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3 1 Rôle de la chasse?

L’évolution démographique d’une population de chamois ou d’isards, comme tout autre espèce, est la résultante de forces qui tendent à augmenter le nombre des individus (natalité) et de forces qui tendent à le diminuer (mortalité, émigration). La chasse exerce une action directe sur la densité des peuplements, leur répartition spatiale, la structure des populations et la qualité des animaux. (20)

Raffin et Lefèvre (53) estiment que la chasse permet, en particulier, de prévenir les épizooties. Elle limite l’expansion de l’espèce et les risques de concentration d’individus, donc l’épuisement de la capacité d’accueil des biotopes, surtout l’hiver.

Avec la disparition des grands prédateurs tels que le loup ou le lynx et la présence très localisée de l’ours, il faut constater que l’écosystème pyrénéen où évolue l’isard, est aujourd’hui amputé au sommet de la chaîne alimentaire, d’éléments importants qui participaient jadis à son fonctionnement, notamment par une certaine prédation sur l’isard. En ce sens, il ne saurait représenter parfaitement son aspect originel. Selon certaines théories, il ne peut y avoir de populations d’ongulés herbivores sans prédateurs. Outre leur rôle de régulateurs de densité, ceux-ci joueraient le rôle d’agents sanitaires, en prélevant de préférence des individus affaiblis ou malades. Le chasseur pourrait donc, en quelque sorte, se substituer à ces prédateurs disparus.

Mais, on a remarqué aussi que, hormis les prédateurs, d’autres forces naturelles s’exercent sur les espèces herbivores et empêchent leur prolifération. En effet, dès qu’une zone est non chassée, on assiste à une croissance très rapide de la population (doublement en 5 ans) jusqu’à un certain seuil, puis une diminution et enfin, une stabilisation.

Figure n°37 : Comparaison de l’évolution des effectifs des isards de deux massifs limitrophes en vallée de Cauterets (Mayouret et Péguère) mettant en évidence les effets

sur la démographie de la durée de leur mise en protection intégrale (d’après les comptages effectués par le personnel du Parc) (6)

Il existe donc des capacités d’autorégulation. La première est la diminution des taux de reproduction. En effet, dans les zones protégées depuis plusieurs années (population stable), on observe un taux de reproduction voisin de 0,70, un âge de première reproduction de 3,4 ans tandis qu’en phase de colonisation, on a un taux de reproduction voisin de 0,9 et un âge de première reproduction de 2 ans. De plus, dès qu’une population atteint une densité trop forte par rapport à la capacité d’accueil du biotope, on voit apparaître des pathologies (parasitaires, infectieuses) qui tendent à diminuer la densité des animaux.

Ces observations tendent à montrer que la chasse n’est pas indispensable à la survie de l’espèce. Par contre, si elle est bien menée, elle peut jouer un rôle régulateur de densité et se substituer à une partie de la mortalité naturelle, en évitant quelques épidémies.

A condition d’être bien gérée, la chasse ne nuit pas et il serait bien dommage de l’interdire sous prétexte des idéologies de certaines personnes qui connaissent et comprennent bien moins la nature que la majorité des chasseurs d’isards. De plus, le chasseur d’isard, au même titre que le berger, fait partie du biotope montagnard et leur nombre tend plutôt à diminuer.

Ainsi, il ne faudrait pas les priver d’un plaisir simple qui maintient encore un peu de vie dans les vallées, une fois le flux estival terminé.

IV. 3. 2. Objectifs

IV. 3. 2. 1. Recoloniser l’espace

Les chasseurs doivent être conscients des grosses erreurs du passé et doivent aujourd’hui essayer de les gommer. Le processus est bien commencé avec la mise en place du plan de chasse en 1990. Le but est une recolonisation de l’espace. Le potentiel des zones chassées est énorme. Ceci ne se fera pas sans effort de la part des chasseurs.

La reconquête totale de l’aire de distribution initiale par l’isard est le véritable objectif vers lequel doivent tendre tous les efforts. On peut en effet, estimer que près de 70% des territoires disponibles pour l’isard sont toujours désespérément vides (6). Si près de 25 000 isards gambadent sur le versant Nord des Pyrénées en 2000, c’est à près de 60 000 têtes qu’il faut estimer la réelle potentialité offerte par le milieu naturel. Totalement entre les mains de l’homme, cet objectif est raisonnable sur le plan biologique : il suffit de donner à l’isard la possibilité d’exprimer sa soif de conquête d’espace, lui qui, comme la nature, a horreur du vide. La chasse porte une grande responsabilité des perspectives futures d’extension de l’espèce.

IV. 3. 2. 2. Travailler avec les organismes gestionnaires de l’isard

Les chasseurs d’isards devront, à l’avenir, montrer qu’ils sont responsables et travailler en relation avec les organismes tels que le Parc National, l’ONF, l’ONC, les fédérations départementales des chasseurs.

Ils peuvent participer aux comptages pour connaître les effectifs et la répartition des isards sur leur territoire : « il faut s’occuper de la chasse quand elle est fermée pour mieux chasser quand elle est ouverte » (58).

IV. 3. 2. 3. Donner une bonne image

La chasse à l’isard doit être une chasse propre. L’obligation de chasse à l’approche est une bonne chose. On ne doit plus entendre en montagne des « salves de tir », comme cela peut être le cas sur du gibier d’élevage ou en battue. Le chasseur d’isard doit identifier l’animal à tirer (sexe et âge), assurer son tir et essayer surtout de ne pas blesser d’isard.