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volumes de réduction de GES par périmètre

Partie 2 Retour d’expérience et évolution de la méthodologie

Le retour d’expérience de l’application de la méthodologie chez Casino a permis de valider son déploiement mais aussi de mettre en lumière certains points pour lesquels des améliorations sont nécessaires. Il est notamment question de la phase de collecte de données et de sélection des indicateurs environnementaux.

2.1 Collecte des données

Cette partie de la méthodologie, préalable à la constitution du tableau de bord environnemental est une phase essentielle de la méthodologie afin d’avoir une évaluation spécifique à l’organisation étudiée. Ainsi, il s’avère indispensable de renforcer cette étape pour permettre une meilleure prise en compte des caractéristiques spécifiques de l’organisation d’une part via des enquêtes approfondies et, d’autre part, via la représentativité de l’échantillonnage.

2.1.1 Des enquêtes approfondies

Les enquêtes réalisées lors de la première étude de cas ont permis d’interpréter les courbes de puissances des équipements ayant fait l’objet de mesures. Cependant, cette première application a mis en évidence les lacunes de cette phase d’enquêtes.

Dans ce contexte, le questionnaire doit être enrichi suivant trois points :

- Dans un premier temps, le paramétrage de l’équipement doit être connu afin de garantir une bonne interprétation des courbes de mesures. Par exemple, sur les courbes de mesures d’un ordinateur les mises en veille sont facilement identifiables mais en connaissant la durée au bout de laquelle cette veille se met en route, il est alors possible de connaître si l’ordinateur a été mis en veille par l’utilisateur ou non. La présence d’un palier précédant la veille est en effet synonyme d’une mise en veille automatique et non provoquée par l’utilisateur.

- Dans un second temps, une fiche de suivi de l’activité de l’utilisateur peut être associée aux mesures (exemple de fiche de suivi proposé en Annexe 7). Cette fiche a pour objectif de connaître très précisément les différentes utilisations des équipements afin d’expliquer les variations de puissances visibles sur les courbes de mesures. L’intérêt est de pouvoir identifier la nature des activités générant des modifications de puissances, par exemple l’utilisation d’un logiciel de modélisation en trois dimensions engendre une puissance (et par conséquent une consommation électrique) plus importante car les processeurs de l’ordinateur sont plus sollicités que lors de tâches « simples » telles que de la bureautique.

Donc, si un utilisateur indique dans le questionnaire que son équipement est utilisé uniquement pour réaliser des travaux bureautiques de type traitement de texte, consultation messagerie et internet, la fiche de suivi couplée aux résultats des mesures permettront d’estimer les temps moyens hebdomadaires sur chaque activité. Ces résultats seront essentiels pour annualiser les résultats.

- Dans un troisième temps, la question de la représentativité des données constitue un élément clef de la méthodologie. En effet, les mesures sont réalisées sur une durée d’une semaine, les résultats obtenus servent alors de base pour annualiser les valeurs : période plus significative pour le calcul des consommations, des impacts environnementaux ainsi que du retour sur investissement des solutions d’optimisation proposées. Par conséquent, bien que la question : « cette semaine est-elle représentative de votre activité ? » existe dans la première version de

l’enquête, elle est renforcée par la fiche de suivi qui permet de connaître plus précisément les temps moyens hebdomadaires passés sur chaque type d’activité. De même, des tests sur des périodes plus longues seront réalisés afin de s’assurer de la représentativité des données obtenues par l’intermédiaire des boîtiers de mesures.

2.1.2 Quantité de mesures réalisées

Pour l’application « groupe Casino », un nombre limité d’équipements a pu faire l’objet de mesures. En effet, des contraintes liées à la durée du projet, au périmètre de l’étude et à la diversité des équipements présents, n’a pas permis la réalisation de plus de mesures.

Néanmoins, afin que l’évaluation représente le plus fidèlement possible la réalité, les mesures doivent être réalisées sur un panel d’équipements représentatif en nombre et en qualité. Ce panel étendu permettant ainsi de tenir compte :

- des spécificités des équipements : deux équipements d’une même marque, du même modèle et de la même année peuvent être configurés différemment et donc ne pas avoir les mêmes puissances dans les différents statuts ;

- de la variabilité liée à l’utilisation qui en est faite : deux ordinateurs identiques peuvent être utilisés totalement différemment, un pour de la bureautique et l’autre pour du travail web. Une variation de consommation électrique peut être liée à ces deux utilisations distinctes et seules des mesures sur des modèles identiques mais avec des utilisations différentes pourront mettre en évidence cette variation.

Par conséquent, le nombre de mesures choisi doit considérer ces différentes variations potentielles au sein d’un même équipement. Ainsi, avant de réaliser les mesures il est nécessaire de connaître à la fois les équipements présents (inventaires du matériel) mais aussi les différents profils utilisateurs pouvant exister au sein de la structure.

Enfin, dans une optique de fiabilité des données obtenues lors des campagnes de mesures, il peut être utile de réaliser des mesures comparatives. Ces dernières consisteront en la réalisation de mesures multiples : au minimum deux équipements ayant les mêmes caractéristiques (mêmes équipements et mêmes types d’utilisation).

2.2 Indicateurs environnementaux supplémentaires

Dans un premier temps, seule l’expression de l’impact sur le changement climatique avec une estimation des émissions de gaz à effet de serre (exprimées en kg CO2 équivalent) a été réalisée lors

de l’application de la méthodologie au cas de Casino IT. En effet, le choix d’un indicateur unique s’est fait en accord avec l’entreprise du fait de sa stratégie actuelle et la réalisation de son Bilan Carbone® (selon la méthode ADEME). Néanmoins, des indicateurs environnementaux complémentaires doivent être ajoutés afin d’obtenir une vision plus complète des impacts environnementaux de service informatique d’une entité.

Le choix des indicateurs environnementaux supplémentaires est basé à la fois sur les enjeux principaux liés au secteur informatique ainsi que ceux les plus utilisés dans les méthodes d’évaluation environnementale. Ces indicateurs ont pour objectif de représenter les impacts environnementaux dans les différents compartiments naturels : l’air, l’eau et le sol.

Les indicateurs venant enrichir l’évaluation environnementale réalisée sont :

- l’épuisement des ressources abiotiques (kg Sb-Eq) : les équipements informatiques utilisent de nombreux matériaux et substances fossiles (voir chapitre 1 § 1.1.3). Cet indicateur paraît donc pertinent pour évaluer les impacts relatifs à ce secteur.

- l’épuisement de l’ozone stratosphérique (kg CFC-11-Eq) : bien que l’impact environnemental sur le compartiment air ait déjà été évalué par la contribution au changement climatique (exprimé en kg CO2-Eq), l’indicateur relatif à l’épuisement de l’ozone stratosphérique semble

pertinent à évaluer en raison de l’importance du phénomène naturel que cette couche d’ozone dans l’atmosphère représente.

- l’acidification (kg SO2-Eq) est un phénomène pouvant affecter les trois compartiments (air,

eau et sol) par l’intermédiaire des diverses émissions résultantes des activités humaines. Ainsi, il apparaît pertinent d’estimer la contribution du secteur informatique à cet impact, notamment par le fait que ce secteur soit omniprésent dans la société actuelle, comme indiqué précédemment.

- l’écotoxicité (kg 1,4-DCB-Eq) : de part les nombreuses substances chimiques contenues dans les équipements informatiques, la toxicité qui en résulte s’avère être un impact environnemental pertinent à évaluer. De plus, cette écotoxicité est évaluée dans différents compartiments par cinq indicateurs exprimés en kg 1,4-DCB-Eq :

o écotoxicité d’eau douce (FAETP) o écotoxicité d’eau marine (MAETP)

o écotoxicité des sédiments d’eau douce (FSETP) o écotoxicité des sédiments d’eau marine (MSETP) o écotoxicité terrestre (TETP)

- la toxicité humaine (kg 1,4-DCB-Eq) : cet indicateur représente l’impact des substances chimiques contenues dans les équipements informatiques sur l’être humain.

- les radiations ionisantes (DALYs) sont révélatrices des impacts résultant de rejets de substances radioactives ainsi que l'exposition directe à leurs radiations. Par conséquent, elles permettent d’exprimer les impacts liés à la production d’électricité par le secteur nucléaire. Cet indicateur est particulièrement pertinent en France qui puise une grande majorité de son électricité dans le nucléaire.

Afin de respecter le déroulement des étapes d’élaboration et d’application de la méthodologie dans ce manuscrit, les résultats de ces indicateurs pour la première application (Casino IT) sont présentés en annexe (Annexe 6).

2.3 Conclusions sur les apports

Le premier retour d’expérience de l’utilisation de la méthodologie développée dans le cadre de l’étude Casino a mis en évidence des lacunes. Les trois principales qui ont été intégrées pour la seconde application sont :

- L’enrichissement de l’étape de collecte des données tout d’abord par l’intermédiaire d’enquêtes plus approfondies auprès des utilisateurs dont les équipements font l’objet de mesures ;

- Puis par une plus grande quantité de mesures réalisées. Afin de constituer un échantillon d’équipements représentatif de l’ensemble des équipements présents, il est nécessaire d’avoir plus de mesures. Les résultats ainsi obtenus sont plus robustes et peuvent ainsi être généralisés et annualisés avec une plus faible incertitude.

- L’expression d’une plus grande diversité d’indicateurs permet d’avoir une vision plus complète des impacts environnementaux [Jullien et al., 2010]. De plus, les émissions de gaz à effet de serre ne sont représentatives que d’une part du secteur informatique. Secteur dont les impacts comme l’épuisement des ressources ou encore l’acidification paraissent plus pertinent à analyser.