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54 Le rythme du recrutement est tel : 1636 : 18 femmes ; 1637 : 10 femmes ; 1638 : 5

femmes ; 1639 : 1 femme ; 1640 : 2 femmes ; 1641 : 5 femmes ; 1646 : 4 femmes ; 1647 : 1 femme ; 1648 : 1 femme ; 1649 : 2 femmes ; 1651 : 1 femme ; 1653 : 1 femme ; 1654 : 8 femmes ; 1655 : 1 femme ; 1660 : 1 femme ; 1662 : 2 femmes ; 1664 : 1 femme ; 1666 : 1 femme ; 1670 : 1 femme ; 1671 : 1 femme ; 1673 : 1 femme ; 1682 : 2 femmes ; 1683 : 2 femmes ; entre 1683 et 1686 : deux femmes (nous ne connaissons

pas leur année exacte d’entrée dans la Congrégation, car cela n’est pas précisé) ; 1686 : 2 femmes ; 1689 : 1 femme ; 1690 : 1 femme ; 1691 : 2 femmes ; 1693 : 3 femmes ; 1694 : 1 femme ; 1696 : 3 femmes ; 1697 : 1 femme ; 1698 : 1 femme ; 1699 : 1 femme et 1702 : 2 femmes. 1 6 3 6 1 6 4 0 1 6 4 4 1 6 4 8 1 6 5 2 1 6 5 6 1 6 6 0 1 6 6 4 1 6 6 8 1 6 7 2 1 6 7 6 1 6 8 0 1 6 8 4 1 6 8 8 1 6 9 2 1 6 9 6 1 7 0 0 1 7 0 2

Recrutements et Décès

N o m b re d e c o n g r é g a n is te s 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● Recrutements Décès

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leurs cercles familiaux et mondains. C’est pourquoi le faible nombre de recrues par la suite n’est guère synonyme d’absence d’intérêt pour la Congrégation, bien au contraire,

mais traduit davantage la volonté des Dames de la Purification de contrôler les nouvelles arrivantes et de ne pas surcharger une Congrégation déjà particulièrement nombreuse. On remarque également un « pic » de recrutement dans les années 1650, en particulier pour

l’année 1654. Un regard sur la courbe des décès indique la corrélation existant entre la

perte d’un nombre notable de congréganistes notamment en 1646, et le souhait

d’accueillir de nouvelles venues pour les remplacer. La décennie 1644-1654 est en effet particulièrement mortifère, car ce ne sont pas moins de 13 femmes soit 14 % de

l’échantillon total qui décèdent durant ces années.

À partir de l’année1682, et ce jusqu’au début du XVIIIe siècle, le rythme de recrutement est beaucoup plus régulier avec une à deux femmes par année. La première génération de « sœurs» a presque disparu et la seconde génération s’efforce de maintenir

un renouvellement certes très modéré, mais nécessaire pour la pérennité de l’œuvre et sa

vie interne.

Une fois les sœurs légitimement reconnues par l’évêque, un logement est ensuite

trouvé pour recueillir douze pauvres orphelines. Dévouées à la Vierge, les « sœurs » de la Purification occupent chaque samedi leur temps à l’oraison et à la lecture. Leurs

loisirs ? Écrire des vers et lire des ouvrages dévots. Leur principale occupation ? Visiter les pauvres des hôpitaux et rendre visite aux petites orphelines tout en les instruisant des préceptes de la foi catholique.

Le nombre de femmes appartenant au corps grenoblois est considérable : de 1636 à 1702, 93 femmes entrent dans la Congrégation de la Purification grenobloise. Parmi ces femmes, 14,6 % ont des époux appartenant à la noblesse, 64 % sont des magistrats ou assimilés ; 20,2 % exercent des professions libérales ou des offices roturiers (apothicaires, avocats, procureurs et correcteur55) et 1,2 % sont artisans. Nous n’avons pas connaissance

des emplois exercés par les époux de trois Dames (Catherine Peyrouse, 19e sœur ; Antoinette Reysson, 76esœur, et Marie Dufour, 84esœur) et la dernière n’est logiquement

pas renseignée puisque Marguerite Prunier de Saint-André, 39e sœur, ne s’est jamais

mariée étant décédée très jeune. Le corps des magistrats est surreprésenté par rapport aux autres catégories ce qui prouve que les congréganistes sont recrutées dans un même milieu

55 Nous suivons la classification établie par Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au

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social. La coexistence de femmes nobles ou épouses d’aristocrates avec des femmes roturières dont le mari exerce le métier d’apothicaire indique que les Dames de la

Purification acceptent une certaine mixité sociale.

Il nous semble éminemment important de mentionner toutes ces femmes, car cela permet au lecteur d’avoir dès les prémices de ce travail, une vue d’ensemble du corps

grenoblois56.

Il importe désormais de prendre connaissance des filiales issues du corps grenoblois. De Grenoble, un essaimage est en effet très tôt envisagé. Le mémoire historique des Dames de la Purification revient sur ce point important :

Pour ne pas interrompre le fil de ce naré nous avons laissé a parler selon lordre des temps de quelques evenemens que nous reprendrons icy parce quilz sont trop remarquable pour les obmettre et que le recit servira encore a confirmer lestime de la Congrégation puisqué lon juge de larbre par le fruit ce sont trois establissments quelles ont faict dans les villes d’aix, de romans et de Valance de la mesme Congrégation57

Cet élément est en effet « trop remarquable » pour ne pas être cité. Les Dames de la Congrégation de la Purification grenobloise sont fières de pouvoir laisser une trace de

leur dynamisme et de l’estime qu’elles reçurent dans les villes d’Aix-en-Provence, de Valence et de Romans qui sont les bastions de leur conquête religieuse. Il ne s’agit cependant pas uniquement de fierté. Cela est aussi lié à la dynamique d’expansion du

groupe des Dames de la Purification dans la première période de son histoire. Le mémoire historique revient point par point sur ces différentes villes en donnant, le cas échéant, les titres et les noms des quelques personnalités qui en font partie.

2. Aix-en-Provence

Le premier établissement accueillant une filiale de la Congrégation de la Purification se situe dans une ville parlementaire : celle d’Aix-en-Provence, située à quelques journées de voyage de la capitale provinciale de Dauphiné :

Le premier se fit dans la ville d’Aix en Provence en lannée mil six cens quarente par

nostre sœur de Vessilieux accompagnée de sœur de lionne sa fille lesquelles furent

56Pour davantage de lisibilité et de clarté dans l’agencement de ce chapitre, nous invitons le lecteur à se reporter à l’annexe no2. Les Dames de la Purification grenobloise

sont listées avec les numéros qu’elles se sont données dans le registre des réceptions.

Nous mentionnons également leurs NOM et prénom, ceux de leurs parents et maris respectifs, avec, lorsque nous les connaissons, leur date de naissance et de décès ainsi

que leur date d’entrée et de profession dans la Congrégation.

57 commises a cet effect par la superieure sur une instante priere qui luy avoit esté faicte durant asses long temps par les plus notables dames de cette mesme ville daix qui avoit desire de voir les reigles et apres les avoir veues elles demanderent que quelqune de

nos sœurs leur allasse montrer les ceremonies et celles que nous avons nome se rencontrant avoir un vœu a la saincte baume la superieure leur ordonna de passer par

aix pour cela, ce quelles firent en 9bre y receurent dabord madame la premiere presidente doppede mesdames les baronnes doppede et de Bormes ses filles et belles filles madame la presidente daymars mes Dames ladvocate generale de cormis et conseillere de Sigoyer sa fille et plusieurs autres dont nous ne savons pas les noms, mais nous apprenons qu’en moins de six ans elles estoient desja trente trois58.

Cet extrait permet d’identifier les personnalités qui ont fait le voyage en Provence pour apporter les Règles de la Congrégation et montrer les cérémonies aux Aixoises59 : il

s’agit de Marguerite de La Croix de Chevrières, 27e sœur, et de sa fille, Jeanne-Virginie

de Rabot d’Aurillac, 3esœur60. Cet ordre leur avait été donné par la supérieure, Madeleine de Franc61, alors que les deux femmes se rendaient à la Sainte-Baume pour un vœu en

septembre 164062. L’agrégation de la Compagnie aixoise au corps grenoblois fait l’objet d’une lettre émise par la supérieure des Dames et signée par elle, son assistante, et sa conseillère. Les Dames de la Purification de Grenoble notent en guise d’introduction à

cette lettre : « Quand nous establissons la congrega[ti]on en des autres lieux nous sommes

58Ibid., fo34vo-35ro.

59L’existence du corps de la Congrégation a pu leur être révélée par Louise du Faure ou

son époux. En effet, un lien entre les Dames de la Purification d’Aix-en-Provence et celles de Grenoble peut être établi par Gaspard de Forbin, dit le marquis de Mane, qui

épouse à Paris, par contrat du 30 juin 1633 reçu par les Me de La Croix et Beauvais, au

Châtelet, Marguerite de Simiane, fille de Guillaume, marquis de Gordes et de Gabrielle

de Pontevès-Carces. Le témoin de la mariée n’est autre que son cousin, Claude de

Simiane de La Coste, conseiller au Parlement de Grenoble et époux de Louise du Faure, 14esœur de la Congrégation de la Purification de Grenoble.

60 L’identification des Dames de la Purification n’est pas aisée, car il existe des

divergences entre les noms des « sœurs » présents dans les abrégés de vie et de vertus

et les noms qu’elles se donnent dans le mémoire historique. Ainsi, Marguerite de La

Croix de Chevrières est appelée « sœur de la Croix », et sa fille, « sœur de Rabot », au

sein des abrégés, et elles deviennent « sœur de Veyssilieu » et « sœur de Lionne » dans

le mémoire historique. En septembre 1640, la Congrégation est composée de 36

femmes ; or il n’y a qu’une seule épouse d’un parlementaire nommé « seigneur de

Veyssilieu » qui a une fille mariée à un de Lionne. C’est pour cette raison que nous

supposons que sœur de Veyssilieu est Marguerite de La Croix de Chevrières et sœur

de Lionne, sa fille, Jeanne-Virginie de Rabot d’Aurillac.

61 Elle était la cinquième congréganiste et la seconde à être élue supérieure.

62 Le roi Louis XIII avait lui-même fait ce pèlerinage en compagnie de sa mère avant de

se rendre à Valence rendre visite à Marie Teyssonier, dite Marie de Valence. Sur ce

point, Abbé Trouillat, Vie de Marie de Valence, Valence/Lyon, Favier/Josserand, 1873,

ch. XIII, p. 148. On peut également renvoyer le lecteur au Récit du pèlerinage du roi

Louis XIII à la Sainte-Baume et de son entrée triomphante dans la ville de Marseille, en 1622 par Me Jacques Ravat contemporain et témoin en partie, des faits qu’il raconte, Paris, V. Goupy et Jourdan, 1880, 88 p.

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en coustume de les agreger en nostre corps, celle de la ville d’Aix en Provance à esté la

premiere et de laquelle nous agregée a la forme de la lettre qui suit »63. La lettre se présente ainsi :

A tres nobles et illustres Dames, les dames de la congrega[ti]on de la Ste Vierge dressée a Grenoble soubs le tiltre de la Purifica[ti]on Salut eternel à nostre Seigneur puis quil est vray que chaque chose se conserve par les mesmes principes qui luy ont donné destre, desi nostre petite troupe qui est une production de vostre Auguste Compagne retourne a elle comme le ruisseau a sa source et le surjon a son tige pour se maintenir en sa subcistance de l’estre qu’elle tient de son charitable concours, a ces

fins donques nous vous deman[dons] tres humblement nos dames & reverandes meres, la communiqua[ti]on spirituelle de voz excellans meritez devant Dieu et la favorable adcistance de voz Sainctez prieres à ce que par vostre moyin nous puissions croistre

en l’estre spirituel que vous nous aves donne appres Dieu et jaccoit que le peu de bien

que Dieu pourra faire par nous a ladvenir nous soit acquis par droit de nature comme le fruit à la racine de larbre toutes fois nous vous en faisons part d’une plaine et entiere

deslibera[ti]on par nous generallement arrestée et dautant plus volontiers que nous nous persuadons que Dieu lagreera davantage quand il le verra uni par vostre accepta[ti]on au tresor de voz grandes et eroyques actions au sur recit desquelles nous avons pris courage dentreprendre quelque chose pour la gloire de Dieu à vostre Imita[ti]on et nous vous supplïons aussi tres humblem[ent] dagréer que nous faisions ceste tres humble priere cest que quand il mourra quelque sœur de vostre sainte

compagnie, vous nous faisies lhonneur de nous le faire scavoir affin que nous luy randions devant Dieu le tres humble debvoir que nous vous debvons et nous communier tres toutes en son inten[ti]on et dirons ce jour la le desprofondis pour son ame et adcistera toutes a la messe que nous ferons dire ce jour la pour elle, nous vous supplions tres humblem[ent] de nous vouloir randre la mesme charité et suplie le tout puissant quil nous fasse la misericorde de nous estre dans la vie et dans leternité. Mesdames et Reverande Mere, Vos tres humble et tres obeissantes filhe et tres obligée servantes, A. de Castillanne superieure tres indigne, Marguerite de Cormis adcistante tres indigne, de Chenerille conseillere indigne64.

Cette missive permet de constater que les Dames de la Congrégation de la Purification d’Aix-en-Provence appartiennent au corps des Dames de la Purification de Grenoble. Il en est de même pour Toulouse alors que la Congrégation toulousaine est antérieure à celle de Grenoble65. Ce que souhaitent les deux compagnies, c’est

63 AD Isère, 26 H 221, n.f.

64Ibid.

65Ibid. : Les Dames de la Purification de Grenoble écrivent dans leur livre : Le septiesme janvier mil six centz quarante nous avons receu une lettre de

noz sœurs de Tholouse par laquelle elle nous demande destre receues agregé à nostre corps nous leurs avons accordé leur demande aux mesmes

condi[ti]ons que noz sœurs d’Aix en Provance qui est que lhors quil mourra quelq’unes de leurs sœurs, lors que en serons adverties la congrega[ti]on fera

dire une messe le chaqune sœur fera une communion pour le repos de son

ame et diront une fois le desprofondis et de leur part elle nous ont promis la mesme chose.

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d’appartenir à un « corps », mais aussi de bénéficier des prières de leurs consœurs au

moment de leur trépas66. Des lettres circulaient entre les différentes filiales et Grenoble,

mais nous n’avons pas connaissance de celles-ci67. La place prééminente qu’occupait

Grenoble dans le corps de la Congrégation de la Purification la situe de facto comme la Compagnie Mère.

Selon le mémoire historique, la Congrégation d’Aix-en-Provence est constituée, en

1646, de 33 sœurs68. Nous ne pouvons confirmer ce propos n’ayant pas eu accès à leurs

registres malgré nos recherches dans les archives aixoises. Il semble qu’il faille regarder du côté des archives marseillaises même si aucune œuvre féminine connue sous le nom de « Congrégation de la Purification » n’est à recenser69. Les seules Congrégations mariales sont celles du collège royal Bourbon de la ville qui en comptent une dizaine70. Une Congrégation de l’Annonciation avait été créée en 1623 pour les écoliers et les Messieurs. Elle est connue à partir de 1627 sous le nom de « la Grande Congrégation »

au moment où il est décidé qu’elle ne reçoit désormais plus que les Messieurs71. Une Congrégation mise sous la protection de la Purification existait toutefois, mais elle était exclusivement destinée aux écoliers « au-dessous de la Rhétorique »72. Claude-Alain

Sarre mentionne l’existence «d’une sorte de Congrégation » pour les Dames dès le milieu du XVIIesiècle73. Une chapelle a été construite destinée à leurs dévotions et aux retraites74. Peu de choses donc sur l’existence et la gestion de cette œuvre féminine. De

La Congrégation toulousaine n’était sans doute pas considérée comme un corps ni

reconnue juridiquement comme tel d’où la volonté pour elles de s’agréger au corps

grenoblois.

66 Les circulaires permettaient aux religieuses de « faire corps ». Bernard Dompnier l’a

bien montré dans son article sur la Visitation : « “La cordiale communication de nos

petites nouvelles”. Les lettres circulaires, pratique d’union des monastères », dans

Bernard Dompnier, dir., Visitation et visitandines aux XVIIe et XVIIIe siècles (colloque

d’Annecy, juin 1999), Saint-Étienne, PUSE, 2001, p. 277-300.

67 Hormis les deux lettres évoquées d’agrégation au corps grenoblois.

68 AD Isère, 26 H 222, fo35ro.

69 Les archives relatives à cette Congrégation sont peut-être conservées sous le nom

générique de « Maison des filles Orphelines » même si celles-ci débutent en 1665 pour

s’achever en 1795. Sur ce point, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 15 HD 1-17.

70 Claude-Alain Sarre, Les jésuites au collège royal de Bourbon d’Aix-en-Provence,

Mémoire de maîtrise sous la direction de Marcel Bernos, Aix-en-Provence, 2 vol.,1990, 118 et 91 p. Ici, vol. 1, p. 55.

71Ibid., pp. 55 et 58.

72 Ibid., p. 55.

73 Ibid., p. 59.

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plus amples investigations méritent d’être menées, en particulier dans les actes notariés. Celles-ci permettraient d’identifier certaines Dames même en l’absence de registre formel

de la Congrégation.

La lettre précédemment citée nous permet néanmoins de confirmer l’identité de la première présidente d’Oppède. Ils’agit d’Aymare de Castellane La Verdière née en 1600 à Ampus, dans le Var, et décédée le lundi 16 août 1649 à Aix-en-Provence, âgée de 49 ans. Elle avait épousé le dimanche 29 décembre 1613, au château de La Verdière, Vincent-Anne de Forbin, baron d’Oppède, né le mardi 20 novembre 1579 à Aix -en-Provence, président à mortier au Parlement d’Aix-en-Provence le 19 novembre 1615, nommé premier président le 14 février 1621 par lettres patentes enregistrées le 30 mars de la même année75. Vincent-Anne de Forbin avait épousé en premières noces Marguerite

d’Oraison (1580-après 1610) le 4 février 1604, à Cadenet, dont il avait eu deux enfants, Jean et Madeleine, en 1605. Ses deux enfants moururent en bas âge. Aymare de Castellane, sa seconde épouse, a apporté 60 000 livres de dot. Son contrat de mariage mentionne le souhait des deux époux : « ont promis et promettent de se prendre en

mariage, de l’y solenniser en la face de la sainte mère l’Église catholique, apostolique et romaine, ainsi qu’il est de coutume entre les fidèles chrétiens »76. Le couple a eu une nombreuse postérité puisque douze enfants sont nés de ce lit77.

L’investissement religieux de la famille d’Oppède et en particulier le rôle d’Aymare de Castellane est très important. C’est en effet à Aymare de Castellane que revient l’initiative, en 1625, d’introduire à Aix-en-Provence un monastère du Carmel déchaussé

de la réforme espagnole de Thérèse d’Avila où deux de ses filles prennent le voile. C’est aussi grâce à elle qu’en 1637, les carmes déchaux réformés de Jean de La Croix peuvent

s’installer en ville. Aymare de Castellane joue enfin un rôle notable dans l’édification de l’œuvre de la Compagnie de la Propagation de la Foi créée par Gaspard de Simiane-La Coste en 1638. Régis Bertrand évoque cela dans son article traitant des Parlementaires

75 Abbé A-J Rance, Oraison funèbre de Henri de Forbin d’Oppède premier président du

Parlement de Provence prononcée à Lambesc, le 20 novembre 1671 par le P. Pierre Daverdy, de la Compagnie de Jésus, Marseille, Imprimerie Marseillaise, 1889, 193 p. Ici,

p. 18. Il succédait ainsi à Marc-Antoine d’Escalis d’Ansouis.

76 Contrat passé chez Capus, notaire à la Verdière, cité dans Monographie de la Terre

et du château de la Verdière Et des familles qui l’ont successivement possédé sans

interruption du Xeau XIXesiècle, Marseille, Typographie et lithographie Marius Olive, 1880, p. 46.

61 aixois devant la mort en citant cet extrait : « elle [Aymare de Castellane] y consacra la

donative d’une maison et l’obligation, qu’elle imposa sur ses biens, de quatre charges de

blés annuellement78. Peut-être pouvons-nous également approfondir les liens qui unissent la Révérende Mère Thérèse de Jésus, professe du monastère du Carmel de Paris et prieure de celui de Marseille avec Aymare de Castellane La Verdière. Après avoir obtenu

l’autorisation d’installer un couvent de l’Ordre à Aix-en-Provence, il fallut peupler le monastère de nouvelles recrues. Ce furent la R. Mère Thérèse de Jésus et quelques-unes de ses compagnes qui y entrèrent. Auparavant, Aymare de Castellane et les principales

dames de la ville les avaient escortées jusqu’à l’église Saint-Sauveur où elles avaient été

reçues par l’ensemble du clergé79. La veille du dimanche 21 août 1628, jour fixé pour faire la translation des religieuses dans la maison achetée au faubourg Saint-Jean, le

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