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Analyse des représentations socioculturelles

2 Représentations socioculturelles des euroélèves

2.2 Représentations en rapport avec le cours « heures européennes »

Les Écoles européennes favorisent de plus les interactions interculturelles au travers des cours atypiques et en l’occurrence le cours dit « heures européennes », dispensé pendant les trois années du cycle primaire. L’objectif de ce cours dans le curriculum des Écoles européennes est décrit comme suit :

« Visant des objectifs relatifs au développement d’une identité européenne, d’une inter-culturalité, de la tolérance et du respect des autres et de leurs différences, de l’esprit d’initiative et de solidarité » (Van Dijk, 2008).

La méthode d’apprentissage consiste à une participation active d’euroélèves dans une activité à caractère non disciplinaire en lien avec les éléments culturels et d’une manière

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ludique et manuelle en Langue 2. Dans ce sens, ce cours s’éloigne d’un cours théorique et centré uniquement sur l’acquisition de connaissances. Selon Brigitte :

Alors, les heures européennes », c’est aussi en primaire,… Il y a plein de sections, ils font qu’un groupe…C’est pour pouvoir pas se baser uniquement sur sa section, et essayer de parler aux autres, aux autres sections, je pense…quand t’es plus grand, ça vient tout de suite, mais quand t’es plus grand, c’est vrai que… Quand j’étais en maternelle, je parlais aux français, quoi. Je n’allais voir les grecs … (Brigitte).

Afin de pouvoir identifier et décrire ces représentations engendrées par ces interactions, notre échantillon a été questionné de la manière suivante : « Que tu te rappelles du cours heures européennes ? ».

Dans la suite de cette sous-section, nous allons décrire ces différentes représentations à partir du Cadre de référence proposé par D. Lussier.

2.2.1 Positionnement par rapport au Cadre de référence proposé par D. Lussier Pour situer la question relative à ce cours atypique dans le contexte du cadre de référence proposé par D. Lussier, on peut dire que ce cours agit sur les dimensions suivantes : • Les trois dimensions du domaine « savoir-faire », c’est-à-dire savoir fonctionner dans la

langue cible, savoir s’ajuster à l’environnement social et culturel et savoir interagir culturellement dans la langue cible. En ce qui concerne la première dimension, l’enseignement se fait par des locuteurs natifs en Langue 2. Il est centré sur les activités culturelles et ludiques. Cela suppose l’acquisition d’une compétence langagière à partir de mise en situation réelle. De plus, comme ce cours se fait en Langue 2, les euroélèves se trouvent dans une classe composée d’euroélèves de différentes sections linguistiques et vivent une expérience plurilingue et pluriculturelle. Cette capacité de

communication interculturelle permet aux euroélèves de « savoir-ajuster »

adéquatement leur attitude à ce milieu. Enfin, comme les activités culturelles et ludiques se réalisent en groupe également composé de différentes cultures et langues (les

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professeurs se forcent de faire les groupes à partir des élèves de différentes sections linguistiques), les euroélèves intègrent ces expériences en Langue 2 et sont également capables « d’interagir culturellement » dans la langue cible.

• La dimension « savoir comprendre » du domaine « savoir-être ». En effet, comme nous l’avons souligné dans la section précédente, le cours « heures européennes » est enseigné en trois dernières années du primaire lorsque les euroélèves sont encore très jeunes et l’objectif de l’école à ce stade est plutôt leur prise de conscience des autres cultures ; qu’ils fassent les premières expériences de leur milieu plurilingue et pluriculturel et une adaptation aux autres cultures et acquérir les habiletés et comportements pour pouvoir interagir dans des contextes plurilingue et pluriculturel. Les deux autres dimensions de ce domaine, c’est-à-dire « savoir accepter et interpréter » et « savoir internaliser », ne font pas à ce stade partie des objectifs pédagogiques.

Ce contexte a priori propice permet aux euroélèves de construire, à l’âge très précoce, certaines représentations culturelles liées à une pédagogie interculturelle comme suivent : 2.2.2 Représentation de l’Europe en lien avec les langues et cultures européennes On peut également constater chez les euroélèves interviewés des perceptions qui engendrent un regard positif à l’égard de la diversité linguistique et culturelle de l’Europe. Le développement de représentations culturelles de l’Europe en lien avec les langues et cultures européennes grâce notamment au cours « heures européennes » peut être mise en évidence au travers des paroles d’euroélèves comme suit :

Comme c’était notre deuxième langue, on devait tous automatiquement parler allemand entre nous (Sabine).

Novembre 2013 Page 108/312 Je pense qu’en fait, ils nous faisaient ça… pour qu’on se fasse des amis d’une autre nationalité et qu’on parle dans notre deuxième langue en fait (Amandine)

2.2.3 Représentation de langue en lien étroit avec la culture (esprit multilingue) Il s’agit des perceptions qui construisent une représentation de la langue chez les euroélèves qui est en lien étroit avec la culture. En effet, l’éducation linguistique reçue par les euroélèves leur permet de concevoir la langue comme porteur d’une culture et non pas uniquement un moyen de communication. En effet, pour ces euroélèves, chaque langue représente une manière différente de réfléchir et de percevoir le monde.

Le développement d’un esprit multilingue grâce notamment au cours « heures européennes » peut être mise en évidence au travers des paroles de Louis comme suit :

(Ce cours) a aidé…à penser en anglais plutôt qu’en français et traduire…on devient…bilingue. On pense tout de suite en anglais, enfin, on est bilingue quand on pense en anglais, plutôt que si on pense en français et qu’on traduire en anglais… (Louis)

2.2.4 Représentation de l’Europe comme un espace géographique commun

Dans le contexte de ce cours, on peut également constater des perceptions qui engendrent chez les euroélèves une image de l’Europe comme un lieu de vivre commun divers et multiculturel, comme l’observe certains euroélèves dans les paroles suivantes :

C’était un mélange de toutes les nationalités…On avait aussi la langue 2 en anglais, enfin…pour moi, j’étais aussi mélangée dans les classes donc ce n’était pas très différent… (Amandine)

C’était des élèves de toutes les nationalités et c’est un peu comme en langue 2, c’est un mélange de nationalités…ça rapproche vraiment les élèves, et en plus dans leur langue 2, on parle en plus dans la deuxième langue … mais faisait des choses plus nouvelles donc on prend encore plus goût à parler tout le temps. (Hélène)

Novembre 2013 Page 109/312 On a été mélangé et faisait des activités artistiques. (Sylvie)

Le but qu’on soit plus mélangé, qu’on soit plus de contact entre nous. (Véronique) Là aussi de toutes les sections européennes. Des fois, on était sur le canapé, aussi on se racontait des choses comme ça. C’est vraiment une heure de relaxation, entre guillemet, mais où l’on parle allemand. (Cécile)

2.2.5 Représentation culturelle de l’Europe en lien avec la créativité

On constate également des perceptions qui engendrent chez les euroélèves un regard positif à l’égard de l’Europe comme un espace de créativité. Par exemple, pour Cécile, le cours « heure européenne », c’était une heure de relaxation et de créativité :

Je me rappelle aussi d’un projet qu’on avait fait, c’était une pièce de théâtre en allemand, tous ensemble….Et donc on avait travaillé avec les autres nationalités… (Sabine)

De plus, ces euroélèves ont intégré des expériences culturelles de ce cours comme le lien entre la créativité et l’Europe. Par conséquent, nous pouvons constater que la dimension « savoir-faire » dans la politique des Ecoles européennes n’est pas simplement liée à la confrontation entre deux ou trois cultures et langues, mais plutôt une intégration culturelle entre l’euroélève et l’Europe. Cette idée est notamment exprimée par Hélène comme suit:

Je me rappelle…J’aimais vraiment beaucoup ce cours parce que c’était un peu le cours… de (…) paix enfin c’était un cours qui dégageait cette envie de créativité, on faisait toujours des choses…ou de bricolage mais qui était en fonction de l’Europe et en fonction de la nationalité. (Hélène)

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