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CHAPITRE 2 : REPRODUCTION ET DÉVELOPPEMENT

I) REPRODUCTION

I.1)

Paramètres généraux de la reproduction

Les femelles primates n’ont généralement qu’un seul petit par gestation (Collinge, 1991; Altmann et Samuels, 1992).

Deux facteurs importants influencent le succès reproducteur des femelles primates : l'âge de la maturité sexuelle et la durée de l'intervalle entre deux naissances (Zinner et al., 1994).

Altmann et al. (1977) ont déterminé les paramètres reproducteurs des babouins cynocéphales en milieu naturel. Les femelles commencent leur puberté entre 4 ans et demi et 5 ans. Elles connaissent alors une série de cycles sexuels irréguliers et sans ovulation pendant environ un an avant leur première gestation. Pendant cette période, appelée stérilité adolescente, les turgescences sexuelles sont plus petites et plus foncées que celles des femelles matures (Dunbar et Barrett, 2001). Il en est de même pour les femelles Papio papio chez lesquelles le premier gonflement est petit puis augmente jusqu'à ce qu'elles aient atteint leur taille adulte (Gauthier, 1999). La durée moyenne de gestation et des cycles menstruels varie apparemment peu entre les différentes espèces ou entre les animaux étudiés en laboratoire et ceux des différents types d'habitats. Tous les travaux rapportent une durée de gestation d'environ six mois et une durée de cycle d'environ un mois (Altmann et al., 1977). Les femelles babouins cynocéphales expérimentent donc la naissance de leur premier petit entre 6 ans et 6 ans et demi. Sigg et al. (1982) ont trouvé un âge moyen de 4,3 ans à la puberté et de 6,1 ans à la première naissance chez les femelles hamadryas. Dans l'étude de Gauthier (1999), les femelles babouins de Guinée, en captivité, atteignent leur maturité sexuelle en moyenne à 3 ans et 8 mois et connaissent leur première gestation en moyenne à 4 ans et 3 mois, ce qui semble plus précoce que chez les autres espèces. Cependant d'autres études ont montré, chez

zoos atteignent leur maturité sexuelle et connaissent leur première gestation environ deux ans plus tôt qu'en milieu naturel (Altmann et al., 1977 ; Rowell, 1977 ; Zinner et al., 1994).

Après la gestation, suit une période d'aménorrhée ou anœstrus post-partum, d'une durée de six à seize mois chez P. cynocephalus (Altmann et al., 1977). Cette durée dépend entre autre de la survie du petit. En effet lorsque leur petit est mort-né ou meurt pendant l'anœstrus post- partum, les femelles débutent un nouveau cycle un mois après. Il en est de même pour les femelles P. papio qui reprennent leurs cycles en moyenne 27 jours après le décès de leur petit (Gauthier, 1999). En revanche, lorsque le petit survit, les femelles P. papio débutent un nouveau cycle au bout de 3 à 8 mois, durée plus courte que chez P. cynocephalus. Les femelles connaissent alors plusieurs cycles, le nombre étant très variable, avant une nouvelle gestation (Altmann et al., 1977). L'intervalle entre deux naissances, qui permet d'estimer la fertilité des femelles (Smuts et Nicolson, 1989), a donc plusieurs composants (Altmann et al., 1977 ; Gauthier, 1999 ; Zinner et al., 1994) : l'aménorrhée post-partum, une série de cycles menstruels et la gestation. Il est donc d'une durée variable selon la durée de ces différentes phases. Chez P. cynocephalus il est de 11 mois, lorsque le petit est mort-né, à 22 mois, lorsque le petit survit au moins un an (Altmann et al., 1977). Chez P. hamadryas en milieu naturel, il est d'en moyenne 24 mois si le petit survit (Sigg et al., 1982) alors qu'il n'est que de 12 mois en moyenne en captivité (Zinner et al., 1994). Chez P. papio en captivité i1 n'est également que d'un an environ (7 à 28 mois, 13 mois en moyenne) et ce quel que soit le devenir du petit. Ceci s'explique par le fait que les femelles dont le petit meurt présentent un plus grand nombre de cycles avant la gestation suivante (Gauthier, 1999).

En outre, tous ces paramètres de reproduction peuvent être liés au niveau nutritionnel et/ou au rang hiérarchique des femelles (Altmann et al., 1977 ; Altmann, 1980 ; Strum et Western, 1982 ; Altmann et al., 1988 ; Smuts et Nicolson, 1989).

I.2)

Saison de reproduction

D'une manière générale il n'existe pas de saison de reproduction chez les babouins (Altmann

et al., 1988; Bercovitch et Harding, 1993; Gauthier, 1994). Cependant, plusieurs études

semblent mettre en évidence des pics saisonniers de naissances à des périodes variables, sans que l'origine de ces pics soit clairement expliquée (Altmann et Altmann, 1970; Hausfater, 1975; Altmann, 1980; Bercovitch et Harding, 1993; Bentley-Condit et Smith, 1997). Altmann (1980) remarque que s'il existe une saisonnalité des décès de petits il peut en résulter une saisonnalité des naissances. Cette saisonnalité peut aussi être liée à l'environnement, les

naissances se produisant lorsque les conditions sont les meilleures pour la survie de la mère et du jeune afin d'optimiser le succès reproducteur (Butynski, 1988 in : Bentley-Condit et Smith, 1997).

I.3)

Durée de fertilité et durée de vie des femelles

La ménopause n'a été mise en évidence chez aucun primate non humain (Altmann, 1980). Toutefois, chez les babouins, la fécondité varie avec l’âge (Strum, 1990; Wasser et al., 1998). Les jeunes et les vieilles femelles sont moins fécondes que les femelles d’âge moyen (Strum, 1990; Gauthier, 1999).

Après la première conception, la fertilité des femelles est relativement constante pendant au moins 10 à 12 ans (Zinner et al., 1994 ; Altmann et al., 1988). En l'absence de maladies les femelles se reproduisent jusqu'à leur mort (Altmann et al., 1988). Cependant les femelles très âgées ont une fécondité très réduite (Strum, 1990). Les données sur les âges des individus adultes n'étant pas toujours complètes, Altmann et al. (1988) n'ont pas fait d'estimation de la durée de vie ni de la durée de la période de fertilité des femelles P. cynocephalus. Zinner et al. (1994) n'ont pas observé d'influence de l'âge sur la fertilité des femelles P. hamadryas en captivité mais citent les observations de Lapin et al. (1979) qui estiment que la fertilité des femelles P. hamadryas est maximum à l'âge de 6 ans, décline vers 15-18 ans et qu'après 25 ans les cycles deviennent irréguliers. Bentley-Condit et Smith (1997) estiment d'après les données de plusieurs études que les femelles babouins ont une durée de vie maximum de 20 ans en moyenne. Rhine et al. (2000) ont mis en évidence une relation entre la longévité des femelles et leur succès reproducteur global : plus les femelles vivent longtemps, plus leur carrière de reproductrice est longue, et plus elles produisent de descendants.