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CHAPITRE III – MÉTHODOLOGIE

3.2 Les Étapes de réalisation de la métasynthèse

3.2.1 La préanalyse

3.2.1.1 Recherche documentaire

Dans le cadre de la recherche documentaire, nous avons privilégié un corpus de recherches scientifiques : 1) réalisées par différents chercheurs et 2) traitant d’une problématique commune (Beaucher et Jutras, 2007), en l’occurrence les CdeP comme mode de partage et de

co-construction des connaissances privilégiant la coordination, la coopération ou la collaboration entre des professionnels de la santé lorsqu’il s’agit de maladies chroniques. De plus, tel que le préconisent Beaucher et Jutras (2007), en référence à notre cadre conceptuel, nous avons circonscrit notre objet d’étude avant de procéder à la recherche bibliographique. Pour ce faire, nous avons identifié les concepts fondamentaux reliés à nos objectifs de recherche, rejoignant ainsi une phase de la préanalyse valorisée par Bardin (1977/1998). Ces concepts sont énumérés au tableau III qui suit fourni par la Direction des bibliothèques de l’Université de Montréal à titre d’outil de planification de la recherche documentaire.

Les concepts ou mots-clés retenus ont été communauté de pratique/coordination- collaboration-coopération/interprofessionnalité-interdisciplinarité/maladie chronique. Ils correspondent aux fondements conceptuels de notre problématique et nous paraissent en mesure de produire un cadre de recherche équilibré, c’est-à-dire suffisamment vaste sans être trop étendu afin de générer un éventail approprié d’articles scientifiques liés à cette problématique. Il est à noter que nous n’avons pas retenu le mot-clé « co-construction de connaissances » et ses dérivés35 car il nous apparaissait trop pointu et donc limitatif eu égard aux bases de données. Toutefois, comme nous le verrons, cette thématique sera abordée dans le cadre de l’analyse des données bibliographiques recueillies.

Ces mots-clés sont appliqués conjointement aux bases de données Medline (Ovid), Cinahl et Web of Science, auxquelles nous avons accédé via le répertoire de base de données électroniques Maestro rendu accessible par les bibliothèques de l’Université de Montréal. Ces bases de données ont été retenues du fait de leur complémentarité quant à notre objet de recherche et à l’exhaustivité visée du corpus de références s’y rapportant. En effet, Medline (Ovid) nous apparaît essentielle du fait qu’il s’agit d’« une base de données internationale dans le domaine biomédical et des sciences de la santé »36. De la même manière, Cinahl s’avère incontournable du fait qu’il s’agit d’« une base de données consacrée aux sciences infirmières

35 Knowledge building, managing knowledge, interprofessional learning, interdisciplinary learning.

et aux disciplines paramédicales »37. Enfin, nous recourons à la base de données Web of Science pour son immense perspective, car il s’agit d’une base de données multidisciplinaires qui dépouille pas moins de 8 500 revues dans tous les domaines, notamment dans plusieurs disciplines figurant au registre des sciences sociales et rattachées aux sciences de la santé38. La complémentarité de ces trois bases de données nous paraît capitale dans une perspective de validation afin de nous assurer que des articles ne sont pas « tombés entre les mailles du filet ». Rappelons que nous avons priorisé les études publiées de 2000 à aujourd’hui, du fait que le concept de CdeP s’est inscrit dans l’œuvre de Wenger de manière plus explicite en 199839 et que les fondements de l’analyse que nous projetons découlent de la perspective de cet auteur.

Tableau III

Stratégies de recherche s’appuyant sur les mots-clés de notre thématique de recherche

Direction des bibliothèques de l’Université de Montréal

Comme le montre le tableau III, nous avons opéré la recherche sur les bases de données Medline (Ovid) et Cinahl de la manière suivante. Tout d’abord, nous avons entré chaque mot- clé séparément : community of practice, collaboration, cooperation, coordination, chronic care, chronic disease, interdisciplinarity, interprofessionality et, par la suite, nous avons jumelé community of practice à chacun des autres. Cette manière d’opérer nous permettait de

37 Idem. 38 Idem.

39 Wenger, E. (2005). La théorie des communautés de pratique : apprentissage, sens et identité (Trad. F. Gervais). Québec : PUL (publication originale en 1998).

cibler la thématique de la CdeP et de l’associer aux autres concepts essentiels à notre problématique, car le seul mot-clé « community of practice » générait un trop grand nombre de références (1 452 dans Medline et 377 dans Cinhal), dont plusieurs étaient susceptibles de ne pas se rapporter à notre sujet d’intérêt.

Comme le montre la figure 15, cette façon de procéder nous a permis de mieux cibler le nombre de références [potentiellement] pertinentes, ce que révèle les nombres aux intersections des différents mots-clés, autant dans Medline (nombres inscrit en vert) que dans Cinhal (nombre inscrits en rouge). Enfin, précisons que nous avons opéré cette recherche documentaire avec des mots-clés en anglais, car la principale requête formulée en français, « communauté de pratique », ne générait aucun résultat et ce, sur les trois bases de données. Soulignons que ces bases de données ont été retenues en visant la vastitude et la densité potentielles des articles scientifiques et la notoriété, dans le domaine de la santé, des périodiques dont ils sont issus et que les chercheurs francophones convoitent également.

Figure 15. Références obtenues dans les bases de données Medline (Ovid, nombres inscrits en vert) et Cinahl (nombres inscrits en rouge) pour chacun des mots-clés et selon leur pairage avec celui de communauté de pratique.

Cette façon de procéder a généré 219 références avec la base de données Medline. Ce nombre totalise celles se rapportant à la fois à la thématique de la communauté de pratique et aux sous- thèmes, ce qui correspond à l’addition des références correspondant aux nombres (inscrits en vert) aux intersections de la figure 15. Le transfert de ces références sur la base de données

la base de données Cinhalt, elle a répertorié 61 références correspondant à l’addition de celles reliées aux intersections de la figure 15 (nombre inscrits en rouge). Leur transfert sur EndNote a permis l’élimination des doublons présents à l’intérieur même de cet ensemble ainsi que ceux des références obtenues via Medline. Ainsi, 20 références issues de Cinhalt ont été conservées. Medline et Cinhalt ont donc générées 180 références liées à nos thématiques. Quant à la recherche documentaire dans la base de données Web of Science, elle s’est opérée via les mêmes mots-clés que ceux utilisés dans les bases de données Medline et Cinhalt. De plus, tout comme dans ces bases de données, les requêtes ont été formulées séparément pour l’ensemble des mots-clés et ensuite en pairage avec notre thématique principale « community of practice ». Toutefois, compte tenu de la vastitude de Web of Science, à chacune des requêtes les mots-clés étaient entrés comme « sujet » (topic), précisément eu égard aux catégories professionnelles se rapportant au domaine de la santé, ce qu’offre Web of Science comme possibilités de raffinement40. De cette manière, cette base de données a généré 48 références (correspondant aux intersections de la figure 16).

Figure 16. Nombre de références obtenues dans la base de données Web of Science pour chacun des mots-clés et selon leur pairage à celui de communauté de pratique.

40 Par exemple, Health care sciences services OU neurosciences OU pediatrics OU psychology OU clinical

neurology OU nursing OU dentistry oral surgery medicine OU health policy services OU psychology multidisciplinary OU psychology applied OU oncology OU public environmental occupational health OU obstetrics gynecology OU primary health care OU peripheral vascular disease OU psychiatry OU surgery

Soulignons toutefois que ces 48 références provenant de Web of Science ont été réduites à 14 une fois importées dans EndNote et les doublons éliminés. Ainsi les trois bases de données nous ont permis de rassembler un total de 194 références (Medline = 160, Cinhalt = 20, Web of Science = 14) potentiellement pertinentes eu égard aux thématiques de nos objectifs de recherche.

3.2.1.2 Sélection des références obtenues

La vérification de la pertinence des 194 références obtenues eu égard à nos objectifs de recherche représente la dernière étape de la phase de préanalyse. Cette première sélection s’est appuyée, à tout le moins, sur la lecture intégrale de chaque résumé (abstract) et fréquemment sur la lecture partielle de l’article et la consultation de sa bibliographie.

À l’instar de ce que préconisent Beaucher et Jutras (2007), cette sélection d’articles à analyser a reposé sur l’application de critères d’inclusion-exclusion tel que défini par ces auteurs : « il s’agit de caractéristiques discriminatoires servant à restreindre le nombre d’études primaires à analyser, en tentant de garder les recherches qui s’avéreraient les plus pertinentes à l’analyse secondaire envisagée ». Pour ce faire, nous avons retenu les critères d’inclusion suivants : date de publication entre 2000 et aujourd’hui, présentation essentielle d’une expérience empirique de CdeP (sur le terrain), c’est-à-dire en présence dans le milieu de la santé (et non pas exclusivement théorique, pas plus qu’exclusivement en ligne), de même qu’une expérience de communauté de pratique rassemblant plus d’un profil professionnel. Dans cette optique, les critères d’exclusion suivants ont été appliqués : revues de littérature; recherches de type théorique (sans véritable expérience-terrain de CdeP mais plutôt rapportées des lectures à cet effet); recherches portant sur des expériences de CdeP uniquement en ligne ou de CdeP uniprofessionnelles; recherches relatant des expériences de communauté de pratique menées dans un contexte académique, universitaire ou de formation professionnelle et n’étant pas centrées sur une pratique de soins partagée; articles abordant la notion de CdeP en conclusion de la recherche menée ou en guise de recommandation et non pas comme formule de mise en commun au cœur de leurs problématiques; recherches relatant d’autres types de mise en commun comme par exemple l’organisation apprenante.

Soulignons que bien que nous concevions les méthodes quantitative et qualitative sur un continuum et non pas dans une optique dichotomique (Lessard-Hébert, Goyette et Boutin, 1997), nous nous centrerons d’abord sur les articles reposant sur une méthodologie qualitative, en incluant les articles présentant les deux méthodes en complémentarité. Ce choix s’explique par le fait que, bien que des quantifications particulières sont tout à fait possibles dans les approches qualitatives, leur intérêt central pour la signification donnée par les acteurs aux actions dans lesquelles ils sont engagés (Lessard-Hébert et al., 1997) nous paraît permettre de saisir davantage l’expérience de CdeP rapportée et son interprétation.

Toutefois, dans l’éventualité où un faible nombre de références s’appuierait sur une méthodologie qualitative, nous pourrions opter pour l’inclusion des études quantitatives en nous appuyant encore une fois sur Beaucher et Jutras (2007). En effet, ces derniers font part du double verdict que les auteurs défendent à cet égard. Alors que certains déplorent la mixité des méthodologies des références soumises à une métasynthèse (dont Beaucher et Jutras eux- mêmes qui s’interrogent sur la manière de les rendre comparables), d’autres la valorisent du fait que cela permet une triangulation dépassant les faiblesses de chaque type et permettant « d’obtenir une image plus près de la réalité du phénomène étudié ». Dans l’optique où nous serions amenée à intégrer des références s’appuyant sur des études quantitatives, nous n’anticipons pas de difficulté à les comparer du fait que nos objectifs (et les indicateurs qui en émergent, comme nous le verrons) reposent sur un cadre conceptuel repérable, autant dans les études qualitatives que quantitatives.

Pour terminer, il importe de préciser que la constitution de ce « corpus de documents » à soumettre aux règles analytiques implique souvent des choix et des sélections qui sont soumis à des règles (Bardin, 1977/1998 p. 126-130), sur lesquelles nous nous sommes appuyées).  Règle d’exhaustivité. Nous prenons en compte tous les éléments du corpus que nous avons

constitué eu égard aux principaux concepts (présentés au tableau II). Nous n’éliminerons aucun document pour quelque raison non justifiable sur le plan de la rigueur : difficulté d’accès, impression de non-intérêt.

 Règle de représentativité. Nous ne procéderons pas à une pré-analyse sur un échantillonnage car nous avons suffisamment circonscrit notre objet de recherche, ce qui a

généré un corpus de documents en quantité réaliste eu égard au processus d’analyse requise.

 Règle d’homogénéité. S’appuyant sur des critères d’inclusion et d’exclusion, en plus de mots-clés bien délimités, nous sommes arrivés à préciser nos requêtes lors de la recherche documentaire et ainsi assurer la pertinence homogène des articles scientifiques obtenus.  Règle de pertinence. Les documents retenus nous paraissent adéquats dans le sens qu’ils

correspondent directement aux objectifs de notre travail de métasynthèse. De plus, ces références ont été obtenues selon des mots-clés et des critères d’inclusion-exclusion émergeant de la problématique de recherche et du cadre conceptuel, ce qui nous semble représenter des indices de pertinence adéquats.