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La recomposition de l'image d'un quartier stigmatisé : les Izards, portrait d'un quartier en mutation, 2008-2025

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Submitted on 30 May 2018

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La recomposition de l’image d’un quartier stigmatisé :

les Izards, portrait d’un quartier en mutation, 2008-2025

Faniry Arisoa

To cite this version:

Faniry Arisoa. La recomposition de l’image d’un quartier stigmatisé : les Izards, portrait d’un quartier en mutation, 2008-2025. Architecture, aménagement de l’espace. 2016. �dumas-01803280�

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P R É S E N T A T I O N D U S U J E T 1 H Y P O T H È S E 2 E T A T D E L’ A R T 2 C H O I X D U T E R R A I N 6 P R O B L É M A T I Q U E E T M É T H O D E 8 M É T H O D E D E R E C H E R C H E 8 C O R P U S D’ A N A L Y S E 9

1/ L’image héritée du quartier des Izards

10

1.a - Les données historiques : élément fondateur de l’image actuelle 10

Un passé de maraichage 10

Un quartier sorti de terre grâce à l’immigration 11

1.b - Les acteurs politiques : consolidation d’une image dévalorisée 11

1.c - Le discours médiatique, amplificateur d’évènements douloureux 13

1.d - Le discours des architectes Obras: l’image du quartier via le diagnostic

14

«Un ensemble hétérogène et fragmenté» 14

Des voiries et des usages présentant des points noirs et un stationnement «difficile à

réguler» 15

1.e - Les Izards vus par les habitants

16

2/ La recomposition d’une image : quel avenir pour les Izards ? 17

2.a - L’instance politique : sur quelles valeurs misent les acteurs pour

changer l’image du quartier des Izards ?

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Des acteurs politiques et des rôles dans le projet de renouvellement urbain 18 Des valeurs portées par les politiques pour la recomposition de l’image du quartier 20

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2.b - La maitrise d’oeuvre Obras :quels principes pour quels messages? 23

2.d - Res Publica et les habitants : quel dialogue pour quels effets ? 29

Qui est Res Publica ? 29

Res Publica aux Izards 30

Concertation aux Izards : quelle gouvernance ? 34 Les effets de la concertation : vers une inversion d’image du quartier ? 35

3/Approche critique du renouvellement urbain pour une recomposition

de l’image du quartier des Izards

37

3.a - Le renouvellement urbain, une démarche bien perçue au premier

abord par les habitants

38

3.b - La fragilité du renouvellement urbain : superposition de la question

sociale et urbaine

40

3.c - Le renouvellement urbain, «le simplisme d’un processus

caricatural» : l’argument de la mixité sociale

42

3.d - Le renouvellement urbain, un «outil de domination sociale» de

«ceux d’en haut» 44

C O N C L U S I O N 46 B I B L I O G R A P H I E 50 A N N E X E S 53

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Titre

La recomposition de l’image d’un quartier stigmatisé : Les Izards, portrait d’un quartier en mutation (2008-2025)

P R É S E N T A T I O N D U S U J E T

« D'un côté de la rue, une petite place bitumée où des jeunes traînent leur ennui en survêtement et tournent avec leur scooter devant La Poste et l'arrêt de bus. De l'autre, un vaste terrain vague avec, à l'horizon, des immeubles neufs ou en construction. Sur le chemin des Izards, la station de métro des Trois-Cocus débouche dans un secteur en pleine mutation.

Elle porte le nom d'un ancien quartier de maraîchers. "Tres Cocuts ", disait-on en occitan au 1 temps où les coucous chantaient, comme la langue, dans ce bout de campagne qui s'étendait au nord de la ville» 2

Tel est le portrait du quartier des Izards dépeint par le journaliste Stéphane Thépot dans son article. Ces quelques lignes suffisent à en dire beaucoup sur l’état et le sort du quartier. Celui de personnes désoeuvrées, dans l’oisiveté sans perspectives d’avenir errant dans des espaces publics qui semblent inappropriés et mal aménagés. Face à cette triste réalité l’horizon présage un avenir meilleur au quartier avec des constructions engagées sur un territoire rempli d’espoir. La récente arrivée d’une ligne de métro au coeur du quartier vient amorcer la curiosité des habitants et laisse germer chez les acteurs politiques mais aussi chez les habitants l’aspiration à l’amélioration de leur cadre de vie. Cependant il n’est pas inintéressant de remarquer que le choix du nom donné à la station métro n’est pas vide de sens. En effet il évoque l’attachement du quartier à son passé maraicher et l’importance qu’il a dans l’imaginaire des habitants et des acteurs politiques. Un imaginaire affectionné par ces derniers et correspondant à une histoire et à un périmètre spatial qui renvoie au souvenir d’un cadre de vie agréable et à un air plus pur puisque autrefois campagnard. Très loin de cette époque, le quartier des Izards a changé de visage et entre aujourd’hui dans la catégorie des quartiers en zone de sécurité prioritaire et dits sensibles. Le projet de renouvellement urbain du quartier est né d’un désir politique, celui de marquer un mandat à travers un projet urbain exemplaire. Plus qu’un projet de renouvellement urbain, c’est un projet de développement social que les acteurs politiques souhaitent engager. Pour mener au mieux ce dessein, les personnes qui y sont investies réfléchiront aux méthodes et aux moyens pour inverser l’image négative du quartier. Le fil directeur de ce mémoire est la question de l’image d’un quartier, à la fois celle héritée puis celle recherchée ainsi que la manière dont l’aspiration à l’inversion de l’image est en train de s’effectuer. Les images mentales, symboliques, portant un message et des valeurs. Il s’agit de comprendre et de mesurer le rôle de l’image sur un territoire, et les conditions de son basculement.

Stephane Thépot dans Le Monde, « la mutation douloureuse des Izards », 05/03/2008, Source : http://

1

www.lemonde.fr/municipales-cantonales/article/2008/03/05/la-mutation-douloureuse-des-izards_1019011_987706.html Stephane Thépot dans Le Monde, «la mutation douloureuse des Izards», 05/03/2008, Source : http://

2 www.lemonde.fr/municipales-cantonales/article/2008/03/05/la-mutation-douloureuse-des-izards_1019011_987706.html 1

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H Y P O T H È S E

Lorsque l’on évoque le quartier des Izards, personne ne peut nier l’apparition d’une image négative en lui. Les médias et les mesures politiques prises ont permis au quartier de renforcer un statut identitaire très particulier suscitant de la crainte et de l’appréhension. Au début des réflexions de sujets pour le mémoire, je n’étais certaine que d’une chose, le choix du terrain, celui d’un quartier sensible. J’ai donc commencé à vérifier l’exactitude du statut donné à ces quartiers (même si intuitivement nous les connaissons plus ou moins) à savoir le Grand Mirail, Empalot et les Izards . J’ai voulu me pencher sur le cas des Izards 3 car finalement je me suis rendue compte que malgré les liaisons que l’on peut en faire avec des faits malheureux, je ne connaissais pas le quartier, je ne m’y étais jamais rendue, je ne savais pas à quoi il ressemblait ni quelles étaient les actions publiques entrepris sur ce territoire. Seul des images négatives et repoussantes demeuraient en moi. En me renseignant et creusant un peu plus sur les documents qui parlaient du quartier, j’ai appris que les Izards étaient en pleine mutation engagé dans un renouvellement urbain. Chose que j’ignorais totalement avant de me pencher sur le quartier contrairement à Empalot ou Bellefontaine dont j’avais entendu quelques informations concernant l’ambition des politiques sur ces quartiers.

Revenons aux Izards. Prenant alors conscience que le quartier était engagé dans un renouvellement urbain plusieurs hypothèses me sont apparues.

Pour que ce projet de renouvellement urbain soit un succès, il faut que l’image du quartier soit transformée. Ainsi la recomposition de l’image du quartier serait la condition de réussite du renouvellement urbain. Cette dernière n’a de sens seulement si elle parvient à bouleverser l’image stérile du quartier vers une image valorisante dans l’esprit des habitants.

De cette façon le fil directeur de ma recherche tourne autour autour de deux questions : Le renouvellement urbain et le discours tenu par les acteurs sur celui ci sera t- il suffisant pour changer l’image du quartier ?

Peut on parler de réussite du projet de renouvellement urbain si l’image négative du quartier reste ancrée dans l’ esprit des habitants ?

L’ étude analyse le quartier des Izards dans son processus de renouvellement urbain sur une période allant de 2008 à 2025. Des dates correspondant au début du processus, la prise de décision d’un renouvellement urbain avec le changement de municipalité qui aura été important jusqu’à une date correspondant à la fin prévue du processus. Biensur à ce jour ce mémoire ne pourra pas analyser les résultats ni les effets ni le territoire à cette date, il n’en a pas l’ambition, en revanche il s’agit de porter un regard critique et d’anticiper les résultat possibles.

E T A T D E L’ A R T

La question du basculement d’une image négative à une image positive dans le quartier des Izards a été abordée dans des mémoires de master sous des angles différents de manière partielle. Des documents qui ont été écrits à une certaine période et posant de nouvelles

«Atlas des zones urbaines sensibles» Source : http://sig.ville.gouv.fr/atlas/ZUS/

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questions aujourd’hui. En parallèle, des ouvrages font l’état de la question de l’image sur un territoire et de son rôle dans les décisions de projets urbains.

Le premier mémoire est celui d’une étudiante en master 2 Maitrise d’Ouvrage Urbaine et Immobilière qui a effectué un stage de neuf mois dans le service renouvellement urbain d’Oppidéa à Toulouse. Son travail de réflexion s’est porté sur l’ambition de la communauté urbaine du Grand Toulouse d’inscrire dans un projet de renouvellement urbain des stratégies de développement durable et d’intégrer alors le concept de renouvellement urbain durable dans le quartier des Izards. Son mémoire se propose de mesurer la mise en 4 application du rapprochement entre les concepts de développement durable et renouvellement urbain en choisissant d’analyser les outils qui permettent cela. Son travail se rapproche de mon sujet d’étude sauf que l’auteur choisit l’angle du développement durable et des outils mis en oeuvre en posant le postulat que c’est ce qui permettra au quartier des Izards de passer du statut de quartier stigmatisé à celui de quartier pilote. L’objectif de son étude est de se centrer sur un projet de renouvellement urbain qui a l’ambition d’orienter le quartier des Izards vers une qualité de développement durable. Après avoir expliquée la notion de renouvellement urbain à travers la démarche de la politique de la ville, elle pose la question suivante : «Est il suffisant de se focaliser sur une démarche de renouvellement urbain, qui porte sont regard sur des problèmes plus sociaux, de désenclavement et de sécurisation des secteurs sensibles pour redynamyser un quartier de grands ensembles. Comment redonner un second souffle à ces morceaux de villes ?» avant de poser la problématique suivante « D’un quartier stigmatisé vers un quartier pilote : quels outils pour mettre en oeuvre cette démarche?»

Elle finira par conclure en disant que la gestion du projet et l’organisation de projet sont les bases solides pour la maitrise d’ouvrage afin de réussir le projet et souligne le besoin nécessaire de mettre en place des outils d’aide pour les projets urbains complexes.

Ainsi, effectivement son travail traite de la question de recomposition de l’image et des outils qui ont été mis en place, et à travers un fil conducteur, celui du développement durable. Mon travail lui se porte également sur l’étude des moyens qui sont mis en place pour transformer l’image négative du quartier mais en choisissant comme angle plus précis celui des images à partir des discours des acteurs. Les images mentales, les valeurs véhiculées pour reconquérir une image valorisante, et les images graphiques, celles dessinées par les architectes.

En mettant en parallèle le sujet du mémoire de Katia Contzen axé sur la question du développement durable dans le quartier, mon sujet peut se proposer de questionner la manière dont ce terme de développement durable cache comme message, quel est le message que veut délivrer les acteurs en employant ce terme? Quelle signification lui donnent ils pour porter le projet urbain? Que renvoie l’emploi de ce terme dans l’ imaginaire des habitants ? Comment sert il le projet et l’image du quartier ?

Le mémoire de Cristina Baragan lui, apporte un regard à la fois différent et proche de celui 5 que je me propose d’apporter. Contrairement au mémoire précédent, celui ci choisit de centrer son sujet sur la question des images qui coexistent dans le quartier des Izards. Son

« Le renouvellement urbain et le développement durable : vers un renouvellement urbain durable. D’un quartier

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stigmatisé vers un quartier pilote, quels outils pour mettre en oeuvre cette démarche? L’exemple du projet de renouvellement et de développement urbain du quartier des Izards» Katia Contzen, 2011

« Le quartier des Izards à Toulouse : des images contradictoires qui coexistent? Images collectivement partagées : une

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confrontation entre la politique, les médias et les habitants» Cristina Baragan, Ensa Toulouse, Juin 2015

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approche se qualifie par elle même de «typique» . En effet son approche est personnelle et son regard n’est pas influencé et neuf puisque elle vient de Roumanie, où elle vit. Ainsi elle n’a pas été au courant de ce qu’il des évènements du quartier des Izards. Son regard est donc détaché, elle s’est elle même confrontée à la réalité en allant sur le terrain. Dans son étude, le propos de l’étudiante s’attache à l’étude de l’image du quartier et de sa variation en fonction des points de vue et des expériences de chaque habitant et se pose initialement la question suivante « Y a t-il autant d’images de ville que d’observateurs? », ici sur le territoire des Izards. De son travail il en ressort des images contrastées par le discours médiatique et politique. D’une part les habitants du quartier se disent être dans un quartier plutôt tranquille, de bon esprit et où il fait bon vivre. Or le discours médiatique véhicule une image tout autre en mettant en exergue des faits violents et isolés. Sa problématique interroge la coexistence de ces images, « comment coexistent elles et quel est le rapport entre les images contradictoires des Izards? A travers son mémoire elle démontre grâce aux entretiens avec les habitants que la mauvaise image du quartier n’a pas influencé le regard des habitants, alors quelle affirmée le contraire dans son hypothèse de départ. Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant dans son travail est la démonstration du fait que les limites du quartier se retrouvaient rétrécies, les habitants ne voulant pas dire qu’ils habitent dans le quartier alors que administrativement leur logement est compris dans le périmètre. Ainsi si on dessinait le quartier des Izards suivant les limites façonnées par les habitants, le périmètre serait largement réduit. Peut être non existant.

Ainsi son travail se porte essentiellement sur un travail d’analyse de perceptions permis par les entretiens avec les habitants confrontés à une analyse des articles de presse. Son mémoire finalement concerne une partie de mon sujet d’étude et la méthode qu’elle a engagé avec les entretiens des habitants peut être une piste dans le développement de mon sujet. Ce que mon mémoire peut apporter c’est de voir ce qui ressort des discours des différents acteurs. Quels fils conducteurs mettent ils en avant pour le projet urbain et pour ainsi espérer changer l’image du quartier? Et ce faisant quelles sont les images qui s’installent dans l’esprit des habitants?

Ainsi ces deux mémoires posent un regard différent sur le quartier des Izards, en choisissant de le traiter sous des angles différents mais finalement complémentaires.

En parallèle il m’a semblé essentiel de rappeler le contexte du renouvellement urbain dans l’objectif de donner une nouvelle image au territoire.

En effet le renouvellement urbain est une politique qui a été installée pour tenter de modérer une crise globale concernant l’économie, l’environnement et la société dans son ensemble. Cette crise a été amorcée à la fin de la Seconde guerre mondiale avec l’ère industrielle qui provoque un étalement urbain considérable. En effet, les populations devant se rapprocher de leur lieu de travail entrainent une hausse de la demande de logements et par conséquent de nouvelles constructions sont engagées en périphérie des centres historiques, créant de nouveaux centres urbains. Ces mutations sociétales auront un effet négatif. La spécialisation spatiale entrainera la ségrégation sociale et la génération des espaces fragmentés qui rendent difficile l’accessibilité aux commerces ou aux équipements. L’investissement financier consacré au développement des infrastructures mais aussi des équipements sera notable que celui engagé dans le logement sera sommaire entrainant un effort important pour trouver un logement. Des mutations considérables qui porteront atteinte également à l’environnement avec le développement de la voiture entrainant des pics de pollution, le cadre de vie des habitants est alors boulversé.

C’est donc dans ce contexte, celui d’un urbanisme déraisonné avec un développement moderne des villes que naissent des réflexions pour améliorer les conditions de vie de la

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population en leur apportant une qualité urbaine aussi estimable que celle dans les centres historiques. C’est dans les quartiers dits sensibles que la dégradation de la situation sera la plus visible, devenant alors des terrains privilégiés pour engager des actions de lutte contre ces inégalités. Le renouvellement urbain s’est présenté alors comme une solution à la rencontre de ces problèmes et un défi pour changer l’image de ces quartiers en offrant une qualité urbaine agréable. La décision d’un renouvellement urbain des Izards illustrent bien ce contexte de crise qui fragilise alors le cadre et la qualité de vie des habitants. L’image du quartier dépendra donc de cette réussite du renouvellement urbain.

Le renouvellement urbain est une nouvelle approche de la politique urbaine dans les quartiers. Les opérations de renouvellement urbain ont pour ambition de transformer les quartiers en agissant sur l’existant, le déjà là, tout en puisant les ressources déjà présentes. En opposition aux démolitions de la rénovation urbaine, le renouvellement urbain lui «reconstruit la ville sur la ville». Ainsi, les transformations se font en douceur, de manière beaucoup plus sensible favorisant une meilleure appropriation par les habitants, qui se fabriquent donc de nouveaux repères progressivement. Pratiquement cela se traduit par des actions ponctuelles dans le but de moderniser l’existant qui pris dans leur ensemble, reconsidèrent le territoire en question. La douceur de la démarche des opérations de renouvellement urbain font de ces dernières des projets qui s’étendent sur une durée de 5 à 20 ans, allant de projets d’aménagement à la transformation du quartier dans son ensemble. Les grands ensembles, par leur difficulté mais aussi leur potentialité (foncière et d’adaptation)sont des lieux privilégiés sur lesquels s’opèrent les réflexions du renouvellement urbain. Les opérations de renouvellement urbain (ORU) avec les contrats de ville et les Grands Projets de Ville (GPV) sont le résultat concret de la politique de la ville financée essentiellement par l’Etat, apparue en 1977. La politique de la ville est définie par une contractualisation entre les villes, l’Etat mais aussi les organismes HLM. Se présentant comme une démarche globale et transversale, cette politique met également l’accent sur la nécessité d’intégrer les habitants au projet urbain de leur quartier.

La loi SRU 2000, loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain créée en décembre 2000, établit le socle du renouvellement urbain en terme d’enjeux la fois urbanistiques, sociaux, environnementaux, d’équité mais aussi économiques. Il s’agit donc de reconquérir les tissus, lutter contre la ségrégation urbaine, limiter l’étalement urbain qui favorise le mitage de l’espace, requalifier les espaces, et trouver un dynamisme économique.

Cette loi a donné lieu en 2003 à la création de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) mettant en place des projet de rénovation urbaine (PRU). Aujourd’hui l’ANRU parle davantage du renouvellement urbain plutôt que de rénovation urbaine. Son champ d’application s’est donc étendu à de la requalification du bâti et à du développement social dans les quartiers plutôt qu’à des interventions sur l’environnement urbain.

Ainsi ces quelques notions sur le contexte du renouvellement urbain a permis de recontextualiser le renouvellement urbain des Izards pour mieux comprendre l’opération urbaine qui s’y déroule et les enjeux qu’elle met en place. En parallèle de ces documents je me suis alimenté de textes écrits de sociologues comme Thierry Paquot ou encore Michel Lussault portant un regard sur la question du renouvellement urbain, de la politique et de l’image. Ces éléments m’ont permis d’établir des liaisons avec le quartier d’étude et de porter un regard plus critique.

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C H O I X D U T E R R A I N

Mon étude s’applique sur le quartier des Izards. Faire le choix d’un quartier dit sensible me semblait évident et pertinent pour traiter mon sujet. Un quartier en pleine mutation, marqué par une histoire sociale forte et maraichère dont les conséquences ont conféré au quartier une identité particulière.

J’ai choisi le quartier des Izards car à premier abord c’est un quartier dont on entend très peu parler de manière positive. Et lorsque les médias parle du quartier, c’est pour rapporter des faits malheureux qui finissent alors par le stigmatiser.

Les Izards est un quartier se situant au Nord Est de l’agglomération toulousaine (annexe 1). En confluence d’axes majeurs de déplacement dont le terminus du métro ligne B, le boulevard périphérique ainsi que l’autoroute en bord du quartier, font de ce dernier un lieu stratégique d’entrée de la ville de Toulouse (annexe 2). De part cette situation, les espaces du quartier se sont développés de manière anarchique fabriquant un paysage de fracture urbaine et d’entre deux, entre la densité du centre ville et le caractère diffus de ses périphéries. Le quartier est composé de plusieurs entités distinctes possédant chacun sa propre identité associées à un propriétaire foncier (annexe 3). Cette diversité renforce le caractère pluriel du quartier.

• La Cité Raphael et la Cité des violettes correspondent au lieu de sédentarisation des gens du voyage et dont les propriétaires sont Habitat Toulouse.

• La Cité des Izards avec des barres de quatre étages construites dans les années 60, suivi de la construction de deux tours dites Micoulaud en 70, du nom du propriétaire terrien de l’époque.

• La Cité Blanche a été construite dans les années 50. Cette cité d’urgence de l’Abbé Pierre est composée de 25 groupements de 4 maisons totalisant 100 logements. Des cheminement piétons permettent de desservir les habitations renvoyant donc la voiture vers l’extérieur.

• Cité «Le tout électrique» a été construite en 1974-1975 pour répondre à la demande d’une troisième typologie de logements et à la demande d’ une mixité de formes urbaines. Cela a donné lieu a des logements de types intermédiaires conçus par l’agence parisienne ANPAR (Andrault et Parat).

• Les Trois Cocus, une cité constituée de petits immeubles collectifs mais aussi de maisons individuelles. Des services de proximités le long de rues commerçantes ainsi que la place centrale Micoulaud font de ce secteur un lieu privilégié puisque dans le quartier.

• Le secteur des maraichers est le secteur nord du quartier où y sont situées des exploitations agricoles en activité dont les propriétaires fonciers sont de types privés indépendants. Aujourd’hui le passé maraicher du quartier cherche a être mis en valeur dans le projet de renouvellement en préservant l’histoire agricole et les ressources non négligeables (terre noire) de la pression foncière en sensibilisant les habitants à ce riche patrimoine.

Par les problèmes rencontrés au sein du quartier liés à l’emploi, à l’éducation, à l’intégration sociale ou encore à la sécurité, les Izards se sont retrouvés sur la liste des Zone Urbaine Sensible en 1996 suivi de son classement en 2012 en Zone de Sécurité Prioritaire annoncé Manuel Valls alors ministre de l’intérieur en 2012 en déclarant fermement :

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«Je souhaite que le message soit très clair. Nous ne pouvons pas accepter qu'un autre ordre,

celui des mafias et des trafiquants de drogue se substitue à l'ordre républicain ». 6

Les actes commis par Mohammed Merah ont accéléré et confirmé ce classement, le ministre justifiant sa décision en parlant d’un «“quartier composé d’une population pluri-culturelle au niveau de vie assez faible”,“sur les huit premiers mois de l’année 2012, le quartier a connu une augmentation de la délinquance générale”». 7

Le projet de renouvellement urbain lui est né en 2008 lors de l’élection de la nouvelle municipalité (socialiste) de Toulouse sous Pierre Cohen. La nouvelle équipe élue, dans la volonté de marquer leur mandat, entreprend l’élaboration d’un projet social et urbain nouveau. Reprenant les orientations et les études effectuées par l’ancienne équipe, le projet des Izards est remis à plat par l’équipe nouvellement élue et c’est à travers des échanges pendant le marché de définition (entre 2008 et 2010) qu’émergera l’intention et le souhait d’un projet de renouvellement urbain du quartier des Izards. Ce dernier devient alors une priorité pour la municipalité afin de redynamiser l’économie du quartier en l’inscrivant dans une dynamique de mixité, de concertation avec les habitants et mettant en avant des enjeux environnementaux, donc des réponses aux problématiques contemporaines. Toujours dans le désir de mettre en avant la volonté de changement de la nouvelle municipalité, elle prendra la décision de faire du quartier des Izards et de son renouvellement urbain, un projet exemplaire.

C’est dans ce contexte que le projet de renouvellement urbain s’est concrétisé en 2010, avec une population dans l’ attente et dans l’espoir d’un meilleur cadre de vie, plus agréable et moins intimidante. Les politiques se retrouvant eux, dans une situation critique et face à l’urgence.

A l’aube du renouvellement urbain , le périmètre concerné par l’intervention était limité au secteur Nord du quartier, c’est à dire autour du secteur maraicher et des friches «en parties conquises par une urbanisation récente et bien peu qualitative » . Très vite, la question 8 s’est étendue à l’ensemble du quartier comme l’explique Obras décidant alors d’agir de manière plus globale.

« (…) en intégrant la cité des Izards, la cité blanche, le Lycée, les dernières phases de Borderouge, mais aussi toutes les parcelles susceptibles de muter dans les interstices entre ces grandes zones. Il est heureux que la demande de la ville se soit ainsi étendu, et permette de parler d’équilibres et de complémentarités, plutôt que de traiter chaque question indépendamment. Cet élargissement du point de vue hors des logiques de périmètres donne aussi l’occasion de lier les problématiques sociales du quartier aux enjeux environnementaux et territoriaux». 9

cité dans l’article « A Toulouse, Manuel Valls annonce le classement du Mirail et des Izards en Zones de sécurité

6

prioritaires », le 18/10/2012. Source : http://objectifnews.latribune.fr/politique/manuel-valls-toulouse-zones-securite-prioritaires-18102012

cité dans l’article «ZSP : Mirail et Izards confirmés», le 15/11/2012, Source :

http://actu.cotetoulouse.fr/zsp-mirail-et-7

izards-confirmes_433/

Obras dans la plaquette du marché de définition, p13, « quelles limites à l’intervention? Sortir des logiques de

8

«périmètres», tisser des liens», juin 2009

Obras dans la plaquette du marché de définition, p13, « quelles limites à l’intervention? Sortir des logiques de

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«périmètres», tisser des liens», juin 2009

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Dans ce choix d’étendre le périmètre d’intervention, il semble alors évident que beaucoup d’espoirs ont été placés dans ce projet de renouvellement urbain et de développement social s’annonçant ambitieux. En effet, le projet urbain des Izards présente des enjeux qui vont au delà du renouvellement urbain puisqu’elle souhaite mettre l’accent sur le développement social et l’accompagnement des habitants dans un quartier en pleine mutation. Il s’agit d’un véritable projet social qui au delà des ambitions urbaines porte la volonté de recréer des liens sociaux à l’intérieur du quartier entre les habitants mais aussi avec les acteurs politiques et les différentes associations.

P R O B L É M A T I Q U E E T M É T H O D E

En me basant sur mes hypothèses de départ précédemment énoncées, je choisis donc d’analyser la manière dont les acteurs du projet des Izards tentent de recomposer l’image du quartier. Quels discours tiennent ils pour cela? Sur quelles valeurs, images mentales misent ils dans l’énonciation de leur ambition ? Que suscitent elles chez la population? Toutes ces méthodes sont elles efficaces et suffisantes pour bouleverser l’image initiale qu’ont les habitants ? Le fil directeur de ma recherche se tient à partir de cette question :

Les moyens mis en place par les acteurs dans le projet de renouvellement urbain du quartier des Izards sont ils suffisants pour inverser son l’image?

Ma méthode de développement se nourrit d’ouvrages théoriques, et essentiellement des documents d’Obras sur les études qu’ils ont effectué sur le quartier. Je me suis basée sur ces derniers dans un premier temps pour faire l’analyse du quartier et du projet de renouvellement urbain à travers lesquels j’ai pu percevoir les discours de différents acteurs. Des entretiens avec les acteurs du projet m’ont semblé essentiels et pertinents dans l’approche de mon sujet. Il me permettra d’avoir de nouveaux éléments et apportera des réponses aux questions que je me suis posée .

A travers de nombreux textes écrits par divers auteurs, il s’agira d’éclairer la question de l’image d’un territoire et le rôle qu’elle a avec les politiques, les habitants, à partir de quoi je pourrai analyser les échecs et les succès du renouvellement urbain des Izards en établissant des liens avec les ouvrages lus.

M É T H O D E D E R E C H E R C H E

La méthode de recherche que je compte engagé et la façon dont j’ai mené mon étude devra permettre de parler de vérifier ou infirmer mes hypothèses de départ.

Tout d’abord la première étape a été une étape de documentations et d’informations à propos des Izards et de son histoire. Voulant comprendre ce quartier, j’étais persuadée que ce quartier possédait une histoire particulière de par l’identité qu’on lui confère aujourd’hui. J’ai donc voulu comprendre dans un premier temps la dimension historique qui a par la suite façonné le quartier, qui a induit le types de population qui y habitent et le fonctionnement actuel du territoire.

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Dans la suite de mes recherches je me suis très vite rendue compte que le quartier faisait l’objet d’un renouvellement urbain et faisait germer beaucoup d’espoirs dans l’esprit des politiques mais aussi des habitants.

J’ai fait alors fais des recherches sur ce projet de renouvellement urbain dont personnellement je n’en connaissais pas l’existence. De me recherches j’ai pu comprendre les ambitions projetées sur le quartier, les intentions et volontés des différents acteurs, les différentes méthodes et processus qui ont été installés pour rendre le projet urbain plus accessible et plus attractif, faisant imaginer un meilleur avenir aux Izards. J’ai donc analysé les documents des architectes Obras principalement à travers le marché d’étude de définition ou encore le plan guide, mais aussi des documents de types articles de presse dans les journaux, dépliants d’information et de communication sur le projet de renouvellement aux Izards et des comptes rendus d’ateliers urbains, de réunions publiques, de balades urbaines ou de réunions de concertation avec les habitants.

Mon sujet d’étude traitant de l’image du quartier et de sa recomposition à travers les discours des acteurs, j’ai réalisé un entretien avec Annie Pelissa, chef de projet du développement social aux Izards qui a pu me fournir de nombreux points essentiels sur le déroulement du renouvellement urbain qui s’opère actuellement dans le quartier et qui ne sont pas mentionnés sur aucun document. Des infirmations qui permettent déporter un regard différent , critique sur le projet urbain du quartier.

C O R P U S D’ A N A L Y S E

Pour développer mon propos dans ce mémoire je me suis appuyée sur plusieurs documents constituant des corpus. Ces documents m’on été utiles dans l’avancement de ma recherche, puisque leurs analyse ont révélé des informations mais m’ont aussi permis de porter un autre regard sur les questions que je pouvais me poser, l’angle sur lequel je pouvais traiter mon sujet. La multiplicité d’acteurs provoque une multiplicité dépointe du vue également qui n’est pas inintéressante dans l’analyse des discours et et de leurs conséquences. A leur manière, chacun des corpus a apporté ou apportera sa pierre à l’édifice par une analyse que je souhaiterai pertinente et portant un sens à mon mémoire. L’ensemble du corpus d’analyse contient :

Un corpus de documents écrits et illustrés constitué

- par les documents du marché d’étude de définition de Obras : plaquette et panneaux - Plan guide

- Le schéma directeur du projet - Journal du quartier

- Panneaux d’information au public sur les chantiers - Dépliants sur la communication du projet au public - Présentation des projections lors des réunions publiques - Synthèse des échanges en atelier urbain entre les acteurs

Corpus d’ouvrages théoriques sur plusieurs sujets : l’image de territoire, les politiques, la concertation, le renouvellement urbain.

Corpus d’illustrations

- Illustrations trouvés dans les documents précédents (visuels de présentation, schémas conceptuels, photos, documents graphiques des architectes)

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Corpus d’articles de journaux Corpus d’entretien

Un entretien avec Annie Pellissa engagée dans le projet de développement social du quartier. Les données recueillies seront rassemblées formera un corpus d’entretien à analyser.

1/ L’image héritée du quartier des Izards

Il n’est pas difficile de se rendre compte que le quartier des Izards est associé à de fortes images qui le dévalorisent aux yeux de la population toulousaine. L’image actuelle du quartier n’est pas apparue soudainement, elle est le produit de circonstances et d’acteurs qui ont été décisifs dans l’évolution et la perception de leur quartier. L’image actuelle des Izards n’est donc que l’image héritée d’un territoire à savoir la «résultante d’une histoire de l’évocation des lieux sur des registres qui imposent leur marque à ces lieux, marque pouvant aller du stigmate (…) à la célébration» . Malheureusement la marque imposée 10 aux Izards semble se rapprocher davantage du stigmate plutôt que de la célébration. Les registres historiques, sociaux, économiques, politiques et médiatiques ont donné naissance à des circonstances qui ont rendu l’image du quartier ainsi. Dans cette première partie nous traiterons la question de l’ image héritée, véhiculée, consolidée et amplifiée des Izards. Quelle est l’origine de l’ image discréditante de ce territoire ? De quelle façon les discours des multiples acteurs engagés dans le renouvellement urbain du quartier transmettent ils cette image et contribuent à renforcer une identité négative héritée de son passé?

1.a - Les données historiques : élément fondateur de l’image actuelle

Chaque quartier possède sa propre histoire. Plusieurs facteurs historiques plus ou moins forts peuvent être déterminant pour l’évolution et l’avenir d’un quartier. C'est le cas du quartier des Izards qui lui, est détenteur d’ un passé historique très fort. Ce dernier est resté très ancré et reste visible encore aujourd’hui à plusieurs niveaux ayant forgé alors un patrimoine paysager et bâti au sein du quartier. Il est clair que l’histoire des Izards semble avoir contribué à la naissance d’une image dévalorisante, aggravée avec le temps.

UN PASSÉ DE MARAICHAGE

Au Moyen Age le quartier n’était encore qu’un espace marécageux très vaste destiné à la culture maraichère, celle de la violette. Ce passé maraicher reste omniprésent par l’existence encore aujourd’hui de maisons « toulousaines » et fermes « maraichères » remettant dans les mains du quartier et de ses acteurs un patrimoine maraicher important à préserver.

Cette ancienne activité de maraichage a été le terreau à partir duquel l’image actuelle du quartier s’est façonnée. C’est donc l’image d’un quartier isolé du reste de la ville, retiré et

Jacques Noyer et Bruno Raoul, « Le « travail territorial » des médias. Pour une approche conceptuelle et

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programmatique d’une notion », Études de communication [En ligne], 37 | 2011, mis en ligne le 01 décembre 2013, consulté le 4 Avril 2016. URL: http://edc.revues.org/2933; DOI: 10.4000/edc.2933

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écarté de toutes activités urbaines, encore « à la traine» qui s’est développé dans l’esprit des toulousains et associé à «un village» pour les habitants du quartier. Image persistante qui semble insaisissable alors que les Izards ne se trouve qu’à seulement quelques minutes du centre ville de Toulouse.

UN QUARTIER SORTI DE TERRE GRÂCE À L’IMMIGRATION

Le quartier commence à se densifier au XIXe siècle en même temps que l’urbanisation des faubourgs dans le reste de la ville. En 1963 le quartier fait face à une arrivée importante de rapatriés d’Algérie démunis tout comme dans toute la ville de Toulouse. Il faut alors construire vite, dans l’urgence des logements pour abriter ces populations ce qui donnera naissance à de nouveaux quartiers périphériques comme Empalot, Bagatelle ou encore le Mirail. Le quartier des Izards est donc également le fruit de cet afflux de population venus d’Algérie. Pour remédier à cela le quartier se voit alors construire des barres d’immeubles en seulement dix mois, en plein milieu des champs, exemples de confort et de progrès social à l’époque.

Ces premières constructions en enchainèrent d’autres. L’ urbanisation du territoire s’accéléra, incitant les propriétaires fonciers des terrains maraichers à vendre leurs parcelles à des particuliers. C’ est ainsi que l’on commença à voir apparaitre des quartiers résidentiels composés de charmantes maisons autour des barres d’immeubles. Plus tard, des populations déshéritées telles que les gens du voyages, des maghrébins en voies de sédentarisation viendront s’installer non loin de ces maisons donnant naissance à un bidonville concentré autour des stades du quartier (Rigal et Violettes). Pour répondre à cette urbanisation de plus en plus croissante, des équipements sont construits faisant appel à des architectes renommés à Toulouse comme Jean Montariol architecte en chef de la ville de Toulouse qui aura bâti l’école et la salle Renan.

Ce fort passé social a conféré une identité populaire et multiculturelle au quartier et lui a permis de disposer d’un patrimoine bâti et architectural qui aujourd’hui est conservé. Les formes urbaines hétérogènes qui composent le quartier tels que le logement collectif, individuel, des pavillons ou encore l’habitat social sont associés aux Izards donnant au yeux des toulousains la perception d’un quartier mal organisé et incohérent.

Le quartier des Izards est donc armé de fortes données historiques qui ont laissé au lieu un caractère particulier nourrissant l’imaginaire des Toulousains qui vont alors percevoir le quartier de manière assez négative. Cette image négative fruit d’ un passé irrévocable, ajoutée à d’autres évènements vont être relayés par les médias mais aussi consolidé inconsciemment par les acteurs politiques ne faisant que renforcer alors le sentiment d’évitement des toulousains vis à vis des Izards.

1.b - Les acteurs politiques : consolidation d’une image dévalorisée

«Le modèle territorial se construit, évolue et s’inscrit dans la praxis par le jeu dialogue du récit et des figures énoncées et utilisés».

Les acteurs politiques engagés dans le renouvellement urbain du quartier tiennent un rôle essentiel dans l’image du quartier, que ce soit celle héritée ou celle recherchée, à travers leur discours et l’emploi des termes énoncés permettant alors d’ancrer des images dans l’inconscient des habitants sans le savoir.

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Dans le cadre du renouvellement urbain du quartier, un journal local a été mis en place afin de communiquer avec les habitants sur les actions et les chantiers en cours et prévus. La rédaction de ce journal est ouvert à tous, chacun peut y participer en y exprimant son histoire, ou des souvenirs liés au quartier mais aussi en apportant des photos anciennes du territoire. Souvent, le journal est introduit par un élu politique engagé dans le processus du renouveau urbain du quartier dans lequel il fait part des objectifs définis. A travers les paroles des élus, nous pouvons remarquer l’utilisation de mots tels que des noms, adjectifs ou expressions mettant en exergue la qualité du projet, les attendus tout cela dans le but d’attirer de nouveaux habitants mais aussi de rassurer ceux déjà installés. Martine Croquette, élue référence du projet parlera d’un projet qui vise à ce que le quartier devienne «équilibré», «solidaire et ouvert», «durable et attractif» . Elle véhicule 11 alors une nouvelle image du quartier, plus positive et attrayante, image qui «médiatise le rapport de l’homme au Monde et constitue le principe de conjonction dynamique du champ politique et du champ spatial». Ainsi cette image donne légitimité au politique pour agir sur le territoire et séduit dans le même temps la population. Penser la «relation espace-politique » « où tout doit transiter par l’image pour aller du politique à l’espace et vice versa » est un point essentiel développé par Michel Lussault sur lequel nous pouvons 12 nous appuyer pour parler de la consolidation de l’image dévalorisée du quartier. Si l’image est «l’énonciation puissante d’une absence» alors l’image que veut véhiculer ici Martine Croquette en employant des termes séduisants pour un projet urbain laisse penser un état existant du territoire critique présentant quelques difficultés. Nous pouvons penser que les termes énoncés par Martine Croquette « d’équilibre » signifie que le quartier se trouve dans une situation instable et en crise, « solidaire et ouvert » met en évidence l’enclavement des Izards et son renfermement sur lui même, puis «durable et attractif» démontre l’état fragile du quartier qui ne séduit pas les habitants et ne les incite pas à s’installer au sein de ce dernier. Il semblerait alors que malgré eux, le renforcement de l’image négative du quartier est engendrée (probablement inconsciemment) par les discours des politiques focalisant l’attention sur les manques et les besoins du territoire mais aussi de sa population alors que les propos utilisés sont enchanteurs. Ainsi comme le dit Lussault, «par les récits, les figures (…), toute instance politique en agissant, produit et s’approprie la territorialité, la configure idéologiquement et physiquement notamment en projetant de la pensée dans la forme matérielle» . 13

En 2012 le quartier des Izards a été classé en zone de sécurité prioritaire par Manuel Valls alors ministre de l’intérieur. Certes ce nouveau statut donne de nouvelles perspectives pour le quartier visant à améliorer le quotidien des habitants mais de même que précédemment il est intéressant de remarquer que ce classement en zone de sécurité prioritaire pointe du doigt les dysfonctionnements existant du quartier et focalise alors l’attention sur les

Journal des Trois Cocus, «Ca bouge aux Izards Trois Cocus» n°1 Juin 2012, édito de Martine Croquette, élue référence

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du projet

Lussault Michel. Images (de la ville) et politique territoriale / City images and territorial policy. In: Revue de

12

géographie de Lyon, vol. 73, n°1, 1998. Varia. pp. 45-53;

doi : 10.3406/geoca.1998.4802 http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1998_num_73_1_4802

Lussault Michel. Images (de la ville) et politique territoriale / City images and territorial policy. In: Revue de

13

géographie de Lyon, vol. 73, n°1, 1998. Varia. pp. 45-53;

doi : 10.3406/geoca.1998.4802 http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1998_num_73_1_4802

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problèmes urbains et sociaux de celui ci renforçant alors une mauvaise image des Izards. Ainsi Manuel Valls dans son propos visant à justifier le choix de ce classement parle de « population pluri-culturelle au niveau de vie assez faible » et d’une rapide 14 «augmentation de délinquance générale». En vérité ces déclarations font le constat d’un territoire en perte de vitesse, plongé dans une insécurité permanente, et d’un état social très regrettable.

Finalement l’assez sombre image du quartier devient «un instrument clef de l’édification de la légitimité à agir pour toute instance politique » . Le renouvellement urbain du 15 quartier va s’appuyer sur les multiples dysfonctionnements de celui ci pour permettre la recomposition de l’image du territoire des Izards. De plus, l’usage de cette image doit « permettre la réactualisation constante et la médiatisation efficace de ce capital de légitimité (politique) » . Nous verrons donc aussi que la médiatisation a tenu un rôle 16 important dans l’amplification d’une image dévalorisante.

1.c - Le discours médiatique, amplificateur d’évènements douloureux

Le quartier des Izards est aujourd’hui associé à de lourds faits divers à non seulement à l’échelle locale mais également à une échelle plus large lorsque l’on retrace les trajectoires d’ individus commettant des actes effroyables qui ont fini d’asseoir la réputation du quartier. Il est inutile de préciser que ces évènements sont retransmis par les médias, que ce soit la presse ou la télévision et le récepteur se retrouve alors confronté à ces faits divers. Il se met alors à associer le quartier des Izards aux sombres faits d’actualités. Un imaginaire collectif négatif est alors ancré en lui.

Lorsque l’on consulte des articles de presse, la cité des Izards véhicule très souvent une très mauvaise image et peu sécurisante. Définie comme «une des plaques tournantes du trafic de drogue de la ville» la cité est le lieu de «règlements de compte mortels» confrontant «des caïds» «armés de Kalachnikov» et les forces de l’ordre. L’emploi par les médias d’expressions très fortes ne peut faire germer chez le lecteur que de l’ inquiétude et de la peur ne laissant aucune chance au quartier de se faire visiter . De plus le quartier accueillant des populations « fragiles », les médias insistent sur le climat social qui se détériore et finit alors par établir des liens faciles entre les populations du quartier et les situations dangereuses s’y déroulant.

Les médias mettent aux yeux des toulousains le désoeuvrement des jeunes, et décrivent le quartier comme lieu de «zonage» en insistant sur de nombreuses difficultés qui touchent

Anthony Assémat, « ZSP : Mirail et Izards confirmés », site actu côté toulouse, le 15/12/2012, (consulté en avril

14

2016) disponible sur http://actu.cotetoulouse.fr/zsp-mirail-et-izards-confirmes_433/

Lussault Michel. Images (de la ville) et politique territoriale / City images and territorial policy. In: Revue de géographie

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de Lyon, vol. 73, n°1, 1998. Varia. pp. 45-53;

doi : 10.3406/geoca.1998.4802 http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1998_num_73_1_4802

Lussault Michel. Images (de la ville) et politique territoriale / City images and territorial policy. In: Revue de géographie

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de Lyon, vol. 73, n°1, 1998. Varia. pp. 45-53;

doi : 10.3406/geoca.1998.4802 http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1998_num_73_1_4802

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les jeunes et les empêchent de s’en sortir : échec scolaire, chômage, absence d’ascenseur social. Autant de facteurs qui plongent les jeunes du quartier dans l’inaction.

Rajouté à cela, les médias relatent des trajectoires déviantes « d’enfants du quartiers » associés à des faits à caractère très odieux. Personne ne peut oublier l’affaire sanglante de «Mohammed Merah, enfant des Izards», et ayant sombré dans le terrorisme. Ces lourds faits divers sont décrits par la presse comme « un coup fatal porté à la réputation de la cité» qui ont fini «d’achever d’asseoir la renommée du quartier». Le langage utilisé par la presse, rapportant ces terribles épisodes au lecteur installe dans son imaginaire des images angoissantes et déconcertantes pour celui qui voudra arpenter le quartier.

Face à toutes ces perspectives semblant rendre stérile l’image du quartier, difficile d’associer le quartier des Izards à des figures plus positives. Cependant, quand elles ont lieux, les médias mettent en avant des trajectoires de jeunes ayant réussis mais nuancent toujours leurs discours. C’est le cas de l’histoire de cette jeune responsable communication et marketing interviewée pour «M le magazine Le Monde». Le magazine décrit la jeune fille comme «une des rares jeunes de la cité à avoir trouvé du travail en centre-ville» et qui a changé de prénom pour un prénom qui sonnait «moins musulman» sous les conseils de son employeur qui assurait que «ça passait mieux», le centre ville n’étant prêt. Malgré un parcours admirable, le journal souligne la difficulté de s’insérer dans le milieu du travail lorsque l’on provient du quartier des Izards et déclare que «l’ origine géographique est un frein à l’intégration». Ainsi les médias par la transmission de circonstances dramatiques se déroulant au sein de quartier génèrent dans les esprits des toulousains beaucoup d’appréhension et les conséquences ne sont pas négligeables sur les habitants du quartier. Tout ces paramètres nuisent à l’image du quartier qui finit par être stigmatisé comprenant ses habitants avec. Aujourd’hui cette « cité populaire dans le désarroi » souffre d’une image désarmante. Le quartier ne demande qu’ à être mis en valeur et reconnu pour de meilleures raisons. Il semblerait que ce soit le défi que ce sont lancés les politiques entrainant avec eux nombreux acteurs pour le projet de renouvellement urbain du quartier.

1.d - Le discours des architectes Obras: l’image du quartier via le

diagnostic

En exprimant leur idées pour renouveler le quartier, les acteurs politiques manifestent leurs envies de transformer l’image des Izards en faisant le constat des difficultés que rencontre le territoire. Ici c’est un diagnostic qui s’appuie de statistiques, donc de chiffres donnant alors une représentation objective et neutre sur la situation économique et sociale du quartier.

«UN ENSEMBLE HÉTÉROGÈNE ET FRAGMENTÉ»

La cité «multiple» est constituée de formes et typologies d’habitats diverses, de différents secteurs et d’une population venant de différentes origines ethniques (maghrébins, gens du voyages sédentarisés) mais aussi de tranches d’âge différentes. Obras remarquera que ces diversités «communiquent très peu entre elles et accumulent des difficultés économiques, sociales.

Le tableau ci contre réalisé dans le diagnostic du territoire par les architectes montre des écarts considérables dans les données sociales entre le quartier des Izards et la ville de Toulouse. La part des ménages est faible, les familles monoparentales et les jeunes de moins

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1.e - Les Izards vus par les habitants

Le regard des habitants sur le quartier présente deux versions différentes. D’une part les habitants et les usagers du quartier le considèrent comme «un petit village», c’est donc l’image renvoyant au passé de ce dernier qui a persévéré puisque il était réellement un village dans ses débuts. Cette notion de village assimilé au quartier est entrainée par le caractère chaleureux et convivial des relations humaines au sein du quartier permis par «l’ancrage résidentiel de nombreux habitants». Malgré la réputation du quartier comme plaque tournante du trafic de drogue, les usagers ne décrivent pourtant pas leur quartier comme dangereux . Il semblerait que ces habitants présentent un attachement à leur 18 territoire de par «solidarité qui s’y dégage» et ne ressentent pas l’insécurité le jour mais ne sont pas inconscients de la dégradation du climat social et urbain qui se fait ressentir et avouent que certains lieux sont devenus peu fréquentables à certaines heures , voire des «zones de non droit: il ne faut pas regarder ce que l’on ne doit pas voir» . Les habitants 19 ont appris à vivre avec les contraintes de leur quartier et ont fini par adapter leur quotidien au climat de celui ci, « en été ils (les jeunes) font du bruit jusqu’à pas d’heure, mais personne n’ose se plaindre par peur de représailles » . Ainsi l’espaces public est devenu 20 l’extension des logements pour certains habitants.

D’autre part pour les personnes extérieures au quartier des Izards, ce dernier souffre d’une mauvaise réputation qui lui donne alors une image désagréable. Il est alors qualifié de «quartier chaud» de par les nombreuses altercations qui s’y sont succédés entre quelques délinquants et l’autorité policière. C’est «l’image de cité» qui ressort dans les mentalités de ces personnes associant directement le quartier à ces faits malheureux. Le territoire des Izards finit par être «stigmatisé alors qu’il ne représente qu’une goutte d’eau aux autres quartiers sensibles de Toulouse» . 21

La divergence des points de vue que nous venons de citer démontre une faille, un dysfonctionnement dans les stratégies qui ont été engagées jusque là dans le développement du quartier. Ce décalage n’est sûrement pas anodin, il signifie peut être un manque de communication et d’informations projetant une nouvelle fois sur la scène l’enclavement du quartier, son manque de lien vers ses quartiers voisins et peu tourné vers le reste de la ville.

Nous venons de voir que le quartier des Izards souffre d’une image dévalorisante dont l’histoire en est pour beaucoup le terreau principal sur lequel de nombreux acteurs ont déposé leur propre diagnostic, et leur propre ressenti, renforcé par le pouvoir des médias et du discours médiatique. Depuis, le quartier subi cette image héritée qui lui a été imposée et dont elle semble pendant très longtemps avoir eu du mal à s’en détacher. Aujourd’hui encore. Cette image est «perçue et vécue comme un frein au développement souhaité» et

Diagnostic réalisé par Obras dans le Plan Guide, auprès d’usagers rencontrés dans le quartier.

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Diagnostic réalisé par Obras dans le Plan Guide, auprès d’usagers rencontrés dans le quartier.

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comme un « obstacle aux stratégies engagées » . Il est clair que le quartier dans sa 22 volonté de se renouveler débute avec un handicap, (en tout cas dans le cas spécifique des Izards) celui d’ une identité qui lui a été imposée. Malgré cet inconvénient, les acteurs politiques entrainant avec eux de nouveaux acteurs semblent afficher l’ambition d’un renouvellement d’image afin de rendre son territoire attractif. Pour cela l’image héritée va se confronter à l’image recherchée «déterminée par la mesure des éléments constitutifs de l’image héritée et par des formes de neutralisation des représentations négatives » . 23 Derrière tous les moyens mis en oeuvre par les acteurs investis dans le projet de renouvellement urbain, la recomposition de l’image du quartier n’est elle pas la finalité sur laquelle chacun des acteurs s’oriente? Sur la base des atouts et des faiblesses identifiés sur le territoire et par la prise en compte des héritages symboliques divers qu’ont laissé l’histoire du quartier, l’ambition est de se diriger vers une « identité construite et différenciée» . L’image héritée vient justifier le projet de renouvellement urbain engagé 24 par les acteurs politiques et lui accorde du sens dans la reconquête d’une image valorisante.

2/ La recomposition d’une image : quel avenir pour les Izards ?

Nous venons de voir précédemment que le quartier des Izards détient une image regrettable qui ne lui fait pas le plus grand bien. Une image héritée d’une histoire qui lui a construit une forte identité nourrie par l’intervention de multiples acteurs ayant contribué au renforcement de cette image. Face à ce constat de dysfonctionnements existant, de difficultés ancrées dans le quartier, les Izards s’est lancé dans un processus de renouvellement urbain en s’entourant d’une équipe compétente et professionnelles partageant un même objectif, celui de la recomposition de l’image du quartier des Izards en espérant lui offrir un avenir radieux sur le long terme.

2.a - L’instance politique : sur quelles valeurs misent les acteurs pour

changer l’image du quartier des Izards ?

«Sans conteste au sein des politiques municipales, on se sert de l’espace pour faire image et sens » . Cette déclaration de Michel Lussault m’a semblé parfaitement adapté pour 25 introduire l’importance des politiques dans la recomposition de l’image d’un quartier.

Jacques Noyer et Bruno Raoul, « Le « travail territorial » des médias. Pour une approche conceptuelle et

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programmatique d’une notion », Études de communication [En ligne], 37 | 2011, mis en ligne le 01 décembre 2013, consulté le 05 septembre 2016. URL: http://edc.revues.org/2933; DOI: 10.4000/edc.2933

Jacques Noyer et Bruno Raoul, « Le « travail territorial » des médias. Pour une approche conceptuelle et

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programmatique d’une notion », Études de communication [En ligne], 37 | 2011, mis en ligne le 01 décembre 2013, consulté le 05 septembre 2016. URL: http://edc.revues.org/2933; DOI: 10.4000/edc.2933

Jacques Noyer et Bruno Raoul, « Le « travail territorial » des médias. Pour une approche conceptuelle et

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programmatique d’une notion », Études de communication [En ligne], 37 | 2011, mis en ligne le 01 décembre 2013, consulté le 05 septembre 2016. URL: http://edc.revues.org/2933; DOI: 10.4000/edc.2933

Lussault Michel. Images (de la ville) et politique territoriale / City images and territorial policy. In: Revue de géographie

25

de Lyon, vol. 73, n°1, 1998. Varia. pp. 45-53;

doi : 10.3406/geoca.1998.4802 http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1998_num_73_1_4802

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Aux Izards, l’instance politique a tenu un rôle important de plus que les habitants ont attendu d’elle une forte implication dans le projet urbain pressés de l’amélioration de leur cadre de vie. L’espace demeure alors un enjeu, un «statut objet» majeur pour les élus sur lequel «ils affirment leur empire» . Chaque acteur politique tient un rôle prenant effet à 26 des échelles différentes mais tendant vers un but commun, celui de la réussite du projet de renouvellement urbain. La recomposition de l’image semble être un long processus dans lequel des acteurs politiques communiquent à travers des récits véhiculant des valeurs positives pour le citadin pouvant finalement devenir «un instrument clef de l’édification de la légitimité à agir » des politiques pour inverser l’image inhospitalière du quartier. 27

DES ACTEURS POLITIQUES ET DES RÔLES DANS LE PROJET DE RENOUVELLEMENT URBAIN

Dans le cadre du renouvellement urbain des Izards, l’instance politique s’est composée de nombreux acteurs au champ d’action différents que ce soit à l’échelle locale ou à l’échelle de la ville de Toulouse et de son agglomération. En 2012, une convention partenaire a été signée entre La ville de Toulouse, la communauté urbaine du Grand Toulouse ainsi que les principaux propriétaires fonciers à savoir les bailleurs sociaux Nouveau Logis Méridional ainsi que Habitat Toulouse. Cette coopération étroite entre d’une part l’instance politique et d’autre part les bailleurs sociaux montre la volonté des acteurs politiques de donner une nouvelle image au quartier en agissant dans l’intérêt communautaire tout en définissant les engagements de chacun d’eux. Elle permet aux bailleurs sociaux de s’engager auprès de la collectivité pour une « coordination des moyens opérationnels et une organisation commune de pilotage de projet» . L’ importance du projet de renouvellement urbain du 28 quartier ainsi que les enjeux qu’il représente dépassant le seul intérêt de la commune expliquent la présence et l’implication de la communauté urbaine du Grand Toulouse présidée à l’époque par Pierre Cohen alors aussi maire de la ville de Toulouse déclarant alors «l’intérêt communautaire » et «décide d’assurer la maitrise d’ouvrage ». Ainsi 29 30 cette convention met en exergue une volonté d’agir ensemble, dans la même direction . Un des principal volet du projet concernant l’aménagement des espaces publics, la mise en place de compétences communautaires avec des acteurs multiples est nécessaire. Tous s’associent alors à la bonne conduite du projet et s’engagent à respecter les composantes du projet tout en veillant à la mise en oeuvre des actions prioritaires définies en amont. Dans cette convention sont déterminés les objectifs de celle ci à savoir la définition des « rôles

Lussault Michel. Images (de la ville) et politique territoriale / City images and territorial policy. In: Revue de géographie

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de Lyon, vol. 73, n°1, 1998. Varia. pp. 45-53;

doi : 10.3406/geoca.1998.4802 http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1998_num_73_1_4802

Lussault Michel. Images (de la ville) et politique territoriale / City images and territorial policy. In: Revue de géographie

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de Lyon, vol. 73, n°1, 1998. Varia. pp. 45-53;

doi : 10.3406/geoca.1998.4802 http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1998_num_73_1_4802

Izards Trois Cocus, Convention de projet signée entre la ville de Toulouse, la communauté urbaine du grand Toulouse et

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les bailleurs sociaux à Toulouse en 2012, p.6

Izards Trois Cocus, Convention de projet signée entre la ville de Toulouse, la communauté urbaine du grand Toulouse

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et les bailleurs sociaux à Toulouse en 2012, p.5

Izards Trois Cocus, Convention de projet signée entre la ville de Toulouse, la communauté urbaine du grand Toulouse

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et les bailleurs sociaux à Toulouse en 2012, p.5

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