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Le Rhin supérieur, région transfrontalière Le Rhin supérieur

La région du Rhin Supérieur comprend l’espace transfrontalier franco-germano-suisse constitué par les quatre territoires : Alsace, Suisse du Nord-Ouest, Sud du Palatinat et une partie du Pays de Bade. Ce territoire couvre 21 526 km² et compte plus de 6 millions d'habitants en 2016. La densité de population est en moyenne de 287 habitants au km² pour l'ensemble des 1 731 communes du Rhin Supérieur et ce, malgré une forte partie montagneuse (CCI de la métropole d’Alsace, 2020). Le territoire représente une puissance économique de 202 milliards d’euros, ce qui est bien supérieur à la moyenne de l’Europe occidentale. Ainsi, le Rhin Supérieur possède la capacité de devenir l’un des principaux

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espaces économiques en Europe (Région Métropolitaine Trinationale du Rhin Supérieur, 2020).

D’après les derniers recensements (2017) de l’INSEE, 355 000 travailleurs français passent la frontière tous les jours pour aller travailler dans le pays voisin. Ils représentent jusqu’à un tiers des actifs en France (Observatoire des territoires, 2017).

La région du Rhin supérieur est un espace dirigé vers l’international. Cela en fait un pôle d’attractivité pour nombre d’entreprises à renommée mondiale. Celles-ci regroupent une main-d’œuvre très qualifiée, qui sort des plus grandes écoles et universités. Ainsi, parmi les plus de six millions d’habitants, 2,8 millions sont actifs. Cet espace propose alors un incontestable bassin de vie triculturel qui dispose d’un potentiel économique d’envergure (Espaces transfrontaliers, 2020).

De ce fait, on y observe donc des flux de frontaliers très importants : plus de 64 000 travailleurs transfrontaliers, dont 36 100 de la France vers la Suisse (Isel et Kuhn, 2016). En revanche peu de Suisses et d’Allemands se tournent vers la France (Durr, Isel et Kayali, 2014).

1.2. Un espace transfrontalier

Tout d’abord, si nous parlons d’espace transfrontalier, nous partons du postulat que la frontière est reconnue en tant que telle par les Etats (ligne stable), qu’il n’y a plus de conflits en son sein (frontière apaisée) et qu’elle présente notamment un certain degré de porosité (l’ouverture l’emporte sur la fermeture) (Hypergeo, 2014).

Les frontières limitent un territoire, elles constituent une construction idéologique au fort contenu symbolique, mais également une construction concrète dans l’espace (Denert et Hurel, 2000). La frontière est devenue géographique et visible (Denert et Hurel, 2000). Les frontières existent pour marquer la différence entre de multiples territoires. Ainsi, une frontière peut être géographiquement commune à plusieurs territoires, on parle alors de régions frontalières. Or, la volonté d’une échelle communautaire entraine une modification des espaces : l’orientation à 180° d’un espace frontalier est devenue une orientation à 360° correspondant à tout un territoire transfrontalier. La frontière n’est donc plus une simple ligne, mais a évolué en un espace de transition de taille variable entre deux régions nationales (Denert et Hurel, 2000).

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Le transfrontalier signifie qu’il existe un lien entre deux frontières. L’adjectif transfrontalier se rapporte à la traversée, au passage, à la transgression : il comprend toute connexion et tout mouvement limité politiquement par deux états. Cependant, le concept de transfrontalier est fortement lié à celui de proximité. Les relations entre deux Etats sont considérées comme transnationales. Ainsi, les relations transfrontalières s’installent entre deux espaces territoriaux limitrophes, séparés par une limite étatique (Hypergeo, 2014).

Ces nouveaux espaces induisent alors une nouvelle politique et une nouvelle vision territoriale. Un territoire ne s’arrête plus forcément à une frontière géographique (Denert et Hurel, 2000). Au contraire, il s’étend au-delà et trouve une nouvelle frontière d’ordre parfois politique, culturel ou encore social.

1.3. Un espace au-delà des frontières

Parce que les frontières ne sont plus les mêmes, les conditions de vie des habitants de ces espaces se voient prendre une tournure différente. Il n’est plus forcément question de vivre d’un côté ou de l’autre de la frontière, mais au contraire vivre des deux côtés. De ce fait les opportunités de travail se multiplient (Observatoire des territoires, 2017). Cela s’observe plus particulièrement dans l’Union européenne, au sein de laquelle l’espace Schengen facilite et organise la libre circulation des personnes (Observatoire des territoires, 2017). Il est vrai, le fait que les qualifications professionnelles acquises dans un autre pays soient reconnues dans l’Union Européenne tout entière est un facteur clé de la mobilité des travailleurs.

Toutefois, pour permettre les échanges entre deux pays, il est important qu’ils soient complémentaires. Il n’est pas nécessaire que leur démographie ou encore leurs profils socio- économiques soient les mêmes, mais une certaine complémentarité entraine une possibilité de flux de frontaliers (Observatoire des territoires, 2017). Là est l’avantage d’un espace transfrontalier, il engendre la possibilité de combiner les avantages d’un pays avec ceux de l’autre. C’est le cas notamment entre la France et l’Allemagne, avec du côté français des espaces plutôt jeunes, et du côté allemand des régions vieillissantes, mais plus riches. De ce fait, la jeune population française peut se tourner vers l’Allemagne pour trouver un emploi et ainsi combler le déficit en personnes actives dû au vieillissement de la population (Observatoire des Territoires, 2017).

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En conséquence, de nombreux frontaliers naviguent entre les pays, comme si les frontières n’en étaient plus. Ils passent d’un côté ou de l’autre pour des activités personnelles ou juste pour se rendre sur leurs lieux de travail. Pour pouvoir se permettre une telle mobilité, ces frontaliers ont dû développer un certain nombre de compétences, qui favorisent l’adaptation dans le pays dans lequel ils se trouvent.

En effet, au niveau d’un territoire, des personnes et des compétences circulent et interfèrent avec d’autres de manière plus ou moins proche. On observe alors une mise en continuité et/ou un développement de connaissances, ou bien une rupture (Crevoisier et Jeannerat, 2009). Ainsi, le concept de dynamique territoriale de connaissance peut prendre tout son sens sur un territoire tel que celui du Rhin supérieur, puisque la connaissance est alors vue comme une dynamique sociale et territoriale et qu’elle favorise les interactions sociales du territoire concerné (Crevoisier et Jeannerat, 2009). Une économie territoriale peut de ce fait plus facilement se développer grâce à ce partage de connaissance.

2. Employabilité et compétences : une combinaison importante dans un tel