constate la diversité des sujets abordés : la plupart sont consacrés à l’actualité littéraire, surtout les
Pășește pe vasta scară purtată ca de o putere nevăzută, luminoasă, ușoară, vie, întruchipare a triumfului și a frumuseții. Astfel o vor păstra nepieritoare în gândul lor cei ce-au iubit pe Regina tuturor izbânzilor, pe cea mai frumoasă regină a veacului Ei. Astfel o vor săpa în carnea vie a durerii lor.Și în adevăr bucurie, frumusețe și lumină a răspândit mereu în jurul Ei Regina Maria.”
606 „Regina Maria n-a murit. Nu se poate rosti cuvântul: Regina Maria nu mai este. Trăiește pe veci neschimbată, pe veci aievea în dragostea, în evlavia, în lacrimile tuturor”, ibid, p.26-27.
607 „prelucrate, de fapt, și redactate, se știe, de Margareta Miller-Verghy”, E. Lovinescu, Sburătorul, Agende literare, IV, ediție de Monica Lovinescu și Gabriela Omăt, Editura Minerva, București, 2000, ibid, p. 394.
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articles publiés dans la Revista scriitoarei, devenue en 1929, Revista scriitoarelor și scriitorilor
români. L’éventail des sujets abordés comprend des chroniques littéraires sur des livres publiés
récemment : celle à Craii de Curtea Veche, de Mateiu Caragiale, celles à Memorii de E.
Lovinescu et Roxana de Gala Galaction, Beilic de Ionel Teodoreanu, Danton de Camil Petrescu,
Marea fugă, roman de Lucia Demetrius. Beaucoup d’articles sont des portraits littéraires
d’écrivains ou de personnalités culturelles : Alexandru Vlahutza (1908), Octavian
Goga (1908), Edouard Wachmann (1908), Catule Mendès (1909), Tudor Arghezi (1929), Alfred
Moșoiu (1932), Ion I. Peretz(1935), La Reine Marie (1935), Elizabeth Barrett Browning (1937),
Barbu Delavrancea (1938), Rabindranth Tagore (1941).
En même temps, l’écrivaine publie dans Revista scriitoarelor și scriitorilor români la
plupart de ses nouvelles : Dușmanul durerii, 1929, Fațada, 1931, Dragoste, 1932, Umbre pe
ecran, nuvelă în ritm de film, 1933, et des fragments de ses romans Prințesa în crinolină,
roman-film (1930), Ave Lux (1932), Leila, Înflorește un suflet, (1937), fragments de Blandine. Une
importante partie de l’œuvre de publiciste de Margareta Miller-Verghy s’est déployée dans les
journaux francophones. Entre 1898-1909, elle publie des articles, sous le pseudonyme Ariel, dans
le journal La Patrie, soit des recensions, comme celle du livre de Marthe Bibescu, Les huit
Paradis, soit des articles théoriques comme A propos de l’art national, soit des portraits.
Une longue série d’articles sont publiés par Margareta Miller-Verghy entre 1935-1936
dans le journal francophone Le Moment sous le titre Lettres à Marinette. En effet, en 1924, après
la longue hospitalisation qui avait suivi son accident, revenue en Roumanie, elle a eu une longue
correspondance avec Marinette, sa lectrice de la période passée en immobilité. Nous ne savons
pas si les articles reprennent mot à mot les lettres, où ceux-ci sont écrits d’après elles, comme une
suite à cette riche correspondance et offertes comme une preuve d’amitié. Ils abordent une
thématique vaste et sont destinés à faire connaître les réalités roumaines à de virtuels étrangers.
En résumant, l’activité de journaliste reste une partie très importante du parcours
intellectuel de l’écrivaine, pourtant elle n’est point connue. Les articles que nous avons dénichés
dans des journaux de l’époque et qui n’ont jamais été répertoriés sont probablement au nombre
d’une centaine. Il n’est pas exclu qu’il en existe encore d’autres, aussi serait-il très urgent de
continuer ce travail de recherche et de rédiger une édition des articles de Margareta
Miller-187
Verghy. Sinon, il se peut que cette activité extrêmement riche passe inaperçue, comme elle l’est
d’ailleurs aujourd’hui.
L’activité de nouvelliste. Ombres sur l’écran de la vie
En 1935, paraît le volume de nouvelles Umbre pe ecran (Ombres sur l’écran). C’est le
seul volume de nouvelles que Margareta a publié de sa vie. On remarque la précision du style, la
fine analyse psychologique, les portraits, et on constate que déjà l’écrivaine a fait de grands pas
sur la voie de la prose épique, comme sa contemporaine Hortensia Papadat-Bengescu qui, elle
aussi, avait commencé par la prose poétique, pour arriver finalement à la prose d’analyse qui
l’avait imposée sur la scène littéraire. Le volume est précédé d’une préface adressée par
l’écrivaine même à ses lecteurs. Elle débute par quelques définitions très inspirées du livre comme
objet esthétique. « Un livre n’est pas une œuvre achevée, bien réalisée et accomplie, ses virtualités
ne deviennent réalité que dans la mesure où il se reflète dans les âmes prêtes à en comprendre la
raison d’être, car elles s’y retrouvent. Un livre est une main tendue qui attend à être serrée, malgré
la distance spatiale et temporelle. Un livre n’est pas seulement un bouquet de feuilles fragiles,
noircies par de petits signes obligés à s’effacer, mais il peut contenir, à l’insu de l’auteur même,
qui sait quel rayon de pensée ou de chaleur desquelles germera un jour, quelque part, un petit
oasis de recueillement pour qui sait quel vagabond errant sur la route de la vie
608. »
Dans la seconde partie de la préface, l’auteure explique qu’elle n’a pas écrit ces nouvelles
dans l’intention de constituer un tout, mais qu’elle a découvert pourtant qu’elles avaient quelque
chose en commun : c’est l’aspiration vers l’accomplissement moral. En effet elle y introduit les
idées et les désirs de perfection morale, qu’elle a eus depuis son enfance. « Les nouvelles réunies
ici, écrites à des intervalles de temps de quelques années et sans avoir eu l’intention de composer
un tout, y comprennent toutefois, dans un enchaînement à peine visible, la somme des formules
sur lesquelles se fonde toute forme de vie supérieure. À l’instant même où je les envoie comme
messagers vers le peu de personnes qui cherchent un noyau intime dans toute œuvre littéraire, je
me rends compte que chacune d’elle pourrait avoir, en fonction de son fond caché, un sous-titre
comme : pardon, renoncement, expiation, fraternité, devoir, sacrifice. C’est ainsi que se détachent,
188
du déroulement passager des événements de la vie humaine, les vérités éternelles, plus profondes
que celle-ci
609. »
En effet, le talent épique de Margareta Miller-Verghy se révèle dans ses nouvelles, autant
que dans ses romans. Les personnages ont de la force psychologique et incarnent des types : la
femme trompée par son mari, le séducteur, la grand-mère sage, ayant une très profonde
connaissance de la vie etc. Pourtant, les évènements et les fins des histoires ne sont pas racontés
de la manière réaliste où les personnages finissent dans des circonstances conformes à leur destin
et à leurs défauts psychologiques. Dans les nouvelles de Margareta Miller-Verghy, les
personnages sont capables de sacrifice, de se repentir à n’importe quel moment de leur vie, même
s’ils ont commis un péché capital. Perpessicius, le critique qui a analysé avec rigueur l’œuvre de
l’écrivaine, le remarque. « Mademoiselle Margareta Miller-Verghy a raison quand elle considère
ces contes comme mis en scène par des vérités morales qui transcendent les événements racontés.
Pitié, pardon, expiation, sacrifice, assurément ces formes supérieures de sentiments sont cachées
derrière les évènements de Umbre pe ecran (Ombres sur l’écran) et constituent le ciment
miraculeux qui colle les gens et les choses. Mais ce qui confère de la profondeur à ces contes, les
uns, „en rythme de film”, comme le sous-titre l’auteure, ce qui confère la note dominante du
volume entier, c’est l’atmosphère de chasteté qui s’en dégage, même si les évènements quittent les
voies de la morale commune
610. » Le critique observe ainsi comment par exemple dans la
609 „Către cititori: O carte nu este o operă de sine stătătătoare, închegată și deplină, ea se întregește numai prin chipul în care se oglindește în sufletele menite să-i înțeleagă rostul, pentru că se regăsesc într-însa. O carte e ca o mână întinsă care așteaptă nevăzută gata s-o strângă, în pofida depărtării în spațiu și timp. O carte nu e numai un mănunchi de file șubrede înnegrite, cu mici semne ursite să se șteargă, ci cuprinde într-însa, nebănuit chiar de autor, cine știe ce ultra rază de gândire din a cărei căldură va încolți cândva, o mică rază de reculegere pentru cine știe ce pribeag pe drumul vieții. Povestirile adunate aici, scrise la intervale de câțiva ani și fără intenția de a alcătui un tot, cuprind totuși într-însele, într-o înlănțuire abia vădită, suma formulelor ce stau la temelia oricărei înjghebări de viață superioară. În clipa când le trimit solie celor puțini ce caută un substrat intim în opera literară, îmi dau seama că fiecare, după miezul ei ascuns, ar putea avea câte un subtitlu ca: iertare, renunțare, ispășire, înfrățire, datorie, jertfă. Căci astfel se desprind din curgerea trecătoare a întâmplărilor omenești, adevăruri mai eterne decât ele”, Marg. Miller-Verghy, Umbre pe ecran, nuvele, Editura Bucovina, București, 1935, Prefaţă.
610 „D-șoara Margareta Miller-Verghy are dreptate când socotește aceste povestiri regizate de adevăruri sufletești, ce transcend întâmplările din ele. Milă, iertare, ispășire, jertfă, desigur, toate aceste forme superioare ale simțirii sunt în umbra întâmplărilor din Umbre pe ecran și alcătuiesc poate cimentul imponderabil și miraculos care leagă oameni și evenimente. […] Însă ceea ce dă profunzime acestor povestiri, unele, în ritm oarecum de film, cum subintitulează autoarea, ceea ce dă nota dominantă întregului volum este atmosfera de castitate sufletească ce se degajă, chiar când întâmplările se abat de la regulile moralei obștești”, Pepessicius, Opere, Mențiuni critice, VII, Editura Minerva București, 1979, p.148-149.
189
nouvelle Umbre pe ecran, très bien réalisée du point de vue dramatique, la femme d’un
compositeur reste, «malgré ses actions qui frisent le code pénal, pure, liliale, et chaste
611. »
Le critique met en évidence cette capacité de l’écrivaine de s’identifier et de résonner avec
ses personnages, et finalement de leur conférer quelque chose d’elle-même. « Puisque, au-dessus
des incidents, il y a, comme dans toutes les nouvelles de mademoiselle Margareta Miller Verghi,
un intime instinct de sympathie et de compréhension, qui ne pourrait donner de la vie et de la
logique à tant d’éléments contradictoires, s’ils n’avaient pas la source dans la grande force de
compréhension, d’amour et de sympathie de l’auteure même. Ces époux qui finissent par se
pardonner, le font parce qu’ils s’aiment, mais surtout parce qu’ils sont d’abord compris, aimés par
mademoiselle Margareta Miller Verghi. Sans ce foyer de profonde compréhension ne se réaliserait
pas cette atmosphère d’insinuante humanité compréhensive et de chasteté qui constitue l’une des
grandes qualités de l’écriture de mademoiselle Margareta Miller Verghi, au-dessus des concepts et
des intentions éthiques. Umbre pe ecran (Ombres sur l’écran) sont autant de sanatoriums moraux,
où les âmes souffrent, comme dans tout sanatorium, mais où ils se guérissent, parce que cette
atmosphère chaleureuse et calme est faite pour guérir
612. »
Les nouvelles sont des « morceaux de vie », avec des personnages peints d’une manière
presque réaliste, mais qui ont au centre un problème d’ordre moral : trahison, vie double, etc.
L’écrivaine y met ses propres conflits psychiques, ses tensions et ses fantasmes intérieurs. On y
rencontre des pages d’analyse psychologique, surtout de l’âme féminine. Par exemple, dans la
nouvelle Parcă n-a fost (Comme si de rien n’était) le sujet est la féminité vexée par l’absence de
sentiments d’un homme, le contraste entre les attentes de la femme, confrontée à l’indifférence de
l’homme. Dans une autre nouvelle, Ca să pot muri (Pour que je puisse mourir), publiée aussi dans
l’anthologie Evoluția scrisului feminin, les personnages sont deux femmes, grand-mère et
petite-611 „Așa de pildă în marea nuvelă Umbre pe ecran, admirabilă și ca schiță dramatică, în care soția unui compozitor în pragul celebrității rămâne, în ciuda atâtor fapte ce frizează codul penal, la fel de pură, de lilială, de castă”, ibid, p. 149. 612 „Pentru că mai presus de incidente este, și aici, ca în toate nuvelele d-șoarei Margareta Miller Verghi, un intim instinct de simpatie și de înțelegere, care n-ar putea da viață și logică afectivă atâtor elemente contradictorii, dacă nu și-ar avea izvorul în marea putere de înțelegere, de iubire și de simpatie a autoarei însăși. Acești soți care sfârșesc prin a-și ierta o fac pentru că se iubesc, dar mai ales pentru că-i înțelege, îi iubește și-i iartă, în primul rând, d-șoara Margareta Miller Verghi. Fără de focarul acesta de largă înțelegere și iubire nu s-ar putea închega, indiferent de concepte și de intenții etice, acea atmosferă de insinuantă umanitate înțelegătoare și de castitate sufletească, care alcătuiesc marile însușiri ale scrisului d-șoarei Margareta Miller Verghi. Umbre pe ecran sunt tot atâtea sanatorii sufletești, unde sufletele suferă, ca-n orice sanatoriu, dar se și vindecă, pentru că atmosfera aceasta vătuită și calmă este făcută să vindece”, ibid, p.150.
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fille qui ont vécu, dans le cas de la vieille, ou qui vivent, dans le cas de la jeune, le même drame :
l’infidélité d’un époux de très belle allure et convoité par les femmes. La nouvelle est une
anatomie de l’âme féminine et une radiographie de la douleur. On retrouve derrière le portrait de
la grand-mère, celui d’une femme très chère à Margareta – sa mère : « C’était ainsi que tout le
monde la connaissait : le livre à la main et à côté avec un vase précieux, où il y avait des crayons
bien aiguisés. […] Qu’est-ce qu’elle faisait avec tant de crayons, se demandaient ceux qui la
voyaient. Elle copiait dans de petits carnets tout ce qu’elle trouvait beau dans les livres qu’elle
lisait jour et nuit. Quand dormait-elle toutefois, la Grand-Mère ? Je ne sais pas. Elle lisait tout le
temps et écrivait. Elle avait commencé au temps où Jocelyn était à la mode, et maintenant elle
lisait Nietzche, et de tout elle faisait ressortir ce qu’elle aimait le plus
613. » C’est exactement ce
qu’Elena faisait, en plus elle avait ce genre de petits cahiers où elle notait des citations qui lui
attirait l’attention.
La plupart des nouvelles sont construites sur l’idée de dédoublement. Les caractères sont
souvent contrastés et révèlent la complexité d’un sentiment selon la dominante apollinienne ou
dionysiaque. Le dédoublement psychologique devient signe d’une crise intérieure et les nouvelles
constituent de véritables interrogations sur l’être et le paraître, révélatrices des choix éthiques de
l’auteure et de ses inquiétudes structurelles. La mieux réalisée de ce point de vue est la nouvelle
Fațada (L’Étiquette), publiée dans la Revista scriitoarelor și scriitorilor români
614, où l’écrivaine
s’attache à décrire la vie à la cour où la reine et sa fille cadette sont amoureuses toutes les deux du
Docteur. La nouvelle est inspirée de la vie à la cour et sous les traits des personnages on peut
facilement reconnaître la figure de la Reine Marie, avec ses amours interdites, et celles de ses
filles. L’une d’elle, celle qui quitte la cour pour devenir infirmière d’hôpital et se consacrer aux
œuvres de charité est la princesse Ileana qui est devenue finalement moniale. Les deux femmes
doivent cacher leurs sentiments parce qu’elles ont chacune des raisons pour se dissimuler, mais
surtout parce qu’elles doivent respecter Fațada (le paraître) qui est en fait l’étiquette de la cour, le
système de pratiques et de conventions, plus fort que n’importe où. Le dédoublement ressort de la
contradiction entre la condition de femmes, et celle de « reines ».
613 „Așa o pomenise o lume întreagă: cu cartea în mână și alături cu un vas de preț, plin cu duzini de creioane, bine ascuțite. […] Ce făcea cu atâtea creioane, se mirau cei care o vedeau. Copia în niște carnețele tot ce găsea frumos în cărțile pe care le citea zi și noapte. Când mai dormea Bunica? Nu știu. Cetea mereu și scria. Începuse pe timpul când era la modă Jocelyn, iar acum cetea pe Nietzche și din toate scotea ce-i plăcea mai mult”, Umbre pe ecran, Ca să pot muri, Bucureşti, Editura Bucovina, 1925, p. 14.
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