L’existence de la Congrégation des Dames de la Purification répond à un besoin
social autant que spirituel. La nécessité de s’occuper de son salut et de celui de son
prochain amène les Dames à ouvrir les yeux sur une partie de la population désœuvrée : les orphelines. Elles choisissent en effet de ne pas venir en aide à tous les pauvres, ce qui est impossible, mais de focaliser leur attention sur quelques pauvres jeunes filles.
L’approbation des Règles par l’évêque et prince de Grenoble Pierre Scarron le dit
explicitement : « supplient humblement les sœurs associées pour l’érection d’une
Congrégation en la ville de Grenoble en faveur des pauvres orphelines soubz la forme de celle qui a esté érigée a Tolouse »234. Les Dames de la Purification vont donc loger, nourrir, vêtir, instruire et éduquer les orphelines de la province de Dauphiné avant de leur donner un état.
Il est fondamental, dans les prémices de ce chapitre, d’insister sur ces jeunes filles
et de tenter de les connaître. Nous nous sommes posée la question, eu égard aux sources consultées, de savoir si les « orphelines » étaient toutes réellement orphelines de père et de mère ? Les paragraphes qui suivent tentent de répondre à cette question.
A- Pour quelles orphelines ?
Cette question peut sembler étrange au lecteur, mais elle s’impose au chercheur soucieux de connaître l’état de mendicité des jeunes filles lors de leur entrée dans la maison. Cette question s’avère pertinente suite à la lecture d’un mémoire manuscrit du
XVIIIesiècle précisant que :
[…] les hopitaux des orphelines et de la presentation outre les places de fondation, qui sont toujours remplies, nourrissoient autrefois beaucoup de pauvres filles que différentes personnes y entretenoient par charité ; mais le zéle s’etant refroidi, il n’y a guéres en l’etat de vraies pauvres, que les filles de fondation. Les pensionnaires qu’on prend dans les deux maisons sont pour l’ordinaire des filles de gens aisés de la
campagne, ou de bourgeois peu riches de la ville235.
234 AD Isère, 26 H 222, n. f.
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Entre le Grand Siècle et le Siècle des Lumières, de profonds changements ont eu
lieu quant au recrutement des jeunes filles. Cela est d’ailleurs contraire aux volontés des
fondatrices, le mémoire poursuivant quelques pages plus loin :
il ne s’agit pas d’un établissement pour les filles de gens qui vivent de leurs rentes, et
qu’on doit s’occuper uniquement de l’intention des fondateurs dont l’unique but a été d’élever et nourrir de pauvres filles orphelines délaissées et abandonnées. On pourroit ajouter que ce melange de filles pauvres avec d’autres plus aisées est un mal réel, parce que les derniéres etant plus nombreuses et plus riches donnent le gout de luxe dans les
hopitaux, et changent l’espéce d’education qu’on doit donner aux pauvres236.
Le mémoire indique que la mixité des conditions sociales amène de profonds
bouleversements dans l’éducation dispensée aux jeunes orphelines. Il est certain que des
orphelines diversement pourvues et mises ensemble peut provoquer de la jalousie chez les plus pauvres. Il est donc important de respecter le choix initial des congréganistes de
la Purification en n’acceptant au sein de la fondation que les jeunes filles réellement
pauvres. Le mémoire historique des Dames de la Purification précise encore que :
Ce ne fut pas tout que d’avoir preparé le logement il fallut songer aux vestemens et a choisir les subjectz pour y mettre ceux que ces messieurs leur baillerent est furent au nombre de six qui leur vinrent toutes nues elles, en choissirent six autres par la ville
pour commancer par le nombre douze en l’honneur des douze appostres qui faisoient la compagnie de Jesus Christ Nostre Seigneur, et en ce choix elles prefererent dans ce choix les vrayement orphelines237
Les filles recueillies par les Dames de la Purification sont toutes orphelines de père et de mère. Ce sont donc des orphelines que l’on peut qualifier «d’absolues »238. C’est ce
que signifie la remarque de la narratrice, « de vraiment orphelines ». Le terme est de plus, pour elles, étroitement associé à la pauvreté puisque parmi ces orphelines, ce sont « les plus misérables » qui attirent leur commisération. Ce qu’il est intéressant de mettre ici en lumière est la vision du pauvre au travers des orphelines. La symbolique qui préexiste quant au nombre des élues est éminemment importante. Alors que le premier XVIIe siècle voit dans le pauvre une personne méprisable, nuisible et inutile, un individu à contrôler et à mettre au travail, ici nous avons affaire à des pauvres membres de Jésus-Christ, des Alter Christi, dans la continuité de la tradition médiévale.
236Ibid.
237 AD Isère, 26 H 222, fo25ro.
238 Alain Monnier et Sophie Pennec, « Orphelins et orphelinage », dans Les Cahiers de
L’Ined. Histoires de familles. Histoires familiales, sous la direction de Cécile Lefèvre et
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Le nombre d’orphelines est représentatif de cela, car dicté par la symbolique chrétienne : douze filles ont été choisies en référence aux douze apôtres entourant Jésus-Christ. Les Dames de la Purification voient donc en ces petites filles des membres de Jésus-Christ
qu’il faut élever à la piété, mais il est important de préciser que toutes n’ont pas le droit
d’entrer dans la Maison. À Romans, certaines se voient exclues. Les filles illégitimes sont bannies afin de « ne pas favoriser le vice »239, de même que celles ayant des « maladies ou infirmités dangereuses »240. Les Dames de la Purification jugent que les enfants nés
hors mariage sont susceptibles d’encourager les autres à avoir des pratiques déviantes, un
enfant ne pouvant naître en dehors des liens sacrés du mariage prononcé devant Dieu. Les
Dames de la Purification n’acceptent pas non plus de filles infirmes. Lors de la convention passée entre Pierre Mollard, notaire royal d’Uriage, et les Dames de la Purification au sujet de Sophie Berliouz, fille de Pierre Berliouz, avocat, et de Madeleine Guillet, il est expressément stipulé qu’
en cas qu’elle fust atteinte de quelques deffaults ou infirmité ou que lesd. Dames ne la
voulussent pas souffrir conformement aux regles de ladite congrega[ti]on & ma[is]on des orphelines moi Pierre Mollard not.e royal du lieu d’Uriage son beaufrere cy fait
present soblige de la retirer quand elles le requerront verballement241
Les jeunes filles accueillies dans la maison sont donc, en principe, totalement démunies, sans parents et parfaitement valides. Certaines ont cependant des biens ce qui nous amène à nuancer quelque peu la pauvreté des orphelines. Les papiers concernant Françoise Rezol242 indiquent que celle-ci possédait une terre qui lui permettait d’obtenir
une rente, certes modeste, de 11 livres annuelles, mais elle était certainement plus favorisée que ses compagnes243. Un contrat la concernant évoque même la somme de 220 livres244. Son milieu familial explique cet héritage. Elle n’est pas la fille d’un pauvre paysan et d’une lingère, mais d’un notaire de Grenoble, Me Mathieu Rezol et de Jeanne Nicolas, certainement apparentée aux libraires Jean I et II Nicolas. Noua avons également
rencontré le cas d’une jeune fille noble confiée aux Dames de la Purification : Hélène
d’Hauterives de Jallieux. Lors de sa majorité, un contrat est passé devant notaire afin
239 AM Romans, 110 S 95, 5 octobre 1657.
240 AM Romans, 118 S 1.
241 AD Isère, 3 E 1011/23, fo86ro.
242 AD Isère, 26 H 227, n.f. : papiers pour la demoiselle Rezol, orpheline (1661-1718).
243Ibid. 244Ibid.
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d’ôter aux Dames de la Purification l’administration de ses biens245. Il n’y a donc pas qu’au XVIIIesiècle que des entorses aux Règles sont constatables.
Parmi les douze premières orphelines à entrer dans la Maison, six d’entre elles, soit la moitié, viennent de l’hôpital de la ville. Depuis l’époque médiévale, les orphelins
étaient en effet mêlés aux autres pauvres au sein des hôpitaux. Le mémoire historique
confirme qu’à Grenoble, rien n’avait changé. L’extrait qui suit prouve que ce sont précisément les Dames de la Purification qui attirèrent l’attention des recteurs sur ce
point :
[…] en sorte que leur exemple ayant touché ces messieurs les administrateurs ilz
prirent aussi du zelle pour les pauvres orphelines dont ilz en avoient beaucoup dans leur hospital qui vivoient mesle, sans instruction parmi les autres pauvres a leur grand
prejudice et prierent ces mesmes dames d’en prendre soing offrant de leur bailler pour
la chacune certaine quantité de bled pour les nourrir et quelques draps de ceux que
l’on donne par aumosne aux enterremens pour les habiller, et elles l’acepterent se
chargeant de pourvoir a tout les surplus qui alloit encore bien loing, et neamoins quoy que cette charge soit fort grande puisqu’elle comprend la chaussure, le linge, les
vestemens, l’instruction, les gages des maistresses et ce qui falloit de plus pour la nourriture apres le pain246
Les orphelines sont pour les Dames de la Purification des êtres à part, qu’il faut comme les pauvres, trier selon la recommandation de Juan Luis Vives au siècle précédent247. Selon la pratique de l’époque, il est en effet nécessaire de distinguer les « vraies » orphelines des « fausses » orphelines. Cet extrait invite donc l’historien(ne) à deux constats : la réalité démographique de ces enfants dépourvus de parents et le souci pour les Dames de la Purification de les séparer des pauvres au sein de l’hôpital. Une véritable prise de conscience de leurs besoins se fait jour chez les administrateurs de
l’hôpital grenoblois qui prennent désormais leurs responsabilités à l’égard de ces enfants en les confiant à des femmes susceptibles de leur apporter l’instruction nécessaire.
L’œuvre des Dames de la Purification est une œuvre de charité, privée, destinée à accueillir des petites filles pauvres dont la peau est sale et les cheveux grouillants de
vermines. Le soin du corps et de l’esprit fait l’objet de toute leur attention même si le
245 AD Isère, 3 E 1470/27, fo33ro-36ro.
246 A D Isère, 26 H 222, fo24.
247 Juan-Luis Vives, De l’Assistance aux pauvres, traduit du latin, Bruxelles, éditions
Valerio et fils, 1943 cité par Denise Turrel, « Une identité imposée : les marques des
pauvres dans les villes des XVIe et XVIIe siècles », Cahiers de la Méditerranée [En ligne],
66 | 2003, mis en ligne le 25 juillet 2005, consulté le 04 mars 2013. URL : http://cdlm.revues.org/97.
115 premier est pour les Dames issues de la noblesse, source de répulsion. Leur Institut décide donc de prendre en charge une catégorie de la population enfantine sur laquelle Antoine
Séguier a attiré l’attention dès janvier 1623. En fondant la première Maison pour filles
orphelines, les Cent-Filles248, encore nommée Notre-Dame de la Miséricorde, le président
du Parlement de Paris donnait l’exemple ; exemple qui ne manqua pas de se répandre comme une traînée de poudre, notamment en province. Un premier projet, anonyme, avait cependant vu le jour un peu plus tôt, sous le règne de Henri IV, mais était resté lettre morte249. L’œuvre d’Antoine Séguier est donc suivie dans les faits par de nombreuses fondations au sein des couvents et des hôpitaux : Filles de la Providence et Sœurs de
Saint-Joseph s’occupent, entre autres, de cette population féminine.
Après avoir répondu à la question préliminaire sur les orphelines, il est intéressant de se pencher sur leur âge : à quel âge sont-elles admises dans la maison et confiées aux soins des Dames de la Purification ? Le paragraphe suivant s’efforce de donner des
chiffres en dépit du faible nombre de sources trouvées.
B- L’âge des orphelines
Les jeunes filles recueillies dans la rue ou à l’hôpital au milieu des autres enfants
ne sont pas identifiables dans les sources. Nous ne sommes donc pas en mesure de connaître leur âge au moment de leur entrée dans la maison. Seules les conventions ultérieures passées chez les notaires Dufour, Guigues et Froment nous permettent
d’affirmer qu’elles étaient toutes mineures. Les sources toulousaines invitent
l’historien(ne) à penser que les filles âgées de 2 à 3 ans formaient la plus grande part des recueillies250. À Grenoble, on constate l’inverse, les conventions étant plus précises. Celles-ci confirment que la plus jeune, Anne Chaix, est âgée de dix ans lors de son entrée dans la maison251, et la plus âgée, Françoise Lambert, a vingt ans252. Entre ces deux extrêmes, nous retrouvons des jeunes filles de quatorze à dix-sept ans : Dimanche
248 Isabelle Robin-Romero, Les orphelins de Paris : enfants et assistance aux XVIe-XVIIIe
siècles, Paris, PUPS, 2007, p. 19.
249 BN France, Ms. Fr. 25 069 cité dans Henri Omont, « Projet de fondation d’une maison
de jeunes orphelines à Paris dans l’hôtel de la Petite-Bretagne au début du XVIIe
siècle », dans Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1900,
no27, pp. 131-135.
250 MCM Évry : Vie de Marguerite de Senaux, op.cit., p. 65.
251 AD Isère, 3 E 1470/1, fo68.
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Ysovier253 et Sophie Berliouz254 ont 14 ans, Dimanche Galle, 15 ans255, Isabeau Pezière, 17 ans256. Cette volonté des Dames de la Purification d’accueillir des adolescentes dans
la maison est peut-être en partie liée à leur souci constant de lutter contre la prostitution, mais rien ne le prouve. En revanche, nous connaissons l’identité de certaines orphelines,
mais ignorons totalement leur âge. C’est le cas d’Anne de Monceaux confiée aux Dames de la Purification à la requête d’Anne-Louise Coste, veuve de Jacques Putod, belle-sœur d’Anne Putod, 30e sœur257, de Jeanne Racloz258 et des demoiselles Péronne et Hélène
d’Hauterives de Jallieux259.
Toutes ces jeunes filles prirent place au sein de la maison dès leur arrivée. Il est toutefois utile de savoir comment la maison est agencée pour accueillir ces jeunes filles
dont l’écart d’âge est parfois assez important.
C- Le logement des orphelines
Décider de s’occuper des orphelines de la province de Dauphiné n’est pas tout.
Encore faut-il les loger décemment afin de pouvoir contrôler leurs mœurs. Les Dames de la Purification mettent dès lors tout en œuvre pour procurer à ces jeunes filles une maison
où elles sont séparées des autres pauvres de l’hôpital. Le mémoire historique revient
longuement sur ce point :
Elles ne se virent pas plustot affermies par laccroissement de leur nombre et par le credit et la consideration de celles quelles venoient de recevoir quelles se resolurent daccomplir leurs reigles qui estoit lestablissement dune maison pour les dorphelines pour en prendre un soing particulier de leur education et de leur entretenement nourriture et bien qu’elles se vissent sans moyens eu esgard aux grandes sommes qu’il
leur falloit pour cela ausquelles les contributions que la chacune y pouvoit faire
n’auroient peu arriver a beaucoup pres, neantmoing toutes pleines de confiance en la
protection de la mere de Dieu leur maistresse, pour cet effect elles furent visiter
l’hospital neuf qui estoit un bastiment dont l’entreprise ayant esté trop grande selon l’argent qu’on avoit il en estoit demeuré plusieurs corps de logis vacantz n’y ayant que
les quatre murailles et le couvent, de ceux la elles en choisirent un avec le
consentement des administrateurs de cet hospital et la tres charitable sœur de Chevrieres le fit mettre en estat a ses fraix pour y loger jusqu’a vingt ou vingt cinq
orphelines et leurs maistresses pour y ayant fait faire une grande sale a cheminée pour
servir de dortoir et de refectoir, une grande chambre au bout avec d’autres commodites
253Ibid., fo29. 254 AD Isère, 3 E 1011/23, fo86. 255 AD Isère, 3 E 1470/1, fo47. 256Ibid., fo86. 257Ibid., fo14. 258 AD Isère, 3 E 1470/2, fo106vo-107vo. 259 AD Isère, 3 E 1470/27, fo33ro-36ro.
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et dans cette salle furent mis deux rancz de litz de serge bleue dont la mesme sœur de
Chevrieres en donna trois tous garnis, et sœurs de Revel et de Musi furent commandées de la superieure de quester parmi les autres sœurs pour en trouver le surplus et tous les autres meubles necessaires ce qu’elles firent au plustot et s’en acquiterent si bien qu’elles heurent jusqu’a huit litz de cette mesme façon et garniture et tous les meubles qu’il falloit260
Les Dames de la Purification choisissent d’implanter leur maison en fonction de l’opportunité qui leur est offerte. Plusieurs ailes de l’hôpital de Grenoble étant demeurées vacantes, elles optèrent pour celle située au pré de la Trésorerie. Claude de Chissé, 17e
sœur, fait preuve de mansuétude et de générosité à l’égard de ces jeunes filles puisqu’elle
finance non seulement les travaux pour leur installation, mais donne également trois lits entièrement garnis. Mme de Revel, 6esœur, et Jeanne de La Baume de Suze, 15esœur, se
chargent quant à elles de quêter auprès des autres Dames de la Purification afin que les orphelines aient le minimum vital. La modeste somme que les Dames ont au départ pour
financer l’érection de la maison et son agencement intérieur s’est en quinze années,
considérablement accrue, à tel point que les Dames de la Purification comparent cela à un miracle de Jésus, celui de la multiplication des pains :
[…] le commancement & le progres de la maison des orphelines, qui d’un escu dor qu’on leur donna par charité est venue a estre bastie meublée, et rentée en moings de quinze ans asses considerablement […] les capitaux s’augmentant aveq cela au lieu de diminuer sans que toutesfois pas une des sœurs de la congregation se soit incommodée pour les adcister ni que ceux de dehors y ayent contribué par des questes publiques ne sont ce pas miracles continuelz et presqué semblables a la multiplication des pains au desert ?261
Les Dames de la Purification portent un regard sur le passé de la maison et sur ce
qu’elles ont accompli. Elles ne précisent pas encore à ce moment-là comment elles ont financé cet achat ni quelle était la somme personnelle investie par chacune dans l’œuvre qu’elles patronnaient.
Regardons maintenant à l’intérieur de la maison des orphelines pour connaître son
agencement. La maison se divise en plusieurs pièces : un dortoir, un réfectoire, une chambre avec des commodités. Toutes ces pièces sont destinées à accueillir entre 30 et
32 filles. La visite pastorale d’Étienne Le Camus nous permet d‘affirmer que cette capacité a été largement dépassée puisqu’en 1683, les orphelines étaient au nombre de 36. Il n’y a pas de quota défini ce qui explique que le nombre de filles accueillies varie.
260 AD Isère, 26 H 222, fo23vo-24ro. Ratures originelles.
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Cette capacité d’accueil dépend également en grande partie des revenus dont elles
bénéficient : ceux-ci sont estimés à 874 livres en avril 1683262, ce qui semble très peu pour faire vivre une quarantaine de personnes. Les Dames de la Purification ont également aménagé une seconde chambre au cours de la seconde moitié du XVIIesiècle, à l’étage le plus élevé de la maison. Les deux chambres sont meublées par des lits posés sur des tréteaux et dépourvus de rideaux sauf pour celle qui est chargée de la surveillance des orphelines durant la nuit. Les Dames sont conscientes de la promiscuité des jeunes filles et ne souhaitent absolument pas que des atteintes à la pudeur soient commises dans leur Institut. La sous-maîtresse a donc pour obligation d’« avoir inspection sur lesdites
filles orphelines afin qu’il ne s’y passe rien que dans la modestie chretienne »263. Mgr Le
Camus les exhorte d’être encore plus vigilantes sur ce point : « qu’on ne souffre point