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Démarches — Allocution

Dans le document THE UNIVERS ITY OF CHICAGO LIBRARY (Page 172-177)

Dom

de Gispert partit, en effet,

pour

porter

au

Roilasuppliquecapitulaire.

Sa démarche

n'aboutit pas. Il en résulta pourtant que, si

on

persistait à

ne

pas accepter laréforme,

on

devrait, aussibienà Saint-Michel qu'à Arleset à Saint-Martin, se sécu-lariser, et former parlaréunion des

moines

de ces trois

Abbayes un

Chapitre noble.

A Cuxa, on

accepta cette proposition, mais à lacondition

que

ce

nouveau

Chapitre aurait

un Abbé

séculier, avec

la résidence

au

monastère

même

de Saint-Michel, (Registre des délibérations capitulaires de Saint-Michel,

page

11.)

Sans

enavoirlacertitude absolue,

nous

doutons que, à la

Cour

française,

on

adhérâtà cette

condi-tion.

Ce

qui

nous

porte à penser ainsi, c'est qu'il n'en estplus question dans les délibérations

capi-10

146 HISTOIRE DE L^ABBAYE ROYALE

tulaires. CgvS

documents, au

contraire, trahissent

un

esprit de persistance en haut lieu

pour

faire accepterlanouvelle réforme.

Voici, à l'appui denotre appréciation,lesparoles textuelles

que

prononça, le 16 octobre 1773, le Prieurclaustral

de

Saint-Michel,

Dom

Ribes,devant tousles

membres du

Chapitre :

« Je

ne me

sens pas d'autre courage

que

celui

de

mêler vos larmes

aux

nôtres. Je ne m'entends pas enréflexion, formé presque dès leberceau

aux

devoirs pénibles

de

l'état religieux ; l'amour dont

je vousvois brûler

pour

votre état vous instruira bien

mieux que

je ne pourrai vous dire, et

ne

pre-nant conseil

que

de Celui qui est la source de la lumière, si

nous

n'avons pas laforce d'embrasser

un

état plus pénible et plus laborieux, j'aurais la consolation de vous voir fidèles

aux engagements

prisavecle Cielet former la généreuse résolution de

ne

lesfinir qu'avec lavie.

«

Ayant

déjà considéré avec

vous

tous,

dans une

délibération,

que

la vocation à l'état

monastique

est

un don du

Ciel et

que

toute réforme prescrite par des lois supérieures peut faire des hypocrites

et

non

devrais religieux,

nous ne

pouvions, tant

en

corps

que chacun

en son particulier,

nous

assujétir

aux

chefs

de

réformeportés

dans

labulle qui unit les officiers claustraux àla

mense

conventuelle, et

aux

éditsde 1768 et 1773.

Les

lieux réguliers, tels

que

réfectoire, dortoirs et autres, étant détruits

au

point qu'iln'enreste pas seulement detraces, ren-dentimpraticables l'exécution delaréforme etdes

DE SAINT-MARTIN DtJ CANIGOU 147 édits, et font

que nous

ne

pouvons

pas accepter la réforme ordonnée. »(Registredes délibérations capitulairesde Saint-Michelde

Cuxa,

page i6.)

La

durée de la résistance des trois

Abbayes

à

cette réforme

imposée

parle

Pape

et le roi fut de onze ans. C'est

en

1768

que

Védit de Louis

XV

parut, elles trois monastères, en 1779, étaient loin de vouloir se soumettre encore. L'allocution sui-vante,

prononcée dans

la salle capitulaire de Saint-Martin par le Prieurclaustral,

Dom

François

Sicart, le i*^""septembre 1779, témoigne dela conti-nuation decette triple résistance :

« Ilsera très

humblement

représenté

dans

notre délibération capitulaire à

Sa

Majesté

que

les bénéfices

ou

offices claustraux de ce monastère et

des

deux

autres de

même

nature situés en

Rous-sillon, servent de retraite et de ressource

aux

enfants de familles nobles et honnêtes

du

pays, dontles facultéssont

communément

trop

modiques

pour

leur procurer d'autres établissements;

que

ce monastère fait partie de la congrégation

de

Tarragone

qui existe en

Espagne dans

l'état le plus florissant; que, par ces considérations, les dispositions des bulles et des lois générales con-cernant les réguliers en France

ne

semblent pas devoir s'appliquer

aux

monastères situés en Rous-sillon

ou du moins

à

ceux

qui font partie des congrégations étrangères ;

que

si l'observance mitigée à laquelleles religieux de cemonastère se sont voués n'est pas aussi méritoire

que

celle des congrégations réformées,elle est

du moins

toujours

148 HISTOIRE DE l'ABBAYE ROYALE

respectableparl'essence des

vœux

monastiqueset

parla

vie recueillie et retirée, à laquelle se consa-crentles religieuxqui viennenthabiter

un

siaffreux désert ». (^Registredes délibérations capitulaires de l'Abbaye royale de Saint-Martin

du

Canigou.)

CHAPITRE XI

Sécularisation

de Saint-Martin Démarches à

ce sujet

Les

religieux dignitaires de Saint-Martin en-voyèrent,

en

effet,

au

roi la délibération telle

que

la motiva

dans

son allocution faite à la salle

du

Chapitre, le Prieur claustral

Dom

Réart.

Sa

Majestén'enaccepta pas les raisons.

Ce

refus royal

provoqua

alors

de

lapartdes religieuxla

demande

de sécularisation,

ne pouvant

pas, disaient-ils, se soumettre à

une

réforme dont la pratique leur paraissait, à eux, impossible, à tous les points

de

vue.

Dom

Marie

Grumet de

Montpré, dernier

Abbé commendataire de

Saint-Martinet successeur

de Dom

Jacques

de

Durfort, était

au

pouvoir depuis seulement

deux

mois, lorsque le 4 septem-bre 1779, les officiers

du

Chapitre se réunirent

une

dernière fois

pour

réitérer avec instance à

Sa

Majesté Louis

XVI

qui avait succédéà Louis

XV,

DE SAINT-MARTIN DU CANIGOU 149 la

demande

de sécularisation. Ils prirent, en effet, la délibération dontla teneursuit :

«

Nous

soussignés, réunisen Chapitre, considé-rant que, depuis dix ans,

nous sommes menacés

d'être

mis

à la vie séculière, avons résolu de représenter à

Sa

Majesté très chrétienne,le roi

de

France,

que

si cette

mesure que nous sommes

loin de désireret

que nous

avons pourtant

demandée,

parce qu'il

nous

est impossible d'accepter

un

genre de vie tel

que

celui qu'on

nous

propose",

sicettemesure,dis-je, est irrévocablementdécidée, notre position

nous

force à

demander

qu'elle

s'effectue

au

plus tôt

; et les principaux motifs

que nous

alléguons, sontlessuivants :

«

Nos

propriétés dépérissent, et la

prudence ne Nous permet

plus d'en hasarder l'amélioration.

Nous sommes

réduits à cinq officiers claustraux, presque toustrèsâgés, et les

uns

et les autres plus

ou moins

atteints d'infirmités: ce qui fait

que

s'il en vient à décéder

un ou

deux, la régularité, le culte, l'acquit desfondations devrontbientôt cesser dans le monastère.

Les

survivants

ne

pourront plus se secourirles

uns

les autresetserontexposés plus

que

jamais à être pillés

ou

assassinéspar des brigands

dans

cette affreusesolitude. Cette crainte etla rigueur des hivers plus

ou moins

insuppor-table à notre âge, finiront peut-être par

nous

contraindre à chercher

un

autre asile.

Pour peu

d'ailleurs

que

notre rentrée

dans

le siècle soit retardée,

Nous

serons hors d'état d'acquérir les

moyens

d'y êtreutiles.

IDO HISTOIRE DE LABBAYE ROYALE

«

Nous

proposons qu'on

Nous

conserve,

en

cas de dissolution, la jouissance des biens et

revenus de nos offices avec le surplus

que

le seigneur Abbe' fournit, selon ses obligations, à la

communauté',

au

monastère, à l'église

même,

consentant qu'il remette entre les

mains

d'un séquestrela

somme

à laquelle

on

aura évalué les denrées,redevances, vestiaire et sel qu'il est tenu de distribuer

aux

moines.

Que

si ce prélat

aime mieux

jouir lui seul de tous les biens et revenus des officiers claustraux, il devra s'engager àservir annuellement

une

pension

de

800 livres, franche

et quitte de toutes charges, dont il

augmentera

le taux proportionnellement

aux

extinctions, jusqu'à ce qu'elle s'élève à 1400livres.

Pour

prévenirtoute difficulté sur l'époque oii

commencera

cet accrois-sement, la valeur de

chaque

office claustral sera fixée ainsi qu'il suit:

«

La

grande prévôté, 2o5o livres

; l'aumônerie, 600; l'infirmerie, 5oo

; la sacristie, 3oo

;, la prévôté d'Aureilla, 200

; la chambrerie, 200.

«

La

présente délibération, faite en triple ori-ginal, sera envoyée à

Sa

Majesté très chrétienne, Louis

XVI,

roi de

France

et de Navarre. »

« Signés: f

Dom

Sicart, sacristain,prieur

claus-tral, vicaire-général.

f

Dom

Cavaillon, prévôt d'Aureilla.

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