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Représentation perspective

III. Exploration interactive

6. Trouver l’information

6.2 Exemples de vues globales

6.2.1 Représentation perspective

Dans le cas de notre espace hypermédia littéraire, nous proposons une représentation matricielle de type « focus/contexte » inspirée du modèle du mur perspectif [Mackinlay91] (section 5.4.1). Ce modèle simule un effet de perspective pour mettre en évidence les objets qui sont au premier plan en réduisant d’autant plus la taille des autres objets qu’ils sont éloignés de ce premier plan. L’objectif recherché est d’attribuer davantage de place aux objets sur lesquels on est actuellement en train de travailler (le « focus ») tout en donnant une idée du « contexte » environnant.

La vue structurelle proposée tire parti de la structure quasi matricielle sous-jacente aux œ uvres littéraires numérisées. Matériellement, celles-ci sont en effet initialement composées d’une succession de pages qui peuvent éventuellement comporter

plusieurs variantes ou plusieurs versions. D’autres documents (notes, commentaires, documents externes, etc.) peuvent bien sur être ensuite superposés à cette structure de base. Ce canevas élémentaire offre cependant l’avantage de permettre de structurer l’hyperespace documentaire de manière relativement intuitive car fondée sur la réalité matérielle des sources. Notre vue structurelle repose donc sur une double représentation perspective où les icônes représentent les documents sources (les fac-similés numériques de manuscrits d’œ uvres littéraires) qui sont disposés horizontalement selon l’ordre des pages et verticalement selon l’ordre des versions ou des variantes de ces pages (Figure 6.1). Par correspondance, les icônes référencent également les fichiers XML d’annotation et de transcription qui sont associés aux fac-similés numériques (section 2.3).

Figure 6.1 : Vue structurelle perspective (version 2D et 3D), représentation matricielle des pages et des versions.

La surface de visualisation se compose de quatre panneaux en perspective qui entourent une partie centrale (ce qui la rend symétrique par rotation de 90°). La partie centrale est utilisée comme zone de focus alors que les quatre autres panneaux, affichés en perspective, forment son contexte. Il est également possible de faire varier le niveau de détail de la partie centrale, le zoom sur les icônes s’ajustant alors automatiquement, comme montré à la Figure 6.2.

L’exploration de l’espace documentaire s’effectue en faisant « glisser » horizontalement ou verticalement la surface de représentation de manière à approcher ou à éloigner les icônes de la zone de focus située au centre. Cette interaction se fait simplement en cliquant sur des boutons de type « points cardinaux » qui font glisser la surface de représentation dans la direction correspondante.

Enfin, cette vue structurelle est synchronisée avec le système d’annotation et de transcription présenté à la section 2.3 afin de permettre à l’utilisateur de passer de l’exploration (niveau global) à la consultation (niveau local), et vice versa, en contexte et de manière progressive. Le fac-similé numérique (d’un manuscrit) et le document XML associé sont automatiquement chargés et affichés dans la fenêtre principale du système (Figure 2.6) lors de la sélection de l’icône correspondante dans la vue structurelle. Tout changement dans l’une des deux vues entraîne la mise à jour adéquate de l’autre représentation de manière que cette correspondance reste toujours vérifiée. Cette double représentation présente certaines propriétés intéressantes. D’abord elle permet d’afficher simultanément le focus/contenu et le contexte local et global des documents sources qui compose l’hypermédia. Elle offre donc une vue d’ensemble basée sur une structuration assez simple, qui permet non seulement de donner une idée rapide de la répartition des composants élémentaires de l’hypermédia mais aussi d’accéder directement et rapidement à leur contenu en cliquant sur les icônes correspondantes. Ce type d’accès facilite le « butinage » dans la mesure où il évite d’avoir à passer par des menus ou des listes interminables d’items aux noms généralement cryptiques (on pourra d’ailleurs noter à ce propos que la vue structurelle proposée est en fait une sorte de liste, mais respectant une structure bidirectionnelle et offrant une représentation déformée visant à mettre en évidence la zone d’intérêt).

Figure 6.2 : Modularité du niveau de détail.

Dans la version 3D de l’outil (Figure 6.2 et Figure 6.3), développée avec la librairie OpenGL, le modèle original du mur a été étendu pour représenter les hyperliens qui interconnectent les sources de l’hypermédia. Afin d’éviter de surcharger l’affichage

et de le rendre ainsi inopérant, seuls sont représentés les liens partant d’une icône préalablement sélectionnée et allant vers d’autres composants.

Comme illustré à la Figure 6.3, les liens sont affichés sur la face arrière de notre vue structurelle. Il est possible de faire bouger le représentation dans l’espace pour faire apparaître diverses parties de la face avant ou arrière avec le niveau de détail souhaité. Ce déplacement spatial s’effectue au moyen d’un potentiomètre qui permet de changer interactivement la position du point de vue, et ce de manière progressive afin de ne pas perturber la perception de la représentation. Ce type d’interaction, qui est assez classique pour un utilisateur averti de systèmes de représentation tridimensionnels, peut cependant sembler moins intuitif pour d’autres types de publics. Nous envisageons donc d’adopter une autre représentation des hyperliens qui faciliterait leur manipulation en évitant des interactions 3D.

Les liens sont représentés par une droite qui part à la perpendiculaire du document source et qui se subdivise ensuite pour relier les destinations des différents liens. Cette disposition fournit une solution à l’enchevêtrement visuel des liens. Un lien supplémentaire, affiché en pointillé, indique le dernier emplacement de l’utilisateur, lui permettant de connaître la direction d’où il vient. Ce repère visuel fournit une sorte d’historique de navigation.

Figure 6.3 : Les hyperliens sont affichés sur la face arrière.

Le même principe pourrait être appliqué à la visualisation d’autres espaces de données, comme par exemple dans le cas d’une bibliothèque numérique où l’organisation des documents peut être représentée par des structures matricielles du type auteurs/années, auteurs/thèmes, etc. Dans le cas du Web, le mur pourrait servir à visualiser des bookmarks de pages HTML, chaque ligne regroupant les pages associées à un thème particulier.