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3. Les facteurs personnels et leurs impacts sur l’adhésion au traitement en

3.4. Facteurs psychologiques

3.4.1. Auto-efficacité («Self-efficacy»)

L’auto-efficacité correspond à la confiance en soi du patient et à la croyance en ses capacités à résoudre un problème. Ce concept s’oppose à la notion de perception d’impuissance aussi décrite dans la littérature (41, 43). Dans plusieurs études portant sur les patients diabétiques, l’auto-efficacité a été corrélée à une meilleure adhésion à la prescription d’activité physique (41, 44). L’auto-efficacité a une forte corrélation positive avec l’adhésion, notamment parce qu’elle est en étroite relation avec le «health literacy» décrit plus haut et avec la notion de motivation (42). Effectivement, ces trois concepts sont inter-reliés : en devenant un patient expert de sa condition, il croira en ses capacités à se prendre en charge et cela augmentera sa motivation à s’impliquer activement dans son traitement.

Le patient aura donc tendance à plus s’investir dans son traitement s’il se sent bien outillé pour faire face à sa maladie et qu’il se sent capable de faire des bons choix pour mettre en place les mesures nécessaires pour améliorer sa condition en suivant les recommandations de son professionnel de la santé.

3.4.2. Motivation

La motivation personnelle du patient est positivement associée à l’adhésion (32, 37, 38, 41). Chez les patients ayant subi une blessure sportive (45), la motivation à entreprendre leur réadaptation a été corrélée positivement à l’exécution du programme d’exercices à domicile, à leur présence aux rendez-vous, à un meilleur suivi des protocoles prescrits et à une meilleure adhésion auto-rapportée. Selon mon interprétation de la littérature, la motivation du patient est un des facteurs les plus déterminants qui influence l’adhésion thérapeutique.

Cependant, il est primordial de tenir compte du type de motivation du patient car cela peut influencer le degré d’adhésion. En effet, le fait d’être motivé pour les ‘‘mauvaises raisons’’ peut avoir un effet minime ou même négatif sur l’adhésion. Ainsi, la motivation peut être subdivisée en 5 catégories, évoluant de la moins autonome vers la plus autonome, cette dernière étant fortement corrélée à une meilleure adhésion thérapeutique (45). La figure 1 ci-dessous présente les 5 catégories d’autonomie et un exemple de ce que le patient pourrait dire pour chacune d’elles, selon l’article de Chan (43) :

1- La régulation externe : « Je vais avoir des problèmes si je ne le fais pas » 2- L’introjection : « Je me sens mal si je ne le fais pas »

3- L’identification : «Le traitement est important pour moi » 4- L’intégration : « Le traitement a un sens et compte pour moi »

5- La motivation intrinsèque : «C’est dans mon meilleur intérêt de compléter le traitement » Figure 1 : Les 5 catégories d’autonomie selon Chan

Cet article nous indique donc qu’en tant que physiothérapeute, il est pertinent de questionner le patient sur la source de sa motivation et l’aider à cheminer vers un plus haut niveau d’autonomie motivationnelle afin d’ultimement arriver à augmenter son adhésion au traitement. La motivation peut être augmentée de diverses façons, qui seront abordées dans la section Stratégies.

Dans un autre ordre d’idées, la motivation serait plus grande si le physiothérapeute explique clairement tous les bénéfices encourus par la bonne exécution du programme, de même que les impacts positifs concrets sur la vie du patient (37). Le professionnel de la santé aura plus de chance de succès s’il explique que les bénéfices prévus seront liés à une amélioration significative de la participation plutôt qu’une diminution des déficiences (selon le modèle de la CIF). En effet, le patient se sentira plus interpellé et aura tendance à mieux s’investir dans sa thérapie s’il perçoit que ses efforts auront des impacts concrets sur sa vie.

Voici un exemple pouvant être appliqué dans un contexte de physiothérapie en lien avec ce concept. Le physiothérapeute pourrait dire à un patient en réadaptation suite à une chirurgie pour une prothèse totale de genou (PTG) : ‘’en faisant vos exercices, cela vous permettra de monter vos escaliers à la maison’’ plutôt que de lui dire ‘’vous aurez une côte

de force au bilan musculaire qui passera de 4 à 5/5’’. Ainsi, le patient comprend mieux l’impact direct que le traitement peut avoir sur sa vie quotidienne et cela le motivera à adhérer aux recommandations émises par son physiothérapeute.

3.4.3. Stades de changement de Prochaska

Souvent, les recommandations en physiothérapie nécessitent que le patient fasse des modifications à ses habitudes de vie ou encore modifie sa routine quotidienne, afin d’y intégrer un programme d’exercices à domicile par exemple. En psychologie, on dit que le patient passe par 5 différents stades de changement lorsqu’il veut modifier un comportement (46). La figure 2 ci-dessous présente une brève description de chacun de ces stades :

1- Pré-contemplation : Le patient n’a pas l’intention de changer son comportement dans un futur rapproché. Il n’est pas conscient du problème.

2- Contemplation : Le patient est conscient du problème et pense à le résoudre, mais ne s’est pas encore engagé à passer à l’action.

3- Préparation : Le patient prévoit passer à l’action dans le prochain mois, il effectue même de petits changements comportementaux.

4- Action : Changement réel du comportement pour résoudre le problème. Nécessite un engagement considérable (au niveau du temps et de l’énergie) de la part du patient. 5- Maintien : Après 6 mois dans le stade d’action. Le patient veut prévenir les rechutes dans les stades antérieurs et veut consolider ses acquis du stage d’action.

Figure 2 : Les 5 stades de changement de Prochaska

Il apparait donc important de connaître dans quel stade se trouve notre patient afin de pouvoir adapter nos stratégies en conséquence. On peut s’attendre à ce que le patient en pré-contemplation ne soit que très peu adhérent à nos recommandations en physiothérapie (47). En effet, il éprouvera de la difficulté à suivre nos recommandations émises pour améliorer sa condition s’il n’accepte pas tout d’abord l’existence même de son problème.

3.4.4. Croyance aux bienfaits du traitement

En physiothérapie, un haut degré d’adhésion est associé à la croyance du patient que la réadaptation est un moyen efficace pour arriver à ses buts. Aussi, le patient doit percevoir qu’il a une bonne capacité à faire face aux exigences du traitement (34). En d’autres mots, il doit estimer que la physiothérapie est adaptée pour ses besoins et avoir confiance qu’il pourra progresser grâce à cette prise en charge. L’adhésion est moins bonne lorsque le patient ne croit pas aux bénéfices du traitement proposé.

Dans une étude sur l’asthme, près de 46% des patients interrogés ont répondu être réticents à l’usage de corticostéroïdes inhalés (le médicament prophylactique par excellence pour l’asthme chronique). De plus, seulement 25% des patients ont fait part à leur professionnel de la santé de leur peur/réticence face à ce médicament. Cela nous expose toute l’importance de questionner le patient sur ces croyances et ces peurs concernant le traitement proposé (41).

Le concept de ratio risque/bénéfices est couramment utilisé en pharmacologie pour aider le médecin à déterminer si l’usage d’un médicament est pertinent pour un patient. Il semblerait que le patient procède à une réflexion semblable lorsque vient le moment de se conformer (ou non) aux recommandations émises par son professionnel de la santé. Le patient se baserait donc sur ses croyances pour faire le rapport entre sa perception de la nécessité du traitement vs ses inquiétudes envers ce même traitement (48).

Une étude portant sur la médication nous révèle que plus le médicament est perçu comme nécessaire, plus l’adhésion est grande (48). La relation inverse s’applique en ce qui concerne les inquiétudes (si les préoccupations sont importantes, l’adhésion sera plus faible). Ce résultat nous semble logique d’emblée. Un résultat intéressant qui ressort de cette même étude est le lien entre l’adhésion et l’importance du score obtenu en faisant la différence entre la nécessité et les préoccupations. Des hauts taux d’adhésion étaient associés à une grande différence nécessité-inquiétude.

Cette conclusion de l’étude me semble très pertinente dans un contexte où l’on souhaite augmenter l’adhésion thérapeutique en physiothérapie. En effet, même si nous réussissons à convaincre notre patient de la nécessité et de l’importance du traitement proposé, l’adhésion n’augmentera pas de façon significative si le patient demeure avec de

nombreuses inquiétudes face à ce traitement. C’est pourquoi il est important de non seulement informer le patient et lui donner tous les renseignements nécessaires pour le bon déroulement du traitement, mais aussi de prendre le temps de l’écouter pour connaître ses préoccupations.

3.5. Facteurs reliés au traitement