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Investissements, rentabilité et régulation formelle

REDES DE ACUEDUCTO REHABILITADAS 2000

Source : Oficina del Historiador, 2006

1.3 Minimisation des coûts d’exploitation

AGBAR, à la marge de la loi régissant les investissements étrangers (loi 77), a négocié des concessions supplémentaires.

Pour leurs salariés cubains, les entreprises mixtes doivent normalement passer par ACOREC, l’entreprise chargée du recrutement et de la rémunération des employés cubains des entreprises mixtes. Les entreprises mixtes paient les salaires à ACOREC en dollar, et cette dernière reverse le salaire aux employés en peso. Or l’entreprise cubano- espagnole Aguas de La Habana emploie un personnel qualifié et le rémunère directement en peso, elle fait donc exception à la règle. Par ailleurs, Aguas de La Habana s’acquitte des factures d’électricité en peso alors que les entreprises mixtes doivent payer le service en devises car elles travaillent avec des devises. C’est un atout important car la consommation d’électricité et les salaires sont les principaux postes de dépenses de la production d’eau (les dépenses de salaires et d’électricité représentaient plus de 70% des

dépenses de l’entreprise publique en 19943). Le carburant normalement payable en dollar était également payé en partie en peso au début du contrat. Les impôts sont payés en pesos (sur la force de travail, la sécurité sociale..). Le peso, monnaie de paiement des impôts et des charges, allège considérablement les coûts que l’entreprise aurait normalement eu à acquitter en devises. Les coûts en devises sont les seuls à réellement minimiser pour le partenaire espagnol s’il veut maximiser son profit.

La participation espagnole dans l’entreprise mixte Aguas de La Habana prend la forme de prestations de services. Agbar a participé aux fonds propres à hauteur de 4 millions de dollars et accordé un prêt de 25 millions de dollars (remboursable sur 25 ans). La disproportion entre prêts et fonds propres (les premiers étant très supérieurs aux seconds) s’apparente à de la sous capitalisation. C’est une technique de financement de l’investissement des entreprises de plus en plus utilisée (Ogea Martinez Orozco, 1999). Le financement de l’investissement via le prêt intragroupe, plutôt qu’avec des capitaux propres, est plus avantageux du point de vue fiscal. Les intérêts qui rémunèrent le prêteur ne sont pas soumis, à la différence des dividendes, à l’imposition dans les deux Etats, et sont une charge déductible de la base imposable de l’emprunteur (traité de double imposition entre l’Espagne et Cuba). De plus, les intérêts sont soumis à des taux d’imposition inférieurs à ceux des dividendes. Donc les groupes financent leurs investissements avec une portion croissante de prêt intragroupe.

Les entreprises qui s’installent à Cuba auraient beaucoup à perdre à passer par les services financiers internationaux au vu des taux proposés au pays. Le recours au financement interne résout le problème du surcoût imposé à l’île4. Le taux d’intérêt du prêt que AGBAR a accordé à Aguas de La Habana est le LIBOR-0,5% (environ 4% en 2007), ce qui constitue pour Cuba de bonnes conditions d’emprunt compte tenu de

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Coûts (Million pesos) 1993 1994

Salaire 9 737 427 9 959 623

Dépenses courantes dont : 12 118 986 12 739 562

-sécurité sociale 1 612 421

-autres dépenses de base dont : 10 028 938 10 666 603

Pétrole, lubrifiant 908 339 925 584

électricité 7 361 428 7 380 601

Source : UE, 1997

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Cuba est classé comme pays à haut risque ou risque très élevé dans les agences de notation internationales pour le crédit CT et MT. Donc les participations des investisseurs se font par autofinancement (Lossio- Baudin de la Valette, 2004).

l’embargo et de la loi Helms-Burton. Celle-ci tente d’y restreindre l’entrée de crédit. En 2002, le taux d’intérêt auquel le pays pouvait emprunter se situait entre 11% et 18% (le ministère des relations extérieures indique LIBOR+6% à +11%), alors que le taux d’emprunt consenti aux conditions du marché international est LIBOR +2% (soit 6%) (cuba.minrex.cu/bloqueo/esp/06_esp.htm). Les mêmes contournements s’opèrent à l’intérieur des entreprises s’agissant des approvisionnements matériel. AGBAR a constitué une holding de prestations de services, Agbar servicios compartidos (2003) pour améliorer l’efficacité de l’approvisionnement et de l’organisation. C’est une stratégie menée à l’échelle mondiale pour que l’entreprise s’affranchisse des contraintes du marché. Les activités intragroupe sont à la fois une stratégie de contournement du marché mais permettent également de minimiser l’impact de l’embargo.

Les sociétés étrangères dont l’activité est le crédit bancaire utilisent la fiducie : afin de se protéger contre l’accusation de participation au financement de projets impliquant des avoirs expropriés et pour éviter les sanctions américaines, elles créent des circuits de financement pour leur activité à travers des sociétés écrans qu’elles ont constituées dans des pays de la Caraïbe ou d’Amérique centrale (Panama, Îles Vierges, Caïman..). Cela permet de camoufler l’activité d’assistance financière. Les sociétés étrangères d’autres secteurs que l’eau utilisent aussi ce procédé5.

L’Etat cubain a créé un cadre fiscal avantageux pour attirer les investisseurs étrangers : c’est la loi 77 (1995). Elle établit un taux d’imposition des bénéfices de 30 %, soit 5 points de moins que le taux appliqué aux entreprises nationales. Mais pour stimuler l’investissement étranger l’Etat décide que pendant la période de récupération de l’investissement, l’entreprise mixte est exonérée partiellement ou totalement du paiement de l’impôt sur les bénéfices. L’impôt sur les services publics n’est pas dû. En revanche, l’impôt sur l’utilisation de la force de travail (11% de la masse salariale) et la contribution à la sécurité sociale (14% de la masse salariale) sont dus. Elle est exonérée du paiement des droits de douane sur les intrants et les équipements nécessaires à l’investissement initial, et la possibilité de rapatriement des dividendes (en dollar) est illimitée (Conas,

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Les investisseurs étrangers à Cuba font profil bas ; avec la règle du secret il est difficile de connaître précisément l’origine des sociétés car beaucoup utilisent des sociétés écrans pour leurs investissements(Lossio- Baudin de la Valette, 2004).

2003). Au démarrage de l’activité de AGBAR, l’impôt sur la force de travail a même été supprimé, un avantage qui n’aurait été concédé que provisoirement.

Concernant la rémunération de l’entreprise espagnole : l’Etat rémunère le partenaire étranger sur la base d’un montant fixe et d’une part variable (25% des bénéfices), le tout lui est payé en devises.

L’investissement espagnol à Cuba est couvert par le traité de double imposition. Ce traité permet d’éviter que les impôts soient payés à la fois à Cuba et en Espagne. Il permet aussi de prendre en compte tous les bénéfices réalisés à Cuba par la filiale d’une entreprise espagnole et éventuellement de corriger des transactions faussées par des relations privilégiées entre une entreprise et sa filiale. Il permet de déduire du bénéfice les frais d’installation (frais d’administration et de direction compris) donc d’alléger l’impôt sur les bénéfices. Il précise le lieu de paiement des différents impôts. Le paiement des intérêts et des dividendes est soumis à impôt dans l’Etat où ils sont reçus. Dans le cas de AGBAR, ils sont reçus en Espagne aux Canaries. Le redressement concerne tous les transferts d’argent qui se font à des prix au dessus/dessous de ceux du marché. Tout ce qui est au- dessus/en-dessous des normes est soumis à impôt par un recalcul prenant les prix de marché comme référents (Garcia Prats et ali, 2002). Dans les faits, le partenaire espagnol n’est assujetti à l’impôt sur les dividendes ni à Cuba ni en Espagne. En revanche, le paiement d’intérêts est imposé en Espagne (entretien, 2007) avec quelques avantages liés à la provenance de l’investisseur. En effet, AGBAR utilise une filiale basée aux Canaries pour investir à Cuba : c’est Canaragua S.A. qui distribue l’eau à Tenerife et s’est créée avec le soutien d’un homme d’affaires des Canaries Enrique Martinon. Ce dernier est un des premiers grands investisseurs à Cuba, il a de nombreuses participations dans le tourisme qui datent du milieu des années 1980, elles prennent la forme d’associations avec l’Etat cubain (entreprises mixtes)6.

Le régime fiscal des Canaries est relativement moins lourd que celui du reste de l’Espagne7. Le différentiel avec l’Espagne se trouve notamment au niveau des impôts sur

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Les investissements à Cuba transitent souvent par des pays tiers ou centres financiers offshore (Lossio-Baudin de la Valette, 2004)

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Un article de El Pais relève également le différentiel entre les USA et les Canaries : 4% d’impôt sur les bénéfices des sociétés aux Canaries contre 37% aux USA. “Canarias : la puerta estadounidense de Africa”. Domingo 2 diciembre 2007.

les revenus, le profit, et les revenus du capital ainsi que l’impôt sur la production et la consommation. Entre 1982 et 2001, le différentiel des impôts sur les revenus, bénéfices et revenus du capital s’est accru (en point de pourcentage), il est passé de 3,28 à 4,66. La tendance est la même pour la ‘TVA’ dont le différentiel avec l’Espagne a cru de 2,52 à 4,69 entre 1982 et 20018. Le régime fiscal privilégié des îles Canaries, zone spéciale des Canaries (ZEC) a été prolongé jusqu’en 20199. Les entreprises bénéficient avec ce régime d’une aide qui compense les désavantages liés à l’implantation d’une entreprise aux Canaries ; coûts d’approvisionnement, absence de matières premières. L’aide est une déduction fiscale, son montant correspond à la partie du bénéfice qui est destinée à abonder une réserve pour investissement (RIC). Cela permet à l’entreprise de diminuer d’autant le bénéfice imposable. Le montant ainsi épargné (jusqu’à 90% du bénéfice) doit être investi dans les 3 ans dans l’archipel (ley 19/1994 6 julio).

1.4 L’entreprise est détenue par un actionnariat exigeant

Nous avons présenté la façon dont AGBAR maximise la rentabilité de sa participation à Aguas de La Habana. Sa gestion relève d’un nouveau mode de contrôle de l’entreprise : le gouvernement actionnarial et par le marché qui succède au gouvernement managérial. L’accroissement de l’épargne collective a provoqué la concentration du capital des entreprises aux mains d’investisseurs institutionnels. Cet actionnariat surveille les performances de l’entreprise afin de défendre ses intérêts. Il contrôle le conseil d’administration de l’entreprise, ainsi que les dirigeants, qui sont incités à améliorer leur performance grâce à l’introduction dans leur rémunération de stock options dépendants de la valeur de l’entreprise. Il veille à ce qu’il y ait une régulation des dirigeants (les contre-performances doivent être sanctionnées par un changement de direction) (Plihon, 2001).

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Différentiel fiscal des Canaries relativement à l’Espagne par groupe d’impôts (OCDE)

1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 A 3,28 3,27 3,78 3,02 3,23 3,93 3,86 4,88 5,36 5,51 5,58 4,42 4,18 4,48 3,95 4,42 4,27 4,52 4,73 4,66

B 2,52 3,23 4,06 4,55 6,05 4,91 5,24 5,28 5,73 5,72 5,58 4,21 4,30 4,15 4,19 4,37 4,48 4,82 5,06 4,69 Grupos OCDE de tributos: (A)1000-Sobre la renta, beneficios y ganancias de capital; et (B) 5000-Sobre los bienes y servicios (producción, ventas, consumo...) revista canaria. (Espino Romero, 2003).

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En 2000, le groupe AGBAR est contrôlé par La Caixa (banque espagnole) et Suez- Lyonnaise qui, via leur holding Hisusa, détiennent 47,7% de AGBAR10. L’entreprise ENDESA (énergie) possède 11,8% et 39% appartiennent à divers actionnaires. En 2005, le PDG de AGBAR du secteur eau (75% des actifs du groupe) soulignait que la croissance était certes la stratégie du groupe mais que c’était surtout la rentabilité des investissements qu’il fallait atteindre (réunion des actionnaires). La recherche de la rentabilité signifie que : « l’actionnaire est désormais solidement installé en protagoniste de la valeur ajoutée. Et

les dirigeants d’entreprise sont invités à lui donner satisfaction en priorité. » (Artus et

Virard, 2005). A côté de moyens tels que l’absence de redistribution des gains de productivité aux salariés, l’investissement dans des technologies nouvelles ou la rationalisation de la production, l’affaiblissement des obligations fiscales alimentent le profit d’Aguas de La Habana.

Tableau 17. Evolution des recettes ‘eau et assainissement’ et coût indirect et structurel eau/ assainis. 2000 2001 2002 2003 2004 2005

recettes 8523 8917 9056 10532 10666 10206

coût indirect et structurel 5818 4598 4389 4057 4060 3778

2005 projections ; milliers de dollars Source : revue Aguas de La Habana, 2005.

Entre 2000 et 2005, les coûts baissent régulièrement (- 35%) et les recettes augmentent de 20%. L’année 2002 est le premier exercice où Aguas de La Habana n’a pas besoin de subvention du ministère des ressources hydrauliques (INRH). La rentabilité s’accroît à partir de 2003 grâce à la hausse du revenu net (cf. Informe anual 2001, 2003, 2004 AGBAR).

Tableau 18. Evolution du revenu net et de la rentabilité

2000 2001 2002 2003 2004 2005

milliers dollars 151 160 180 663,1 699,8 726,4

rentabilité 2% 2% 2,2% 8,2% 8,7% 9%

(rentabilité financière = revenu net/capital social)

2005 projections

Source : revue Aguas de La Habana, 2005

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En 2007, Suez et La Caixa tentent une OPA sur le reste de AGBAR pour en détenir plus de 60% (www.el economista.es)

Le revenu net a brusquement été multiplié par 3 entre 2002 et 2003. En observant les données sur les recettes et les dépenses, on ne constate pas de changements majeurs ni dans les recettes qui augmentent bien, mais faiblement, ni dans les dépenses qui diminuent bien, mais sans chuter. D’autres postes du bilan sont donc en question. Résultats financiers et résultats exceptionnels ? Allègement fiscal ? Aucune précision n’a été fournie sur cette évolution.

En 2006, la rentabilité devrait être la même qu’en 2005 (d’après tableau 18). Les objectifs de rentabilité élevée11 sont satisfaits par la substitution de la dette aux actions. AGBAR a privilégié le financement par endettement plutôt que par fonds propres. Mais cette façon de financer l’activité et d’élever la rentabilité des fonds propres produit un biais : notamment l’allergie aux projets à horizon long, le sous investissement, la déformation du partage des revenus au détriment des salaires (Artus et Virard, 2005).

Les résultats du groupe AGBAR sont passés de 50,9 millions d’euros en 1995 à 194,3 millions en 2004. La rentabilité des fonds propres atteint 8% en 2006. L’activité à Cuba et à La Havane est également rentable : les résultats de Aguas de La Habana sont en forte progression entre 2002 et 2003. La rentabilité financière de Aguas de La Habana a progressé jusqu’à 8% sur les 3 dernières années d’activité, la situant au niveau du reste du groupe AGBAR et même au dessus (9% projeté en 2005). AGBAR utilise le niveau du LIBOR (taux d’intérêt de court terme pour les prêts interbancaires- maximum 12 mois, 4% en mars 2007) pour apprécier la rentabilité de son investissement à Cuba. Les points de rentabilité au-delà du LIBOR (i.e. au-dessus de 4%) rémunèrent sa prise de risque12. L’entreprise considère que ces 4 points supplémentaires constituent une rentabilité raisonnable (8% en 2004).

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Tableau 19. Evolution des performances de Aguas de La Habana (milliers euros) Année Capital souscrit réserves résultat

2001 9078 15 179

2003 6334 -39 586

2004 5873 - 6 563

2005 6781 79 467

2006 6074 76 467

Source : AGBAR ; informe anual 2001 ; 2004 ; 2005 ; 2006

Enquête à La Havane : différences de durée d’approvisionnement

A La Havane, la division de l’exploitation entre zone rentable ou non rentable modifie un système de prise en charge croisée du réseau assurée avant 2000 par un gestionnaire public. Elle répond à la logique de l’associé privé étranger dont la valorisation à court terme est dictée par un actionnariat international. Son influence sur l’activité de l’entreprise pèse sur la localisation des investissements. Les bons résultats financiers de Aguas de La Habana ont un impact sur la ville. Notre enquête évalue les différences du service de distribution d’eau entre les municipalités desservies par l’entreprise mixte et celles desservies par les entreprises publiques. Bien que nous ne puissions pas toutes les attribuer à l’introduction d’un opérateur privé étranger, nous pensons qu’après 9 ans d’activité on peut imputer une part des différences relevées par notre enquête à cette présence (en 1997 AGBAR a débuté par la gestion de la distribution d’eau dans 3 municipalités). La carte du réseau a montré que les investissements les plus récents concernent les secteurs touristiques des huit municipalités de Aguas de La Habana, les autres sont tenues à l’écart. L’enquête pointe les différences entre municipalités du secteur de l’entreprise mixte et celles du secteur public. Elles sont importantes (graphes page suivante).

Nous avons interrogé 141 ménages de La Havane sur le service d’eau qu’ils recevaient. Les enquêtes ont été menées aux mois de Mars, Avril et Mai 2006 dans les municipalités desservies par 3 entreprises : l’entreprise mixte Aguas de La Habana, et deux entreprises publiques Acueducto del Este et Acueducto del Sur. Sur les 14 municipalités desservies par l’une des 3 entreprises publiques, nous avons enquêté dans 10

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La prime de risque est la rentabilité supplémentaire que les investisseurs espèrent percevoir pour acheter des actions plutôt que des bons du Trésor ou des obligations d’Etat peu ou pas risquées. In La réduction de la prime de risque : le rôle du risque macroéconomique. C. Boucher. Revue Banque et Marchés No.87 ; Mars-Avril 2007.

de façon aléatoire13. L’objectif de l’enquête est d’observer s’il existe une différence de service de distribution d’eau entre les entreprises publiques et l’entreprise mixte. En réalité, au sein du territoire de Aguas de La Habana, il existe 93 zones desservies selon des tours horaires. Nous avons regroupé les deux entreprises publiques et avons comparé ce groupe de population à celui approvisionné par l’entreprise mixte. Nous avons demandé aux ménages s’ils recevaient l’eau tous les jours ou moins fréquemment (un jour sur deux ou moins). Nous montrons de manière graphique, puis par le test du chi2 que la probabilité de se tromper en rejetant l’hypothèse d’indépendance des variables identité et durée de l’approvisionnement est très faible. Il existe un lien entre l’identité du gestionnaire (publique ou mixte) et la fréquence de l’approvisionnement (journalier ou alternée).

Graphiquement14, on constate que plus de 61% des ménages servis par l’entreprise mixte sont desservis tous les jours contre 39% qui n’ont l’eau qu’un jour sur deux. Dans le cas des entreprises publiques on constate que ce ne sont que 20% des ménages interrogés qui ont l’eau tous les jours, le reste de l’échantillon a l’eau un jour sur deux.

Graphe 17. Graphiques en mosaïque du lien entre le gestionnaire et la durée de l’approvisionnement 1 5 2 0 . 3 % 5 9 7 9 . 7 % 1 j 1 j / 2 D u r p u b i dent 2 7 6 1 . 4 % 1 7 3 8 . 6 % 1 j 1 j / 2 D u r p r i v i dent 13

Ce sont pour Acueducto del Este : San Miguel del Padron et Regla ; pour Acueducto del Sur : ces 2 municipalités Arroyo Naranjo et Boyeros ; pour Aguas de La Habana : Plaza de La Revolución, Habana Vieja, Centro Habana, Playa, Marianao, 10 de Octubre.

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2 7 1 7 1 5 5 9 1 j 1 j / 2 D u r p r i v p u b i dent

Priv : Gestion avec la participation privée espagnole Pub : Gestion entièrement publique

1j/2 : distribution d’eau un jour sur deux ou moins fréquemment 1j : distribution d’eau tous les jours

Tableau 20. Tableau du test du Chi 2

Tableau de ident par Dur

ident(ident) Dur(Dur) FREQUENCE Pourcentage Pct en ligne Pct en col. 1j/2 1j Total publique 59 50.00 79.73 77.63 15 12.71 20.27 35.71 74 62.71 privé 17 14.41 38.64 22.37 27 22.88 61.36 64.29 44 37.29 Total 76 64.41 42 35.59 118 100.00

Avec le test du chi2 on constate que 77,6% des ménages interrogés qui ont l’eau un jour sur deux sont des ménages desservis par une entreprise publique. Mais seuls 20,3% des ménages approvisionnés tous les jours le sont grâce à une entreprise publique. La probabilité de se tromper en rejetant l’hypothèse d’une absence de différence entre la durée du service de l’entreprise mixte et celui des entreprises publiques est inférieure à 1 pour 10000.

Statistique DF Valeur Proba.

Khi-2 1 20.3258 <.0001

Test du rapport de vraisemblance 1 20.3309 <.0001

Continuité Adj. Khi-2 1 18.5727 <.0001

Khi-2 de Mantel-Haenszel 1 20.1535 <.0001

Coefficient Phi 0.4150

Coefficient de contingence 0.3833

V de Cramer 0.4150

Taille réelle de l'échantillon = 118 Fréquence manquante = 23

Comme Valiron, nous remarquons que les frais de renouvellement, les frais financiers sont quasi inexistants pour l’opérateur privé qui, par ailleurs, est capable de minimiser les charges d’exploitation pour limiter ses coûts. La ville de La Havane a connu un certain déséquilibre que le régime de Castro a tenté d’effacer, la crise économique des années 1990 a pourtant rendu plus difficile ce rééquilibre. Le réseau d’eau s’est dégradé, provoquant un bond dans les coûts de fonctionnement, et la distribution par camions- citernes s’est développée. Les coûts de desserte de la ville ont augmenté. L’entreprise étrangère s’installe à La Havane avec des objectifs de rentabilité et un nouveau mode de gestion. Elle a accentué les zones privilégiées en y orientant les réhabilitations au détriment des autres apparemment (cf chapitre 4). La vision de court terme qui s’impose par la division de l’exploitation du réseau et la présence d’un gestionnaire privé étranger va à l’encontre de l’amélioration uniforme à l’échelle de la ville de l’alimentation par le réseau.