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5. Les outils de mesure de l’adhésion au traitement en physiothérapie

5.1. Données auto-rapportées

5.1.1. Adhésion au traitement à domicile

5.1.1.2. Questionnaires

Les questionnaires rétrospectifs sont remplis par les patients. Ils sont parmi les mesures les plus fréquentes de l’adhésion utilisées actuellement (110). Effectivement, ces mesures présentent des avantages considérables. Tout d’abord, des coûts très faibles sont engendrés par leur utilisation, dont le coup lié à l’impression et le coût lié au temps de l’administrateur. Ils sont également faciles d’utilisation et disponibles pour la plupart des intervenants. Ils peuvent être remplis à différentes fréquences (par exemple : à chaque semaine (11), chaque rendez-vous en clinique (118), etc.). Tous ces aspects participent à la diminution du fardeau de l’administrateur.

Cette méthode est considérée comme une mesure objective. Par contre, il est démontré qu’il y a une tendance à surestimer l’adhésion au traitement (8, 19, 110, 119). Nous devons donc porter une attention particulière à ce type de mesure. Elles peuvent présenter des biais, puisque les patients doivent effectuer un processus mental qui comprend plusieurs étapes en répondant aux questionnaires, dont chacune est susceptible de comprendre un biais. Les étapes comprennent, en premier, la compréhension de la question et de ses choix de réponse. Ensuite, les patients doivent se rappeler de la réponse, en faisant appel à leur mémoire. Cette étape est souvent biaisée, compte tenu de la tendance des créateurs d’instruments à surestimer la mémoire des patients. Puis, ils doivent adapter leur réponse à la question, selon les choix de réponse. (111)

Comme mentionné précédemment, le biais de désirabilité sociale explique la tendance à la surestimation de ce type de mesure. Il est également important de considérer la difficulté de se souvenir avec précision de l’évènement en question, menant à des biais liés à la tâche cognitive élevée demandée par ce processus (17) et contribuant à augmenter le fardeau du répondant. Bender et al. (110) en 2003 affirme qu’il est ainsi inadéquat d’utiliser les questionnaires de données auto-rapportées afin de mesurer des comportements comme l’adhésion au traitement. Les items des questionnaires devront être assez précis et clairs afin de n’évaluer que le comportement. Quittner et al. en 2008 nous mentionnent que les questionnaires sont fréquemment formulés de manière à évaluer plutôt la perception globale du patient que la réalisation de son comportement (17). Parfois, les informations sont limitées quant à quel niveau les patients ont réalisé

leurs exercices. Des échelles de ‘un peu’ à ‘toujours’ ne nous indiquent pas combien d’exercices ont été réalisés, ne permettant pas de savoir le nombre d’exercices effectués.

Afin d’illustrer ce type de mesure, nous allons approfondir quelques questionnaires, ceux étant le plus souvent rencontrés dans la littérature : le Rehabilitation Adherence Questionnaire (RAQ) et le Home Exercise Compliance Assessment (HECA). Le Patient self-report scale for the measurement of adherence to home-based physiotherapy (19) serait à valider et à approfondir afin d’en connaître les qualités métrologiques étant donné son utilisation dans les études.

i. Rehabilitation Adherence Questionnaire (RAQ)

Développé par Fisher et al., il contient 40 questions sur six domaines pouvant influencer l’adhésion au traitement. Le patient doit coter chaque niveau selon une échelle de Likert à quatre niveaux. Les domaines sont la perception de l’effort, la tolérance à la douleur, la motivation du patient, le support social, l’horaire et les conditions environnementales (ANNEXE 3).

Les qualités psychométriques sont faibles, avec une faible validité, cohérence interne et validité de critère (120). Shaw et al. précisent que ce questionnaire ne mesure pas directement l’adhésion, il mesure plutôt ce qui influence de celle-ci (107), ce qui peut expliquer sa faible validité si on le compare à un outil de mesure d’adhésion directement.

Au contraire, une étude de 2010 a démontré que les qualités métrologiques de l’outil étaient bonnes (121). Shin et al. ont modifié l’outil de façon a créer une version courte, ils l’ont redéfini avec des questions reformulées et conjuguées au présent. Ils en ont gardé 25 questions portant sur les six mêmes domaines. Ils ont réalisées des analyses factorielles et nous indiquent de bonnes qualités telles que la validité de critère et la fidélité test retest. Ainsi, il a été validé pour une application dans le domaine médical et dans le domaine de la réadaptation, chez une clientèle d’athlètes seulement.

ii. Home Exercice Compliance Assessment (HECA)

Ce questionnaire n’a pas été retrouvé explicitement dans la littérature. Selon Kolt et McEvoy, il est court et permet de rapporter combien de séances d’exercices le patient a complétées dans la semaine précédente. C’est le patient qui rempli à chaque semaine le nombre de sessions d’exercices réalisées dans la semaine précédente. Par contre, aucune donnée psychométrique n’est mentionnée dans la littérature. Il est pourtant utilisé dans plusieurs études, comme l’indiquent Kolt et McEvoy en 2003 (11).

Dans cette étude de Kolt et McEvoy afin de déterminer le niveau d’adhésion des patients avec douleur lombaire chronique, le questionnaire HECA est utilisé avec deux autres outils de mesure : le Sport Injury Rehabilitation Adherence Scale (SIRAS) (voir 5.2.3.2) et la présence aux rendez-vous (11). Cette combinaison permet de compenser pour les faiblesses des différents outils, en évaluant plus d’une sphère de l’adhésion.

L’HECA se rapproche beaucoup du journal de bord, avec la différence qu’il faut répondre à des questions. Par contre, certains journaux sont construits afin que les patients répondent à des questions. Nous ne recommandons pas son utilisation étant donné le peu de littérature à ce sujet. Il serait pertinent d’approfondir ses qualités psychométriques afin de déterminer si, malgré leur ressemblance, cet outil est plus valide que le journal de bord.