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Cette recherche est…

Partie III : approche et procédure méthodologique

3.1. Cette recherche est…

Le travail d’attribution de sens est essentiel afin que la situation puisse faire progressivement partie intégrante de l’histoire de l’individu et lui permette de développer des connaissances et des compétences qu’il pourra par la suite transférer (Gyger Gaspoz, 2013).

Partie II : Problématique

M’inscrivant dans une démarche compréhensive, je cherche à comprendre Comment les

personnes immigrées de première génération répondent-elles aux demandes administratives cantonales et communales en Suisse ? Cette problématique de départ implique toutefois de

développer des questions de recherche plus spécifiques. En premier lieu, je m’intéresse directement au pôle objet du triangle psychosocial proposé par Moscovici (1984) en posant trois questions.

1) Sous quel format se présentent les demandes administratives ? 2) Quels en sont leurs contenus ?

3) Comment et quand sont-elles transmises aux usagers et dans quel but ?

Celles-ci permettent d’affiner les connaissances sur l’objet-même qui constitue ma situation de recherche. Un deuxième groupe de questions se portent sur les ressources dont peuvent faire appel les sujets pour répondre à ces demandes.

4) Quels types de ressources sont sollicités par les personnes immigrées de première génération afin de répondre aux demandes administratives ?

5) Comment ont-elles accès à ces ressources ?

6) Comment et quand les intègrent-elles dans le processus de construction de la réponse ? Pour terminer, un dernier volet de questions concerne directement le sujet.

7) Quels sont les facteurs intervenant dans le processus de construction de la réponse à la demande administrative ?

8) Ces situations d’élaboration de la réponse engendrent-elles des processus de changements permettant une transition développementale ?

De plus, et venant s’ajouter à ces huit questions de recherche, la composante temporelle me semble être essentielle afin de saisir ce processus dans sa complexité. Hollifield (1997) déclare que l’immigrant développe plusieurs logiques successives au fil de son établissement dans un pays d’accueil. Il passe ainsi généralement d’une logique de contrôle à une logique d’intégration, phénomène présentant par là-même l’importance de considérer la relation avec l’administration publique sous un angle temporel.

Partie III : approche et procédure méthodologique

3.1. Cette recherche est…

Lorsqu’il s’agit d’aborder le chapitre relatif à la méthodologie en sciences humaines, il est complexe de le développer en quelques lignes étant donné la multitude d’approches et de paradigmes existants. Dès lors, je propose, dans cette partie, d’exposer les approches et les paradigmes sur lesquels j’ai pris appui afin de construire la recherche qui vous est présentée. Denzin et Lincoln (2011) identifient quatre temps fort dans l’élaboration et le déroulement d’une recherche. La première phase est consacrée, selon ces auteurs, au chercheur en tant qu’acteur de la recherche. La seconde situe celui-ci dans les différentes approches et

37 paradigmes existants afin d’opérer les choix méthodologiques en adéquation avec la problématique et le cadre théorique et conceptuel (Denzin & Lincoln, 2011). L’établissement du design méthodologique pour déterminer de quelles stratégies le chercheur s’inspire dans la construction de la procédure de récolte des données et d’analyse constitue le troisième temps fort (Denzin & Lincoln 2011). Ainsi, la quatrième phase s’applique à décrire la procédure6 méthodologique ainsi que les outils qui l’accompagnent (Denzin & Lincoln, 2011). Denzin et Lincoln (2011) ont également avancé un cinquième moment de l’établissement d’une recherche qui s’attache à décrire la production du texte scientifique comme un construit faisant appel à des outils tels que le langage scientifique. Ainsi le chercheur qui a un statut de bricoleur devient dans cette cinquième phase un « writer-as-interpreter » (Denzin & Lincoln, 2011, p.15).

Ces différentes phases de construction de la recherche constituent la structure de base de ce chapitre. Néanmoins, suivant une logique qui me semble aller davantage de soi, j’aborderai, dès le début, la deuxième phase, afin d’ancrer ce travail dans un ou deux paradigmes spécifiques. De plus, il me semble essentiel de pouvoir définir davantage l’approche méthodologique choisie avant d’en exposer la procédure. C’est pourquoi, deux adjectifs qualifiant de façon synthétique cette dernière vont être développés avant d’aborder la position du chercheur face à la recherche. Ces deux adjectifs sont « qualitatif » et « exploratoire » et posent les bases sur lesquelles est pensée la procédure méthodologique de ce travail.

3.1.1. … inscrite dans un paradigme constructiviste

Anadòn et Guilemette (2007) proposent de répondre à trois pôles de questions afin de pouvoir situer plus clairement le paradigme et l’approche méthodologique dans lequel se trouve le chercheur. Les réponses à ces questions sont avant tout construites sur la base des questions de recherches, de ce que le chercheur souhaite étudier et du cadre théorique et conceptuel déjà développé lors de ces choix- ce dernier n’étant pas forcément abouti lorsqu’il s’agit d’opérer les choix méthodologiques (Van der Maren, 2004).

Une recherche est toujours confrontée à la notion de réalité. Il est nécessaire pour le chercheur de se positionner face à celle-ci. Est-elle considérée, par exemple, comme unique et vraie ou multiple et construite ? Comment se positionner face à cette notion et comment la concevoir? Le premier pôle de questions est ainsi ontologique (Anadòn & Guillemette, 2007). Le second, relatif à des questions épistémologiques, aborde directement la question de la place du chercheur et des sujets dans la recherche et la production de connaissances qui peut en résulter (Anadòn & Guillemette, 2007). L’épistémologie fait référence à l’étude de l’enracinement de la connaissance produite. Pour terminer, le pôle méthodologique s’attache, quant à lui, à voir et décrire les outils et procédures du paradigme et de l’approche en question (Denzin & Lincoln, 2011). Dans leur handbook, Denzin et Lincoln (2011) décrivent, dès lors, plusieurs paradigmes de recherches : le positivisme/postpositivisme, le constructivisme, le féminisme, l’éthnie, le marxisme, les cultural studies et les queer theory.

La problématique qui m’intéresse, ainsi que l’ancrage théorique et conceptuel sur lesquels je m’appuie, indiquent que cette recherche se rapproche du paradigme constructiviste. En effet, « The constructivist paradigm assume a relativist ontology (there are multiple realities), a subjectivist epistemology (knower and respondent co-create understandings), and a

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Je fais ici une distinction entre le paradigme qui pose l’orientation générale de l’approche méthodologique et la procédure ou design méthodologique. L’approche est comprise comme le cadre général dans lequel s’inscrit la procédure méthodologique ou design méthodologique qui lui est directement de l’ordre des outils mobilisés et des actions menées, à savoir des méthodes.

38 naturalistic (in the natural world) set of methodological procedures. » (Denzin & Lincoln, 2011, p.13). Ce paradigme s’est développé à partir des années 1980 et contribue fortement à l’histoire de l’évolution des recherches qualitatives. Bien souvent, dans les écrits, il est opposé à celui du positivisme sur la base de trois principes fondamentaux (Charreire & Huault, 2001 ; Troadec, 2007) : 1) son opposition aux présupposés ontologiques prônés par le positivisme, 2) la co-construction des connaissances par les différents acteurs de la recherche faisant entrer dans le débat les notions de subjectivité et d’objectivité (enquêteur et enquêtés) ainsi que 3) la mise à disposition d’outils spécifiques à ce paradigme. « Les constructivistes considèrent en effet que la science ne saurait poursuivre un objectif de connaissance de la Réalité d’une part, et que cette Réalité n’est pas indépendante voir antérieure à l’observateur-chercheur » (Charreire & Huaulte, 2001, p.34). Je dirais même, en accord avec Denzin et Lincoln (2011), Anadòn et Guillemette (2007), que le constructivisme considère qu’il existe une multitude de réalités puisque celles-ci sont construites et co-construites par l’enquêteur et l’enquêté. De plus, le contexte dans lequel s’inscrit la recherche joue également un rôle important. Ainsi, « Ce que nous appelons le monde est un produit d’un esprit dont les procédures symboliques construisent le monde » (Bruner, 1986/2000, p.119).

Cette position permet de voir le deuxième point d’éloignement par rapport au paradigme positiviste qui concerne les fondements épistémologiques et la place de la subjectivité. Le chercheur a un impact sur la recherche, tout comme sa subjectivité. Il est une partie intégrante de la recherche. Déjà en 1961, lors d’un congrès à Rome, Jean-Paul Sartre débattait avec un de ces confrères philosophe italien, Cesare Luporini, quant à déterminer ce qu’est la subjectivité et la place qu’elle devrait tenir dans les productions scientifiques. Il lui expose ainsi sa pensée.

Les exemples de connaissances scientifiques que vous donnez, on peut les résumer par cette phrase de Louis de Broglie selon laquelle l’expérimentateur fait partie de l’expérimentation, et par conséquent, pour un certain nombre de savants, je ne sais pas ce que vous en pensez, vous êtes plus qualifié que moi pour le dire, mais pour un certain nombre de savants, faire une expérience au niveau de la microphysique, c’est déjà, en s’aidant, par exemple, de grains d’énergie, modifier la chose. Donc, nous sommes bien sur ce plan d’accord, mais ce n’est pas la modifier dans son statut, c’est-à-dire que nous la modifions pratiquement, mais nous la changeons comme je peux changer ce microphone de place, ou nous lui donnons une énergie qu’elle n’avait pas, ou nous sommes capables de calculer, à la fois, sa vitesse et sa position, dans la mesure même où il y a des mouvements, mais on ne peut pas dire que nous fassions autre chose que d’intervenir comme force physique dans un monde physique, ou, si vous voulez, comme force matérielle dans ce monde matériel. (Sartre, 1961/2013, p. 78-79)

Ainsi l’implication du chercheur dans sa recherche a des répercussions sur la construction des connaissances qui en résultent. Le chercheur n’est pas neutre et est engagé dans des courants scientifiques en relation directe avec sa formation et ses intérêts ainsi qu’avec son langage. Pour conclure, la posture constructiviste soutenant cette recherche pose comme prémisses que le chercheur et les enquêtés sont des acteurs de la construction de la connaissance et de la compréhension du phénomène étudié. Cette prémisse implique qu’il existe plusieurs réalités possibles et différemment accessibles. Cette recherche, tout comme son chercheur et les enquêtés, se situent dans un contexte donné. Ainsi, il est nécessaire de pouvoir développer une méthode favorisant la récolte des données sur le terrain, donc en milieu appelé « naturel ». La posture épistémologique de ce paradigme stipule que la connaissance est avant tout un construit, qu’elle ne peut être de ce fait parfaite (Mucchielli, 2009). Van der Maren (2004) explique ainsi que le but premier d’une recherche n’est pas de fournir une explication « vraie », mais de produire « des énoncés, des discours qui, par définition, restent provisoires

39 (hypothétiques) et ne sont que des approximations du fonctionnement des choses, des individus, des « objets de recherches » » (p.7). En accord avec cet auteur, je souhaite conclure ce point en ajoutant que

La recherche scientifique ne produit même pas d’explication au sens où l’explication pourrait signifier la cause fondamentale, la raison, le sens profond des évènements. […]. Elle permet seulement de mieux comprendre comment certains événements semblent s’enchaîner les uns aux autres, elle permet seulement d’identifier quels sont certains facteurs qui semblent jouer dans les évènements ou dont les acteurs tiennent compte dans l’organisation spontanée ou calculée de leurs comportements. (Van der Maren, 2004, p.7)

Je tente ainsi de cerner et de mieux comprendre le vécu des personnes immigrées face à l’administration publique, de relever certains facteurs de leurs discours et de produire à mon tour un énoncé qui saura, je l’espère, présenter l’interprétation que j’ai pu construire à partir du matériel que j’ai pu récolter.

3.1.2. … qualitative

Après avoir tracé l’orientation générale dans laquelle je me positionne pour cette recherche, il me faut développer une approche méthodologique cohérente tant avec la problématique qu’avec le cadre théorique et les principes fondamentaux exposés ci-avant. Ma question de recherche s’intéressant au processus par lequel les personnes immigrées de première génération répondent aux demandes de l’administration publique helvétique, l’approche méthodologique et la procédure qui en découle doivent permettre de révéler des éléments de ce processus sur plusieurs niveaux et angles différents afin de maintenir visible un certain degré de complexité du système étudié, à savoir celui de l’administration publique et de la relation à ses usagers. Dès lors, il s’agit également d’accéder à l’espace relationnel relatif à ce dernier tout en gardant la spécificité et la complexité des parcours individuels qui le traversent. Ma problématique ne se focalisant pas sur le résultat quant aux réponses aux demandes administratives, mais bien sur le vécu subjectif des personnes immigrées de première génération face à ces dernières et du sens qu’ils en donnent, une approche méthodologique de type qualitative me semble, dès lors, être la plus pertinente. Ce choix est porteur de nombreux prérequis sur le plan épistémologique et théorique impliquant un positionnement spécifique du chercheur face à l’approche de l’objet de recherche et de la procédure méthodologique, affinant ainsi les principes fondamentaux du paradigme constructiviste.

En accord avec Anadòn (2006), il est difficile de donner une définition précise et concise de la notion d’approches ou de recherches qualitatives. Cependant, celles-ci ont un ancrage historique riche et multidisciplinaire qui fait qu’aujourd’hui encore leurs bases épistémologiques, théoriques et méthodologiques sont connues et reconnues (Anadòn, 2006). Cet ancrage historique est d’une importance capitale, selon Denzin et Lincoln (2003 ; 2011), car la définition même de ce qu’est une approche ou une recherche qualitative varie selon l’époque de développement de cette dernière. Ces deux auteurs ont pu mettre en évidence sept temps forts de l’évolution historique des recherches qualitatives qui cohabitent encore aujourd’hui dans la recherche scientifique.

Les approches qualitatives étaient mobilisées, déjà dans la deuxième partie du XIXe siècle, essentiellement par les anthropologues et les sociologues afin de tenter d’analyser les problématiques sociales importantes de l’époque (Anadòn, 2006). En anthropologie, la volonté était notamment de pouvoir se rapprocher de plus en plus du terrain afin de rompre avec la pratique généralisée d’analyse des écrits tels que ceux produits par les colons, les

40 missionnaires, etc. (Anadòn, 2006). Durant les années 1920-1930, l’approche qualitative, essentiellement basée alors sur les études de cas, se développe en grande partie grâce à l’Ecole de Chicago, s’orientant, dès lors, sur une démarche plus interprétative (Anadòn, 2006 ; Denzin & Lincoln, 2003 ; Pires, 1982). La troisième étape historique est l’effacement partiel de ces méthodes dès les années 1940. En effet, durant cette période, les méthodes de type quantitatives et les approches empiriques dominent la recherche, car celles-ci sont jugées plus fiables et se prêtant davantage à l’exercice de la généralisation des résultats et de l’objectivité (Pires, 1982). Ainsi, en sociologie, par exemple, deux modes de pensées se polarisent petit à petit. Les uns estiment que seules les approches de types quantitatives aboutissent à des résultats ayant une valeur scientifique, tandis que les autres estiment que les questionnements et les problématiques développées dans le cadre de cette discipline scientifique ne peuvent être abordés que sous l’angle de recherches qualitatives (Pires, 1982). Les études de cas ne disparaissent pas durant les années 1940-1960, mais la montée du paradigme positiviste relègue souvent les approches qualitatives à une étape exploratoire de la recherche (Pires, 1982). L’histoire des approches qualitatives ne se résume toutefois pas uniquement aux disciplines scientifiques que sont la sociologie et l’anthropologie. En réalité, les différentes étapes présentées précédemment se retrouvent également dans d’autres champs scientifiques tels que les sciences de l’éducation ou la psychologie. Bogdan et Bilken retracent, dans leur écrit de 1982, l’évolution des approches qualitatives dans le domaine des études en éducation, définissant ainsi quatre étapes d’évolution qui concordent avec les étapes présentées jusqu’ici.

La montée progressive des perspectives théoriques telles que le constructivisme, le post-positivisme ou l’interactionnisme symbolique va permettre, dès les années 1960, de voir revenir sur le devant de la scène les approches qualitatives (Anadòn, 2006). « On fait appel à ces théories interprétatives parce qu’elles partagent l’objectif de donner la parole aux différentes voix, personnes et groupes sociaux afin de les amener à prendre la place qui leur revient au sein de la société. » (Anadòn, 2006, p. 11). De nombreuses méthodes (théories enracinées, études de cas, méthodes historiques, etc.) sont développées et une certaine forme de créativité méthodologique s’installe au sein des disciplines scientifiques (Anadòn, 2006 ; Denzin et Lincoln, 2003). Il y a, dès lors, une volonté marquée de sortir de la pensée positiviste et de développer de nouvelles méthodes afin d’aborder différemment les problématiques et de laisser une place à la subjectivité des personnes et du chercheur (Mucchielli 2009, Paillé 2007, Anadòn & Guillemette, 2007). Cette période d’effervescence va progressivement laisser la place, dès les années 1980, à une période de remise en question quant à la capacité, par exemple, qu’a le chercheur de retranscrire dans ses écrits l’expérience vécue des enquêtés (Denzin & Lincoln, 2003). Des problèmes quant à la légitimité et à la validité sont posés, puisque les critères qui étaient appliqués dans les approches expérimentales ne sont plus valables dans des approches de type qualitatif (Anadòn, 2006). Il s’agit alors de définir des critères de rigueur afin d’encadrer les recherches qualitatives (Anadòn, 2006). La volonté est de pouvoir progressivement attribuer une place à l’interprétation du chercheur, à sa réflexivité et de s’éloigner des recherches de types causales (Denzin & Lincoln, 2003).

Ainsi, l’histoire du développement des approches qualitatives que je viens de brièvement énoncer permet de constater que les recherches qualitatives ont des bases solides sur le plan historique, méthodologique et théorique et qu’il existe aujourd’hui « une panoplie de procédures qui ont en commun une grande préoccupation pour la place qu’occupe le chercheur dans le processus de recherche, pour les relations qu’il établit avec les participants et pour son engagement dans la recherche. » (Anadòn, 2006, p. 15).

41 A ce jour, selon Anadòn (2006), il existe trois grandes orientations qui co-existent : la recherche qualitative/interprétative, l’approche critique et les courants postmodernes. Dans le cadre de ce travail, et suite au cadre théorique dans lequel je m’inscris, l’orientation qualitative/interprétative a été favorisée. Dans cette orientation, il est question de tenter de comprendre quel sens et quelles significations donnent les individus à leur parcours, leurs expériences et leur vécu (Anadòn, 2006). « Ici, on met en valeur la subjectivité dans la compréhension et l’interprétation des conduites humaines et sociales. » (Anadòn, 2006, p. 15). Au vu des différents éléments présentés, je propose de me baser sur la définition qu’en donnent Paillé et Mucchielli (2012) en considérant l’approche qualitative et plus particulièrement son analyse comme découlant de l’esprit humain afin de donner sens au monde dans lequel il évolue. Dès lors, la notion d’interprétation est mise en avant tout comme celle de la transformation du monde. Par l’utilisation du terme « esprit », ces auteurs considèrent non pas uniquement l’intelligence conceptuelle, mais également tous les éléments en lien avec les sens humains qu’ils appellent « rapport incarné » (Paillé & Mucchielli, 2012). Ils font également une différence entre l’approche qualitative et l’analyse qualitative. En effet, selon ces auteurs, le chercheur peut se positionner dans une approche qualitative de récolte des données mais appliquer une analyse qui est davantage de l’ordre du quantitatif. Ainsi, il est possible de mélanger ces différentes approches et analyses selon les besoins de la recherche (Paillé & Mucchielli, 2012). Pour ma part, ce travail se base à la fois sur une approche qualitative et sur une analyse qualitative comme je le présenterai plus en avant dans ce travail.

Pour conclure, je noterai encore que Denzin et Lincoln (2011) vont un peu plus loin dans la définition de l’approche qualitative en expliquant que mener une recherche qualitative signifie s’inscrire dans une activité qui est ancrée dans un contexte local, un environnement et un cadre. Faire une recherche qualitative consiste, par conséquent, à traduire l’objet de la recherche et tenter de rendre visible le monde au moyen d’interprétations et de matériel spécifique (photographies, enregistrements, mémos, etc.). De par cette production de matériel et d’interprétations, le chercheur est pleinement investi dans la recherche. Il laisse une place à