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Comment rebondir par rapport aux échecs passés : recommandations et recherches de solutions pour de

Enseignement, recommandations et recherche de solutions pour de

8.2 Comment rebondir par rapport aux échecs passés : recommandations et recherches de solutions pour de

nouveaux projets

8.2.1 Construire sur le dépôt des TPG ?

Le parti libéral radical propose en 2013 la réalisation d’un quartier mixte, à dominante principale de logements, mais comptant aussi des activités commerciales, des bureaux, des espaces publics et de loisirs, construits au-dessus et autour du dépôt des TPG. D’après lui, cette solution permettrait de passer outre l’obstacle majeur qui, à son sens, a causé la perte des précédents projets, soit le déménagement préalable du dépôt. Si pour le parti auteur du projet cette solution paraît être une réponse adéquate, la proposition n’est pas pour autant bien accueillie de tous. Pour Rémy Pagani, conseillé administratif chargé de l’aménagement de la ville : « ce projet est une horreur. Il va coûter une fortune (ndlr : plusieurs dizaines de millions de francs) et c’est très compliqué en matière de constructibilité »137.

8.2.2 Pas de « énième grand projet » basé sur un équipement public

Tous les grands équipements publics à forte symbolique ont connu des échecs. Que ce soit la Maison de l’environnement, la Maison de la danse, le Musée d’ethnographie ou encore le campus scientifique du projet de « [l]a nouvelle Jonction – arts, neurosciences, cité », les caisses publiques sont vides et l’Etat ne dispose pas de fonds nécessaires pour réaliser à lui seul de tels projets. Bien qu’un partenariat public- privé soit envisageable, il n’en reste pas moins critiqué. Comme mentionné par Rémy Pagani, les collaborations entre la recherche en neurosciences, les entreprises pharmaceutiques et les multinationales posent des questions. Il en est de même pour les partenariats que l’université pratique avec les secteurs bancaire et financier. D’après lui, « [l]’université est devenue le fer de lance des pharmas et du libéralisme. Tout ça est un gaspillage des fonds publics, sans répondre en rien aux besoins réels de la population. »138 L’élu Vert Mathias Busch, quant à lui, est circonspect : « [j]e

ne crois pas à un énième grand projet à la Pointe de la Jonction »139. Ce territoire a

souvent fait l’objet de planifications imposantes qui sont toujours restées sans suite. On peut donc constater que tous les grands projets basés sur un équipement public n’ont pas fonctionné.

137 RAMSAYER, David. « Un parc et des logements installés au-dessus des bus ». 20Minutes. ch (17 mars 2015), p. 5.

138 TOGNI, Mario. « Pagani: “ Le projet de la pointe de la Jonction est monstrueux! ” ». Le Courrier [en ligne]. (15 novembre 2011). http://www.lecourrier.ch [page consultée le 13 juin 2015].

139 RAMSAYER, David. « Un parc et des logements installés au-dessus des bus ». 20Minutes. ch (17 mars 2015), p. 5.

Un grand nombre de partis politiques semble d’accord pour créer du logement sur le secteur, car Genève, en pénurie et en crise de logements, ne peut se permettre de gaspiller ce terrain et de ne pas se saisir d’une opportunité d’urbanisation. Il s’agit donc finalement du projet qui fédère le plus grand nombre d’acteurs, bien que certains fixent leurs conditions pour éviter à tout prix le risque de gentrification. Les Verts sont également favorables à la construction de logements, mais demandent à ce que la Pointe reste verte, en y construisant un parc. Le parti libéral radical ne comprend pas l’obstination des Verts pour la création d’un parc à la Pointe, car, d’après lui, la Jonction est déjà bien arborée avec les cordons boisés des falaises et la présence de l’autre côté de la passerelle du site du Bois de la Bâtie. Les Verts réfutent cet argument, car le Bois de la Bâtie, bien que situé à proximité du site, n’appartient pas au quartier de la Jonction, ni dans ses limites communales, ni même sur un plan topographique. Par ailleurs, comme son nom l’indique, ce lieu n’est pas un parc, mais un bois, et n’offre pas le même type de récréation qu’un parc urbain, et ce, de surcroît situé en bord d’eau.

8.2.4 Laisser de la place à la culture

Quant aux associations, elles ne sont pas non plus contre la création de logements, mais demandent à ce que des lieux de culture y soient intégrés. Pour l’association de la reconversion des Vernets, les friches industrielles sont des terrains propices à l’intégration de la culture, qui est bien trop souvent repoussée en périphérie de la ville. Une mobilisation associative est déjà bien présente et implantée sur le site.

8.2.5 Mieux prévenir pour une baignade dans le Rhône sécurisée

L’engouement pour la baignade chaque été dans le Rhône et sa popularité croissante démontrent la nécessité de penser à l’avenir du site en incluant le rapport à l’eau et en sécurisant la baignade. Nous pensons que Genève pourrait s’inspirer de l’expérience menée à Berne pour la baignade sur l’Aar où l’office de tourisme de la capitale combine marketing et prévention par la vente de sacs de baignade étanches sur lesquels sont indiquées les entrées et sorties du cours d’eau avec les messages d’information et préventions que requiert cette activité. Par ailleurs, il est important de remarquer qu’à Genève, on interdit les plongeons, alors qu’à Berne ils sont encouragés ! La Ville de Genève réquisitionne la police pour amender les contrevenants. « Amender les

plongeurs et, à l’avenir peut-être, empêcher les sauts à l’aide de filets. En pleine torpeur estivale, Rémy Pagani a rallumé la polémique sur la baignade dans le Rhône et sur son symbole, le pont Sous-Terre, utilisé comme plongeoir par un grand nombre de baigneurs. »140 Pour Marc Feuardent, capitaine des sapeurs-pompiers professionnels

à Genève, « [b]loquer l’accès n’est peut-être pas la solution. Les gens iront simplement sauter ailleurs. »141. Ce fait s’avère vrai puisque depuis que les contrevenants sont

plus souvent amendés à la Jonction, on constate un déplacement du mouvement sur la station de pompage de Saint-Jean pour se jeter à l’eau. Les autorités de la ville se montrent réticentes à la baignade dans le Rhône et aux pontons aménagés par le canton depuis 2010. Cette attitude contraste fortement avec celles des autres villes de Suisse converties à la nage en fleuve ou rivière. « Bien avant Genève, Bâle, Zurich ou Berne, ont pris goût à la natation dans leur cours d’eau. Les autorités municipales de Berne par exemple, en font même un argument touristique. Sur le site officiel, des nageurs tout sourire et des sauts périlleux depuis un pont invitent à profiter de l’Aar. Le tout accompagné de grands messages de prévention. »142 Genève prendra-t-elle

exemple de villes suisses alémaniques ?

140 DI STEFANO, Luca. « Genève interdit les plongeurs – A Berne, on les traite en stars ». Tribune de Genève (25-26 juillet 2015), p 11.

141 Ibidem.

A travers ce chapitre, nous avons dans un premier temps parcouru les enseignements que nous pouvions tirer de l’analyse des projets pour la Pointe de la Jonction, présentés précédemment afin d’éviter les échecs du passé. Cette analyse nous a permis de relever que les grands équipements publics à forte symbolique ont tous échoué et que la priorité actuelle de l’Etat est d’aménager cet espace afin de rendre la Pointe aux Genevois, même si le logement reste activement au cœur des débats. Pour de nombreux politiciens, l’urbanisation du site est indispensable puisqu’il faut construire en ville dès qu’on en a l’opportunité tout en veillant à ne pas tomber dans un phénomène de gentrification. Comme nous l’avons compris, le parti politique des Verts n’est pas contre une urbanisation du secteur, tant que la Pointe reste verte et qu’un espace suffisamment large de délassement est laissé aux citoyens. Les associations, elles, réclament une place pour la culture dans le futur projet. En dernier lieu, nous avons vu que la proximité à l’eau est un potentiel immense qu’il faudrait veiller à intégrer dans le futur projet.

59-60

/ Croquis et écrits de Dominique Perrault concernant la métropolisation de la France.

Chapitre 9 : La quête de la