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5. Les outils de mesure de l’adhésion au traitement en physiothérapie

5.3. Recommandations générales

Quittner et al. en 2008 indiquent sept recommandations de comment mesurer l’adhésion, par exemple en utilisant au moins deux méthodes de mesure de l’adhésion (17). En effet, une combinaison de plusieurs mesures est souvent essentielle afin de satisfaire la définition multidimensionnelle de l’adhésion et de combler les faiblesses de chacune par les forces des autres mesures (125). Quittner et al. mentionnent également dans leurs recommandations d’identifier le niveau de compréhension des familles et de l’entourage des patients et de réaliser des évaluations basées sur les données probantes.

Pour tous les outils présentés, la compréhension globale du patient est essentielle pour un thérapeute et les barrières à l’adhésion doivent être prises en considération afin d’identifier la manière de modifier la mal-adhésion (19). Les déterminants de l’adhésion sont une combinaison de facteurs personnels et environnementaux qui seront détaillés dans les sections suivantes.

Pour adapter notre pratique et nos stratégies, il est également important de comprendre les phases de changement de Prochaka et DiClemente (46), un modèle décrivant la

disposition du patient au changement. Ce modèle sera approfondit dans les sections suivantes. Il existe des questionnaires nous permettant de déterminer la disposition au changement de notre patient, dont le Stages of Change Questionnaire (134) ou University of Rhode Island Change Assessment Scale (URICA) mesurant la volonté du patient au changement. Cet outil semble le plus approprié afin de déterminer le stade de changement d’un patient en réadaptation, en nous indiquant un score qui permet de classer le patient dans un des quatre stades : pré-contemplation, contemplation, action ou maintien, grâce à quatre sous-échelles.

En clinique, il sera important de porter une attention particulière aux mesures d’adhésion par rapport à l’évolution de l’état de santé, c’est à dire par rapport aux résultats de traitement. En effet, parfois, même si le comportement est effectué, il n’y aura pas de changement de l’état de santé. On peut se questionner à savoir si un mauvais diagnostic a été posé. De ce point de vue, l’adhésion doit être séparée et mesurée de manière distincte. Celle-ci ne doit pas être mesurée par rapport à l’évolution de l’état de santé puisque le but n’est pas d’observer l’efficacité du traitement (24, 73).

Les physiothérapeutes doivent inclure la mesure de l’adhésion dans leur pratique. En effet, les impacts socioéconomiques et les impacts liés au traitement qui ont été discutés dans la précédente section indiquent l’importance actuelle de l’adhésion au traitement. Par contre, le fardeau important de l’évaluateur (longueur d’administration et analyse des résultats) et le fardeau également considérable du répondant (longueur d’administration) mettent en doute la nécessité de mesurer l’adhésion chez tous les patients. Il sera donc recommandé d’être en tout temps attentif à certains signes et facteurs pouvant indiquer une mauvaise adhésion. Lorsqu’une mal-adhésion sera soupçonnée, ceci nous indique l’importance de surveiller l’adhésion et son influence dans notre traitement chez ce patient particulier. On pourra ensuite identifier quel comportement ou aspect doit être modifié et travaillé et une stratégie afin d’améliorer l’adhésion sera mise en place. Il sera important de mesurer l’adhésion dès la présence de soupçons, afin d’avoir une valeur objective et de suivre son évolution. Une mesure pourra être reprise afin d’évaluer l’efficacité de la stratégie mise en place. Ces recommandations sur la manière d’agir face à un patient mal- adhérant seront détaillées dans une section future.

5.4. Conclusion

Pour terminer, la mesure de l’adhésion en recherche se doit d’être objective, ce qui peut comprendre le fait d’être plus invasive. Par contre, en clinique, elle devra être la plus applicable possible, avec des fardeaux du répondant et de l’évaluateur faibles. Idéalement, la mesure devrait également permettre de déterminer les barrières à l’adhésion en physiothérapie.

L’utilisation du bien développé SIRAS est recommandée. Cette mesure peut être combinée à la présence aux rendez-vous. Son utilisation rapide et simple permet une valeur objective dont le suivi pourra être fait. Ainsi, les aspects importants de l’adhésion en physiothérapie pourront être couverts. La validation du RAdMAT en physiothérapie et en réadaptation sera à surveiller, afin de permettre l’identification de certaines barrières à l’adhésion grâce à cette échelle directement.

Il existe un manque important dans le domaine de l’adhésion sur les outils mesures. Il est nécessaire de développer des outils ayant de bonnes qualités psychométriques et une applicabilité clinique élevée, c’est à dire un fardeau léger pour l’évaluateur et le répondant.

On doit pouvoir identifier les patients mal-adhérents afin de changer leurs comportements et améliorer leur adhésion, en agissant sur les barrières à leur adhésion. Toutefois, selon Bassett en 2003 (19), le comportement est un élément très variable dans le temps. Il sera donc essentiel d’objectiver le plus possible le comportement qu’est l’adhésion et l’attitude du patient et de prendre des mesures fréquemment afin d’en rapporter les changements.

Nous vous avons présenté de nombreux outils et recommandé ceux possédant les meilleures caractéristiques psychométriques. La mesure de l’adhésion est complexe et exigeante (109). Elle restera un défi de taille importante, comme le mentionne Mihalko et al. en 2004 (53) tant qu’il reste un manque important d’approches développées afin de mener à des bénéfices pour le patient et que ses approches soient rentables monétairement. Les perceptions individuelles des patients devront être inclues dans les études futures.

6. Stratégies afin d’améliorer l’adhésion au traitement en physiothérapie