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II. Manipulation et représentation des documents

1. Systèmes hypermédias

1.3 Modèles

1.3.1 Architecture générale des systèmes hypertextes

Face à l’évolution des systèmes hypertextes, un groupe de concepteurs s’est réuni au Dexter Inn dans le New Hampshire (Etats unis) en 1988 pour trouver un consensus dans la terminologie et la sémantique des concepts. Cette réunion a donné lieu au modèle Dexter (étendu par la suite pour donner le modèle Amsterdam) qui spécifie formellement les parties essentielles de l’architecture d’un système hypertexte et fournit une terminologie générale pour comparer les différents systèmes développés.

Le modèle Dexter

Le modèle de référence Dexter [Halasz90, Halasz94] identifie trois couches pour décrire un système hypertexte (Figure 1.16).

La couche de stockage (storage layer) représente le noyau du système. Elle modélise le réseau hypertexte et fournit les fonctionnalités nécessaires à sa gestion (i.e. les mécanismes par lesquels les composants sont assemblés au moyen de liens relationnels). Dans cette couche, les composants sont traités comme des conteneurs génériques de données, sans prendre en compte le type ou la structure de ces données. La couche de contenu (within-component layer), au contraire, concerne spécifiquement la gestion du contenu (des morceaux de textes, de graphiques, d’images, etc.) et de la structure des composants. Ces deux premières couches considèrent l’hypertexte essentiellement comme une structure passive de données. Les systèmes hypertextes contiennent cependant un ensemble d’outils qui permettent aux utilisateurs d’accéder, de visualiser et de manipuler le réseau hypertexte (nœ uds et liens). C’est la couche d’exécution (run-time layer) qui est en charge de cette partie.

L’indépendance entre ces couches est un point essentiel du modèle Dexter. Pour préserver cette indépendance, la communication inter-couches s’effectue au moyen de deux interfaces. La première, l’interface stockage-contenu est un mécanisme qui permet l’adressage des ancres des liens (boutons, régions, etc.) dans le contenu informatif à partir de la couche de stockage. La deuxième, l’interface stockage- exécution est un mécanisme qui permet de spécifier dans la couche de stockage les éléments de présentation inhérents aux nœ uds et aux liens (i.e. indépendants de l’outil de présentation). Ainsi, la présentation d’un composant peut être déterminée par une fonctionnalité spécifique à un outil de présentation (définie dans la couche d’exécution), mais également par une propriété du composant lui-même et/ou du lien qui permet d’accéder à ce composant.

Figure 1.16 : Le modèle Dexter.

Le Modèle Amsterdam

Le AHM (Amsterdam Hypermedia Model) est une extension du modèle Dexter [Hardman94]. Il enrichit le modèle Dexter des notions de temps, de lien à l’intérieur d’un nœ ud pour simplifier l’accès à l’information, d’attributs de présentation de haut niveau et de contexte de lien. Ces caractéristiques permettent de décrire les éléments de base et les actions communes à une vaste gamme de systèmes hypermédias. Ce modèle différencie deux types de nœ uds. Les nœ uds simples qui référencent l’information (les blocs de données). Les nœ uds composés qui contiennent

uniquement des informations sur des ensembles de nœ uds simples ou composés. Ces nœ uds servent à mieux structurer la présentation de l’hyperdocument.

Architecture ouverte et fermée

Actuellement, deux types d’architectures sont communément proposées pour un système hypertexte.

Une architecture dite fermée qui implémente l’ensemble des couches décrites (stockage, contenu, présentation). Dans un système fermé, l’auteur ne peut pas accéder à la couche de stockage et ne dispose que d’un ensemble fixe d’éditeurs faisant partie du système.

Une architecture dite ouverte qui préserve l’indépendance entre la couche de stockage et la couche de contenu informatif au moyen d’une interface fonctionnelle. Cette interface permet entre autres l’intégration d’applications externes pour la gestion du contenu des nœ uds. Les avantages d’une telle séparation sont nombreux [Kacmar91, Davis92, Davis94, Hill94]. Les utilisateurs peuvent gérer le contenu des documents au moyen de leurs logiciels préférés (éditeurs de texte, tableurs, etc.) ne sont pas restreints aux seuls outils proposés par le système hypertexte. L’implémentation et la maintenance ne nécessite plus d’éditeurs adaptés aux différents types d’applications, et s’en trouvent simplifiées. Enfin, ce type d’approche offre la possibilité d’intégrer des données et des applications de façon uniforme et transparente pour les utilisateurs qui peuvent ensuite échanger, modifier, retrouver et annoter des informations partagées. Des systèmes comme Intermedia [Yankelovich88], Link Service [Pearl89] ou MultiCard [Rizk92] reposent sur ce type d’architecture ouverte.

1.3.2 Discussion

Si l’on cherche à caractériser ce qu’ont en commun des systèmes hypertextes aussi différents que Xanadu [Nelson65], KMS [Akscyn88], WWW [Berners-Lee94], etc., on constate qu’il est pratiquement impossible de les comparer, tant sur le plan fonctionnel, que sur celui de leur architecture interne effective. Seule l’intention et l’esprit avec lesquels ils approchent l’interaction homme-machine leur sont communs.

Bien que les systèmes hypertextes soient employés dans un nombre toujours croissant d’activités, ces derniers restent difficilement classables. Des taxonomies ont toutefois été proposées afin de mettre en évidence les différents types d’applications rencontrées.

Par exemple, Legget, Shnase et Kacmar proposent une classification des systèmes hypertextes en cinq catégories [Leggett90].

? les hypertextes littéraires se caractérisent par des possibilités d’annotation et la prédominance des liens sur la structuration interne des nœ uds. Ils sont surtout utilisés dans le domaine de l’édition et de l’éducation. Xanadu [Nelson65] et Intermédia [Yankelovich88] en sont des exemples.

? les hypertextes structurels attribuent aux nœ uds d’information plus d’importance qu’aux liens et offrent des possibilités d’annotation plutôt réduites. Ils servent généralement de systèmes de gestion d’information et d’aide à l’argumentation. KMS [Akscyn88] et NoteCards [Halasz88] peuvent être classés dans cette catégorie.

? les hypertextes de présentation ont les mêmes caractéristiques que les hypertextes structurels. Ils se caractérisent par la séparation des outils d’édition et des outils de consultation. Ils sont principalement utilisés pour les manuels de référence et la documentation technique. C’est le cas du système Hyperties [Shneiderman87].

? les hypertextes de travail coopératif dans lesquels les liens et les nœ uds ont la même importance. Ils sont par exemple utilisés en ingénierie du logiciel, et permettent la gestion d’informations à l’intérieur d’une organisation.

? les hypertextes d’exploration présentent une interface utilisateur centrée sur des métaphores spatiales. A l’écran, les unités d’informations sont représentées par des entités concrètes (icônes, labels, images réduites, etc.) que les utilisateurs peuvent manipuler et soumettre à divers traitements. KMS [Akscyn88] et Intermédia [Yankelovich88] proposent ce type de service.

Ce type de classification reste toutefois arbitraire. Peu de systèmes hypertextes sont limités à une catégorie particulière d’applications. Conklin propose une alternative à cette classification par type d’application en réduisant à quatre le nombre de catégories [Conklin87]. Il identifie les hypertextes macro-littéraires, d’exploration de problèmes, de consultation libre et d’usage général. Halasz [Halasz88] quant-à-lui propose une classification basée sur trois critères, qui recoupent en partie les précédents : le nombre d’utilisateurs et la quantité d’information gérée, l’orientation vers la consultation ou la création, le domaine d’applications (spécifique ou général).

Tendance et besoin

Le développement du Web et l’introduction du langage HTML sont des facteurs qui ont joué un rôle considérable dans l’évolution des systèmes hypermédias. Ils ont amorcé une tendance qui consiste à représenter les hyperdocuments au moyen de formats de codage textuels, structurés et standardisés. Cette tendance favorise

grandement la mise en place d’architectures hypertextes ouvertes en libérant la représentation des données de contraintes logicielles.

Toutefois, les capacités de description et de liaison hypertexte proposées par le langage HMTL s’avèrent très réduites. Pour faire face à cet état de fait, le W3C (World Wide Web Consortium) a développé un nouvel ensemble de spécifications regroupées autour d’un méta-langage de balisage nommé XML (Extensible Markup

Language) [W3C-XML01] (section 2.2.2).

En observant les divers systèmes hypermédias existants, il peut également être constaté qu’ils proposent généralement peu de mécanismes intuitifs pour faciliter la manipulation et l’exploration des données présentées (l’annotation, la structuration, le rangement, la mise en évidence de documents intéressants, etc.). Un axe de recherche possible face à ce manque « d’outillage » consiste à mettre en œ uvre des techniques d’interaction et de visualisation pour simuler les habitudes documentaires des utilisateurs. Cet axe de recherche repose sur la métaphore de la bibliothèque (liée aux aspect de visualisation et d’organisation) et sur la métaphore du document papier (liée aux aspects de lecture, d’analyse, etc.).

2. Augmentation interactive de documents