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LES EFFETS DE LA CONCERTATION : VERS UNE INVERSION D’IMAGE DU QUARTIER ?

2.d Res Publica et les habitants : quel dialogue pour quels effets ?

LES EFFETS DE LA CONCERTATION : VERS UNE INVERSION D’IMAGE DU QUARTIER ?

Il semblerait que ces concertations sous toutes ses formes aient des effets positifs.

Les habitants se prêtent au jeu et respectent les règles, ce qui confère aux animations une ambiance chaleureuse tout en gardant beaucoup le sérieux dans le processus de réflexion. Les habitants se sentent à l’aise et n’hésitent pas à prendre la parole pour exprimer leurs interrogations. Lors des ateliers, une dynamique se crée, les habitants s’émulent entre eux, favorisant les échanges entre les différents secteurs et quartiers voisins. Il semblerait que le bouche à oreille ai pris une place importante dans la présence plus nombreuse de personnes. Enfin, ces échanges ont ouvert la parole à la population, et a brisé des frontières entre les habitants et les institutions. La concertation a permis aux habitants de s’exprimer sur leur besoins et leurs frustrations quotidiennes et à travers les ateliers organisés, et par la simplification des outils et des documents de concertation, les habitants ont pu se sentir à 35

Schéma de gouvernance du projet urbain aux Izards. Document Ville de Toulouse

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l’aise et fiers d’avoir participé à la prochaine transformation de leur quartier. De plus, selon Annie Pelissa, les demandes des habitants lors de la première phase d’aménagement ont été respectées ce qui a été apprécié par ces derniers et qui à chaque restitution n’hésitaient pas à dire « ce que vous nous avez restitué c’est vraiment ce que l’on a dit ». Une des qualité 71 de ces concertations ont été également la capacité de réunir des habitants de catégories socio professionnelles différentes, de générations différentes ou encore de milieux différents apportant beaucoup de richesses aux échanges mais rendant aussi le discours authentique. Un climat de confiance s’est créé au fur et à mesure, ce qui a rendu le dialogue plus apaisé mettant en scène des habitants totalement acteurs du projet de renouvellement urbain et «réactivant leur participation à la vie publique » du quartier. 72

Néanmoins malgré des effets positifs et palpables de la concertation, des fragilités au sein du territoire demeurent. Bienque le climat de confiance se soit amélioré entre les habitants et les institutions, il est clair qu’une certaine méfiance persiste et que les rapports restent encore fragiles. Sans compter le trafic de drogues toujours omniprésent et évoluant selon les situations, l’intervention de professionnels elle, reste alors délicate et limitée.

Ainsi nous pouvons saluer les efforts engagés dans le processus de concertation, le professionnalisme des équipes et l’attention portée aux habitants permettant de libérer la parole. Mais le processus de concertation engagé aux Izards permet il réellement d’inverser l’image du quartier ? Dans la forme, ces réunions de concertations organisées par Res Publica sont une réussite de par l’enthousiasme qu’elles suscitent, et par la diversité des ateliers proposés. Dans le fond, elles permettent de véhiculer un message fort auprès du public en les impliquant dans le projet du renouvellement urbain du quartier. Les habitants impliqués dans ces formes de participation auront certainement plus de chance d’avoir une image différente de leur quartier car ils porteront un regard plus attentif aux transformations de leur environnement. De plus leur participation les inciteront a respecter les nouveaux espaces créés car ils auront cette fierté d’y avoir contribué. De cette manière nous pouvons penser que la concertation avec les habitants permet d’apporter un nouveau regard sur leur quartier, de faciliter et encourager son appropriation et ainsi d’inverser l’image du quartier.

Cependant, il existe des limites. Des interrogations sur la réelle efficacité de la concertation sur un territoire comme celui des Izards émergent. Il me semble intéressant de se demander qui participent à ces réunions et à ces ateliers. Le public présent à ces réunions est il représentatif de la population fragmentée du quartier ? Annie Pelissa confirmait la participation d’une population représentative des Izards, bien que lors des premières concertations il s’agissait surtout d’habitants des quartiers voisins. Au fur et à mesure les habitants du quartier ont intégré les réunions mais comme le fait remarquer Annie Pellissa si personne ne les incitait à venir alors ils ne venaient pas, « ce n’était pas une préoccupation » 73

Mais si un des plus gros problèmes du quartier qui est le trafic de drogue avec ces dealers qui finissent par faire partie de la vie du quartier par la nuisance qu’il lui apporte, alors ils sont aussi à prendre peut être en considération dans le processus de concertation. Je doute que les jeunes impliqués dans ces trafics aient fait l’effort de se rendre à ces réunions d’informations et de concertation. Par manque d’intérêt, ignorance ou tout simplement

Entretien avec Annie Pelissa, chef de projet développement social, le 16 Juin 2016, voir annexe

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Entretien avec Annie Pelissa, chef de projet développement social, le 16 Juin 2016, voir annexe

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Entretien avec Annie Pelissa, chef de projet développement social, le 16 Juin 2016, voir annexe

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parce qu’ils ne se sentent pas concernés ou encore parce qu’ils ignorent leur rôle dans ces évènements en imaginant que leur présence ne changera pas les choses. Or elle me semble jouer un rôle majeur leur permettant non seulement de prendre conscience des transformations qui amélioreront leur cadre de vie mais aussi d’ouvrir le dialogue, et d’exprimer leurs frustrations puis leurs recommandations. Leur présence dans la concertation reste utopique. Or c’est peut être par une participation représentative de toute la population, de tous ses composants que la recomposition de l’image du quartier pourra être réellement efficace, en tout cas moins compromise. Néanmoins il faut noter que les concertations engagées ne sont pas la solution au trafic de drogue comme le note Annie Pelissa. Cela demande des moyens considérables et la présence de la police en continu. Le trafic de drogue nuit au renouvellement urbain du quartier et à son changement d’image mais son ressort n’est pas des professionnels engagés dans le projet. Il y a donc une nécessité de faire intervenir en parallèle du projet urbain d’autres professionnels compétents aptes à prendre des mesures exigeantes. La concertation n’a pas permis de changer l’image du quartier comme il se devait, puisque suite aux nombreux évènements tragiques survenus dans le quartier, la concertation s’est arrêté et a eu du mal à redémarrer en 2014. Aujourd’hui aucune réunions de concertations n’est prévu bienque la fin du projet de renouvellement urbain est attendue pour 2025.

D’une part selon moi la recomposition de l’image du quartier commence avec le changement du regard des habitants sur leur propre quartier Izards, après quoi l’inversion de l’image du quartier prendra du sens auprès de la population extérieure au quartier.

3/Approche critique du renouvellement urbain pour une