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Analyse des représentations socioculturelles

2 Représentations socioculturelles des euroélèves

3.2 Favoriser l’appropriation de l’histoire commune des citoyens européens

3.2.2 Enseignants comme modèles, passeurs et médiateurs culturels

Selon la politique des Ecoles européennes, les enseignants sont également considérés comme des « modèles culturels » au sens de la pédagogie culturelle. Les euroélèves les connaissent avant tout comme quel qu’un lié a une certaine culture dont l’objectif est de leur transmettre des valeurs humaines. Plus spécifiquement, les professeurs jouent auprès les euroélèves les trois rôles identifiés par le pédagogie culturelle, c’est-à-dire celui du modèle culturel, du passeur culturel et du médiateur culturel.47 Par exemple, lors du voyage de Berlin, les euroélèves interviewés constatent que leurs professeurs agissaient comme modèle culturel, comme passeur culturel et également comme médiateur culturel.

Un prof à moi qui nous a amenés, c’était M. XXX, mon prof d’histoire, qui est de nationalité allemande, qui est allemand. (Hélène)

Ah ça se voyait qu’ils étaient allemands. De leur manière de penser, leurs actes, leurs habitudes, leurs <+ XXXX ce qu’ils mangeaient le soir, le matin…. L’heure du coucher, euh… Les conversations qu’ils avaient entre eux aussi, entre profs, dans le bus par exemple. L’humour, tout change en fait. Mais bon, c’est pas plus mal, enfin je veux dire, chacun à sa culture. Oui, c’est différent en fait. (Inès)

Ils étaient là, c'était un peu les guides quoi, on n'avait pas vraiment de guides pendant les excursions donc c'était eux qui étaient là, qui nous expliquait les choses, ben...Ils sont allemands, donc en général, enfin en allemand les profs d'histoire, je trouve que

47

Novembre 2013 Page 137/312 l'histoire de l'Allemagne, c'est pas trop un problème, et puis ils nous ont expliqué, etc. (Nicolas)

C’est quand même différent si un allemand raconte l’histoire de son pays quand même (Cécile)

Pour les euroélèves cela paraîtrait même « ridicule » si ce rôle avait été confié à un professeur par exemple français.

Que les profs français auraient été un peu ridicules s’ils commencent à faire les professionnels dans quelque chose qui…<+ (Inès)

Les professeurs jouent également le rôle du passeur culturel parce qu’ils sont des locuteurs natifs de la langue qu’ils enseignent. Ils maîtrisent la langue et la culture de l’endroit où ils choisissent de faire visiter les euroélèves. Dans cet exemple, en lien avec de leur programme sur la Seconde Guerre mondiale, les professeurs avaient choisi Berlin. Enfin, les professeurs sont considérés comme des médiateurs culturels. Ils établissent un « pont » entre la culture collective et la culture individuelle. Comme l’affirme par exemple Inès :

Oui c’est différent <+ XXX de quoi ils parlent en fait. Ils savaient exactement (toussotements) où et quoi, qu’est ce qu’il s’est passé. Ils font… c’est des témoins directs on va dire. (Inès)

Il faut savoir que le rôle des professeurs dans cette politique éducative est d’autant plus exigeant que ce programme est dans le cadre de Langue 2 des euroélèves, pour qui cet apprentissage est lié à l’acquisition de compétences langagières et culturelles relevant d’un autre pays que le leur. Aussi, les professeurs doivent motiver les euroélèves pour qu’ils s’approprient les valeurs, les croyances d’une autre culture et de pouvoir les intérioriser et construit une culture individuelle interculturelle.

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3.2.3 Bénéfices perçus par les euroélèves

Cette méthode d’apprentissage aide l’euroélève à s’éloigner d’un esprit imaginaire et à se confronter plus à la réalité. Comme l’exprime Nicolas, alors que les euroélèves sont encore assez jeunes, la meilleure manière d’apprendre est de voir de leurs propres yeux. La réalité, prend un sens plus profond, lorsqu’elle est vécue :

Je pense qu'à notre âge, on avait quoi 14 – 15 ans, il nous été difficile de s'imaginer un peu cette réalité qu'a vécu Berlin. Je pense que c'était la meilleure manière que de le voir de nos propres yeux, quand on est allé voir le camp, ou quand on est allés voir le mur. Le Mur, c'est quand ils XXXX Berlin, c'est vraiment dur de s'imaginer qu'est-ce que peut faire un Mur en plein milieu d'une ville. Enfin, c'est pareil, on devait, on va, enfin c'est une manière de voir ou non, à quoi … que représente ce Mur, que représente ces camps... C'est vraiment... se confronter à la réalité en fait, même si c'est passé. Voilà, c'est vraiment bien de se confronter à la réalité. (Nicolas)

Ben c’était pour nous faire visiter un peu Londres et puis, ils devaient parler anglais pour nous habituer, je pense. C’était... Là, franchement, c’était pas mal…

…qu'il nous ont montré un peu la culture en Angleterre (Catherine)

Les souvenirs semblent avoir ainsi été tracés à jamais. En effet, nos entretiens ont été réalisés plusieurs années après les faits. Mais, tous les euroélèves se rappellent encore de l’essentiel de ce qu’ils avaient vécu, comme par exemple le Mur de Berlin et les camps de concentration.

De plus, ce qui distingue cette approche culturelle, c’est que l’apprentissage de l’histoire fait partie de l’apprentissage culturel. Les élèves apprennent l’histoire en s’approchant de la culture du pays et d’une certaine manière son histoire. Ce genre de cours se distingue également des cours théoriques où l’élève est censé apprendre par cœur :

Ben, c’était un peu pareil, comme euh... Comme l’autre question. C'est plus maintenant que je ressens, que mes... Oui, finalement, je me dis que c’était les choses qu’on a

Novembre 2013 Page 139/312 vues visuellement qui m’ont marqué le plus, parce que là, on comprend et on ressent plus les choses que les histoires qu’on a écrit après sur les papiers. (Cécile)

Hélène évoque un apprentissage « de l’intérieur ». Elle le différencie de l’apprentissage « de l’extérieur ». Selon elle cet apprentissage, à travers les voyages culturels, est un apprentissage qui amène l’euroélève « à l’intérieur » du problème posé. Ce dernier s’intériorise les événements historiques, comme s’il les a réellement vécus.

Ça nous enfin comment dire un point de vue intérieur, c’était vraiment quelque chose qui […]nous plonge dans l’histoire et qui nous permet de mieux comprendre aussi. Bon évidemment avec la langue c’est moins facile qu’en français mais ça donne ce côté historique et ça permet de soi- même […] s’imaginer la chose. (Hélène)

Enfin, cette approche culturelle exerce une influence positive sur l’apprentissage de la langue. En effet, ces voyages permettent aux euroélèves de voir leur Langue 2, le cours d’histoire et la géographie comme un tout. Ainsi, l’apprentissage des langues n’a pas le même sens que dans les écoles classiques où l’enseignement des langues est souvent beaucoup plus théorique et dissocié de la culture. Par exemple, Hélène affirme :

Oui tout à fait, parce que il y a des mots qui reviennent souvent par exemple en histoire … comme … je sais pas … la population enfin y’a beaucoup de mots qui reviennent beaucoup dans certaines matières et tout ça ça permet de … de c’est comme une pyramide en fait c’est … c’est une matière une matière et une autre matière et on sent que c’est toute une langue, toute une connaissance, toute une culture. Et donc … à force de faire l’histoire, la géographie et l’allemand on … c’est comme si on … on crée une partie de nous-mêmes et on ne pense plus qu’en allemand et çà c’est vraiment très bien parce que … ça nous permet non pas de chaque fois traduire mais de penser directement en allemand. Et ça c’est quelque chose de très bénéfique. (Hélène)

Oui, je pense en fait que plus on est habitué à se confronter à la langue, c'est plus facilement...Surtout pour le parler. (Louis)

Novembre 2013 Page 140/312 Ben je pense ça m’a bien aidé quand même à apprendre un peu l’accent vu qu’on est resté XXX peut-être un peu moins d’une semaine peut être. (Amandine)

Et…Ouais. Franchement je pense que je suis revenue avec un peu un meilleur accent. Déjà, j’ai changé et puis, ouais franchement ça aide. (Amandine)

Ben en fait, le fait d'y être allé, m'a donné une image des anglais, peut-être une autre façon d'apprendre l'anglais. (Véronique)

Oui, ça a fait aussi beaucoup de choses parce qu'on était en... Beaucoup en contact XXX avec nos correspondants mais aussi les gens de l'extérieur, c'est à dire les gens de Londres et tout ça, quand on passait … Même dans le musée ou à Stonehenge, euh... Ils parlent anglais ou des choses, vraiment... C'est ce qu'on appelait... il y avait des appareils avec <cassette> pour mettre dans les oreilles, pour un peu connaître l'histoire de Stonehenge. Donc, XXX français mais à côté il y a toujours des gens qui parlaient anglais. (Gérard)

3.2.4 Impact sur les représentations culturelles des euroélèves

L’approche éducative des Écoles européennes semble apporter aux euroélèves le goût et l’envie de s’approprier la culture de l’Autre. Comme l’affirme par exemple Hélène, les euroélèves s’investissent davantage sur la matière :

Il nous a donné goût en fait à la matière en nous montrant plus précisément, enfin … par exemple pour Berlin, la Seconde Guerre mondiale et tout et donc comme çà nous a beaucoup plu. On s’investit beaucoup plus dans son cours pour savoir encore plus chercher les détails donc … donc …(Hélène)

En effet, les professeurs sont conscients qu’avec cette approche éducative, les euroélèves s’approprient les autres cultures. En l’occurrence, le professeur responsable du voyage de Berlin nous a expliqué clairement que l’objectif de ce voyage était de faire ressentir aux élèves que l’allemand n’était pas simplement une langue, mais aussi porteur d’une culture,

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d’une Histoire. Elle reprécise le but de ce voyage comme « ouvrir les fenêtres sur la culture germanophone ».