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5.1 STATISTIQUES DESCRIPTIVES

Tel qu’il sera abordé, l’analyse des transitions sur le marché du travail suivant le départ d’un emploi des différents groupes d’âge depuis le début des années 1990 peut permettre de voir dans quelle mesure les caractéristiques des groupes vieillissants sont différentes à la fin de l’enquête par rapport au point de départ de celle-ci et d’anticiper les réalités plus actuelles vécues par ces mêmes groupes. Dans ce qui suit, on aborde successivement les changements qui ont eu lieu entre ces deux périodes aux niveaux de la scolarité, de la fréquence des cessations d’emploi involontaire et de la durée de l’emploi précédent les départs involontaires. Les résultats montrent des différences substantielles entre les deux provinces, mais qui s’atténuent pour la cohorte des 45 à 49 ans pour la plus récente période de 2005 à 2010. Rappelons ici que le groupe des travailleurs de 45 à 49 ans dans le panel 5 de l’EDTR (terminant en 2010) formeront une dizaine d’années plus tard, majoritairement le groupe des 56 à 60 ans.

5.1.1 NIVEAU DE SCOLARITÉ

Le premier changement d’importance entre les périodes du début et de la fin de l’EDTR se trouve dans le niveau de scolarité. On observe entre 1993 et 2010 un accroissement important du nombre de postes occupés par des détenteurs de diplômes post-secondaires ou universitaires et une diminution notable des personnes en emploi sans diplôme d’études secondaires. Les travailleurs vieillissants en emploi ont un niveau de scolarité plus élevé que les précédentes cohortes, qu’ils viennent remplacer.

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Au niveau de la comparaison des deux provinces, l’écart de scolarité a grandement diminué entre elles. En revanche, les retards du Québec en matière de niveau de scolarité vis-à-vis l’Ontario s’accroissent encore avec l’âge des travailleurs. Les tableaux 3 et 4 témoignent de cette réalité. Les strates plus âgées de l’ensemble des employés au Québec accusaient encore entre 2005 et 2010 un certain retard de scolarité face à l’Ontario. Ainsi, la proportion des travailleurs âgés de 50 à 55 ans, 56 à 60 ans et 61 ans et plus sans diplôme d’études secondaires était nettement plus élevée au Québec à cette période, tandis que la proportion de travailleurs ayant un diplôme universitaire était plus faible. L’écart entre les deux provinces diminue parmi les autres groupes d’âge; les travailleurs de 45 à 49 ans étant ceux avec le profil scolaire le plus similaire à leurs homologues ontariens pour la période allant de 2005 à 2010.

Tableau 3 : Plus haut niveau de scolarité atteint par les travailleurs au Québec par groupe d’âge, comparaison de la période la plus récente (de 2005 à 2010), à la première disponible (de 1993 à 1998 -

celle-ci exprimée en points de % de différence)

Sans DES DES Non-univ. Univ. Sans DES DES Non-univ. Univ.

25 à 34 ans 6,6 19,6 44,1 29,8 -3,5 -4,0 8,1 1,3 35 à 44 ans 9,1 21,3 35,8 33,8 -7,3 -7,3 0,2 14,4 45 à 49 ans 11,4 18,9 41,0 28,8 -8,6 -5,6 9,9 4,3 50 à 55 ans 20,3 25,8 31,8 22,1 -5,9 3,3 -2,5 7,1 56 à 60 ans 22,8 29,8 30,8 16,7 -16,9 4,4 8,7 3,9 61 ans et plus 30,4 26,1 27,3 16,2 -20,9 2,7 11,3 7,0 2005-2010 2005-2010 par rapport à 1993-1998

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Tableau 4 : Plus haut niveau de scolarité atteint par les travailleurs en Ontario par groupe d’âge, comparaison de la période la plus récente (de 2005 à 2010), à la première disponible (de 1993 à 1998 -

celle-ci exprimée en points de % de différence)

Sans DES DES Non-univ. Univ. Sans DES DES Non-univ. Univ.

25 à 34 ans 6,1 18,9 39,4 35,7 -1,8 -5,9 -1,1 8,7 35 à 44 ans 4,9 21,6 38,3 35,3 -6,2 -5,0 -3,9 18,0 45 à 49 ans 8,2 23,5 38,9 29,4 -5,1 1,0 2,5 1,6 50 à 55 ans 12,3 22,8 36,6 28,2 -8,2 -0,1 2,9 5,4 56 à 60 ans 15,4 24,2 33,1 27,3 -17,4 5,5 0,6 11,3 61 ans et plus 19,8 25,4 30,2 24,6 -12,7 -1,8 3,2 11,4 2005-2010 2005-2010 par rapport à 1993-1998

Au Québec, on observe une diminution nette du pourcentage des travailleurs sans diplôme d’études secondaires (sans DES) entre 1993 et 2010; les diminutions étant les plus marquées chez les 56 à 60 ans et les 61 ans et plus avec des écarts de 16,9 et 20,9 points de pourcentage entre les deux périodes. De façon générale, pour tous les groupes d’âge, il y a eu une montée de la proportion des travailleurs ayant un diplôme universitaire : tendance qui est plus fortement observée chez les travailleurs âgés de 35 à 44 ans avec 14,4 points de pourcentage, tandis que les travailleurs à partir de 50 ans enregistrent des augmentations entre 4 et 7 points de pourcentage.

En Ontario, une progression comparable du niveau de scolarité apparaît entre les deux périodes. La province a enregistré des hausses importantes dans la proportion des travailleurs ayant un diplôme universitaire entre les deux périodes : en particulier, les individus âgés de 56 à 60 ans et 61 ans et plus actifs sur le marché du travail ont connu une montée de 11,3 et 11,4 points de pourcentage respectivement. En outre, la proportion de travailleurs sans diplôme d’études secondaires a nettement diminué : tendance observée chez tous les groupes d’âge avec un écart maximum de 17,4 points de pourcentage chez les 56 à 60 ans entre les deux périodes.

On sait qu’un plus haut niveau de scolarité favorise, de façon générale, une participation plus élevée au marché du travail. Également, l’entrée plus tardive sur le marché à cause de la scolarité peut aussi mener à un délai dans le départ à la retraite. En termes de comparaison entre les provinces, on peut envisager qu’au Québec plus un travailleur est âgé, plus son niveau de scolarité est faible, et plus celui-ci serait susceptible de rencontrer des difficultés dans les transitions en emploi par rapport à travailleur du même groupe d’âge

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en Ontario. Dans la province ontarienne, les travailleurs âgés sont en outre plus scolarisés que leurs homologues québécois, ce qui représente un avantage supplémentaire. Cette situation peut contribuer à expliquer les difficultés plus grandes affichées par les groupes plus âgés sur le plan du chômage. Le fait que ces cohortes soient plus faiblement scolarisées contribue également à donner plus de prise aux problèmes de chômage dans ces groupes. Ces derniers sont souvent surreprésentés dans des domaines qui ont connu une faible croissance, ce qui peut complexifier la situation pour les travailleurs de se replacer sur le marché du travail en cas de perte d’emploi. Ce contexte expose des groupes à vivre des épisodes de chômage de plus longue durée : les travailleurs âgés et ceux ayant un plus faible niveau de scolarité sont plus susceptibles de le vivre. Par exemple, le chômage prolongé parmi les travailleurs âgés peut être attribuable à la préférence pour la formation des travailleurs plus jeunes dans l'attente pour les employeurs d'un plus long rendement de l'investissement.

5.1.2 CESSATION D’EMPLOI INVOLONTAIRE

Le deuxième changement significatif entre les périodes du début et de la fin de l’EDTR se trouve dans la proportion des départs involontaires. La diminution a été plus fortement observée au Québec qu’en Ontario. La période de l’enquête a été marquée par une lente reprise économique à la suite de la récession du début des années 1990. L’impact de la récession est bien observable dans les données et davantage au Québec dans le cas des cessations d’emploi involontaires. À l’instar de la période post-récession des années 1990, la crise financière de 2008 ne semble pas s’être traduite par une augmentation aussi importante des cessations d’emploi involontaires.

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Tableau 5 : Taux de cessation d’emploi involontaire au Québec et en Ontario par groupe d’âge, comparaison des périodes de 2005 à 2010 et 1993 à 1998

2005-2010 Différence par rapport

à 1993-1998 2005-2010

Différence par rapport à 1993-1998 25 à 34 ans 35,1 -19,2 33,1 -8,5 35 à 44 ans 42,9 -26,6 40,7 -0,3 45 à 49 ans 52,8 -16,7 45,9 -3,8 50 à 55 ans 42,6 -23,7 45,7 5,7 56 à 60 ans 46,6 -7,1 42,4 4,9 61 ans et plus 42,4 -4,3 32,9 7,3 QUÉBEC ONTARIO

Comme l’indique le tableau 5, au Québec, les grand écarts entre 1993 et 2010 sont observés chez les travailleurs d’âge très actif (avec 26,6 points de pourcentage moins élevés pour la période allant de 2005 à 2010) et ensuite, chez les 50 à 55 ans avec 23,7 points de pourcentage. Le plus petit écart se trouve chez les 61 ans et plus avec 4,3 points. En Ontario, les données révèlent une fluctuation réduite des départs involontaires à travers le temps et une augmentation considérable chez les travailleurs âgés de 50 ans entre les deux périodes, c’est-à-dire qu’entre 2005 à 2010, la proportion des départs involontaires était plus forte de 5,7 points de pourcentage chez les 50 à 55 ans, de 4,9 chez les 56 à 60 ans et de 7,3 chez les 61 ans et plus qu’au début des années 1990. Malgré cette tendance observée, nos résultats indiquent qu’au Québec entre 2005 et 2010, la proportion des départs involontaires est significativement plus élevée qu’en Ontario pour tous les groupes d’âge, à l’exception des travailleurs âgés de 50 à 55 ans.

L’ampleur des mouvements sur le marché du travail et la direction potentielle des transitions sont fortement dépendantes de la conjoncture économique. Les crises économiques peuvent engendrer une hausse massive du chômage et du sous-emploi. À l’inverse, en période favorable, plus les créations d’emploi sont importantes, plus les chances de mobilité sont nombreuses. Qui plus est, une mauvaise conjoncture accroît la mobilité en raison de la croissance des licenciements et augmente la probabilité de vivre des épisodes de chômage, bien que ceux-ci ne représentent pas la majorité des mouvements de main-d’œuvre sur le marché du travail. En période de récession, les travailleurs sont exposés à une plus grande vulnérabilité tant face au risque d’être licencié qu’à celui d’être repoussé encore plus loin dans la file des demandeurs d’emploi, lorsque de nombreux travailleurs sont en concurrence pour un nombre

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limité d’emplois disponibles. Les travailleurs âgés sont une des catégories démographiques affichant une plus forte sensibilité au cycle conjoncturel.

5.1.3 DURÉE DE L’EMPLOI

Les deux derniers changements marquants abordés dans cette section concernent la durée de l’emploi précédant les départs involontaires dans les deux provinces. Les tableaux 6 et 7 présentent les résultats en rang centiles (25e, 50e, 75e et 90e) pour la plus récente période de 2005 à 2010, et également à titre comparatif, on fournit la variation des résultats (aux 75e et 90e rangs centiles) pour la période allant de 1993 à 1998, exprimée en points de pourcentage.Autant au Québec (tableau 6) qu’en Ontario (tableau 7), on observe jusqu’au 50e rang centile, la prédominance des emplois de courte durée précédant les départs involontaires. Ces résultats sont comparables à ceux compilés par Davis et col. (2005) sur des données américaines, montrant que presque la moitié des flux de la main-d’œuvre (c’est-à-dire toutes les embauches et les séparations) durant un trimestre résulte des emplois temporaires de courte durée.

Tableau 6 : Années d’ancienneté dans l’emploi précédant les départs involontaires par groupe d’âge au Québec (présentées par rangs centiles) : situations en 2005-2010 et en 1993-1998 (exprimée en

différence de points de pourcentage) 25e 50e 75e 90e 75e 90e 25 à 34 ans 0,3 0,7 2,4 4,9 1,2 1 35 à 44 ans 0,2 0,6 1,9 6,0 0,1 1,2 45 à 49 ans 0,3 0,7 3,8 17,9 2,4 5,2 50 à 55 ans 0,3 0,6 2,5 11,4 0,3 0,7 56 à 60 ans 0,3 0,9 3,5 17,1 1,8 2,2 61 ans et plus 0,5 1,1 3,1 18,2 1,4 1,5 2005-2010 2005-2010 par rapport à 1993-1998

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Tableau 7 : Années d’ancienneté dans l’emploi précédant les départs involontaires par groupe d’âge en Ontario (présentées par rangs centiles) : situations en 2005-2010 et en 1993-1998 (exprimée en

différence de points de pourcentage)

25e 50e 75e 90e 75e 90e 25 à 34 ans 0,3 0,9 2,0 4,9 0,3 0,4 35 à 44 ans 0,4 1,1 4,3 11,4 1,9 5,3 45 à 49 ans 0,5 1,7 7,9 18,8 2,8 8,5 50 à 55 ans 0,3 1,0 4,4 18,2 0,4 5,6 56 à 60 ans 0,3 1,3 5,6 22,2 3,1 10,9 61 ans et plus 0,3 0,9 10,6 23,5 8,6 10,7 2005-2010 2005-2010 par rapport à 1993-1998

Plusieurs tendances marquantes ressortent des tableaux 6 et 7. La période allant de 1993 à 1998 affichait, au Québec et en Ontario, des durées d’emploi plus courtes précédent les départs involontaires qu’entre 2005 et 2010. En d’autres termes, au cours de la période la plus récente observée, les travailleurs touchés par des pertes d’emploi présentaient une plus longue ancienneté. Ces résultats peuvent refléter la présence au Québec des normes du travail relatives à la protection d’emploi qui proscrivent les congédiements sans juste cause pour les individus ayant plus de deux ans d’ancienneté avec le même employeur. En Ontario, il n’y a pas de cadre législatif protégeant les individus contre les licenciements. Toutefois, malgré la réglementation plus stricte au Québec, en termes de changements observés entre les deux périodes, les deux provinces ont enregistré des augmentations significatives dans la durée de l’emploi précédent les départs involontaires entre le 50e et le 75e rangs centiles. Cette tendance est

particulièrement marquante chez les travailleurs plus âgés en Ontario : phénomène que l’on observe également au Québec, mais dans une moindre mesure.

Jusqu’à présent, les résultats descriptifs ont fait ressortir plusieurs tendances-clés observées entre 1993 et 2010 dans les deux provinces. Voici celles qui concernent davantage les travailleurs vieillissants :

- En moyenne, le niveau de scolarité des travailleurs vieillissants est plus élevé en Ontario qu’au Québec, malgré de fortes augmentations enregistrées au Québec entre les deux périodes. Au

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Québec, ces dernières ont été plus importantes au niveau post-secondaire (non-universitaire), tandis qu’en Ontario, les plus grandes variations à la hausse se retrouvent au niveau universitaire; - Pour toute la période étudiée, les taux de cessation d’emploi involontaire enregistrés au Québec

sont plus élevés qu’en Ontario, à l’exception du groupe des 50 à 55 ans qui présente un taux de quelques points de pourcentage plus faible au Québec pour la plus récente période. En Ontario, les taux de cessation d’emploi involontaire ont augmenté chez les travailleurs à partir de 50 ans pour la période de 2005 à 2010 par rapport à la situation enregistrée entre 1993 et 1998. C’est uniquement pour ces trois groupes d’âge qu’il y a eu une montée du taux de cessation involontaire entre les deux périodes. Le Québec enregistre des baisses partout, malgré la plus forte présence du phénomène;

- L’Ontario a enregistré pour la plus récente période, une hausse du nombre d’années d’ancienneté précédant les cessations d’emploi involontaires. Dans les années 1990, ce phénomène touchait en plus forte proportion les travailleurs ayant moins d’ancienneté. Au Québec, on observe également une augmentation du nombre d’années d’ancienneté entre les deux périodes, mais dans une moindre mesure. De manière générale, au cours de la période étudiée, le Québec a enregistré des durées plus courtes d’années d’expérience au sein de l’entreprise lors des cessations d’emploi involontaires (surtout au 75e rang centile), par rapport à l’Ontario.

5.2 MODÈLE LOGIT MULTINOMIAL

Dans cette deuxième section des résultats, on s’intéressera à savoir si les personnes qui sont en situation de cessation d’emploi (volontaire ou involontaire) demeurent actives sur le marché du travail (personnes en chômage ou en emploi) ou si ces dernières se retirent momentanément ou définitivement du marché du travail (personnes inactives). Comme on le verra, dans les modèles LM suivants, l’ajout de la variable spécifiant la nature de la cessation d’emploi va augmenter nettement l’amplitude et la significativité des estimations surtout chez les travailleurs des groupes d’âge plus avancés : ça élève le risque de les mener davantage vers un statut de chômage et d’inactivité dans un contexte de changement d’emploi subi (c’est-à-dire involontaire) par rapport aux autres groupes d’âge (plusieurs interactions seront testées à cet effet). En ce qui concerne le statut d’inactivité, le sens logique porte à croire que ce sont les cessations d’emploi volontaires qui mènent davantage les travailleurs vers ce statut, compte tenu de certains motifs (ex. : obligations personnelles ou familiales, maladie ou incapacité, retraite). En ce qui

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concerne le statut de chômage, les cessations d’emploi involontaires sont moins susceptibles d’être reliées à la décision du travailleur, il serait donc logique de penser que les pertes d’emploi conduiraient davantage les travailleurs vers une situation de recherche active d’emploi. Nos résultats tendent à confirmer en partie ces hypothèses, mais la dynamique observée nous apparaît différente avec la montée en âge des travailleurs. Tout comme à la section descriptive précédente, les résultats mettent en lumière les différences et les similitudes observées entre le Québec et l’Ontario.

Dans ce qui suit, on examine à partir de nos données si le rapport des chances de vivre un épisode de chômage à la suite du départ volontaire ou involontaire d’un emploi est plus élevée chez les travailleurs âgés, et également à déterminer à partir de quel groupe d’âge ce risque est plus grand. Parallèlement, on examine au sein des mêmes modèles, le rapport des chances pour les groupes de travailleurs plus avancés en âge de vivre une transition vers l’inactivité plutôt que vers l’emploi en prenant en compte la nature du départ. Dans les modèles, on porte une attention particulière aux changements observés entre le début et la fin de la période couverte (c’est-à-dire entre 1993 et 2010) et aux différences entre le Québec et l’Ontario. Une première série de modèles est réalisée sur l’échantillon complet (incluant les deux provinces et toutes les années d’enquête), ensuite les mêmes modèles sont traités séparément pour la première et dernière période de fin d’emploi. Tel qu’indiqué précédemment, les variables explicatives sont ajoutées de manière progressive aux modèles, ce qui permet d’examiner les effets combinés des variables et de contrôler pour certains facteurs (tels que le niveau de scolarité, l’appartenance au secteur public ou privé, le fait d’être syndiqué ou représenté par une convention collective et la taille des milieux de travail). En outre, plusieurs interactions entre les variables ont été testées et seront discutées plus en détails dans la présente section des résultats.

Le tableau 8 suivant présente les analyses pour l’ensemble de notre échantillon (incluant les deux provinces et toutes les années d’enquête). Quatre modèles sont discutés. Le premier examine les différences provinciales, sans distinction des âges, sur le rapport des chances de vivre une transition vers le chômage ou vers l’inactivité à la suite du départ d’un emploi. On observe chez les travailleurs québécois, tous âges confondus, une association de 1.45 le fait de vivre une transition vers le chômage et de 1,24 vers l’inactivité à la suite du départ d’un emploi que les travailleurs en Ontario, une fois les effets du temps contrôlés3. Ce modèle indique toutefois une réduction de 20% du risque relatif de vivre un épisode de

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chômage entre les périodes de 1999 à 2004 et de 1993 à 1998, et de 29% entre la dernière période examinée de 2005 à 2010 et la première, de 1993 à 1998. De même, les résultats indiquent que le rapport des chances de vivre une transition vers l’inactivité plutôt que vers l’emploi diminue de 14% entre la période de 2005 à 2010 et de 1993 à 1998. Ces résultats reflètent bien l’augmentation des taux d’emploi et le recul du taux de chômage qu’il y a eu dans les dernières décennies à la suite des récessions et de manière plus prononcée au Québec.

Dans les autres modèles présentés au tableau 8, on considère l’impact des autres variables explicatives sur les différences provinciales et sur le rapport des chances associés à l’âge des travailleurs. D’abord, on note que l’ajout de la variable indiquant la nature volontaire ou involontaire de la séparation d’emploi (modèle 3) augmente nettement le risque relatif de vivre une transition vers le chômage pour les travailleurs âgés de 50 ans et plus. La valeur des estimations est cependant assez similaire pour les trois groupes d’âge concernés (de 50 à 55 ans, de 56 à 60 ans et 61 ans et plus) : augmentant de 1,30 à 1,38 fois leur risque relatif de vivre un épisode de chômage plutôt que de se rediriger directement en emploi comparativement au groupe âgé de 35 à 44 ans. Les résultats suggèrent qu’un départ involontaire de l’emploi augmente de 3,3 fois le rapport des chances de vivre un épisode de chômage. Cela indique aussi que les départs peuvent être de nature plus volontaire à l’approche de la retraite menant à une augmentation élevée des risques pour ceux qui perdent leur emploi. L’ajout de la variable indiquant la nature du départ provoque une diminution des différences provinciales : le même effet est observé avec l’ajout du niveau de scolarité (modèle 4).

En ce qui concerne l’impact du niveau de scolarité, une fois l’effet de toutes les variables contrôlé, le risque relatif de vivre un épisode de chômage à la suite du départ d’un emploi est plus élevée chez les travailleurs qui n’ont pas d’études secondaires (avec 1,23) et plus faible chez les travailleurs ayant un diplôme universitaire (0,79 donc équivalant à 21%). Si effectivement, en cas d’une perte d’emploi, les travailleurs à partir de 50 ans ont un rapport des chances plus élevé de vivre un épisode de chômage que les 35 à 44 ans, ils sont encore plus à risque de se diriger vers l’inactivité. Le modèle 4 suggère que la probabilité de vivre une transition vers l’inactivité varie entre 2,1 chez les travailleurs âgés de 50 à 55 ans et 9,4 chez les travailleurs de 61 ans et plus. Les hauts rapports des chances obtenus pour les individus âgés de 61 ans et plus peuvent être expliqués par le fait qu’une majorité des travailleurs à cette étape de vie

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