signaler,
comme
objet d'art, l'ostensoir, dont les rayonsde
la gloire sontdécorés de pierresdetoute couleur fixées sur des étoiles. Il est toutenargent massif.Sa
tige et son pied sont ornementés de la feuille d'acanthe et de très belles guirlandes. Ilmesure une
hauteur de 5o centimètres.La
Vraie Croix, dont les quatre bras forment la Croix de Malte, est toute en argent doré. Elle est décoréedans chaque
extrémité de ses bras fleur-delisés d'une pierre précieuse: saphir bleu, saphir vert, c'est-à-diredeux
bleus etdeux
verts.Sa
hauteur est de o'^So.Enfin,
nous
arrivons à la nicheen
arcade, vide hélas!du fameux
sarcophage qu'elle renfermaitderrière
une
grilleen
feravantla Révolutionde 98.Elle est
du
côté droit de l'église. Ses dimensions sont toujours lesmêmes,
puisque la matière qui avait servi à ériger cemonument
de piété chré-tienne à l'église supérieure de Saint-Martin, en l'honneurdu comte
Guifredetde sa sainteépouse, a ététransférée là etn'en a pas bougé, sauflesar-cophage
mobileque
desmains
révolutionnaires ont détruit,comme nous
allons le dire, avec ce qu'il renfermait de sacré.Nos
lecteurs verront, par la suite de cette his-toirede
l'abbayedu
Canigou, qu'en i332, l'Abbé Déranger fit extraire les ossements desdeux
tom-DE SAINT-MARTIN DU CANIGOU 07
beaux
primitifs des illustres époux,Raymond
etElisabeth Guifred,
pour
les enfermerdans un même
sarcophage en marbre, qui fut placé en
un
lieu plus digne avec l'épitapheque nous
citonsen
son endroit. Plus tard cemême
sarcophage et l'inscription qui le surmontait, furent transférés à l'église supérieure et placés dansune
niche en arcade ogivale, fermée d'une grille en fer.Sur
lesarcophage,
une
statue enmarbre
blancreprésen-tait le
Comte
en chevalierarmé
de toutes pièces;et plus haut,
on
le voyait peint sur lemur,
revêtu d'unfroc.Tous
les ans, le jouroù
les religieux célé-braient l'anniversaire de sa mort, ils paraient cetombeau
de mille fleurs.Eh
bien, c'est cemême monument
qu'on transféra, à la suitede
l'acteaccompli dela sécularisationde l'abbaye de Saint-Martin, le 11
du mois
d'août 1786, à l'église pa-roissiale de Casteil.Un
service funèbre très solennely
fut célébrépour
le repos de l'âme desdeux
illustres fondateurs. Leurs cendres sont restées en paix, là,pendant
sept ans, sous l'œil eucharistique de Celui qu'ils avaient si bien servi.Mais
latourmenterévolutionnairearrivant,lahache
et le
marteau
del'impiété et de la rage irréligieuse s'abattirent sur ce tombeau.Le
sarcophage futbrisé,annihilé, et, par l'acte leplussatanique qu'on
ait jamais vu, les cendres qu'il renfermait furent souillées et jetées
aux
vents.La
Révolution, dans l'exécution de cet acte atroce et abominable, crut en finir avec le souvenir, qui la gênait, de lacélè-38 HISTOIRE DE l'aBBAYE ROYALE
bre abba^-e de Saint-Martin et dé ses pieux fon-dateurs.
L'arcade ogivale,
nous venons
de le dire plus haut, existe encore.Sur
sonmur du
milieu,on
ylit l'inscription mortuaire ci-dessous
; mais ce n'est qu'un fac-similésur
un morceau
de bois:Anna
niilleâiino qiiadrage.ùinonono
Incatna-tionià Doniini, ptidie
Kalendaà
Anguàti, obîit GiiifteduôCondain
Conieà nohilu.iiniu6 qui ,iiibtitilla beati Mattini ptœàiiJié,
hune
lociim jiiMit œdificatî, iindeetinonacbuà
fuitannli quindecini, innomine Domini
noâtti Jeàii Clni.iti; Ciijiiâ dicti Coinitiô et uxotià ejuâ Elisabeth Ccmitiô.iimœcot-pota
ttan^latatifecit inhocmoniunento
Dcniijiu.i Bezengatiuô de Coliinibatio, Abba.) i.itiiià loci,anno
niilleôiniotzccenteâinio ttigeôinio oeciindo.Deux
magnifiques reliefs enmarbre
blanc, repre'-sentantchacun une
scène de sépulture abbatiale, font l'ornement de cette arcade.On y
lit les épita-phes suivantes :AnnoDojnini
(c'estcelledu
côtédroit)MCCCIII,
VIIIcal.Maii, obiitFt. Guillelmii.ide SezvoliA,Dci gtatiâabbaâ
iàtiuà monaàtetii, iinâ cuni fmttibiiA Petto etBetnatdo, cleticoà. Requie6cant in pace.Voicila seconde :
Anno
DoniiniMCCCXIV,
IIInon.Augu6ti,obiit Atnaldu.i Cotbiaco, qiiondani Abba.i monaétetii Sancti Mattini Canigonenéiô,ciij'uôanima
tequieé-cat in pace.
DE SAINT-MARTIN DU CANIGOU 89
Par
le sens de ces épitaphes, il est certainque
ces reliefs sont des pierres tumulaires qui avaient été placées sur lestombeaux
desAbbés
dont ilsportent les
noms,
et qu'ils ont été transférés à l'église de Casteilpour
ornementer lemonument
mortuaire
du comte
Guifred.C'est tout ce
que nous
avions àdire des richessesque
possède la pauvre église actuelle de Casteil.De
ce temple rural qui est presque extérieurnous
entrons dans le village ; et, par ci par là,nous
découvrons des beautés artistiquesdu
magni-fique cloître de Saint-Martin. Ici, c'est
un
tronçon de colonne qui soutientune
fenêtre; là, c'estun
riche chapiteau qui sert de décoration
au
fronton de laported'une grande basse-cour;làmême,
c'estun soubassement
de colonne qui sert de siègeau paysan
; plus loin, c'estune
colonnade parfai-tement bien remontée quisertderampe
àl'escalier de lamaison
d'un riche propriétaire et de balus-trade à sa terrasse.Si le
nombre
des colonnes et autres débrisque nous
avons trouvés disséminésdans
le village de Casteilne nous
induit pas en erreur, le cloître de Saint-Martin auraiteu
huit arcades de longueur sur tout autant de largeur, carré parfait.Cette construction
remonte au
XI*-' siècle, à l'ori-ginedu
couvent.Ce
quifaitla richesse des chapi-teaux de cemonument
tout enmarbre
rouge, c'est la variationdans
les divers sujets qu'ils repré-sentent : sur quelques-uns ce sont deshommes
bizarrement accroupis, les
mains
posées sur les40 HISTOIRE DE l'aBBAYE ROYALE
genoux
et supportant avec effort le poids de la corniche.Sur
quelques autres ce sont deshiboux
de'ployant leurs ailes, des lions, des ours enlrela-çant leurs pattes avec les pattes d'autresanimaux,
etc.
Sur
certains encoreparait d'une manière bien gracieuse la feuille d'acanthe, entourée de très belles guirlandes.Nous nous
arrêtons à cette rapide et faible esquisse de cemonument
en ruines, regrettant dene
pas êtreun
artiste accomplipour
fournirau
lecteurune
pleine jouissance des beaute's sculp-turales qu'il renferme.Après
tout cet exposé, ilne nous
reste qu'unmot
à dire de nos multiples visites au domicile particulier de ces braves habitants de Casteil.Nous
avons réussi, par debonnes
paroles, à leur faire exhiber,du
fond de leurs très vieux coffres, des papiers quinous
ont intéressé beaucoup, carla plupart étaient de la provenance de l'Abbaye.
C'est ainsi qu'ils
nous
ontfait connaître desnoms
très vénérables, remontant à
une
très haute anti-quité.Par
ces papiers encore,au moyen de
quelques reconnaissances faites par qui de droit à certains propriétaires,nous
avons appris qu'unofficier claustral, l'infirmier, desservaitla paroisse