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3.a Le renouvellement urbain, une démarche bien perçue au premier abord par les habitants

Après l’euphorie…

Rappelons nous les débuts de la Politique de la Ville. Alors que le problème des banlieues ne faisait que gagner du terrain sur les territoires français au début des années 80, regroupant majoritairement de grands ensembles d’habitat social, les pouvoirs publics ont décidé plusieurs dispositions afin de « revaloriser les zones urbaines en difficulté et de réduire les inégalités entre les territoires » . Après quoi de nombreuses mesures se sont 74 enchainées et superposées finissant par créer un « millefeuille administratif et réglementaire» donnant à la politique de la ville un caractère peu lisible réduisant alors 75 son efficacité. Compte tenu de la rapide et profonde évolution des zones urbaines défavorisées les acteurs politiques n’ont pas eu d’autres choix que d’adapter le contenu de cette politique en fonction. Il est difficile de donner une définition de la politique de la ville, expression demeurant ambiguë ne faisant que révéler les certainement les problèmes fondamentaux se rapportant au contenu et aux objectifs d’une telle politique qui est pourtant qualifiée de prioritaire par l’instance politique. Elle se voulait pluridimensionnelle au vu des dégradations de la qualité de vie des habitants ce qui a donné à l’Etat la volonté de traiter les causes et les effets de l’évolution de ces quartiers. Cette politique se veut bienveillante en intervenant sur le champ de l’urbanisme comme de l’architecture et de l’aménagement urbain, mais aussi sur des questions relevant de l’action sociale, l’éducation, la prévention de la délinquance et de la sécurité. Un champ qui s’est étendu également aux questions liées à l’emploi, à l’insertion professionnelle et au développement économique devant une priorité. Autre priorité affichée au départ par la politique de la ville et ses nombreux partenaires est la participation des habitants portée par le milieu associatif qui garantirait alors le succès des actions engagées. De façon évidente les opérations de renouvellement urbain sont apparues comme les principales actions visibles administrées aux quartiers présentant des difficultés. La population alors bercée par les flatteurs propos des politiques au sujet de ce type d’opération promettant le changement de leur cadre de vie, s’est très rapidement mis à voir le renouvellement urbain comme une solution salvatrice de leur territoire dégradé au niveau architectural, urbain mais aussi social. Lorsque la politique de la ville fut lancée le quartier se devait d’être «un espace de moyens dans lequel il fallait rassembler les conditions pour mettre en oeuvre les instruments de régulation sociale qui faisaient défaut » , le but étant d’inciter les échanges et la 76 citoyenneté des habitants à travers la recomposition des espaces publics. Le rôle des habitants dans le processus de renouvellement urbain a été depuis le départ une valeur essentielle sur laquelle devait se reposer les projets de développement social à travers le projet urbain. Lors de l’aventure initiatique de la politique de la ville, le renouvellement urbain et le projet social qu’il comportait se voyait privilégier la solidarité, le vivre

«Qu’est ce que la politique de la ville», site du Ministère de la ville, de la jeunesse et des sports, source http://

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www.ville.gouv.fr/?l-essentiel-de-la-politique-de-la, consulté le 13/09/2016

«Qu’est ce que la politique de la ville», site du Ministère de la ville, de la jeunesse et des sports, source http://

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www.ville.gouv.fr/?l-essentiel-de-la-politique-de-la, consulté le 13/09/2016

Didier Vanoni, « Quand le renouvellement urbain prend en charge la question sociale… », Revue du MAUSS

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permanente, 24 juin 2007 [en ligne].

http://www.journaldumauss.net/./?Quand-le-renouvellement-urbain

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ensemble, l’identité, la citoyenneté, ou encore le sentiment d’appartenance, des valeurs portés au départ dans un âge qui aujourd’hui semble dépassé. Pourtant il évident que ces valeureux éléments sont d’une flagrante importance dans l’existence d’un projet social sur le territoire en question. Aux Izards il est mis en exergue que les principes qui ont gouverné l’opération de renouvellement urbain sont en adéquation - à première vue - avec les principes énoncés dans la politique de la ville en agissant sur le logement de manière importante, en prévoyant le développement de services et d’équipements mais aussi en accompagnant et facilitant les différentes coordinations entre les intervenants apportant un caractère global et transversal au projet. Il n’est pas difficile de voir le renouvellement urbain de manière salutaire. Sa démarche est souvent très bien perçue par les habitants portée par une parole lui conférant une valeur d’évidence. Comme nous l’avions évoqué un peu plus haut dans le projet de renouvellement urbain des Izards, le public est enchanté par un discours et un vocabulaire positif et peu effrayant en déployant un argumentaire présentant des solutions susceptibles de flatter le sens commun en ayant pris soin en amont de diagnostiquer les difficultés que rencontre le territoire. Un diagnostic qui par la suite proposera la recomposition, l’ordre, ou encore la clarification des espaces et des usages. La ville avait acquis un statut de moyen de régularisation sociale lors de l’inauguration en grandes pompes des premiers grands ensembles dont on applaudissait l’eau froide et chaude aux robinets, les toilettes à l’intérieur de chaque logement ou encore les baies vitrées. L’ on y espérait une vie sociale riche grâce à des associations culturelles apportant un nouveau confort. Des espoirs déçus par l’enfermement des habitants dans leur appartement devant la télévision comme « le grand ensemble les a condamnés à une résidence forcée ». De nos jours le grand ensemble ne semble pas être la réponse 77 déterminante aux problèmes sociaux qui ont permis une stigmatisation rapide renforcée par le «cumul des handicaps qui caractérise sa population (échec scolaire, chômage, divorces etc.)» . Autrefois statut de moyen de régularisation sociale la ville a fini par devenir « un 78 moyen d’évacuer la question sociale problématique dans la société actuelle». 79

Finalement nous pouvons nous demander si les différentes actions menées sur le territoire sous renouvellement urbain ne seraient elles pas inverses aux principes promus par le renouvellement urbain ? D’où l’échec sur le plan social. Quant au quartier des Izards il est encore trop tôt pour mesurer la réussite ou l’échec du renouvellement urbain sur le plan social mais il est certain que le territoire en question, nous l’avons vu précédemment, présente les éléments et les paramètres qui permettent de le percevoir au mieux, peut être sous son meilleur jour où tous les principes de la politique de la ville semblent avoir été respectés.

… La désillusion

Thierry Paquot, «Banlieues, cités dans la cité», Revue Projet, 1er Juillet 2007, en ligne, http://www.revue-projet.com/

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articles/2007-4-politiques-de-la-ville/

Thierry Paquot, «Banlieues, cités dans la cité», Revue Projet, 1er Juillet 2007, en ligne, http://www.revue-projet.com/

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articles/2007-4-politiques-de-la-ville/

Didier Vanoni, «Quand le renouvellement urbain prend en charge la question sociale…», Revue du MAUSS

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permanente, 24 juin 2007 [en ligne].

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Après la forte croissance due à la société de consommation causant une euphorie à tous les niveaux, voilà que déceptions et dysfonctionnements s’affichent sur les couvertures des quotidiens décrivant une société ou « le grand ensemble devient une banlieue dortoir, l’automobile devient contraignante, l’accumulation des marchandises n’aide en rien au bonheur individuel». Nous ne pouvons pas ignorer les efforts incontestables qui ont été 80 fournis par l’Etat pour sortir ces territoires difficiles de leurs tristes situations urbaines et sociales. Que ce soit la création d’une commission nationale pour le développement sociale des quartiers, la délimitations des zep, la nomination d’un ministre de la ville en 1990, le vote de la Loi d’Orientation de la Ville (LOV) avec les Zones urbaines sensibles (ZUS), l’ouverture des zones franches urbaines, l’adoption de la SRU, ou encore le lancement de l’agence ANRU, il s’avère que des « situations inadmissibles persistent » sur certains 81 territoires. Désormais, la politique économico sociale ne peut plus faire sans la politique urbaine. Il s’agit donc de reconstruire les habitants anéantis par les difficultés qu’ils rencontrent et non plus seulement des habitations dignes de ce nom. Il est urgent de passer à la vitesse supérieure dorénavant , «la civilisation urbaine» réclamant des mesures de taille pour « contrecarrer la barbarie » tels que l’échec scolaire, le trafic de drogue, les différentes formes d’exclusions, de ségrégation et d’isolement, l’incivilité, ou encore les violences urbaines. Il semble que le revers du modèle français de la régénération urbaine soit du à un remodelage des quartiers, du territoire lui même plutôt qu’une action et une mobilisation sur les individus concernés. En effet, la restructuration morphologique que subissent les grands ensembles ne sont pas suffisant pour «redonner confiance et dignité à une population qui perd pied» et donc transformer la situation sociale de l’habitant. Sans cette dernière, la recomposition d’une image d’un quartier s’exposant à un renouvellement urbain semble alors incomplète, non aboutie, voire impossible. En vérité la transformation architecturale du quartier à travers la démolition et la reconstruction de logements demeure une condition à l’élévation du cadre et des conditions de vie des habitants mais elle ne constitue pas une condition déterminante.

3.b - La fragilité du renouvellement urbain : superposition de la question