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LE REDEPLOIEMENT DU DISPOSITIF DE COLLECTE DE L'INFORMATION

RUSSE

L'intégration progressive des anciennes économies socialistes au marché mondial oblige la Russie à redéfinir sa politique de collecte et d'exploitation de l'information économique.

Avant la Perestroïka, les services de renseignement soviétiques appliquaient dans le domaine de l'économie une ligne stratégique correspondant à leur modèle idéologique et à leur culture traditionnelle. La fermeture des économies socialistes les mettait à l'abri des problématiques concurrentielles du monde capitaliste. Des années trente à l'implosion du bloc communiste, les services de renseignement soviétiques ont mobilisé des milliers d'agents pour explorer méthodiquement toutes les filières technologiques de l'Occident et de l'Asie. Le développement d'une économie civile est désormais la priorité stratégique du renseignement russe. Mais le pillage technologique à des fins civiles n'aboutit pas forcément aux mêmes résultats que le pillage technologique à des fins militaires. Les problèmes de tous ordres provoqués par le passage du socialisme à un modèle d'économie de marché encore mal défini ne permettront pas à la Russie de rivaliser avec les économies occidentales avant longtemps.

Cette période d'adaptation, impossible à évaluer, conduit les services de renseignement russes à un fonctionnement relativement pragmatique. Dans ce jeu aléatoire, les services de renseignement russes ont reçu la consigne de démythifier leur image et d'apparaître comme une force en déclin (réduction des postes consulaires, émiettement des organismes de l'ex-KGB, hémorragie des spécialistes vers le privé). Contrairement au passé, leur marge de manœuvre est limitée par la politique d'ouverture mené par les nouvelles autorités russes vers l'Occident.

Sur un plan purement défensif, l'ouverture du marché intérieur de la CEI risque d'inféoder le système de production socialiste aux économies occidentales les plus agressives. Pour éviter une défaite stratégique irréversible en termes de guerre économique, les responsables du Kremlin sont condamnés à trouver des solutions offensives pour compenser le retard industriel de leur économie. A cet égard, le système de renseignement russe est inadapté aux réalités concurrentielles du monde capitaliste. La formation des agents soviétiques reste axée en effet principalement sur des missions de nature géopolitique. Le personnel des centrales a appris à récupérer, à détourner ou à truquer les informations. Il n'a jamais été initié à la façon de les rentabiliser dans un système de compétition industrielle et commerciale. Si la formation des cadres et des officiers était jadis un des atouts majeurs des services de renseignement soviétiques, elle ne correspond plus aujourd'hui aux réponses spécifiques que le pouvoir soviétique attend de ses spécialistes s'il ne veut pas subir la guerre économique mais au contraire en tirer profit. Les procédés éducatifs des écoles de renseignement soviétiques sont faussés par le discours idéologique qui les sous-tend. Durant la guerre froide, l'appareil de renseignement a été formaté pour miner les bases des nations occidentales.

La réforme de tels services dans une logique quasiment inverse n'est pas chose facile.

Devant un tel bilan critique, les experts de M. Eltsine ont cependant essayé de tirer quelques enseignements des synergies que le MM réalise chaque jour entre les différents acteurs de la machine de guerre économique nipponne. Selon des sources américaines, le ministère du Commerce, de l'Administration technique et de l'Ingénierie (GITU), dirigé par d'anciens membres des services de renseignement soviétiques, est chargé de gérer un vaste programme de collecte d'informations économiques et technologiques. Une des méthodes de malversation commerciale la plus efficace et la plus sûre, utilisée par les Russes, est le détournement de contrats ou la corruption de courtiers. Les auteurs de ces malversations sont aussi bien des représentants commerciaux que des hommes d'affaires liés indirectement par des contrats avec des joint ventures sous contrôle russe. Les canaux d'acquisition traditionnels du Comité d’Etat pour la science et la technologie (GKNT) et ses subdivisions telles que l'Académie des Sciences et le Comité d'Etat pour les relations économiques étrangères (GKES) continuent à jouer leur rôle de collecteurs d'informations technologiques et scientifiques pour le compte des intérêts stratégiques du Kremlin.

Etant donné l'absence d'atouts concurrentiels de la Russie et de la CEI dans la compétition économique mondiale, les Russes n'ont pour l'instant qu'un seul moyen de compenser le manque de compétitivité de leurs entreprises : exploiter systématiquement les contradictions à l'œuvre entre les pays capitalistes. Le Kremlin a décidé d'établir un savant dosage entre les différentes propositions formulées par les puissances économiques les plus déterminées dans leur volonté de s'établir à l'Est. Le climat de désorganisation économique n'explique pas toujours pourquoi les offres des grandes entreprises japonaises, allemandes ou américaines mettent beaucoup de temps à être finalisées. En effet, le pouvoir central veille à ce que le passage de la Russie à l'économie de marché ne lui coûte pas son indépendance économique.

Annexe n° 4

LE DISPOSITIF NATIONAL DE COMMERCE EXTÉRIEUR ITALIEN

Les entreprises italiennes privilégient l'échange plutôt que l'implantation de filiales à l'étranger. Le nombre d'entreprises exportatrices italiennes s'élève à environ 8 000 ou 9 000. Pour soutenir l'effort commercial des entreprises à l'étranger, le gouvernement italien a créé en juillet 1992 un groupe de coordination entre les trois ministères suivants : ministère des Affaires étrangères, ministère des Finances et ministère du Commerce extérieur.

L'objectif de cette mesure tend à l'amélioration de la concertation entre les acteurs, afin de contrôler et d'orienter plus efficacement l'affectation des moyens financiers. Etant donné la crise des pouvoirs publics dans leur pays, les acteurs économiques italiens attendent peu de résultats de ce type de réforme. Mais celle-ci a des effets indirects, car les régions les plus puissantes (Piémont, Lombardie, Vénétie, Toscane, Émilie-Romagne) reprennent à leur compte cette politique de coordination des moyens d'action et redéploient leurs propres structures de soutien à l'exportation en concentrant leurs forces sur des marchés ou ensemble de marchés ciblés. Dans ces régions, ont été créés des bureaux qui, au niveau du conseil régional, ont une fonction de lobbying et de conseil en stratégies commerciales extérieures auprès du tissu local.

L'Institut du commerce extérieur représente la plus grande structure institutionnelle. Il dispose de 60 bureaux à l'étranger. LICE a plusieurs activités .

- promotion des entreprises par l'intermédiaire des pavillons italiens dans les foires internationales ;

- rencontre entre opérateurs (organisation de salons et de bureaux d'affaires) ; - service d'information (études de marché, données économiques sur les marchés extérieurs, données informatisées reliées à des opérateurs privés).

LICE élabore également des listes d'opérateurs étrangers cherchant à représenter dans leur pays les intérêts des entreprises italiennes et édite des publications spécialisées du même type que celles du Centre français du commerce extérieur. Les Chambres de commerce constituent l'autre pilier du dispositif.

Le réseau regroupe 95 Chambres. 20 % des dépenses sont financées par l'Etat. Les Chambres les plus opérationnelles sont situées dans les cinq régions italiennes les plus puissantes. Le réseau le plus important est celui du Piémont. A lui seul, fi reçoit 88 % des demandes de conseil su niveau national. Il existe aussi un réseau de Chambres de commerce implanté à l'étranger. Sur les 56 Chambres déclarées, 42 sont reconnues par le gouvernement italien. Elles ont une productivité très inégale. Leur cloisonnement trop important a incité les autorités de tutelle à les fédérer, afin de tenter d'harmoniser leur fonctionnement. Les Chambres les plus opérationnelles mènent des activités de lobbying dans les pays d'implantation.

A côté des réseaux institutionnels, se développe le réseau des associations. Plus de 300 associations sont mobilisées sur l'appui à l'export des PUE-PMI et représentent 10 % du commerce extérieur italien. Ce système souple et flexible se développe, appuyé par la coordination entre les trois ministères cités précédemment. Mais la majorité des chefs d'entreprise italiens, très individualistes, n'utilisent que très peu ces sources d'information et préfèrent mettre en place des coopérations inter-entreprises. Ce phénomène rappelle celui des consortiums au sein desquels se regroupent les grandes entreprises italiennes pour coordonner leurs initiatives sur des marchés extérieurs. Les consortiums peuvent regrouper plusieurs branches d'activités (cf. équipement électrique, aéroport...).

L'exemple de la veille commerciale à Hong Kong illustre la tentative italienne de trouver une nouvelle forme de coopération entre l'Etat, les banques et les entreprises vers l'accès à des marchés lointains et difficiles. Les Italiens sont très dynamiques dans le cadre d'actions import-export à court terme mais peu présents sur les investissements à long terme. C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics ont décidé d'inciter les entreprises à travailler davantage sur la cible stratégique majeure que représente à leurs yeux la Chine du sud Leur but est de favoriser des alliances industrielles entre firmes italiennes pour pénétrer plus efficacement le marché chinois et se. positionner vis-à-vis de la concurrence occidentale ou nipponne.

La représentation de l'ICE à Hong Kong joue un rôle particulier de diplomatie économique. VICE gère les demandes d'informations de 30 % des entreprises italiennes qui opèrent dans cette zone géographique et qui n'ont pas les moyens de réaliser leurs propres études de marché. Les banques italiennes représentent un pilier non négligeable du dispositif. De petite taille, elles sont obligées de se fédérer. Les 21 banques italiennes présentes à Hong Kong ont créé un réseau très actif de bureaux conjoints banques/entreprises qui concentrent leurs activités de veille et de trading sur les secteurs suivants : textile, habillement, biens d'équipement et industrie du meuble. Ce réseau conduit au service des entreprises un lobbying permanent auprès des milieux officiels chinois.

Annexe n° 5

LE NOUVEAU SYSTEME DE