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Atelier la ville et le Rhône : un espace culturel à la pointe de la Jonction (2010)

7.2.1 « Les projets avant l’an 2000 »

7.2.5 Atelier la ville et le Rhône : un espace culturel à la pointe de la Jonction (2010)

Le projet « Atelier la ville et le Rhône » n’est porté par aucun parti politique et les politiciens genevois n’en ont peut-être même jamais eu écho. Il est le fruit de la réflexion d’un groupe d’étudiants du Master en sciences de l’environnement de l’université de Genève (MUSE), réalisé dans le cadre d’un atelier thématique sur la ville et le Rhône. Bien que ce projet n’ait pas été médiatisé, il nous semble opportun de parcourir les pistes et réflexions menées par ce groupe d’étudiants, car il est toujours intéressant de voir comment des jeunes, non contraints par une commande politique, peuvent penser un territoire.

L’équipe d’étudiants a tout d’abord constaté le caractère emblématique et cosmopolite du site, non seulement pour sa dimension symbolique liée à la confluence du Rhône et de l’Arve, mais aussi pour son histoire (cf. chapitre 2). D’après eux, compte tenu de sa situation entre deux eaux et des espaces naturels environnants, de la superficie et de sa position urbaine centrale, le site offre une configuration idéale pour l’implantation d’équipements publics. Entre autres, les étudiants insistent sur le fait que ce lieu doit « être rendu à la population genevoise »121. A partir de cette

vision globale, l’équipe a dégagé trois axes de travail : l’accès à tous, la polyvalence et l’intégration au milieu naturel.

L’aménagement pensé laisse une large place aux espaces verts par la création d’un parc, de terrasses et d’un cordon boisé le long des berges du Rhône et de l’Arve. L’accès à l’eau est valorisé par la création d’une plage ainsi que l’aménagement d’un point de desserte pour les « bateaux-bus », plus connus sous le nom de « mouettes » genevoises.

Les équipements publics mentionnés précédemment sont créés dans le but d’accueillir « une vision large de la culture comprenant ce qui relève des arts musicaux ou plastiques en passant par la relève des savoir-faire ».122 Deux espaces

ont été pensés et conçus pour l’accueil de manifestations culturelles, concerts et expositions, tant à l’intérieur du bâtiment central qu’à l’extérieur, par le biais de la construction d’une scène permanente. Les infrastructures envisagées par le groupe d’étudiants sont modulables et permettent un changement d’affectation en fonction des usages souhaités.

En conclusion, ce pôle culturel polyvalent, inséré dans un cadre naturel dont le potentiel actuel est valorisé, permet à la fois de développer l’effervescence artistique déjà présente dans les locaux de l’ancienne usine Kugler, mais aussi de faire face à une pénurie de lieux à vocation culturelle à Genève.

121 MUSE. Un projet urbain à la Pointe de la Jonction. Atelier : Le Rhône et la ville, Université de Genève, juin 2010, p. 1.

Et pourquoi ne pas mélanger l’art et la science ? Telles sont les vues des universités et hautes écoles genevoises qui convoitent le site pour vouloir en faire un campus mêlant à la fois arts, neurosciences et cité.

Le Conseil d’Etat inscrit le projet « La nouvelle Jonction – arts, neurosciences, cité » à son programme législatif 2009-2013. L’avant-projet est pensé par l’ Université de Genève et les Hautes Ecoles spécialisées de Suisse occidentale (HES-SO). Le projet a pour ambition de réunir, sur un même lieu de travail, scientifiques et artistes, et de les faire travailler ensemble « à la définition d’objets de recherche scientifique, de nouvelles pratiques artistiques et de formations conjointes, en ouverture sur la Cité »123. Le projet s’articule autour de trois innovations considérées comme majeures

par ses auteurs : la première est de définir un espace de recherche et de formation commun aux neurosciences et aux arts ; la seconde consiste à créer une seule haute école des arts (HE ARTS) qui regrouperait à la fois la haute école de musique (HEM) et la haute école d’arts et de design (HEAD) sur un même site ; la troisième consiste à intégrer de nombreux espaces pour le grand public comprenant des salles d’exposition ou de spectacles high-tech. Ces espaces seraient équipés d’outils de recherche scientifique, de laboratoires pour enfants, d’expositions temporaires sur l’avancée de la neuroscience ou les innovations artistiques.

Ce n’est pas la première fois que la Pointe de la Jonction est convoitée pour l’implantation d’un campus scientifique puisqu’en 2008 déjà, Mark Muller, conseiller d’Etat, veut y créer le « CERN du XXIe siècle à Genève »124 , en y accueillant un projet

pharaonique. Il s’agit de la création d’un pôle d’excellence autour de l’enseignement et de la culture. Ce projet regroupe des instituts de pointe dans les neurosciences, dessinant un premier axe autour de l’enseignement et de la recherche, et un second volet lié à la promotion de la culture avec la création éventuelle d’un musée Guggenheim. La fondation Hans Wildorf (propriétaire de Rolex à Genève) a même fait part de sa volonté de soutien au projet avec l’appui d’autres banques également intéressées. Cette idée se distingue des autres par son envergure lémanique, puisqu’elle implique notamment l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et son ambition en termes de rayonnement pour Genève.

Malgré ces grandes ambitions, ces différents projets tombent à l’eau. Dès 2013, il semblerait que l’urbanisation du site ne soit plus une priorité pour le Conseil d’Etat, mais l’aménagement de l’espace public, dont l’accès est gratuit (berges et parc), continue à l’être. Toutefois, le logement est en crise à Genève et des propositions d’édifications continuent à voir le jour.

123 Conseil d’Etat. Communiqué de presse de la délégation du Conseil d’Etat à la Pointe de la Jonction.

124 GANI Cinthia, MORO, Sandra. « Nous voulons créer le CERN du XXIe siècle à Genève », Le Temps. [en ligne]. (28 novembre 2008). http://www.letemps.ch [page consultée le 13 juin 2015].

7.2.7 Projet d’édification de logements au-dessus des dépôts des TPG