Définitions et objectifs des indicateurs

• Définitions

Les définitions d’indicateurs sont multiples, mais ont toutes pour point commun d’évoquer l’indicateur comme un élément quantifiable par l’intermédiaire d’un paramètre ou d’une valeur qui découle d’un paramètre pour décrire un phénomène [Breuil et Brun, 2007]. Les références les plus citées sont celles de l’OCDE qui explique le calcul d’un indicateur sur la base de paramètres donnant des informations sur l’environnement, sur un phénomène ou sur une zone géographique [OCDE, 1993].

La norme environnementale ISO 14 031 aborde le lien entre un indicateur et un impact en précisant que l’indicateur permet d’attribuer une grandeur observée ou calculée à un impact environnemental [ISO 14031, 2000]. Bien souvent, les indicateurs sont des variables observables qui sont utilisées pour rendre compte d’une réalité qui n’est pas systématiquement observable [Boulanger, 2004] [Tyteca, 2002].

Pour qu’un indicateur puisse être considéré comme intéressant et utile pour une étude, il se doit d’avoir certains critères tel la pertinence, la simplicité, la représentativité, le consensus, la précision, l’objectivité, l’absence d’ambiguïté, la mesurabilité, la sensibilité aux variations des paramètres, le pouvoir discriminant et la comparabilité [Tyteca, 2002] [Raymond, 2009].

La nature d’un indicateur peut-être très variable : il peut s’agir de mesures réalisées sur le terrain, de données statistiques ou encore de résultats issus de modélisations. De même, les valeurs peuvent être qualitatives ou quantitatives. Bien souvent, les indicateurs sont des variables observables qui sont utilisées pour rendre compte d’une réalité qui, elle, n’est pas systématiquement observable [Boulanger, 2004].

Un indicateur correspond donc à une information chiffrée qui permet d’évaluer une situation à un moment précis. « Un indicateur peut notamment avoir pour but de rendre appréhensible une réalité complexe (c’est particulièrement le cas des indicateurs de développement durable) » [Boutaud, 2004].

• Objectifs

Le choix des indicateurs pour réaliser l’évaluation environnementale d’une organisation découle notamment d’une volonté de répondre aux exigences imposées par l'article 116 de la loi 2001-420 du 15 mai 2001 relatives aux nouvelles régulations économiques. Cette dernière impose aux entreprises françaises cotées en bourse, soit 700 entreprises en 2004 d’après l’Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE) [ORSE, 2004] de réaliser un « reporting » réglementaire de données brutes destinées à l’information concernant la gestion sociale et environnementale de leur activité [Journal Officiel de la République Française, 2001]. Mais au-delà du simple respect de la réglementation, les entreprises voient dans ces rapports une opportunité de communication. Pour cela, elles élaborent et publient leurs résultats sous forme d’indicateurs sociaux (par exemple : le nombre d’embauches en contrat à durée indéterminée (CDI) ou le nombre de salariés handicapés) mais aussi environnementaux (par exemple : les émissions annuelles de CO2,

Dans cette vision, l’indicateur apparaît comme un outil de pilotage de la stratégie environnementale ou comme la base d’un système d’un management, permettant la communication des résultats aux différents publics visés (actionnaires, clients, fournisseurs, partenaires, …).

La pertinence ou non d'un indicateur dépend en grande partie du contexte dans lequel il est créé et utilisé. Un processus méticuleux d’élaboration ou de sélection s'impose donc face à une situation déterminée. De même, les indicateurs doivent être utilisés de façon adéquate lors d'une évaluation comme une Evaluation de la Performance Environnementale (EPE). La norme ISO 14 031 donne les lignes directrices pour sa réalisation et son utilisation.

En outre, la norme ISO 14 040 [ISO 14040, 2006] décrit les principes de la méthode d’évaluation environnementale nommée Analyse de Cycle de Vie (ACV) dont les principes sont considérés comme fondamentaux et posent les bases pour établir des indicateurs complets et objectifs. Parmi ces principes, l’élaboration des indicateurs est un point essentiel. Ils doivent être établis en fonction des objectifs de l’étude. Pour cela, l’approche itérative permet la mise en perspective des objectifs à chaque étape de l’évaluation. L’approche complète de l’ACV passe par la prise en compte de l’intégralité du cycle de vie d’un produit et l’utilisation de plusieurs indicateurs environnementaux. Un indicateur doit renvoyer une image fidèle du phénomène à étudier pour permettre une évaluation rapide et simple des données à surveiller [Victor, 2007]. Pour cela, il existe différents types d’indicateurs ayant chacun un rôle dans l’organisation mais aussi des fonctions différentes.

• Catégories d’indicateurs

Plusieurs classements sont possibles lorsqu’il s’agit de répertorier les indicateurs. Afin de structurer les indicateurs par objectifs, Aurélien Boutaud utilise le modèle PER pour distinguer en trois catégories les indicateurs [Boutaud, 2004] (Tableau 7).

Tableau 7: Objectifs et exemples d'indicateurs de pression, d'état et de réponse de l'environnement (d'après [Boutaud, 2004])

Catégorie

d’indicateurs Objectifs Exemples

Pression Rendre compte de la pression exercée sur

l’environnement Volume de polluants liquides émis

Etat Mesurer l’état de l’environnement Qualité des eaux dans un cours

d’eau

Réponse Estimer le niveau de réponse apporté pour

améliorer l’état et/ou réduire la pression

Taux de raccordement au réseau d’eaux usées

La norme internationale ISO 14 031 propose une autre classification et décrit deux catégories principales :

- les indicateurs de condition environnementale (ICE) : « expression spécifique qui fournit des informations sur la condition locale, régionale, nationale ou mondiale de l'environnement » [ISO 14031, 2000]

L’objectif de tels indicateurs est d’apporter les informations nécessaires à la compréhension des impacts (potentiels) des aspects environnementaux d’une organisation afin d’améliorer la gestion des impacts environnementaux.

- les indicateurs de performance environnementale (IPE) sont définis comme une « expression spécifique qui fournit des informations sur la performance environnementale d'un organisme » en admettant que la définition de performance environnementale soit l’ensemble des « résultats obtenus par la direction d'un organisme concernant ses aspects environnementaux » [ISO 14031, 2000].

Ces IPE se distinguent alors en deux sous-catégories :

 indicateurs de performance de management (IPM) fournissant des informations sur les efforts accomplis pour influencer la performance environnementale de l’organisation. L’objet étudié ici concerne les efforts au niveau du management de l’organisation et non ces réalisations vis-à-vis de l’environnement;

 indicateurs de performance opérationnelle (IPO) qui traduisent les informations relatives aux résultats de la mise en place d’actions par l’organisation.

La Figure 12, issue de la norme ISO 14031 illustre les liens entre la direction de l’organisation considérée, ses opérations et la condition de l'environnement. Les différents indicateurs IPE, IPM et IPO sont présentés sur cette Figure 12.

Figure 12: Les différentes catégories d'indicateurs environnementaux [ISO 14031, 2000]

De plus, certains indicateurs opérationnels peuvent être utilisés comme outils de suivi, notamment lorsqu’ils sont liés à l’activité, au résultat ou à l’objectif faisant l’objet du suivi. Ils permettent de connaître les écarts d’une situation donnée par rapport à une situation de référence.

Par conséquent, afin qu’une évaluation soit la plus complète possible, elle doit comporter plusieurs catégories d’indicateurs : des indicateurs environnementaux et des indicateurs de suivi.

Les indicateurs environnementaux permettent d’avoir une connaissance et d’améliorer la compréhension des impacts sur l’environnement liés aux activités d’une organisation. Les indicateurs de suivi permettent d’enregistrer l’évolution de la situation par rapport à la situation initiale ou une situation de référence à atteindre.