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Notre travail de thèse a pour objectif d’apporter des réponses à une problématique non traitée en sciences de gestion : la gestion des carrières dans un contexte transfrontalier. Pour ce faire, différentes études ont été menées. Elles sont au nombre de trois pour permettre l’analyse du sujet de recherche sous les trois angles cités précédemment : attentes des employés, attentes des employeurs et attentes du marché du travail transfrontalier. Afin d’obtenir des résultats les plus pertinents possibles, il était préférable de séparer les études et de focaliser chacune d’entre elles sur un angle différent. Chaque étude a alors permis de récolter différents éléments de réponse qui, assemblés, répondent à la problématique générale de ce travail de thèse. Plusieurs intérêts sont attendus quant à cette recherche. Nous les exposons, ci-après, selon les trois critères suivants : théorique, managérial et méthodologique.

Partie concernée - employés :

Quelle trajectoire de carrière suivent les travailleurs transfrontaliers français en Suisse alémanique ?

Partie concernée - employeurs :

Quelle mise en application des dispositifs de gestion des carrières suisses auprès des travailleurs transfrontaliers français ?

Partie concernée - territoire :

Quelle adéquation peut-on appréhender entre attentes des individus et attentes du marché du travail transfrontalier, notamment en termes de compétences ?

De quelle manière la gestion des carrières transfrontalières dans le Rhin supérieur est-elle spécifique pour les différentes parties concernées ?

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3.1. Le territoire transfrontalier comme ajout aux cadres théoriques existants Intérêts théoriques attendus

Cette recherche compte apporter des éléments théoriques issus des résultats des différentes études menées. Différents intérêts théoriques ressortent de ce travail de thèse. Ces intérêts apporteront des réponses aux questions relatives à la gestion des carrières dans un contexte transfrontalier en se concentrant sur celle des travailleurs transfrontaliers selon la vision des organisations, des employés, mais également du marché du travail transfrontalier.

Tout d’abord, notre volonté de travailler sur la dimension transfrontalière est un apport en soi, puisque ce sujet n’a pas été encore abordé en sciences de gestion. Ainsi, aucun cadre théorique n’a encore pris en compte cette dimension dans leurs critères. Nous avons donc la volonté d’apporter cette notion du transfrontalier dans les différents cadres théoriques mobilisés au cours de cette recherche.

De plus, nous analyserons sous un prisme différent la gestion des carrières par les organisations (chapitre 4), mais aussi par les individus (chapitre 3). Nous aborderons également les différentes pratiques de gestion appliquées au sein des organisations suisses pour gérer les carrières des employés aussi bien nationaux que transfrontaliers afin de comprendre leur possible adaptation selon le profil des employés (chapitre 4).

En outre, nous allons nous appuyer sur le courant du contrat psychologique, que nous développerons dans la partie « La théorie du contrat psychologique comme fil conducteur de cette recherche » (chapitre 2). Ce contrat prend en compte deux parties prenantes : les employeurs et les employés (Argyris, 1960). Il repose sur la concordance des attentes des uns et des autres (Rousseau, 2001). Or, des facteurs externes peuvent influencer une telle relation. Nous nous focaliserons sur le facteur « territoire », soit le contexte territorial. Nous allons ajouter la dimension « territoire » au courant du contrat psychologique. Par ailleurs, cette recherche ne présente pas seulement des intérêts théoriques mais aussi managériaux.

3.2. Des attentes différentes qui façonnent la gestion des carrières

Pour Pras (1983), les sciences de gestion ont une vocation précise qui est de mieux comprendre le fonctionnement de groupes sociaux afin d‘en ressortir des connaissances. En

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effet, selon lui, « la recherche en gestion, qui a pour objectif d’expliquer, prévoir et maîtriser

le comportement de groupes sociaux organisés, a une finalité essentiellement concrète et pratique ; et le développement de la connaissance doit déboucher, à terme, sur une aide à la prise de décision » (p. 73). Il est donc important que tout travail en gestion puisse apporter

des éléments pertinents afin de pouvoir les appliquer ou les utiliser par la suite.

Dans ce travail de recherche, nous pouvons exposer différents intérêts managériaux. Tout d’abord, nous nous intéressons à une catégorie spécifique de travailleurs. Celle-ci n’a pas encore été analysée sous le prisme de la gestion. Il s’agit des travailleurs transfrontaliers. Ainsi, en regardant tout particulièrement ces derniers, nous pourrons donner des éléments de description pour mieux les appréhender. Ceci permettra aux organisations de mieux comprendre leurs attentes afin de pouvoir gérer au mieux cette catégorie de travailleur. En effet, ces derniers traversent une frontière pour acquérir ce qu’ils ne trouvent pas en France. Ainsi, par exemple, les organisations françaises pourront mieux cerner ces profils et leur proposer des offres qui correspondent mieux à leurs attentes afin d’éviter de les voir fuir vers le pays voisin et perdre une main d’œuvre importante.

De plus, nous ne nous contenterons pas seulement de décrire qui sont ces travailleurs, mais nous allons également analyser leur carrière et plus précisément leurs attentes quant à leur carrière. Nous tâcherons de comprendre quelles trajectoires de carrière ils décident de suivre, ce qu’ils cherchent en traversant la frontière pour trouver un emploi et ce qu’il y a dans ce pays voisin qui les retient. Cela permettra aux organisations qui emploient des travailleurs transfrontaliers de mieux cibler leurs attentes quant à leur évolution professionnelle.

En outre, puisque cette catégorie de travailleurs prend la décision de se rendre dans le pays voisin pour travailler, il sera intéressant d’appréhender les potentiels dispositifs de gestion des carrières des organisations qui les accueillent afin de prendre en compte qu’elles sont leurs spécificités par rapport au pays d’origine du frontalier. Puisque dans cette recherche, nous nous focaliserons tout particulièrement sur les organisations suisses qui accueillent des travailleurs transfrontaliers français, nous apporterons alors des éléments qui permettront de mieux cibler les dispositifs de gestion des organisations suisses et leur application auprès de nos travailleurs. Ce qui permettra alors de voir ce qui est transposable au sein des

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organisations françaises afin de garder cette main d’œuvre, plutôt que de la voir traverser la frontière.

Nous allons également, étudier les attentes du marché de l’emploi transfrontalier. Nous nous focaliserons tout particulièrement sur les compétences interculturelles, puisque le Rhin supérieur est un espace multiculturel (Hall, 2007) et que ces compétences sont celles que l’on mobilise pour répondre au mieux à une situation multiculturelle (Deardorff, 2006). Cela permettra ainsi de pouvoir pointer plus précisément les attentes du marché du travail transfrontalier pour ensuite permettre aux individus de pouvoir répondre correctement à ces dernières.

Pour finir, notre objet de recherche est la gestion des carrières dans un contexte transfrontalier. Grâce à l’ensemble des trois études qui composent cette recherche, nous pourrons apporter des réponses. Pour ce faire, nous rassemblerons les différentes attentes que sont celles des travailleurs transfrontaliers, des organisations qui les accueillent et du marché de l’emploi du Rhin supérieur. Une fois combinées, elles fourniront les éléments nécessaires à une meilleure appréhension de la gestion des carrières des travailleurs transfrontaliers dans la région du Rhin supérieur. Mieux comprendre la manière dont sont gérées les carrières des travailleurs transfrontaliers fournira des éléments de gestion aux différentes organisations les employant. Si cette gestion n’est pas commune aux trois pays qui composent le Rhin supérieur, alors des manières de faire pourraient être adaptées ou encore partagées afin de gérer de façon pertinente la carrière des travailleurs qui préfèrent traverser une frontière pour trouver un emploi faute de mieux chez eux. Cette recherche permettra donc de comprendre ce qu’il existe en matière de gestion des carrières dans les organisations des pays voisins afin de comprendre si cela peut être adapté ou retranscrit par les organisations au niveau national.

3.3. Thèse par article : une combinaison d’études et de méthodologies

Ce travail de recherche prend la forme d’une thèse par article, également nommée thèse sur papiers (Dumez et al., 2015). Ce type de thèse expose les résultats essentiels de la recherche sous forme d’articles publiés dans des revues scientifiques, ou sous forme d’articles acceptés pour publication, dans le domaine de recherche du doctorant (Ecole doctorale Droit, Gestion,

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Sciences économiques et Politiques, 2020). Cependant, il est également possible qu’il s’agisse de chapitre d’ouvrage ou encore de communication dans un colloque renommé, national ou international (Dumez et al., 2015). Les parties indispensables à la compréhension générale de la recherche doivent également composer le travail de thèse.

Ainsi, ce type de thèse permet de combiner plusieurs études pour répondre de façon la plus pointue à un sujet. Dans notre recherche, chaque étude permet d’analyser le sujet sous un angle différent afin d’étendre au maximum notre vision et de la sorte obtenir une réponse ou des réponses les plus pertinentes et précises possibles.

De plus, un tel travail permet de combiner des méthodologies différentes mais complémentaires et de mobiliser des cadres méthodologiques distincts mais liés les uns aux autres par un courant de recherche commun. Le travail de thèse par article pousse donc à maîtriser correctement tous ces outils. Les différentes études de cette recherche combinent des raisonnements abductif et inductif, selon les articles rédigés, qui permettent de raisonner sur plusieurs niveaux. Ainsi, à la fois les données fournissent la connaissance (induction selon Anadon et Guillemette, 2007), mais elles permettent également d’élaborer une hypothèse qui présume d’une règle qu’elle ne peut encore évaluer (Patino-Lakatos, 2019). Cela apporte des regards différents, mais complémentaires afin de répondre à une problématique de recherche commune.