• Aucun résultat trouvé

4. ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX, ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX INFLUENÇANT LES POLITIQUES

4.1 Enjeux environnementaux

4.1.4 Ressource air et émissions de GES

Les odeurs d’origine agricole demeure une problématique relativement à la qualité de l’air, mais on en parle de moins en moins dans l’actualité. Il y aurait lieu de se questionner à ce sujet si cet enjeu est prioritaire. Par ailleurs, il est souvent entendu que l’agriculture contribue aux émissions de GES responsables du CC de ce secteur (OCDE, 2016). Mais l’agriculture assure aussi la fonction de puits de

64

carbone en présence de certaines PGB tels que le travail de conservation du sol, le semis direct, les cultures de couverture ainsi que la diminution de la superficie en jachère (OCDE, 2014; Eilers et al., 2010). De façon générale, l’évolution des émissions de GES attribuable au secteur agricole est principalement déterminée par les variations des productions animales (fermentation entérique et gestion des fumiers), qui se traduisent par des modifications des émissions de méthane (CH4), et par les variations des productions végétales qui rejaillissent sur les émissions d’hémioxyde d’azote ou oxyde nitreux (N2O) par l’intermédiaire de la consommation d’engrais (OCDE, 2014). Dans les pays de l’OCDE,

c’est à travers les réglementations, les aides à l’investissement (stockage et gestion des effluents d’élevage), les services de vulgarisation et par une aide financière aux agriculteurs que la réduction des GES est rendue possible (Vojtech, 2010).

En 2013, les émissions totales globales de GES au Québec se chiffraient à 81,2 millions de tonnes (Mt) en équivalent CO2 (éq. CO2). Les émissions du secteur agricole représentaient 7,5 Mt éq. CO2 soit 9,2 % des

émissions totales de GES au Québec (MDDELCC, 2016e). La fermentation entérique, la gestion des sols agricoles ainsi que la gestion du fumier, chaulage, urée et autres engrais ont produit la plus grande part de ces émissions, soient respectivement 42,8 %, 28,1 % et 25,2 % du total du secteur (ibid.). Cependant, il faut préciser que le calcul des émissions d’origine agricole ne tient pas compte des combustibles utilisés en agriculture, tant pour les bâtiments que pour la machinerie de la ferme (MDDELCC, 2016e). De plus, il ne considère plus le changement d’affectation des terres pouvant survenir dans ce secteur (ibid.). Pour cette raison, Nature Québec (2011) estime que les émissions totales de GES du secteur agricole seraient sous-évaluées. Cependant, il est important de préciser que la façon de compiler les GES par le MDDELCC repose sur les lignes directrices du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat utilisées par tous les pays pour compiler leurs inventaires nationaux. Cette part des GES (7,5 Mt éq. CO2) du secteur de l’agriculture peut paraître quelque peu modeste dans l’inventaire global et laisse

craindre que le secteur agricole puisse être représenté comme peu stratégique pour les pouvoirs publics. Si l’on devait inclure les émissions « fossiles » du secteur agricole évaluées à 2,0 Mt éq. CO2, l’ensemble

des émissions du secteur agricole grimperait à 9,5 Mt éq. CO2, soit environ 12 % des émissions totales de

GES au Québec (Dumas et Sancartier, 2016). Comparativement au reste du monde, 13 % des émissions proviennent des émissions agricoles (excluant les émissions fossiles) (ibid.).

Par ailleurs, les GES du secteur agricole ont connu une légère augmentation si l’on se réfère aux données de 1990 : 7,2 à 7,5 Mt éq. CO2 soit une augmentation de 4,2 % entre 1990 et 2013 (MDDELCC, 2016e).

65

gestion des sols agricoles (ibid.). L’augmentation des superficies en maïs (grain et fourrager) entre 1991 et 2011, culture très consommatrice en engrais azotés, pourrait être une des explications à cette hausse. D’autre part, la tendance à court terme de 2009 à 2013 indique que les émissions québécoises globales de GES ont diminué de 5,7 %, passant de 86,1 Mt éq. CO2 en 2009 à 81,2 Mt éq. CO2 en 2013, à

l’exception du secteur agricole qui accuse une légère augmentation de 0,4 % comme l’indique le tableau 4.1 (MDDELCC, 2016e).

Tableau 4.1 Émissions de GES au Québec du secteur agricole (tiré de : MDDELCC, 2016e, p.13)

Secteurs d’activité Émissions (Mt éq. CO2) Variations des émissions de 2009 à 2013 Variations des émissions de 2012 à 2013 1990 2009 2010 2011 2012 2013 Mt éq. CO2 % Mt éq. CO2 % Agriculture 7,19 7,46 7,49 7,40 7,47 7,49 0,03 0,4 0,02 0,3 Fermentation entérique 3,42 3,39 3,39 3,22 3,31 3,20 -0,19 -5,6 0,00 -0,1 Gestion du fumier 1,75 1,86 1,85 1,91 1,91 1,89 0,03 1,6 -0,02 -1,0 Gestion des sols agricoles 1,76 1,89 1,93 1,95 2,05 2,10 0,21 11,2 0,06 2,9 Chaulage, urée et autres engrais carbonés 0,25 0,32 0,31 0,33 0,31 0,29 -0,02 -6,9 -0,01 -4,5 Total (tous les secteurs) 88,77 86,07 83,09 83,49 81,26 81,16 -4,91 -5,7 -0,10 -0,1

Ces chiffres devraient dicter tout de même aux pouvoirs publics la mise en place de mesures d’atténuation pour freiner et réduire les GES d’origine agricole et d’éviter ainsi toujours à recourir aux mesures d’adaptations avec les coûts qui s’y rattachent. Le secteur agricole devra se soucier de ses émissions en tant qu’émetteur et consommateur de carburants fossiles (D. Boutin, entrevue, 28 juin 2016). Des suggestions sont faites (Nature Québec, 2012) afin que le secteur agricole devienne un puits de carbone à l’horizon 2020 au lieu d’être un émetteur de carbone, par le biais de transformations, tant dans les pratiques agricoles que dans le système alimentaire québécois. En complément, les enjeux de lutte et d’adaptation aux CC devraient être traités conjointement pour assurer une complémentarité des actions entreprises sur le terrain et une harmonisation des mécanismes politiques (Nature Québec, 2011). L’enjeu politique des GES ne serait-il pas de favoriser grandement une agriculture durable permettant de construire des puits de carbone, entre autres, contribuant par le fait même à la durabilité

66

du secteur agricole? Une autre avenue serait le marché de carbone agricole plus connu par Système de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE) et le système de crédits compensatoires. Par exemple, avec un système de crédits compensatoires, si un agriculteur adopte une pratique bénéfique comme le travail réduit du sol, il pourrait recevoir des crédits d’une industrie réglementée ou valoriser le CO2 évité en l’échangeant à des industries émettrices. La problématique est que cela doit suivre un

protocole approuvé par la Western Climate Initiative (WCI). En agriculture, il existe seulement un protocole sur les émissions de méthane venant des structures d’entreposage. Il n’existe pas encore de protocoles pour les pratiques au champ. Le SPEDE n’a cependant débuté réellement ses activités qu’en janvier 2013 et ne vise que les entreprises qui émettent 25 000 Mt éq. CO2 ce qui loin d’être le cas des

entreprises agricoles.