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Métaphore de la navigation spatiale

III. Exploration interactive

4. Techniques d’aide à l’exploration

4.5 Métaphore de la navigation spatiale

Une stratégie souvent utilisée dans les systèmes hypermédias consiste à proposer à l’utilisateur une carte (ou un diagramme) du réseau d’hyperliens pour faciliter le repérage et la localisation en visualisant la structure de l’hyperdocument. Des systèmes tels que Intermédia (section 1.2.2.10) [Yankelovich88] ou NoteCards (section 1.2.2.12) [Halasz88], proposent des navigateurs graphiques qui, tels des cartes routières, permettent de se situer dans un hyperespace documentaire. Ce type de navigateur peut être global ou local selon qu’il représente l’ensemble des nœ uds et des liens du réseau hypermédia, ou uniquement les liens rattachés à un nœ ud particulier ou à un ensemble de tels nœ uds [Conklin87, Halasz88].

De nombreux auteurs s’accordent à dire, que les diagrammes d’ensemble sont des instruments indispensables pour assurer une bonne navigation dans un hyperdocument. Cependant, l’implémentation et l’utilisation de ces diagrammes posent un certain nombre de problèmes [Fairchild88, Utting89]. L’affichage d’un nombre important de nœ uds et de liens enchevêtrés est généralement difficile à comprendre et à interpréter. Une étude de Foss [Foss89] a montré que la conception de diagrammes demande plus que le simple affichage des nœ uds et des liens à l’écran. Les utilisateurs ont besoin d’outils appropriés pour explorer ces diagrammes et pouvoir accéder à un élément particulier. Conklin [Conklin87] note la difficulté à utiliser des cartes de manière productive pour de grands systèmes, alors que Akscyn

[Akscyn88] considère que la conception d’un diagramme non adapté ne fournit pas une aide efficace à la navigation, en particulier pour des hypermédias complexes. La plupart des systèmes hypertextes, qui permettent de réaliser cartes ou diagrammes, utilisent leurs propres moyens et peu de règles peuvent être tirées de ces réalisations. Les diagrammes sont souvent construits de manière manuelle [Nielsen90a] et « en dur » au moment de la conception. Cette solution n’est cependant pas adaptée, dès lors que la structure des hyperdocuments devient dynamique, ou que le nombre de nœ uds devient élevé.

Dans les cas d’hyperdocuments hiérarchiques, les techniques bien connues sur la manipulation et la visualisation des structures arborescentes permettent la construction automatique des diagrammes. Mais la représentation de réseaux hypertextes ayant une structure plus complexe reste un problème ouvert. Certains systèmes, tels que Intermedia [Yankelovich88], proposent des mécanismes automatiques pour la construction de tels diagrammes. Cependant, les graphes hypertextuels sont généralement des graphes non coplanaires, complexes, pour lesquels il n’existe pas de technique de placement donnant un affichage à la fois esthétique, intelligible et utilisant efficacement l’espace de l’écran [Bernstein88]. C’est pourquoi les techniques de transformation structurelle présentées à la section 4.4.2 peuvent faciliter l’exploration en permettant la construction de représentations plus simples à afficher et à interpréter.

Plus généralement, comme il n’est pas possible de représenter tous les nœ uds d’un hyperdocument dans un même diagramme, il s’avère nécessaire de faire des choix quant aux nœ uds à représenter. Une possibilité consiste à prendre en compte le contenu des nœ uds, afin d’extraire de la structure réelle du réseau, un diagramme suffisamment abstrait pour que le nombre de nœ uds et de liens à afficher s’en trouve réduit. En fait, les diagrammes qui calquent directement la structure du réseau sont très vite limités par leur faible niveau d’abstraction. Une autre possibilité, dans le cas d’hypermédias typés (section 4.4.1), consiste à prendre en compte le type des nœ uds ou des liens pour définir la représentation adéquate à la réalisation d’une tâche particulière.

4.6 Conclusion

La taxonomie proposée n’est pas la seule possible. Une alternative consiste à prendre en compte l’aspect statique ou dynamique des techniques présentées.

Par exemple, les outils dérivés du livre traditionnels (tables des matières, glossaires, etc.) et les points de repères sont statiques. Ils sont le plus souvent définis lors de la phase de conception. Au contraire, le retour arrière, les historiques de navigation, les bookmarks, le marquage des documents sont dynamiques. Ils évoluent au fur et à

mesure de l’exploration. Certaines de ces techniques peuvent être statiques ou dynamiques. C’est par exemple le cas pour la construction d’un diagramme.

Pour conclure, le Tableau 4.1 met en relation les techniques d’aide présentées avec les quatre activités (voir introduction) par lesquelles nous identifions l’exploration hyper-documentaire. Les cercles indiquent que la technique peut être utilisée pour faciliter la réalisation de la tâche au moyen d’un artefact particulier de conception ou d’implémentation.

Les outils dérivés du livre traditionnel sont utilisés pour trouver l’information et

comprendre les différents concepts mis en jeu.

Les points de repères permettent de trouver et de retrouver (lors d’explorations ultérieures) des éléments jugés importants par les auteurs. Dans le cas ou ces points de repères sont regroupés en catégories, ils fournissent également des informations facilitant la compréhension des données présentes dans l’hypermédia

Les visites guidées sont utilisées pour la découverte de l’hypermédia. Elles permettent principalement de comprendre la nature des données présentées. Elles peuvent également servir à trouver et à retrouver certains nœ uds d’information. Si les utilisateurs ont la possibilité de définir leurs propres visites guidées, ils disposent alors d’un moyen de créer une organisation personnalisée des données, ce qui peut les aider à retrouver plus facilement certains éléments.

Le retour arrière ne constitue pas réellement une aide à l’exploration. Il est toutefois fort utile, dans les systèmes faiblement outillés, pour retrouver les documents consultés dans la session de navigation courante. Les historiques de navigation « efficaces » semblent fournir une meilleure solution pour comprendre les chemins suivis et retrouver les documents.

Le marquage des documents facilite la compréhension des données consultées. Les lecteurs ajoutent leurs propres marques (notes, dessins, etc.), créant ainsi un système de repérage qui sera mis à profit lors de consultations ultérieures. Comme montré au chapitre 2, le codage de ces marques dans un format normalisé facilite la réalisation de traitements automatiques comme l’indexation et la recherche par le contenu, aidant en cela à trouver et à retrouver les informations. L’utilisation de techniques hypertextes lors du marquage peut également aider à organiser l’information en la structurant au moyen d’hyperliens (qui se superposent aux documents d’origines). La définition de bookmarks permet d’organiser un ensemble de documents afin d’aider à les retrouver. L’organisation sémantique définie par l’utilisateur, en regroupant par exemple les bookmarks par catégories, peut également l’aider à

Trouver Comprendre Organiser Retrouver Outils du livre

x

x

Points de repères

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O

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Visites guidées

x

x

O

x

Retour arrière

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Historiques

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Marquage

O

x

O

O

Bookmarks

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x

x

Typages

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x

Transformations structurelles

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x

Diagrammes

x

x

x

Tableau 4.1 : Aides aux différentes activités liées à l’exploration hyper-documentaire.

Le typage des nœuds et des liens augmente la structuration des informations et introduit une sémantique qui facilite la compréhension de l’hypermédia. Cette sémantique améliore les possibilités d’interrogation et, en cela, aide à trouver l’information.

Les transformations structurent les données de l’hypermédia pour permettre aux utilisateurs de les trouver et de les comprendre plus simplement.

Les diagrammes permettent de comprendre l’organisation des données au moyen, par exemple, de vues d’ensembles ou détaillées. La visualisation d’un diagramme peut aider à trouver les documents ou à les retrouver, les utilisateurs pouvant se remémorer la localisation spatiale des divers éléments affichés.