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1.2 à la naissance du « Green IT »

Partie 3 Pertinence de l’évaluation des systèmes informatiques

3.3 Une demande de reconnaissance de plus en plus forte

3.3.1 Eco-conception

L’objectif de la démarche d’éco-conception est d’améliorer les caractéristiques d’un produit (Design for Environment – DfE) afin de minimiser ses conséquences sur l’environnement. L’éco-conception peut être qualifiée de démarche préventive dans le sens où elle tente d’appliquer des règles de prévention de la pollution en amont de la création du produit afin que celui-ci ait moins d’impacts environnementaux une fois sur le marché [Corne et al., 2009]. La directive Energy Using Products dite « directive EuP » (voir contexte réglementaire paragraphe 1.1.2) établit un cadre pour la fixation d’exigences en matière d’éco-conception applicables aux produits consommateurs d’énergie. Il s’agit donc d’améliorer l’éco-efficacité des produits. Mais si seule l’éco-efficacité était considérée, les industriels pourraient se contenter de la mise en place de solutions plus efficaces sur le plan énergétique sans remettre en cause les modes de production et de consommation actuels. Pour établir ces améliorations possibles en termes d’éco-efficacité, il est souvent fait appel aux analyses de cycle de vie (Figure 18) où une nouvelle comptabilité se met en place visant à établir le caractère plus ou moins « impactant » des objets mis sur le marché. Il ne s’agit plus de comparer les produits en fonction de leur coût mais selon un panel d’indicateurs environnementaux divers (émissions de CO2 engendrées, production de déchets nucléaires ou encore utilisation de substances toxiques).

Mais les résultats des ACV sont multicritères, déterminer la solution la moins impactante devient alors délicat.

Figure 18: Les phases du cycle de vie d'un produit

L’éco-conception peut permettre une communication et ainsi constitue un élément de différenciation vis-à-vis de la concurrence en valorisant la démarche envers les clients. Néanmoins, dans ce contexte où chacun met en avant cette démarche environnementale, il est nécessaire de prendre du recul et d’analyser les informations présentées. Certaines sociétés peu scrupuleuses peuvent alors axer leur communication sur l’environnement afin de gagner des parts de marché. C’est ainsi qu’est née la notion de « Greenwashing ». Malheureusement, dans le cas de l’informatique, les exemples sont courants. Il est ainsi possible de citer les ordinateurs dont la coque était constituée de bambou (Asus, Dell). Cette nouvelle coque avait comme caractéristique principale d’être recyclable à 90%. Cet effort consenti par l’industriel a reçu un mauvais accueil de la part des acteurs de la protection de l’environnement en agissant uniquement sur les impacts inhérents à la coque, soit 1% des impacts environnementaux de l’équipement [Eugster et Hischier, 2007]. Les pièces les plus impactantes, souvent fondement de la technologie, ne sont pas remises en question et n’évoluent pas ou très peu. Néanmoins, certains modèles ne s’arrêtent pas là et agissent plus concrètement. Ainsi, le constructeur Apple a commercialisé un MacBook en 2009 qui est considéré [Corne et al., 2009] comme « l’ordinateur le plus vert » de l’époque sur le marché. Cet ordinateur ne contient aucune des substances répertoriées dans la directive RoHS, il a été pensé pour économiser de l’énergie avec un module permettant le ralentissement de son disque dur lorsque ce dernier n’est pas utilisé, sa coque est entièrement en aluminium ce qui lui assure une recyclabilité importante (mais une énergie grise de fabrication élevée également) et enfin, sa batterie a une durée de vie de cinq ans (contre un à deux ans pour un ordinateur classique) [Corne et al., 2009]. Greenpeace effectue un classement des 18 principaux constructeurs d’équipements électroniques (ordinateurs, téléphones portables, téléviseurs, consoles de jeux) en analysant leur politique sur les substances dangereuses, le recyclage et l’impact sur le changement climatique. Sur ce classement, ce sont Nokia

et Sony Ericsson qui arrivent en tête des constructeurs avec respectivement une note finale de 7,5 et 6,9 sur 10. Avec une moyenne de 4,9 sur 10, Apple se classe neuvième [Greenpeace, 2010].

Récemment, une société bordelaise (Meta IT) a totalement éco-conçu un ordinateur et un serveur. Lors de la fabrication, l’ordinateur a été conçu en réduisant le nombre de pièces et de matériaux nécessaires à sa conception. Il en va de même lors de sa livraison qui fait appel à des mallettes qui sont réutilisées pour les différentes livraisons : l’encombrement pendant le transport et le stockage est ainsi réduit. Enfin, le cycle de vie du produit paraît mieux maîtrisé par une production essentiellement en France, une diminution des consommations en fonctionnement et l’allongement de sa durée de vie [Meric, 2009]. Néanmoins, le coût d’achat de cet ordinateur reste supérieur au prix du marché et sa configuration allégée est destinée à une utilisation bureautique : traitement de texte, tableur, présentation, accès internet, courrier électronique et travail collaboratif. Au delà, il permet la lecture de pistes vidéos et musiques, la retouche des images simples [Méta IT SAS, 2011]. Dans le cas des équipements informatiques, la compétitivité et la confidentialité des données ne permettent pas d’obtenir les résultats des ACV réalisées sur les différents produits. Seuls des résultats globaux sont diffusés à des fins marketings. Le consommateur final doit donc se reposer sur d’autres éléments pour connaître les impacts environnementaux des différents produits mis sur le marché. Parmi ces éléments, les labels donnent un cadre plus formel à cette communication car ils comparent les équipements par rapport à une référence, à un autre produit ou dresse un diagnostic du produit avant de lui attribuer une note finale (ou une labellisation).

3.3.2 Les labels

Les labels ont été créés afin d’identifier rapidement et de manière fiable les matériels impactant le moins possible l’environnement au cours de toutes les phases de leur cycle de vie, c’est-à-dire contenant le moins de substances toxiques ou ayant été conçus pour être les plus recyclables et consommant le moins de ressources, en particulier énergétiques.

Parfois créés sur une initiative des pouvoirs publics, les écolabels apportent des informations aux consommateurs concernant la qualité environnementale des produits et/ou services dont il a besoin. Basé sur du volontariat de la part des constructeurs, la présence d’un label peut constituer un signe distinctif vis-à-vis de la concurrence.

Les écolabels ont pour rôle d’identifier les produits qui impactent le moins l’environnement tout au long de leur cycle de vie. Les normes de l’ISO de la série 14 020 et suivantes les ont répertoriés en trois classes. (1) Les écolabels officiels (type I - ISO 14024:1999) [ISO 14024, 1999] qui sont délivrés par un organisme tiers et indépendant après avoir contrôlé la conformité du produit par rapport aux critères exigés par la classification ; (2) les autodéclarations environnementales (type II - ISO 14021:1999) [ISO 14021, 1999] qui concernent les informations environnementales délivrées par le fabricant ou le distributeur, sans aucun contrôle indépendant et les (3) écoprofils (type III - ISO 14025:2006) [ISO 14025, 2006] dont les données sont standardisées sur un produit par rapport à une référence, notamment sur l’analyse de son cycle de vie.

Il est important de noter que les écolabels de type I ont un caractère officiel ce qui leur attribue davantage de crédit, notamment face au processus indépendant de la certification. Cependant, les produits labellisés avec des labels de type I sont moins nombreux que les produits labellisés avec des labels de type II et III [Dee, 2006]. D’un point de vue plus pratique, il est également possible de

répertorier les labels en fonction des critères qu’ils considèrent. Pour le secteur des équipements informatiques, 17 labels ont été identifiés et classés en quatre catégories principales (Tableau 19). Tableau 19: Liste des principaux labels concernant les équipements informatiques de la fabrication à l'utilisation

Catégorie Cible du label Labels existants

Labels sur les

équipements

ensemble du cycle de vie d’un matériel informatique, de sa conception à son recyclage

- Blue Angel (type I) - Epeat (type II) - TCO (type I)

- Ecolabel européen (type I) - Ecma International (type II) Labels concernant les

économies d’énergie

consommation énergétique des appareils

- Energy Star (type II) - 80plus

Labels éco-conception

problématique environnementale en encourageant les démarches d’éco- conception ou de recyclage

- Choix Environnemental - Greenguard (type I) - PC 3R

- CECP

- Cygne Blanc (type I) - NF Environnement (type I)

Labels liés au papier gestion de la fabrication du papier

(filière bois et recyclage)

- Pour les forêts : FSC (type II) et PEFC (type II)

- Pour le papier recyclé: Blue Angel (type I) et Apur (type II)

Une analyse des différents labels (présentée en Annexe 2) [Bohas, 2011] semble conclure sur le fait que l’écolabel Epeat puisse être le plus complet en matière de diminution de l’impact