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3.d Le renouvellement urbain, un «outil de domination sociale» de

«ceux d’en haut»

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Nous venons de voir que la mixité sociale est perçue comme un enjeu majeur dans les opérations de renouvellement urbain dans les territoires qui rencontrent des difficultés. Il est évident que ce thème est un thème unificateur autant dans le renouvellement urbain que dans la société française. Cependant, l’unification des points de vue, la mobilisation d’énergies opérationnelles et de financements caractérisant, par nature, les fonctions des discours politiques et institutionnels, d’autres résultats se font découvrir dans l’usage et l’expérience du renouvellement urbain entrainant une remise en question d’évidences qui semblent trop simples. Il porte son attention aux plus précaires des habitants, aux situations d’injustices et discriminatoires, aux situations qui règnent dans ces quartiers sensibles et confère donc à une élite « le pouvoir de fabriquer la ville et d’en user de façon privilégiée» , un pouvoir apparaissant plutôt comme un «outil de domination sociale» 95 plutôt que « vecteur de réconciliation démocratique » traduisant aussi l’adaptation de «ceux d’en haut» à des remises en question d’un modèle urbain de plus en plus répandu. Au lieu de réunir, le renouvellement urbain semble tendre à l’isolement de populations déshéritées. Il est objet contradictoire entre les discours des acteurs et les véritables pratiques du territoire pendant et après la requalification urbaine. Bien que son objectif est la pacification des rapports sociaux( du moins en apparence) à travers la requalification du bâti et des espaces publics, il n’en reste pas moins qu’en pratique les échecs sont perceptibles. En effet le renouvellement urbain isole les populations les plus modestes dans un espace, celui de la cité et dans un espace social, celui des ayant droit, des bénéficiaires ou encore des allocataires etc les isolant alors des populations plus aisés leur donnant alors

Thierry Paquot, «Banlieues, cités dans la cité», Revue Projet, 1er Juillet 2007, en ligne, http://www.revue-projet.com/

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articles/2007-4-politiques-de-la-ville/

Nathalie Gaudant, «La mixité sociale: objectif ou résultat des projets de rénovation urbaine?», Métropolitiques, 7

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janvier 2013. URL:https://www.metropolitiques.eu/La-mixite-sociale-objectif-ou.html

«Le renouvellement en France métropolitaine : un objet pour la géographie sociale ?», Pierre Bergel, dans Territoires

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en action et dans l’action,sous la direction de Rodolphe Dodier, Raymonde Séchet, Alice Rouyer, Presse universitaire de Rennes, 2007, Rennes

«Le renouvellement en France métropolitaine : un objet pour la géographie sociale ? », p 194, Pierre Bergel, dans

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Territoires en action et dans l’action,sous la direction de Rodolphe Dodier, Raymonde Séchet, Alice Rouyer, Presse universitaire de Rennes, 2007, Rennes

«Le renouvellement en France métropolitaine : un objet pour la géographie sociale ?», Pierre Bergel, dans Territoires

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un statut de dominant. Le renouvellement urbain rendrait donc invisible quelques catégories de populations et les cantonnent afin de ne pas « ruiner les pratiques de séduction» des acteurs politiques et institutionnels. Il veut effacer la présence des classes 96 populaires et mettre en valeur et renouveau équilibré socialement, économiquement et politiquement. Un tel projet de renouvellement urbain se veut rassurant pour les potentiels investisseurs attirant un autre type de population que celle déjà en place, de catégories socio professionnelles et d’origines différents contribuant alors à masquer un héritage social devenu précaire et à exposer un nouveau type de population plus flatteur pour le nouveau projet urbain. Cette présence d’investisseurs amplifie l’importance de cette nouvelle population puisqu’elle est sensée tranquilliser ces « nouvelles élites » dans un environnement requalifié, redynamiser économiquement et revaloriser dans son urbanité et dans ses composantes. L’attention portée sur un quartier dans une une situation critique permet de faire dominer une population plus aisée sur laquelle les acteurs comptent pour inverser l’image du quartier. Or en portant un intérêt pour ces nouveaux supposés habitants, le fond du problème, à savoir la situation de la population déjà en place n’est pas réglé. L’image du quartier peut elle réellement changer dans ces conditions là ? La stigmatisation du quartier des Izards peut elle disparaitre en ignorant et cachant une population cernée de difficultés, est ce que l’arrivée d’une autre catégorie de populations n’empirerait elle pas les choses, ne faisant que fondre dans la masse les plus pauvres ? Porté par la parole séductrice des acteurs politiques et des architectes, le renouvellement urbain semble être en apparence salvateur dans un territoire défavorisé constitué d’handicaps sociaux important. Pourtant nous venons de voir que derrière ces discours le volet social a du mal a être traité en profondeur. L’image du quartier ne serait elle pas compromise sans une remise en question de projet de développement social que doit inclure le renouvellement urbain ? Les aménagements sur l’espace public, la construction de nouveaux logements, tant de nouvelles dispositions urbaines sont prises en espérant que cela va agir sur la population de manière positive alors qu’elles ne font que masquer et ignorer leur situation précaires au lieu de traiter le problème. Derrière une série d’aménagements proposés sur le territoire en question se dissimule de manière implicite une critique d’un mode de vie. Celui d’une population que nous jugeons peut être trop vite et trop facilement alors que nous en connaissons au final très peu. Derrière chaque option de dispositions urbaines se cache en réalité un reproche «d’aspirations jugées médiocres et d’usages qui s’opposent à une bonne lecture de l’espace. Le thème de la mixité sociale promu par les acteurs ne font que porter un éclairage sur la population du quartier et la situation critique dans laquelle elle se trouve, ayant pour conséquence d’exalter une autre population au statut et à la catégorie socio professionnelle plus élevés. D’autre part le renouvellement urbain est qualifié de transition. Il manifeste « le passage d’une société industrielle et d’Etat Providence à une société de concurrence et d’ouverture mondiale de l’économie ». Les quartiers sensibles, défavorisés composés très souvent d’une population 97 socialement homogène et d’origines ethniques diverses sont devenus les terrains de prédilection pour la pratique du renouvellement urbain. Ces lieux sont ceux «des perdants

«Le renouvellement en France métropolitaine : un objet pour la géographie sociale ? », p 197, Pierre Bergel, dans

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Territoires en action et dans l’action,sous la direction de Rodolphe Dodier, Raymonde Séchet, Alice Rouyer, Presse universitaire de Rennes, 2007, Rennes

«Le renouvellement en France métropolitaine : un objet pour la géographie sociale ? », p 202, Pierre Bergel, dans

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de la mondialisation », ceux des chômeurs des grands ensembles, des plus pauvres, des 98 allocataires mais aussi d’une population vieillissante. De cette manière l’image du quartier stigmatisé ne resterait elle pas la même après le passage du renouvellement urbain puisque les éléments cités plus hauts constituent une identité ancrée dans les mémoires?

C O N C L U S I O N

Rappel de la problématique : Les moyens engagés dans le projet de renouvellement