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Chapitre 5 - L’institutionnalisation de l’approche genre et développement en Algérie151

1.2.1 Rôle et missions du MDCFCF

Le Ministère délégué chargé de la famille et de la condition féminine a été créé par décret protocolaire en 2002 auprès des services du Chef du Gouvernement, pour passer en juin 2006 sous la tutelle du Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière et se retrouve actuellement sous tutelle du Ministère de la Solidarité Nationale. Pour rappel, au début des années 1990, fut créé le Secrétariat d’Etat de la Solidarité Nationale et de la famille, érigé début 1996 en Ministère délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la solidarité nationale et de la famille.

Institutionnellement, le MDCFCF est chargé de « faire converger les avis et les dynamiques

sectoriels vers une politique nationale de promotion de la famille, de la femme et de l’enfant ». Nous sommes dans la dimension de la promotion de la femme et non du genre. Ce

mais bien la promotion du rôle de la femme algérienne dans le développement économique et

social (c’est présenté ainsi sur le site du MDCFCF).

Si on se réfère au programme d’action à court et moyen terme élaboré en décembre 2003, (services du chef du gouvernement, 2003), on trouve néanmoins parmi les dix (10) principales missions, une liée à l’institutionnalisation du genre dans tous les programmes de

développement ; elle figure même en deuxième position. Ce programme définissait les

missions et les objectifs du programme, les priorités du secteur, et les principaux mécanismes d’exécution du plan d’action. Dans les sept principales actions actuelles du Ministère, telles qu’affichées sur son site, figure la mission de l’institutionnalisation de l’approche genre, même si elle se trouve en septième et dernière position.

Le programme d’action du Ministère s’articule autour de dix sept axes. On trouve à côté de plusieurs axes orientés vers la famille et l’enfant, et la femme dans le développement, quelques-uns liés au genre. D’abord, deux axes affichent le terme genre, dont l’un est intitulé « intégrer la problématique genre dans l’élaboration, l’exécution et l’évaluation des

politiques économiques et sociales », et l’autre « poursuivre la collecte, la mise à jour et l’analyse des indices et indicateurs de base notamment sur la famille et le concept de genre ».

Ensuite, d’autres axes sont directement liés au genre dont la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le renforcement des capacités des femmes et la valorisation de leur potentiel, l’information des femmes sur leurs droits, etc.

En 2007, le MDCFCF était sous-équipé avec un personnel en nombre très limité composé d’un cabinet, de quatre chargé-e-s d’études et de synthèses (CES), de quatre assistantes administratives, avec un personnel de soutien incluant cinq secrétaires, un coordinateur de logistique et quatre chauffeurs. Les assistantes étaient recrutées, pour la plupart, dans le cadre de contrat de pré emploi (CPE). La situation ne semble guère meilleure aujourd’hui.

Par ailleurs, il a bénéficié d’un projet d’appui institutionnel en partenariat avec la Coopération Technique Belge de 2007 à 2011. Ce projet entendait contribuer à la promotion et la consolidation des politiques de la femme et de la famille en Algérie. L’objectif spécifique était de renforcer le MDCFCF en tant que dispositif national en Algérie en matière d’identification, d’accompagnement et d’évaluation des dynamiques concernant la femme et la famille.

Cinq résultats étaient attendus de ce projet :

 Les capacités professionnelles et les instruments internes du MDCFCF sont renforcés ;  L’approche genre est institutionnalisée et coordonnée dans les dynamiques ministérielles

et en coopération avec la société civile ;

 Le partenariat multi acteur est plus opérationnel au niveau national et local ;

 L’information sur les thèmes « femmes, famille, genre » est capitalisée, organisée et accessible ;

 Une communication performante sur les thèmes prioritaires et sensibles dans le domaine est assurée.

Ce projet est encore en cours de réalisation, il a pris quelques retards et il sera clôturé, en principe, en septembre 2012. Aujourd’hui, il semble que le projet ait réalisé plus ou moins l’ensemble des actions prévues et soit en train de réaliser celles qui manquaient. Quel est l’impact de ce projet sur le genre en Algérie ? Nous n’avons pas aujourd’hui les éléments nécessaires pour y répondre. Seule une évaluation, prévue en principe à la fin du projet, pourrait aider à mesurer les impacts qualitatifs et quantitatifs.

Cependant, nous estimons qu’au moins pour ce qui est de la mission du MDCFCF, la perception a bien avancé. Il était très difficile en 2006, pendant l’étude du projet de faire admettre de traiter de la question du genre en distinguant entre la femme d’un côté et la famille/enfant de l’autre. Mettre ensemble et de manière indivisible « famille-femme-enfant » semblait constituer un enjeu important à l’époque au niveau institutionnel. Le projet a contribué à faire évoluer le rôle du MDCFCF. Il avait été entendu d’un commun accord que le MDCFCF devrait jouer un rôle (Coopération belge au développement, 2007) :

 D’anticipation : introduire les évolutions des concepts de genre et appuyer l’évolution de la politique nationale dans les domaines de la famille et de la condition féminine ;

 D’animation : stimuler l’intérêt et la motivation à la prise en compte du genre dans les différentes institutions ;

 De coordination et de pilotage : assurer la coordination intersectorielle en vue d’une plus grande efficacité ;

 De médiation et de catalyseur : entre les acteurs/actrices intervenant sur les questions liées à leur secteur.

Par ailleurs, le changement de la tutelle du MDCFCF du Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme vers le Ministère de la Solidarité Nationale pourrait être aussi un résultat de ce projet. En effet, ce transfert de tutelle constitue un progrès dans le sens où il fait sortir la femme de la seule vision de son rôle de mère. Bien que l’idéal aurait été de l’ériger en un ministère à part entière, ou au moins de le rattacher directement au gouvernement comme cela fut le cas en 2002, à sa création. La force institutionnelle du MDCFCF dépend beaucoup de sa place dans l’échiquier institutionnel.