp de temps au travail, on finissait à 21-22h, on commençait à plus 10 que 9h…

AA : Ah oui, il finissait à 22h ? C’était de la paperasse administrative ou c’était des consultations ?

E2 : Non non c’était des consultations jusqu’à 22h.

AA : Il prenait sans RDV ?

E2 : Rarement, non. Des fois y’a des patients qui appelaient le matin et on les rajoutait sur le planning. C’est juste que même si tu prévois 20 min par patients, y’a des patients tu passes 40 min avec, parce que… Enfin des fois c’est quand même un peu lié à la patientèle, c’est pour la plupart des patients « de campagne », qui consultent pas « pour rien », donc tu fais une consult assez globale.

Et c’est un médecin généraliste qui sur le plan relationnel est, je trouve, excellent, et qui sur le plan psychologique, il est très à l’écoute, bah du coup y’a plein de gens qui ont des soucis, du coup ils en parlent pas mal, et donc forcément une consultation étiquetée « psy », ça prend plus de temps qu’une consultation pour une bronchite. Du coup, ça faisait que ça décalait.

Et le matin du coup, on faisait des visites, et ça je trouvais ça super intéressant d’aller chez les gens. Je trouvais ça même cool que ça se passe encore, et ouais bah en vrai le rythme il est compliqué. Le midi tu manges en 2-2 parce que voilà…

Sur le plan relationnel j’ai encore plus découvert la relation que tu pouvais avoir avec des patients, en bien ou en mal, vraiment, ils te parlent de plein de choses et y’a vraiment quelque chose qui se créé et qui est enrichissant, qui casse justement un peu cette routine

Et je pense que c’est lié à peut-être l’exercice de la médecine en campagne, mais j’avais vraiment vu de tout. De la traumato, c’était pas de la grosse traumato, mais voilà, tu gérais ça. Un médecin qui aimait bien faire des gestes, donc j’ai fait pas mal d’infiltration d’épaule, il aimait bien la gynéco aussi, donc plusieurs fois j’ai fait des examens gynécos, je faisais des frottis et des trucs comme ça. Sur le plan manuel, ben moi mon médecin généraliste, j’étais jeune et en bonne santé, il a jamais pris que la tension et ausculter (rires), et donc le fait de faire des gestes, je me suis dit « ah ouais c’est possible aussi ! ». Tu fais des ECG aussi. La pédiatrie aussi, il en faisait pas mal et donc du coup pareil, c’était super intéressant.

J’ai vraiment pu découvrir la diversité de la pratique et donc le fait que ce soit vraiment adaptable selon ce que tu as envie de faire. Si tu es motivé pour faire quelque chose et ben tu peux le faire. Mais par contre, ouais au niveau administratif j’ai découvert, que c’était assez lourd, je voyais les piles de bio (rires) qui s’empilent sur le bureau du cabinet et que t’as pas le temps de regarder. Je savais que je revenais le lundi, il me disait « oui j’étais là hier et j’ai vu ça, ça, ça », les mails etc.

Effectivement, l’isolement, quand tu pratiques et que t’es pas dans une maison médicale avec d’autres collègues, bah oui c’est vrai que t’es un peu tout seul, mais mon maitre de stage ça avait pas l’air de le gêner.

AA : Il était pas du tout dans un cabinet de groupe ?

E2 : Ben il était dans une maison médicale mais c’était le seul médecin. Si, il y avait quand même du lien avec l’infirmière, le kiné, le dentiste. Et puis il habitait vraiment à 2 pas du cabinet, les allers-retours c’est 100 mètres, donc je me suis dit que lui il était vraiment dans un cercle fermé. Lui ça le dérangeait pas, lui ce qui l’intéressait c’était de faire de la

médecine et donc il vivait un peu sa meilleure vie. (Rires) Ouais, c’était vraiment super intéressant.

Et on parlait souvent, enfin on parlait beaucoup (rires), et on parlait pas mal de la sécu, de la paperasse, de la condition de médecin généraliste, des remboursements, des machins et des trucs, et oui, c’était quelque chose d’assez lourd et tout n’est pas encore optimal. Ca prend un temps assez monstrueux j’ai l’impression.

Ah oui, pour les histoires de rapport aux spécialistes, etc. et ben j’ai découvert que si t’as envie de gérer toi-même, et ben tu peux ! Il y avait des patientes par exemple qui avaient été traitées pour un cancer du sein, leur gynéco il était parti à la retraite, et elles avaient encore de l’hormonothérapie, et ben c’est nous qui gérions. Ou une patiente qui avait une PR et ben le métho c’est nous qui gérions, parce que ça c’était pas bien passé avec le

rhumatologue, on avait renégocié pour la traiter et ben en fin de compte, c’est nous qui mettions ça en place.

Et puis en fin de compte quand t’as besoin d’appeler l’hôpital, les spécialistes, en fin de compte ça se passait bien, c’est assez facilement accessible, ou même tu envoies des mails, t’as des réponses en 24-48h. Donc t’es pas si isolé que ça. En fin de compte si t’as envie et que t’as les connaissances et que t’es motivé, ben tu peux gérer pleins de choses et t’es pas forcément « juste le méd gé ».

AA : Pas seulement l’orienteur ?

E2: Oui c’est ça, ça a corrigé ma vision là-dessus.

AA : Est-ce qu’il y a des choses qui t’ont vraiment surprise pendant ce stage, que t’avais pas du tout connaissance avant ?

E2 : Je dirais oui mais faut que je trouve… Un des trucs qui m’a le plus marqué, mais après je pense qu’on a un peu la patientèle qui nous ressemble, ou qui correspond à notre mode de pratique, il y a beaucoup, beaucoup de psy, et je m’attendais pas à ce qu’il y en ait autant.

Même quand les patients viennent pour autre chose, soit ils t’en parlent spontanément, soit tu leur demandes grosso modo comment ça va et puis ça part sur un autre truc.

Souvent, en tout cas avec les patients de mon maître de stage, ça a beaucoup d’impact sur le somatique et qu’il faut arriver à jongler avec ça.

Ou même pour les traitements, on s’en rend pas trop compte à l’hôpital parce qu’on prescrit les traitements, le patient il le prend parce qu’on est à l’hôpital, mais là, je m’y attendais pas, je l’ai vraiment vu dans la pratique, c’est la négociation avec le patient, essayer d’adapter ce que tu proposes à ce dont il a envie et vraiment discuter de ça. Donc ça oui, c’est un truc que j’avais pas vraiment appréhendé parce qu’à l’hôpital…

Et puis le fait que tu puisses gérer plein de trucs, il y avait des patients en soins pall, bien c’est nous qui gérions le truc. Oui, il a pas mal de cas qui m’ont marqué, oui beaucoup de psy (rires), je pensais pas qu’il y en aurait autant. Mais pour le coup c’est ce qui est super intéressant parce c’est vraiment les gens quoi. Oui et le fait que tu puisses adapter ta pratique… Peut-être que je retrouverais des trucs parce qu’il y a eu tellement de trucs…

AA : Pour parler de ton stage en lui-même, déjà avant de commencer ton stage, est-ce que tu avais des attentes spécifiques ? Par exemple sur l’apprentissage, sur ce que tu voulais avec lui ?

E2 : En vrai, j’avais des attentes très « globales », je voulais, enfin j’étais vraiment curieuse de voir ce que c’était dans la vraie vie, parce que j’avais une représentation un peu pré conçue mais en fait tu n’y connais rien, et je voulais justement savoir comment c’était dans la vraie vie.

Et en termes d’apprentissage, oui j’y allais pour apprendre à faire de la médecine, savoir gérer une consultation, etc. Mais pour moi c’était pas pareil quand j’allais dans un service, de néphrologie par exemple, où je m’attends à essayer d’apprendre et de mieux comprendre la

néphrologie. Là la médecine générale je m’attendais à accueillir des connaissances sur pas mal de chances mais c’était pas l’objectif premier.

Je voulais plus voir comment tu gères une consultation de bout en bout, parce que c’est pas quelque chose que tu fais à l’hôpital, voir les conditions d’exercice en libéral, ce que tu peux faire, etc. Et je voulais voir aussi justement si tu pouvais, et qu’est-ce que tu pouvais faire, à côté de la consultation de la consult pure : est-ce que tu peux faire plus de gestes,.. ? etc.

Ben par exemple les visites j’ai trouvé ça trop bien de pouvoir le faire, aller en EHPAD, c’est pareil.

Donc c’était plus des attentes découverte et savoir comment s’exerce la médecine générale en général, et savoir quelle était la relation avec un patient. Parce toi, t’es habitué en tant que patient, mais qu’est-ce que ça fait en tant que médecin d’avoir 1000 patients et de t’en occuper. Donc c’était plus comme ça.

Après je m’en doutais que j’allais apprendre des choses, à avoir des automatismes, comme traiter une otite (rires), des trucs comme ça. J’avais pas d’attentes très très spécifiques d’un point de vue des connaissances médicales, c’était plutôt découvrir l’exercice de la pratique.

Grâce au Covid, j’ai quand même fait 4 mois là bas.

AA : Est-ce que tu peux me raconter une consultation qui t’a marquée pendant le stage ? E2 : Y’en a eu pas mal… La 1ère qui me vient à l’esprit, enfin c’est peut-être même pas celle qui m’a le plus marqué… Alors c’était un patient, qui avait été étiqueté bipolaire, je suis passée en psy pendant l’externat alors du coup c’est un patient qui était vraiment très… enfin qui parlait énormément, qui posait beaucoup de questions, qui était assez anxieux etc., et en fait il avait des problèmes au ventre, mais il avait peur que ça vienne du cœur, et puis en fait plein de trucs et puis machin… et en fait ben que tu parlais ça parlait un peu tout les sens, et

ce qu’on a fait c’est qu’on a rassuré sur le plan somatique et on puis on a pas mal parlé de sa problématique psychiatrique.

En fait il y a eu pas mal de consultation de psy qui m’ont marqué.

2 autres dont je pourrais parler c’est quand mon médecin généraliste s’est énervé contre des patients (rires), vraiment assez fort, alors que normalement il est très calme, mais il y en avait une c’était un patient en fait qui a une histoire digestive assez complexe, qui a déjà été

2 autres dont je pourrais parler c’est quand mon médecin généraliste s’est énervé contre des patients (rires), vraiment assez fort, alors que normalement il est très calme, mais il y en avait une c’était un patient en fait qui a une histoire digestive assez complexe, qui a déjà été

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