lela prise le leponsionle l'Abbaye le Saiat-HIartiD la Caaipa le 11
Novembre
1902par Monseigneur de
CARSALADE
duPONT
lîVÊQUE DE PERPIGNAN
C'est, sur la blanche route, jusqu'au Vernet, un long et
bruyant chapelet de voitures. L'on est surpris de ne plus retrouver sur cette route l'éternelle poussière dont les bai-gneurs, tous les ans, maudissent les aveuglants tourbillons.
Maisilétait ditque, cejour-là,toutseraitpourlaplusgrande gloire deDieuet laplusgrandecommoditédespèlerins.
On
salue,en passant, l'antique clocher de Corneilla. Mais, au milieu des arbres jaunissants d'où il émerge, sonvieu.x frontdegranit a beausolliciterpluslongtempsnotre admira-tion,nos regardsle quittent bientôt, pourchercherlà-haut, à l'horizon lointainqui se rapproche, surles flancs dentelés du Canigou,un autreclocher quiva êtreleroidelajournée. Levoici, dont lajaune silhouette sedétache tout à coup surle fondsombre delamontagne. Lesinitiéslemontrentdudoigt à leurs voisins: « C'est lui! C'est Saint-Martin! » et tous se plaisent àadmirer lemerveilleuxdécor quefontautour delui lesramificationsprolongéesdes Pyrénées.
Maisdéjàles premières maisons de Vernet-les-Bains nous dérobentlepaysage: lesvoituress'arrêtent; ilfautdescendre
etprendreàpiedle chemindeCasteil.Tantmieu.x!outre que,
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dansnotrevoiture, il faisaitplutôt froid, l'excursion va enfin devenirpittoresque. Dupittoresque!eh bien!oui, onvanous en servir! C'est dans le pittoresque le plus pur que notre journéetout entièreva sedérouler.
Vousvousrappeler,sansdoute, cecheminqui, duVernet à Casteil, serpente au fond de la vallée, côte à côte avec la rivière.Vousl'aver vuenétéet
jene doute pas que cesoitun bonmoment pourjouir de la beauté d'un paysage. Maisj'ai
toujours trouvé que les paysages d'arrière-saison ont un charmeparticulier, alors que l'automne a missurles feuilles ses teintes depourpre, d'argentoudecuivre.Cettevariété de couleurs que l'on retrouve presque à chaque arbre, impres-sionnele regardetl'âme bienautrement quele vertuniforme del'été. Imaginerdoncdansce sentierde Casteil ainsi diver-sementcoloréparl'automne, des centaines depèlerins,munis de leur sac à provisions, ayant en bandoulière leur gourde, leur jumelle ouleur appareilphotographiqueets'avançantpar groupes bruyants souslesbranches des châtaigniers!
Cependanttout lemondeestarrivéaulieudurendez-vous, surlaplacedeCasteil.
On
attendque l'heureaitsonnéet que tout soit organisé pourpartir en procession vers la « Terre Promise ».On
profitedece courtrépitpourserrerlamainau.x amisetjeterun coupd'œilcurieux surla foulequivousentoure.
Elle est immense: deu.x mille personnes. Il y a du monde
partout, etlespectacleest très beau de cette multitude oùle
bonnetcatalan et le chapeau «à la française >>voisinent paci-fiquement, presque réconciliés
; où la redingote coudoie fraternellement la soutane; où le surplisdes prêtres français et le camail des bénéftciersespagnols piquent de blancet de rouge l'ensemble destoilettes sombres. Mais M. le curé de Vernet-les-Bains, legrand cérémoniaire delajournée, a bien vite fait, avec son activité intelligente de tout disposer: il a
même
fait distribuer àtoutle mondeunexemplaire desGoigà de Sant Matti et un auti'e où se trouvent, délicieusement imprimés entre encadrement et vignettes, deux cantiques en catalanàNç.itza-Senvota del Canigo.DE SAINT-MARTIX DU CANIGOU 9
Ilyeut un remousdansla foule.Jenie retourne et jevois, au fond de. la rue, sortantde la maisonCases, deux crosses.
Tune en bois, l'autre en or; et immédiatement, derrière, à cheval, la silhouette blanche du R. P. Antoine, abbé de la Trappe,etlasilhouettemoitiéviolette,moitiérouge deMgrde
Carsalade. Je
me
suis laissé dire queplusieurs perpignanais s'étaient décidés à faire partie du pèlerinage, un peu parla perspective attrayante de voir leurévèque enselle.Le fait est que le spectaclen'étaitpointbanal ; et Monseigneur,je vous assure, n'avaitpas l'air si mauvais cavalier. Aussi, il fallait voir, à tous lestournants dusentier, lesamateurs detoutsexe braquersurnos évêquesàcheval leur appareilindiscret.Mais l'indiscrétion vous vaudra dejouir à votretour du jolispec-tacle: car j'imagineque cela va être aux vitrines et surles cartespostaleslacuriosité à lamode. .
Laprocessions'estdonc niise en marche. En tète, voici la vieille croix d'argent del'abbaye, devenuedepuisunsièclele fief d'Oreilla, et que porte M. l'abbé L. Cornovol, curé de cetteparoisse.Puis, c'est leblanc étendarddu «comteGuifre,
ptirlagraciade Deu, comte de Confienty de Cerdanya.»Les reliquessœurs desaintMartin et de saint Galdric, qui
mon-tentrevoir leurancienne église
; Notre-Dame de Sous-Terre qui, elleaussi,après plus de cent ans d'exil, revient dans sa première demeure. Escortant ces glorieux restes du passé, plus de cinquante prêtres, espagnols et français, tous en habit de chœur; et, terminant la blanche théorie du clergé, nos deux évéques toujours à cheval. Enfm c'est la foule immensequi, à son tour,en quittant Casteil,entre peuàpeu danslesentieretprolongeindéfinimentlaqueue dece serpent monstrueuxquivasedérouler surles flancs dela montagne.
Quandlaprocessionest ainsi tout entière dans les lacets du cheminet que le regard peut l'embrasser d'un bout à l'autre dans son ensemble, l'effet est prodigieux; le coup d'œil est
féerique. Cequej'aivu, ce queje voisencore dans nion ima-gination,je voudrais lemettresous lesyeuxdulecteur; mais
je sensqueje suis impuissant à traduire par des images ou
10 PRISE DE REPOSSESSION
des couleurs
ma
visionintérieure. Ilya des beautésqueseuls les talents supérieurs peuvent décrire; il est défendu aux autres d'y toucher, de peurdelesamoindrir, j'allais dire de lesprofaner.Cependant, laprocession continue samarche aumilieu du grandiose décorque forme pourcettegrandiose cérémoniele Canigouavecses gorges abrupteset ses crêtesneigeuses.L'on marcheetTon chante. Déjà,à Casteil,Monseigneurademandé que l'on entonne, sur l'air de Montanyaé tegaladaà, le cantique à No.itca-Senyota del Caiiîgo; et depuis, toutle long dela route, le chant n'a pas été interrompu.
Un
tel air sur unetelle montagne!Jevous laisseà penser quelentrain, quelenthousiasme!ce nesontpasseulenaentnosvoix, ce sont nos cœurs, nos âmes, c'est notre être tout entier qui passe dansces strophes mélodieuses et vibrantes. Le Canigou, là-haut, duttressaillir, luiquidepuissilongtempsn'entend plus que lesmugissementsde forage,lesouffle des ventsetlavoix deses cascades, lorsque, decrête encrête etd'écho enécho, lui arriva, dominanttousles bruits dela montagne, lesalut fraternel desâmescatalanes.A
notredroite, lagorge que nous côtoyonssecreusedéplus en plus profonde, le murmure de sontorrent nousarrivede plus en plus confus. Nous montons toujours. Le temps est superbe ;lesoleilestchaud;personne ne se plaintdela fati-gue. Bientôt, nous dominonsà notre gauche toute la vallée qui se prolonge jusqu'à Vernet. Ce sont, à nos pieds, des champs, des prairies, et là-bas, toutau fond, des villas qui,comme
des nids d'oiseau.v, se blotissent sous les branches.L'on ne peutserassasierd'untel spectacle. Et pendant que l'on regarde, que l'on chante et que l'on marche, la Terre Promiseserapproche. Tout à coup, à un détour du chemin,
voici le bien-ainaëclocher qui peu àpeu émerge derrière la
crête.Nousl'avonsmaintenant en jace, et des pieds à la tête notreregardpeut àson aisel'embrasser et lejuger. Ilest là, debout, solitaire, indestructible, au milieu des ruines que le tempsacouchées autour delui.Surcesruinesilsembleveiller
DE SAINT-MARTIN DU CANIGOU II
etregardersipersonne nevient les relever! Oui, le voici qui vienttonSauveur, ton Libérateur! Heureuxclocher,
réjouis-toi! La vieille église que l'on a profanée malgré ton ombre protectricevarenaître;tu entendrasde nouveauleschants et lesprières de tes vieux moines; et toi-même, depuis si long-temps muet, onva te redonnerton anciennevoix cristalline.
Celui quiopéreracetterésurrection, cenouveaucomte Guifre, regardebien, o vieux clocher, levoilàquibaise, àgenoux,tes pieds degranit. Puisse vraiment ce baiserd'un évêquefaire tressaillir les fibres de pierre et y faire de nouveau passer
la chaleuretlavie.
Noussommes à Saint-Martin.
A
Texception duclocher, ce ne sont que desruines. Cependant l'église, depuis qu'on l'a déblayée, produit sur ceux qui la revoient une impression moins attristante. Elle s'étend, avec ses trois nefs toujours délabrées,sa voûteaux deuxtiersaffaissée, sesmursd'oùpar endroitslespieiTesse détachent; mais sous ce délabrement, on la devinemajestueuse et coquette; et l'on sedit qu'ilvaut bienlapeinequ'onessayedelarelever. .(Seulement,me
disait xxn Espagnol desJeu.x florau.xde Barcelone, il ne faudra pasfaireceque vous faites trop souvent en France, de restaurer l'antique-en l'affublant d'ornementsmodernes. >> Je nesaissi le reprocheestmérité,avouantsur ce point
ma
parfaiteincom-pétence. Mais
mon
interlocuteuravait l'air si convaincu etenmême
temps si aimable que je n'osai le contredire. Je le rassurai pourtant surce qui regarde Saint-Martin, lui faisant remarquer que sousladirection d'unhomme
de goût etd'art comme est notre évêque, les choses ne peuvent que bien se passer. « Etcroyez, ajouta-t-il,cju'il nefaudra pas beaucoupd'argent. Avec 3oo.ooo francs, ons'en tirera». Naturellement,
ilnes'agissaitque de l'église, de lacrypteelunpeuducloitre qui longela crypte. Je crus avoirmalcompriset
jefisrépéter.
'< Oui, rienque 5oo.ooo francs », insista-t-il, étonnélui-même
de
mon
étonnement. Mais, Monsieur, c'est à peine si dans12 PRISE DE REPOSSESSION
tout notre département on pourra en recueillir cinquante mille!
—
Cinquantemille! mais Barceloneseulelesenverra. >>Que Monseigneur se le tienne, pour dit, et puisqu'il y a à côté de nous des portes qui s'ouvrent si facilement, qu'il ne manque pas d'y frapper...
L'église cependant s'est remplie de pèlerins. Monseigneur
estàl'autel, assisté de M. l'Archiprètre de Prades, de M. le
Supérieur du Petit-Séminaire, de M. le curé de Puigcerda, de M.de Castelbajac et de M. Bazan, professeur au Grand-Séminaire. La grand'messe commence. Des centaines de
voi.ventonnent-la Ravale.C'est émouvant et magnifique.
Un
frisson a dû courir à travers les vieilles murailles; à ces accents qu'elles reconnaissent, les pierres ont tressailli; endormisdepuis plus d'unsiècle, les échos-se sontréveillés;
etdans leurstombesséculaires, lesgrandesombres desvieu.x
moinesse sontsans doutelevées pourassister, heureuseset invisibles, audivinsacrifice.
Exagérationspoétiques! direz-vouspeut-être. Mais non; la poésieque vous trouvez sous
ma
plume,était dans les lieux, danslacérémonie;etjen'aiqu'un regret, celuidene pouvoir vous e.xprimer fidèlement ce que tout le monde avec moiressentait. Oui,l'onsentait très bien que là, sous cesvieilles voûtes délabrées, nous, les pèlerins,nous n'étions passeuls, mais qu'aumilieude nous,étaient lesgénérations passées; et tous ensemble,lesmorts et les vivantsnous avionsle
même
bonheur derevoirla divineVictimeimmoléede nouveausur cettesaintemontagne. Quand laclochede l'acolyteannonçal'élévation, jevis surbien desvisagesune émotion qu'ils ne pouvaienttenircachée. .levousavouerai ingénument que les larmes
me
vinrent au.xyeux.Etvraimentl'heureétaitsolennelle.Mais les impressions de ce grand jour ne peuvent se compter, et il faut que je passe vite: il y a encore tant de choses à vous dire!
Un
mot d'aborddu magnifiquediscours prononcéparleR. P.Ernest,des Capucins de Perpignan. Sans doute, au degré d'émotionoùleschoses elles-mêmes avaient monté nos ânies, il était facile de les faire vibrer. MaisDE SAINT-MARTIN DU CANIGOU l:>
j'oseraidire que cettefacilitéd'émotioi\cherl'auditeur cons-tituait précisément pour Uorateur une difficulté spéciale, dont vous vous rendezparfaitement compte. D'autre part, le sujet était sibeau, la circonstanceétait sigrande qu'on était endroitd'exigerbeaucoup. Le P. Ernest fut à la hauteur de toutes les exigences. Il triompha de toutes les difficultés.
Avant qu'il ouvrit la bouche nos âmes vibraient déjà: sa parole eut l'heureu.xprivilègede ne contrarier, de ne briser aucune de ces vibrations: elle leur donna au contraire une
j'orce et
une
intensité nouvelles. Plusieurs fois pendant son discours, l'auditoire se trouva littéralement enlevé:—
parexemple, lorsque, après avoir racontéle mélancolique
dialo-£fue des
Deux
Clochezô, ilmontra les grandes ombres du comte Guifre etde l'évèqueOliva,revenant,danslapersonne de Monseigneur de Perpignan, ressusciter leur antique et chèreabbaye:—
lorsque,surtout, faisantallusionà ladernière manifestation des évêques français, il déclara, d'une voix inspiréeet d'ungeste hardi,que «malgré toutesles persécu-tions, la France ne peut mourir, tant qu'elle aura de telsévêques pournaarcher àsatête. »
Monseigneuràsontovirprendlaparole,et c'esten catalan qu'ilchanteson rêve enfinréalisé.Car son discoursest véri-tablement un chant qui déborde et s'échappe de son cœur d'évêque.
—
«Aujotlrd'hui, dit-il, d'une voix vibrante d'émo-tion. Dieuestredescendu sur leCanigoupour le sanctifier à nouveau; aujourd'hui, ici, au niilieu de ces ruines, il s'est sacrifiépour lesalutdetout lepeuplecatalan; aujourd'hui,il a pénétrédanslesentraillesde lamontagnepour la féconder de son sang généreux.C'estdèsce jour surtoutque lepeuple catalan, quand il chantera la sublimité de sa montagnesainte,pourradire:
Montanyasregaladas SonlasdelCanigo, Quetôtl'istiuflorei.\en Primavera vtarder.
14 PRISE DE REPOSSESSION
Monseigneurracontecomment, aumoment oùils'occupait de remonterà Saint-Martinlesreliques desassaintspatrons, lecomteGuifre,fondateurdu monastère,mortdepuis800 ans,
a,pourainsi dire,soulevéla pierre de sontombeaupour lui
parler, àlui, Tévèque du Canigou. Etilrécite labelleprière à saintGaldric qu'il adernièrementretrouvée,écritedelamain
même
du comte Guifre: « Il y a là, dit-il, ime circonstance vraiment providentielle, et c'est pour moi une raison de poursuivremon
œuvreavec plus d'activité et de confiance...Aujourd'hui, continueleprélat, au
nom
de laCatalogne,vous avezfait, surlagrande montagnecatalane,uneprofession défoi catholique; et, en entendant ce chant de votre foi, je
me
--disais: La foi catalane ne mourra jamais, ncm, elle ne mourrapoint malgrétouslesefforts, car,aujourd'hui,elleprend sur cettemontagne des racineset une sève nouvelles. Votre 2->rofession de foi
me
semblait un écho de tantd'autres pro-fessionsdelamême
foiqui ontretenti jadissousces murailles.Ah! sices murs, tant defois séculaires,pouvaientparler,que nediraient-ils point dela foi de tant de générations devos ancêtres qui sont venus ici, avant vous, chanter la gloirede Dieu? Catalogne! c'estla terrede lafoi! lafoia toujoursété la grande inspiratrice des catalans; c'est elle
qui a fait ce peuple grandet fort... » Enfin, Monseigneur exprimesa joie de sevoirainsi accompagné par son peuple, en cette chère montagne;
—
ettout à coup, abandonnantsa crosse et éten-dantsesbrasdans,un geste pleinde grandeur: «Maintenant,dit-il, avantde vousquitter, je lèveraimes mains consacrées,
ici, dans ce berceau de la race catalane, pour demander au DieuToutPuissant,qu'ilfortifie entreBarcelone et Perpignan les liens de frateimité qui les unissent. Que Catalogne soit toujours riche et prospère! Et, en vous bénissant, vous, Catalans de l'autre versant et vous mes fils bien-aimés du Roussillon,jedemandepour Perpignan etpourBarcelone,la pai.x,l'abondance etla liberté! «
Malgré la sainteté du lieu les applaudissements éclatent.
Nos frères d'Espagne, plus ardents que nous, n'ont pu maîtriser leurenthousiasme.
DE SAINT-MARTIN DU CANIGOU 10 La fête religieuse se termine par le chant solennel d'une absoute pourlereposducomteGuifre,dela comtesseGuisla, sa femme, de tous les moines quipendant huit siècles ont vécu dans Tabbaye et dont nous foulonssous'nos pieds les ossements devenuspoussière.
Etvoiciquel'on annonceune fête d'unnouveaugenre: ce sont les Jeux Flotaux de Barcelone qui vont tenir leur séance annuelle sous la présidence de Monseigneur. Mais Monseigneurcomprendquelachoseestun peuprécipitée,et
ilprévientque ce n'estqu'après quelquesinstantsderépitque
la séance s'ouvrira. L'on se disperse donc, et,
comme
c'est déjàmidi sonné,chacuncherche autour de l'abbaye un coin comnaode poury déployer son sac à provisions.En
un clin d'œil, toutlemondeest installé;etc'estunspectaclecharmant quecespetitsgroupes depèlerins essaimessurla montagne, remplissantde crisjoyeuxet de rires bruyants, ces rochers, cespelousesdepuissilongtempssolitaires.Mais c'està peine si l'on prend le temps de vider son sac; car on a hâte de revenir àl'égliseoù lafêtedesJeux Florauxs'ouvre déjà.Decette fête, que vousdirai-je? Bien quel'onyparle notre langue, je veux dire le catalan, nous sommes loin de tout comprendre, surtout dans lapoésie. Nous sentons pourtant qu'il y a là, dans ces strophes qui sonnent étrangement à notre oreille, de fort belles choses, et nous en comprenons toujours assezpourapplaudir. Cequi m'intéresse surtoutc'est l'attitude desacadémiciens. Je trouve à nos frères de l'autre versant une puissance d'enthousiasme, une forced'émotion quen'ont pointles français lesplusméridionaux.
Il estcurieuxde voirauxbeauxendroits leurphysionomie s'illuminer, leursyeuxpétiller, leur bouchese récrieret leurs mains applaudir. Il y adansces âmes une sève ardente qiii
Il estcurieuxde voirauxbeauxendroits leurphysionomie s'illuminer, leursyeuxpétiller, leur bouchese récrieret leurs mains applaudir. Il y adansces âmes une sève ardente qiii