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CHAPITRE 4 : LE MODÈLE PAYSAGRI

1. R EPRÉSENTATION DU TERRITOIRE ET DE SA VÉGÉTATION

Dans un premier temps, il est nécessaire de préciser la signification du terme “territoire”, utilisé régulièrement au fil de ce chapitre. Entité géographique, dont la définition a été rapidement abordée auparavant, seulement deux aspects sont retenus dans le modèle : (i) le territoire en tant qu’unité administrative et fonctionnelle, pouvant correspondre à un tissu agraire et présentant une certaine homogénéité des composantes et des règles de fonctionnement des systèmes de production agricole ; (ii) le territoire en tant qu’entité spatiale supérieure, dénommée dans ce travail “portion de territoire”, mentionnant uniquement l’étendue de territoire la plus large sur laquelle portent les travaux de recherche. L’aspect administratif et fonctionnel est envisagé et prévu dans le modèle, mais il est très peu développé. Dans les travaux traitant des problématiques environnementales et/ou agricoles, deux arguments principaux conduisent au choix et à la définition d’un territoire comme support des observations et des analyses : (i) l’entité administrative et politique (région, département, communauté de communes, commune) sur laquelle sont définies et s’appliquent de façon homogène des règles de fonctionnement spécifiques (arrêtés préfectoraux, tarifs, subventions, incitations communales…) ; (ii) l’existence d’une organisation fonctionnelle particulière des activités agricoles, dont les zonages ne correspondent pas aux limites des entités administratives et politiques (site Natura 2000, PNR, AOC…), sur laquelle peuvent être en vigueur des cahiers des charges de production. Le modèle est conçu de façon à prendre en compte ces deux cas de figure, le territoire étant une entité supérieure dont les caractéristiques peuvent s’étendre à l’ensemble des entités inférieures, qu’elles soient spatiales ou fonctionnelles.

L’aspect spatial du territoire est beaucoup plus développé dans le modèle. L’espace, ses caractéristiques et la façon dont il est perçu et géré par les agriculteurs sont au cœur de la question traitée. Le modèle intègre donc une description relativement détaillée des caractéristiques spatiales du territoire.

Dans un deuxième temps, il est utile de préciser le statut du territoire Chadrat au sein de ce travail. Il représente une portion du territoire de la commune de Chadrat située dans le département du Puy-de- Dôme. Il correspond aux parcellaires de 2 exploitations agricoles, organisés autour du village, soit environ 300 ha répartis au sein de 94 parcelles agricoles. Il a fait l’objet de nombreuses études de l’équipe de recherche, ainsi que de modules d’étudiants, notamment sur ses caractéristiques pédologiques et agronomiques et ses éléments paysagers (AOUDJALI TAHIR T. et al., 2002; BARRIÈRE K. et al., 2003). Cette base de données a été un critère de choix du territoire Chadrat comme support physique de la démarche de modélisation menée. En outre, l’objectif n’est pas une modélisation de ce territoire particulier, dont les systèmes de production agricole ne correspondent pas aux besoins du travail ; il est

Le modèle a pour vocation de représenter une portion de territoire rural, son paysage agricole et les facteurs des évolutions de ce paysage, dont ceux influencés par la sensibilité au paysage des agriculteurs. Il ne s’agit pas uniquement de représenter les grandes composantes du paysage agricole, ses phénomènes biologiques et écologiques et ses interactions avec les activités agricoles. Le modèle doit être construit de façon à apporter un éclairage sur le rôle de la sensibilité au paysage des agriculteurs dans la façon du paysage agricole. Il est donc nécessaire de produire un modèle du territoire et de son paysage, proche de l’image perçue par les agriculteurs, c’est-à-dire rassemblant un ensemble minimaliste de caractéristiques leur permettant de décider et d’organiser leurs pratiques de production et leurs pratiques d’entretien.

Deux caractéristiques principales du territoire sont mobilisées par les agriculteurs et doivent être intégrées dans le modèle pour répondre à cet objectif : (i) sa capacité à permettre la production de la ressource en herbe, indispensable au fonctionnement des systèmes de production agricole, définie par la combinaison de l’ensemble de ses caractéristiques morphologiques et physiques – il faudrait ajouter les caractéristiques climatiques, mais le travail ne prend pas en compte cet aspect, considérant le climat comme optimal à la production de la ressource herbagère – ; (ii) l’état de sa couverture végétale, indicateur de la disponibilité et de la qualité de la ressource en herbe, mais aussi de la dynamique de végétation, processus qui, à terme, dégrade la qualité de cette même ressource en herbe et transforme la physionomie du territoire.

D’un point de vue géographique, ces caractéristiques sont identifiées soit sous la forme de gradients (altitude, pente, séries écologiques…), soit sous la forme de découpages spatiaux spécifiques (roches- mères, types de sols…). Les agriculteurs, face à cette hétérogénéité des caractéristiques physiques de leurs territoires d’exploitation, combinent l’ensemble des informations à l’échelle de leurs unités de gestion, les parcelles agricoles, afin de leur attribuer une homogénéité relative. Ils peuvent ainsi évaluer chacune de leurs parcelles agricoles, les classer les unes par rapport aux autres et définir les parcelles agricoles les plus adéquates à l’application de tel ou tel itinéraire technique. La première étape de la modélisation, illustrée par la Figure 4.1, consiste à transférer ces caractéristiques du territoire, utiles aux agriculteurs, à l’échelle des parcelles agricoles. L’objectif est d’obtenir, à partir d’un ensemble minimaliste d’indicateurs, une valeur du potentiel et des aptitudes de chacune des parcelles agricoles. Cette première phase de modélisation n’est qu’une étape, ne prenant pas en compte le point de vue des agriculteurs, c’est-à-dire la façon dont ils évalueraient les parcelles agricoles par rapport à l’ensemble de leur territoire d’exploitation. Une seconde étape de modélisation, plus spécifiquement dédiée au fonctionnement du système de production agricole, précisera cet aspect.