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2.4 La reconnaissance et le succès

En avril 2001, plusieurs journalistes visitent Awra Amba, ce qui permet à la communauté de se faire connaître dans la région Amhara et nationalement. Le reportage qui a le plus de retentissement est dû à une équipe de l’Agence de presse de la Amhara avec le journaliste Mekcha Engedayehu et les cadreurs Getachew Mehari et Asmamaw. Leur reportage est réalisé le 12 avril 2001 et diffusé sur la chaîne de télévision nationale en juillet 2001 entre les deux mi-temps d'un match de l'équipe natio- nale de football, ce qui lui assure une audience exceptionnelle. C’est un tournant décisif pour la reconnaissance de la communauté, qui débouchera sur une vie plus stable. 11

La situation est encore loin d’être prospère économiquement, comme en témoigne Mekcha Enge-

1 Østebø (2021 : 160).

2 Awra Amba community (2014a : 9 ; 2021). 3 Awra Amba community (2014c ; 2015b). 4 Chekole (2014 : 64), Østebø (2021 : 160).

5 Disaster Preparedness and Preventions Bureau (DPPB). 6 Awra Amba community (2020a).

7 Mussa (2004 : 40).

8 Awra Amba community (2020a).

9 C’est sa sixième femme avec qui il aura deux fils en 1997 et 1999, puis deux filles en 2002 et 2006, mais

les dates ne sont pas précises (Awra Amba community, 2014c). 10 Awra Amba community (2014a : 9).

11 Alene (2011 ; 17, 65, 75), Tilahun C. (2012 : 88), Awra Amba community (2015a : 8 ; 2020a), Østebø (2021 : 75).

dayehu quelques années plus tard :

« Quand nous sommes arrivés pour la première fois à Awra Amba, j’ai vu et entendu de ses

membres ce à quoi je ne m’attendais pas du tout selon les informations dont je disposais – une com- munauté unique avec un mode vie nouveau et moderne. Ils souffraient de la faim, ne mangeaient pas toujours. Et dans la maison de Zumra 1 il n’y avait qu’un simple kuraz [grumeau traditionnel]. Au-

cune des infrastructures que vous voyez aujourd’hui n’existait, exceptées l'école maternelle et la petite bibliothèque, avec des murs et des sièges d’argile et un toit de chaume. » 2

Les visiteurs commencent à affluer et sont reçus gratuitement, des chercheurs s’y intéressent. En 2003, des métiers à tisser sont financés par une agence publique régionale 3, puis 27 membres de la

communauté reçoivent une formation de deux mois à la filature et au tissage financée par une agence publique fédérale 4 et son homologue régionale 5. De nouveaux tissus sortent alors de ces mé-

tiers plus performants. Un fond public national de réduction de la pauvreté 6 finance aussi un petit

atelier de tissage 7. Une maison est construite pour les personnes âgées, avec son toit de chaume.

Toujours en 2003, sur financement extérieur 8, un moulin au fioul démarre 9, puis un magasin de tis-

sus est ouvert. L’année suivante le chemin d’accès construit par le gouvernement est empierré 10.

En 2004, une agence régionale 11 finance une formation à la gestion de 5 personnes pendant

7 jours 12.

Les infrastructures se multiplient : un puits profond en 2005, l’électricité en 2006, une nouvelle bi- bliothèque, un bâtiment pour l’atelier de tissage financé par l’ambassade des Pays-Bas en 2007 13,

une petite infirmerie en 2008 14, une salle pour les touristes, toujours avec un toit en tôle, des

chambres d’hôte en 2008, un moulin électrique, une cafétéria, des métiers à tisser de plus en plus performants servis par des coopérateurs de mieux en mieux formés 15, un magasin dans des villes

proches (Wereta, Alember puis Bahir Dar), des fours solaires...

Le ministère Amhara du tourisme 16 aide la communauté à accueillir les touristes avec de l’équipe-

ment, de la formation, des films, etc.

Enfin, la puissance publique ouvre en 2010 une école primaire sur des terrains publics (niveaux 1 à 8), puis la communauté finance et construit une école pour le secondaire (niveaux 9 et 10) qui ouvre en 2011, et enfin finance à moitié un lycée (niveaux 11 et 12) qui ouvre en 2019. École secondaire et lycée sont construits sur un terrain de la communauté, qui fournit pour cela environ quatre hec-

1 Comme dans les autres maisons d'après Awra Amba community (2021). 2 Alene (2011 ; 65).

3 ReMSEDA (Regional Micro and Small Enterprise Development Agency).

4 FeMSEDA (Federal Micro and Small Enterprises Development Agency), selon Fantahun (2003 : 5), Mussa (2004 : 572) et Tilahun C. (2012 : 88).

5 ReMSEDA. Awra Amba community (2020a).

6 ESRDF (Ethiopian Social Rehabilitation and Development Fund). 7 Awra Amba community (2020a).

8 Financement de l’Association de Développement Amhara (ADA) et du ESRDF. 9 Awra Amba community (2020a).

10 Solomon (2005 : 28), Østebø (2021 : 164).

11 ReMSEDA (Regional Micro and Small Enterprise Development Agency). 12 Mussa (2004 : 40), Awra Amba community (2020a).

13 Seid (2008 : 120), Alene (2011 : 75), Tilahun C. (2012 : 89), Awra Amba community (2020a). 14 Financée par une ONG étasunienne (A Glimmer of Hope).

15 En 2006 l’ONG internationale Action Aid Ethiopia finance d’autres métiers à tisser et une formation de 10 personnes au tissage selon Awra Amba community (2020a) et Alene (2011 : 75).

Situation géographique et histoire

tares. 1

Le statut de la communauté n'était pas clair jusqu'à présent : une simple union de paysans et d'arti- sans comme le voit le gouvernement, ou une entité plus large, responsable du renouveau culturel qui combat pour sa reconnaissance officielle, comme le comprend la communauté ? Aussi la commu- nauté adopte-t-elle en 2007 le statut d’association reconnue par les autorités, dénommée « association polyvalente pour le développement et de nouveaux comportements de la communauté d’Awra Amba » 2. En février de l’année suivante, c’est la coopérative agricole et artisanale polyva-

lente d’Awra Amba 3 qui est reconnue par les autorités régionales. 4

En 2008, Zumra est nommé ambassadeur de paix honoraire par l’Initiative pour la paix interreli- gieuse 5 et la communauté reçoit trois distinctions d’or pour avoir mis en œuvre la "Règle d'or" ou

éthique de réciprocité dont le principe fondamental est "Traite les autres comme tu voudrais être traité" ou "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît". 6 Enfin le 12 juin 2010

Zumra reçoit le titre de docteur honoris causa de l’université de Jimma pour sa philosophie origi- nale de développement communautaire et son engagement ferme et réussi pour améliorer la vie de sa communauté. 7